Helen Abadzi

Comment se fait-il que d'un côté de nombreux projets soient durablement couronnés de succès mais que de l'autre les mesures destinées à améliorer les conditions de vie des plus pauvres d'entre les pauvres se soldent par des échecs ? C'est la question que pose une étude du département d'évaluation des opérations de la Banque mondiale. Les gens qui vivent dans un dénuement extrême ont-ils une autre «architecture du cerveau» que ceux qui ne sont pas victimes de la pauvreté ? Existe-t-il une différence entre l'architecture du cerveau des alphabétisés et celle des illettrés ? Et si tel est le cas, ces différences influent-elles sur l'aptitude à apprendre, la faculté d'abstraction, la mémoire, etc. des adultes, et sur le succès des mesures d'éducation et l'assimilation à long terme des acquis ? Quelles conséquences devons-nous tirer de cela ? C'est sur ces captivantes questions que se penche l'auteur. Helen Abadzi est psychologue éducative. Elle possède un doctorat de l'université du Texas (Arlington) et s'intéresse aux applications de la science cognitive et de la recherche sur la mémoire ayant pour but d'améliorer l'efficacité des programmes d'alphabétisation des adultes. Cette Grecque polyglotte travaille depuis 1987 en tant que spécialiste de l'éducation et responsable d'évaluation au département d'évaluation des opérations de la Banque mondiale.

Analphabétisme chez les adultes, architecture du cerveau et autonomisation des pauvres

La communauté des bailleurs de fonds a entrepris des efforts soutenus pour autonomiser les personnes très démunies et souvent analphabètes en leur ouvrant l'accès aux services sociaux et à des ressources financières. Néanmoins, un certain nombre de projets communautaires n'a pas fourni les résultats escomptés. Si de multiples raisons en sont responsables, les facultés cognitives des très pauvres sont susceptibles de se répercuter sur les résultats des projets de développement communautaire à des niveaux que nous comprenons mal. La capacité de prendre des décisions peut déterminer si les gens sont autonomisés ou non. Une éducation efficace, aidant à relier entre elles les nombreuses zones cérébrales lui est favorable et facilite la compréhension des informations reçues. En ce qui concerne différentes variables neuropsychologiques, comme l'aptitude à raisonner par déduction à partir d'informations disponibles, la mémoire à court terme, le classement par catégories, le discernement visuo-spatial, les facultés numériques et le langage abstrait, les analphabètes se débrouillent moins bien que les gens qui sont allés à l'école primaire. Les gens ayant à leur actif au moins trois ans de scolarité réelle obtiennent de meilleurs résultats aux tests neuropsychologiques que les illettrés. Bien qu'il soit possible d'inculquer un certain nombre de techniques neuropsychologiques aux illettrés, nous ne savons pas si ces améliorations sont durables et si les adultes sont à même de les mettre en pratique. Il est nécessaire d'entreprendre des recherches sur les aptitudes des illettrés pauvres à prendre des décisions pour trouver des possibilités efficaces leur permettant de bénéficier des interventions financées par les bailleurs de fonds.

Analphabétisme chez les adultes, architecture du cerveau et autonomisation des pauvres

L'autonomisation peut être définie comme le processus menant à l'amélioration de la capacité des individus ou des groupes à faire des choix et à transformer ces derniers en actions et résultats désirés. L'autonomisation des pauvres est associée à des projets fournissant de meilleurs résultats, à une amélioration de la gouvernance et à une croissance plus en faveur des personnes démunies. Elle constitue par conséquent l'une des premières priorités pour lutter contre la pauvreté. À cette fin, la communauté internationale des bailleurs de fonds a soutenu l'ouverture plus large aux services de base, l'amélioration de la gouvernance aux niveaux national et local, le développement de marchés en faveur des pauvres et l'accès à la justice et à l'aide juridique.1

Le plan de la Banque mondiale pour aider les communautés à mieux s'autonomiser s'est concrétisé par plusieurs projets qui prennent modèle sur des initiatives locales couronnées de succès et favorisent la participation, la prise de décisions et la création d'un capital social au niveau local.2 Une étude d'évaluation menée par le département d'évaluation des opérations (DEO) de la Banque mondiale sur le développement communautaire a révélé qu'un certain nombre d'interventions étaient tout à fait fructueuses, en particulier celles qui incluaient le soutien à long terme des communautés et initiatives mûres pour une telle démarche. Par exemple, le projet pilote mené à Borgou, au Burkina Faso, reposait sur une approche participative au niveau du village. Développée au Bénin, cette méthode avait recours à des volets d'évaluation rurale et d'alphabétisation des adultes pour des groupes existants. D'autres expériences indiquent que le succès dépend de la personnalité d'un leader dynamique, comme le montre celle menée au Ghana avec un groupe de femmes qui se consacrait à l'agrosylviculture.3 Toutefois, les échecs sont légion. Les difficultés liées à une mise en place complexe des projets, les dysfonctionnements au niveau du personnel gouvernemental, les coûts relativement élevés et une menace possible des directives administratives fixées ont certainement joué un rôle. La plupart des fonctionnaires interviewés dans le cadre de l'étude d'évaluation ont exprimé des doutes concernant la capacité des communautés à prendre des décisions avisées et à contrôler les ressources financières. Aux yeux de beaucoup de gens, il faudrait se borner à préparer ces communautés à se consacrer à la mise en application des décisions prises par les gouvernements.

L'aptitude des communautés démunies à mettre en place des projets et les rapports entre les élites et les pauvres se sont avérés être d'une importance cruciale. Les élites se mobilisaient souvent plus vite, maîtrisaient les règles régissant la soumission de demandes (en particulier quand les membres de ces élites savaient lire et que le reste de la communauté en était majoritairement incapable) et s'entendaient, au sein de la communauté, à faire figure d'intermédiaires efficaces, aptes à obtenir des fonds. Les élites locales dans le nord-est du Brésil et les chefs des panchayats en Inde prenaient de nombreuses décisions sans l'avis de la communauté. Les comités incluaient souvent des villageois aisés qui, sur la lancée, s'étaient souvent encore plus autonomisés. Il était fréquent que les villageois fassent preuve de déférence à l'égard des élites, et les comités composés de personnes extrêmement démunies fonctionnaient mal, les épouses avaient tendance à formuler l'opinion des maris plutôt qu'à prendre ellesmêmes des décisions et il n'était pas rare de voir les villageois quitter les longues réunions pour se rendre à leur travail.4 Les communautés devaient tenir des registres de comptabilité alors qu'un grand nombre d'entre elles ne disposaient pas des connaissances nécessaires pour y procéder. Elles trouvaient aussi souvent difficile de débourser des fonds ou d'enrayer une mauvaise gestion. Offrir des formations était indispensable, toutefois celles-ci s'avérèrent insuffisantes pour les pauvres auxquels on accordait parfois tout juste une journée pour apprendre à entretenir les systèmes d'eau. Il n'est pas surprenant que les résultats de la participation des communautés furent meilleurs pour les bénéficiaires aisés que pour les très pauvres. Il arriva que les élites représentant les villages s'approprièrent les projets à leur avantage et se montrèrent peu disposées à aider les groupes très démunis. D'une manière générale, l'étude évaluative réalisée par le département d'évaluation des opérations suscita des doutes quant à la faisabilité du développement reposant sur la participation des communautés et au bien-fondé de l'hypothèse selon laquelle les communautés savent ce qui est le mieux pour elles et sont capables d'agir en fonction de cela.

Les processus décisionnaires chez les bénéficiaires sont peut-être l'une des raisons à l'origine de ces résultats inquiétants. Les stratégies d'autonomisation présupposent que les pauvres sont en mesure de comprendre et de juger les informations qui leur sont transmises et de prendre des décisions en conséquence. Néanmoins, la recherche indique le contraire. La recherche cognitive et neuropsychologique montre qu'il existe d'importantes différences cognitives entre les personnes éduquées et celles qui ne l'ont pas été, ce qui pourrait être l'élément crucial de ce dilemme.

Que savons-nous des processus de réflexion des analphabètes?

Les gens qui n'ont pas reçu d'instruction se débrouillent comme ils l'ont toujours fait et ne présentent généralement pas de déficiences cognitives. Cependant, les personnes éduquées ont acquis des «efficiences» cognitives qui leur procurent certains avantages. Apprendre à lire et à écrire durant l'enfance, écouter des histoires et répondre à des questions génère des connexions neuronales entre différentes zones du cerveau qui ne seraient normalement pas directement reliées entre elles. Ainsi, les personnes ayant bénéficié d'une formation scolaire possèdent des réseaux neuraux qui font défaut chez les personnes non éduquées. Des études souvent effectuées sur des femmes portugaises âgées et sur des villageois mexicains ont illustré certaines différences entre les cerveaux des adultes illettrés et les cerveaux de ceux qui ont reçu de l'instruction.

Différentes architectures du cerveau. Le travail scolaire modifie les connexions du cerveau. Chez les analphabètes, l'hémisphère gauche domine moins au niveau du langage que chez les personnes éduquées, et ils sont moins susceptibles d'être frappés d'attaques affectant le siège du langage. Des scanographies effectuées chez des personnes non éduquées ont révélé que l'activité cérébrale était plus localisée quand leur cerveau effectuait des tâches liées au langage et que les zones activées n'étaient pas les mêmes que chez les personnes éduquées (figure 1). Quand ils écoutent des mots réels, les gens qui ont bénéficié d'une éducation scolaire et ceux qui ne sont pas allés à l'école se comportent similairement, mais les analphabètes ont plus de difficultés à répéter correctement des mots artificiels (pseudomots).

Écarts au niveau de l'évolution du langage. La lecture et les fonctions neuropsychologiques ont un rapport, toutefois la relation exacte de cause à effet qui existe entre elles n'est pas claire. Néanmoins, la lecture a une incidence sur l'interaction entre les systèmes visuel et linguistique. Bien que le langage se développe normalement chez les analphabètes, ces derniers ne comprennent souvent pas de quelle manière des sons distincts peuvent former des mots une fois assemblés (une aptitude appelée conscience phonologique).5 Les personnes éduquées emploient des phrases plus complexes, des mots sophistiqués et ont tendance à se référer plus souvent à des concepts abstraits.6 Chose surprenante, de nombreux analphabètes ne sont pas en mesure de comprendre entièrement les messages radiophoniques, même s'ils sont dans une seule langue ou un seul dialecte et que le sujet dont il est question leur est familier. S'ils ne comprennent pas bien la signification d'un langage complexe ou abstrait, ils seront éventuellement incapables de comprendre certains messages adressés aux pauvres et seront par conséquent désavantagés en ce qui concerne un certain nombre d'interventions de développement.

Figure 1: Exemple de différences entre alphabètes et analphabètes concernant l'organisation du cerveau fonctionnel 

Figure 1: Exemple de différences entre alphabètes et analphabètes concernant l'organisation du cerveau fonctionnel
La tomographie par émission de positrons permet de calculer le flux de sang dans le cerveau tandis que des alphabètes et des analphabètes répètent des mots réels ou des pseudomots. Elle montre des vues plongeantes, latérales et transversales du flux sanguin (adapté de Castro-Caldas, A., K. M. Petersson, A. Reis, et al. 1998.)
 

Compréhension limitée des dessins. L'éducation influe sur l'aptitude à identifier des illustrations tridimensionnelles (appelée discernement visuo-spatial) par exemple à reconnaître et à nommer des objets représentés par des dessins (tels ceux que l'on trouve dans des manuels scolaires, dans des journaux ou sur des affiches).7 Les femmes sont peut-être ici particulièrement désavantagées: des recherches menées sur des analphabètes au Mexique ont révélé que les femmes obtenaient de moins bons résultats quand on leur demandait par exemple de dessiner un cube.8

Limitations au niveau du calcul. Les gens ont des facultés mathématiques innées. Toutefois, celles-ci sont limitées à une quantité variant entre un et trois objets. Bien que les personnes qui ne sont pas allées à l'école développent des compétences arithmétiques essentielles, nécessaires dans leurs activités professionnelles, elles résolvent moins bien les opérations de calcul que les personnes qui ont suivi une scolarité.9 Elles résolvent aussi plus facilement les problèmes arithmétiques liés à des situations réelles (en rapport par exemple avec de la marchandise) que ceux dont la teneur est abstraite (par exemple 15 + 19).

Une mémoire à court terme plus limitée. De nombreux analphabètes possèdent une prodigieuse mémoire à long terme, une aptitude utilisée pour transmettre de génération en génération des récits épiques ou des événements. Cependant, ils se débrouillent moins bien que les alphabètes quand il s'agit de résoudre des problèmes nécessitant l'usage de la mémoire à court terme: se rappeler une série de chiffres à l'envers et dans l'ordre, mettre dix mots en mémoire, relater une histoire courte, reproduire des dessins complexes qui ont été présentés, mémoriser des objets ordinaires, se souvenir de séquences. Ce n'est que quand ils répètent des phrases simples qu'ils obtiennent des résultats aussi bons que les personnes qui ont bénéficié d'une éducation scolaire. Ils se débrouillent peut-être moins bien du fait que les fonctions de la mémoire chez les personnes éduquées ont été accrues à l'école.10 Outre qu'elle stimule la mémoire à court terme, l'éducation scolaire contribue à augmenter la durée de concentration et constitue un soutien au niveau des résultats de l'apprentissage.

Maturation plus tardive des aptitudes neuropsychologiques. Toute la vie durant, le niveau d'instruction s'avère être plus déterminant que l'âge quand on teste ce type d'aptitudes. Néanmoins, les résultats des analphabètes s'améliorent ici avec l'âge dans certains domaines. Les gens ayant peu d'instruction fournissent les meilleurs résultats quand ils sont plus âgés, ce qui n'est pas le cas chez les sujets très instruits.11 Ce phénomène pourrait rendre les aînés plus utiles dans les communautés d'illettrés.

Différents usages des informations. Bien que peu de recherches aient été menées ces dernières années, il se pourrait que les analphabètes se fient plus aux faits concrets ou à l'opinion du groupe que les gens qui ont suivi une scolarité primaire.12 Par exemple, un analphabète auquel on présente le syllogisme suivant: «Toutes les femmes à Mexico City sont belles. Mon amie est de Mexico City. Est-elle belle?», répondra peut-être: «Bien sûr qu'elle est belle puisque vous aimez les belles femmes.» Les personnes non éduquées ne classent pas les concepts de la même façon que celles qui le sont, et il est moins probable de les voir employer des catégories hiérarchiques.13 Un individu éduqué auquel on demande ce qu'est un canard dira par exemple qu'il s'agit d'un animal ou d'un oiseau ; un analphabète répondra éventuellement qu'il est comestible ou qu'il en a tué un le jour précédent. L'éducation semble une fois de plus ici aussi à l'origine de cette différence. Les enseignants posent des questions hypothétiques et demandent aux élèves d'employer les informations disponibles, les écoles leur permettant de s'exercer aux syllogismes et au classement par catégories. Les aptitudes ainsi acquises intègrent donc l'ensemble des outils cognitifs utilisés dans la vie courante pour comparer par exemple les taux d'intérêts demandés pour des emprunts ou pour résumer un discours politique à des membres de la famille et discuter de ses conséquences.

Effets défavorables à la santé chez les pauvres. L'on sait que les fonctions cognitives sont influencées par des facteurs liés à la santé, qui aggravent les obstacles à l'éducation: jeune âge des mères, accouchements difficiles, poids faible des bébés à la naissance (en particulier chez les filles), violence, exposition à des toxines, anémie ou malnutrition. Les infections intestinales récurrentes (telles que la giardiase), en particulier durant les deux premières années de la vie, peuvent avoir une incidence négative sur les facultés cognitives quand elles réduisent l'apport sanguin au cerveau à la suite de la déshydratation provoquée par la diarrhée qu'occasionne cette affection. Les parasites tels que les ankylostomes et les schistosomes, et les maladies telles que la malaria peuvent provoquer une anémie chronique. Les infections graves (y compris celles occasionnées par des eaux contaminées) peuvent être à l'origine d'un QI faible et d'une détérioration des fonctions visuo-motrices. Des carences en iode rencontrées dans de nombreuses zones à pluviosité élevée (comme au Bangladesh) résultent une réduction des capacités intellectuelles, des retards psychomoteurs, un affaiblissement de l'ouïe et des dommages mentaux et neurologiques. En outre, bon nombre de pauvres (y compris les femmes qui subissent de mauvais traitements) souffrent de dépressions, ce qui a un rapport avec leur niveau d'activité moins élevé et leurs difficultés à apprendre. L'anémie due à une carence en fer, fréquemment rencontrée chez les femmes, peut se répercuter sur les processus cognitifs.14  

Satyen Moitra Pourquoi s'instruire?  
Quel genre de population sommesnous?
Nous sommes pauvres, très pauvres
– mais nous ne sommes pas bêtes.
C’est pourquoi en dépit de notre manque
d’instruction, nous existons
encore.
Mais nous voulons savoir
pourquoi nous devons nous instruire.
Nous avons suivi déjà des cours d’alphabétisation.
Mais après un certain temps, on a vu.
On se sentait trompé. Alors on n’est
plus allé au cours.
Vous savez de quoi on s’est rendu
compte?
Les Babus font ce travail pas pour nous
mais pour eux-mêmes.
Peut-être parce qu’il y a bientôt des
élections,
ou parce qu’il y a des fonds gouvernementaux
ou quelque chose d’autre à utiliser.
Nous on ne pouvait rien tirer de ce
qu’ils nous enseignaient.
Savoir lire quelques mots, ca ne signifie
rien.
Nous acceptons de suivre les cours
si on y apprend comment ne plus être
dépendant des autres.
On devrait être capables de lire des
livres simples,
de tenir nos propres comptes, d’écrire
des lettres
et de lire et comprendre les journaux.
Autre chose –
Pourquoi est-ce que les éducateurs se
sentent si supérieurs?
Ils se comportent comme si nous étions
des abrutis complètement ignorants,
comme si nous étions des petits enfants.
On veut bien comprendre que l’éducateur
sait des choses que nous ne
savons pas.
Mais, nous savons beaucoup de choses
qui le dépassent.
Nous ne sommes pas des cruches vides.
Nous avons notre propre tête.
Nous pouvons raisonner sur des choses
et, que vous le croyiez oui ou non,
Nous avons aussi notre dignité.
Que tous ceux qui nous enseignent ne
l’oublient pas.
Nous avons déjà assez de soucis et
assez de souffrances à surmonter.
Pourquoi y ajouter celui d’avoir à suivre
des cours d’alphabétisation?
Si les centres d’alphabétisation sont
capables de nous réconforter,
alors nous éprouverons peut-être le
besoin de suivre les cours.
Nous ne sommes pas des enfants.
Que les éducateurs ne l’oublient pas.
Traitez-nous comme des adultes.
Comportez-vous avec nous comme un
ami.
Un point encore.
Nous avons une nourriture insuffisante.
Nous avons peu de vêtements.
Nous ne possédons pas d’habitation
adéquate.
Et, pour clôturer le tout, la mousson
arrive et balaye tout sur son passage,
ensuite vient une longue période de
calamités avec la sécheresse qui
brûle tout.
Est-ce que ça changerait si nous étions
alphabétisés?
Est-ce que l’éducation peut améliorer
notre vie?
Peut empêcher que l’on meurt de faim?
Est-ce qu’elle nous garantit que la mère
et la fille n’auront pas à partager
entre elles le même sari?
Est-ce qu’elle nous procurera un nouveau
toit de chaume sur nos têtes?
L’alphabétisation devrait améliorer
notre vie –
c’est tout du moins notre avis là-dessus.
On nous dit que des choses sont prévues
pour nous – les pauvres.
Est-ce que l’alphabétisation nous permettra
de connaître ces plans gouvernementaux?
Est-ce qu’elle nous enseignera comment
faire pousser nous récoltes
et comment augmenter notre revenu?
Et où nous pouvons faire un emprunt à
des taux intéressants et quels avantages
nous procureront les coopératives?
Est-ce qu’on obtiendrait de meilleurs
graines, des engrais et toute l’eau
nécessaire?
Est-ce que l’on aurait des salaires
suffisants?
A notre avis, c’est tout cela qu’il faut
apprendre pour pouvoir vivre.
On nous dit que les nouveaux programmes
vont nous assurer tout cela.
Mais est-ce que ce n’est pas seulement
une inscription sur un bout de papier?
N’est-ce pas une de ces nombreuses
promesses faites par le passé et qui
n’ont jamais été tenues?
Est-ce que le programme d’éducation
va nous aider à penser et à travailler
ensemble?
Est-ce que «l’action» fait partie de
l’éducation?
Si toutes ces conditions sont remplies,
nous participerons tous au cours d’alphabétisation,
cela sera alors un enseignement pour
une vie meilleure.
Nous sommes faibles et très souvent
malades.
Est-ce que l’éducation nous apprendra
à faire attention à notre santé, à
devenir résistants.
Si oui, alors nous irons au cours.
On nous dit qu’il y a des lois qui nous
protègent et sont à notre profit.
Nous ne connaissons pas ces lois – nous
sommes tenus dans l’ignorance:
Est-ce que l’éducation nous mettra au
courant des ces lois?
Nous apprendrait-elle les lois qui ont
changé le statut de la femme?
Et les lois qui protègent les castes entre
elles?
Nous voulons une réponse claire.
Ce n’est qu’après que nous déciderons
si nous devons aller au cours d’alphabétisation
ou non.
Mais si nous nous apercevons que
nous sommes encore dupés avec des
promesse en l’air,
nous n’irons pas vous trouver.
Nous dirons,
«Pour l’amour de Dieu, laissez-nous
tranquilles»

Source: Éducation des Adultes et Développement, Nr. 31, 1988, p. 91­ 94

Les aptitudes cognitives plus ou moins bonnes des analphabètes influent sur différentes activités intellectuelles: conclusions, perception de risques, prise en compte d'un contexte pour se forger une opinion, comparaisons, utilisation de références, biais cognitifs et communication, et partage d'informations utiles dans la prise de décisions. Une mémoire fonctionnant à très court terme limite l'emploi de stratégies pratiques pour l'exécution d'un grand nombre d'activités mentales. Des villageois peuvent très bien assister à une réunion et écouter la présentation des options de développement possibles grâce à un fonds social d'urgence ou recevoir des messages de vulgarisation agricole, toutefois, ils ne comprendront peut-être pas tout ou ne seront pas en mesure de suivre une présentation très longue et seront éventuellement moins aptes à écouter des discours ou d'interminables délibérations avec une attention soutenue. Ils ne comprendront peut-être pas les diagrammes ou illustrations présentées, oublieront un certain nombre des solutions de rechange proposées et risqueront par la suite de ne pas tirer partie de certaines d'entres elles qui auraient pu être intéressantes. Ainsi, les personnes non éduquées risquent de trouver qu'il est des plus pratiques de s'informer auprès de figures d'autorité, ce qui pourrait expliquer en partie la déférence à l'égard de ces dernières, même quand elles gèrent mal les fonds mis à leur disposition ou que leurs activités vont au détriment des pauvres.

Les trois premières années de scolarité semblent avoir l'impact le plus important sur les variables cognitives, alors que l'effet de celles qui suivent va s'amenuisant.15 De nombreux pauvres sont allés à l'école. Toutefois, les établissements scolaires situés dans des zones où les gens ont de faibles revenus sont souvent inefficaces et ne réussissent pas à inculquer les connaissances de base aux élèves. Cette éducation limitée (qui comprend l'usage d'une langue étrangère comme moyen d'enseignement) ne leur a probablement apporté que peu, voire aucun des avantages qui devraient résulter proportionnellement à une scolarité de plusieurs années.

Trouver d'urgence des solutions cognitives pour les populations sans instruction

Les analphabètes sont-ils voués à se faire exploiter comme ils l'ont été depuis des millénaires? Espérons que non. Néanmoins, il faut reconnaître les problèmes et leur accorder une grande attention. Dans les domaines du développement communautaire et de l'éducation des adultes, nous nous trouvons en terrain nouveau. Aucune période de l'histoire n'a exigé autant des adultes du point de vue intellectuel. Le cerveau adulte semble disposer d'une capacité à changer limitée, en partie du fait que la gaine miélyne qui entoure les nerfs favorise la rapidité de transmission plutôt qu'elle ne contribue à créer de nouvelles connexions. Des études effectuées sur des populations âgées éduquées révèlent une plasticité plus importante que celle que l'on s'attendait à trouver, quoique les limites de ces mécanismes n'aient pas encore été testées. Des technologies entièrement nouvelles se profilent à l'horizon, par exemple la stimulation magnétique transcrânienne qui peut permettre de «refaire les circuits électriques» du cerveau grâce à des impulsions magnétiques rapides et facilitera peut-être un jour les activités d'apprentissage difficiles. D'une manière générale, nous ne savons pas dans quelle mesure le cerveau du pauvre moyen peut être poussé de manière à évoluer au-delà des limites ordinaires, en particulier quand les gens n'ont qu'un accès très restreint à tous les types de services. En même temps, l'espérance de vie moyenne a augmenté partout dans le monde, et il est difficile d'ignorer les adultes et de ne s'intéresser qu'aux jeunes.

L'alphabétisation des adultes, solution évidente et abordable, n'a jusqu'à présent pas bien fonctionné. Les résultats sont modestes,16 et l'on doute que les adultes apprennent facilement à lire couramment. La compréhension auditive peut s'améliorer au bout de six à neuf mois d'alphabétisation.17 Cependant, on ne sait pas si les cours d'alphabétisation dispensés à des adultes peuvent contribuer à créer chez des personnes n'ayant pas suivi de scolarité l'architecture cérébrale que l'on trouve chez celles qui ont été éduquées, et on ne connaît ni la durée, ni les sommes nécessaires à cela (outre le fait que la plupart des gens ne peuvent pas suivre de longues études). Nous ne savons pas non plus si les effets d'une telle intervention peuvent être maintenus durablement.

Pour en savoir plus sur l'autonomisation des très pauvres, la communauté des bailleurs de fonds pourrait procéder à des investissements dans la recherche neurocognitive au sein des populations illettrées. Il est urgent de mettre en place un programme de recherche pour trouver comment les pauvres sont exactement touchés, dans quelle mesure et comment il est faisable de remédier aux lacunes cognitives, et quelles sont les ressources éventuellement nécessaires. Ci-après, nous présenterons des outils de recherche prometteurs.

Les alphabétiseurs sont mal payés et bénéficient rarement d'un soutien professionnel permanent.
Source: UNESCO, Rapport mondial de suivi sur l'EPT. Résumé, p. 34

Recherche en imagerie du cerveau. Les outils de pointe, tels que les techniques d'imagerie du cerveau peuvent fournir des informations «en temps réel» sur différents aspects de la cognition, révéler des zones où la transmission neurale est limitée et indiquer des possibilités d'amélioration que nous ne connaissons pas et qui n'ont pas été explorées auparavant. Si l'on découvre des méthodes d'intervention relativement simples, les bénéfices pourraient être considérables. À moins de prendre les limitations cognitives des illettrés en ligne de compte, les organisations de développement risquent de surestimer l'efficacité des interventions dans la lutte contre la pauvreté. Certains pays à faibles revenus comme l'Inde, l'Afrique du Sud et le Brésil, qui comptent de fortes populations illettrées, disposent d'équipements d'imagerie fonctionnelle par résonance magnétique.

Modéliser les processus décisionnaires des pauvres. Comprendre les processus décisionnaires des analphabètes, étant donné les lacunes que nous connaissons actuellement, pourrait aider à concevoir de meilleurs projets qui répondraient aux besoins des pauvres. La théorie relative aux prises de décisions et les recherches sur les réseaux neuraux qui y sont liés ont été utilisées pour diriger la prise de décisions commerciales et militaires. Créer sur ordinateur des modèles de processus décisionnaires tels qu'on les rencontre chez les très démunis pourrait aider à diriger les messages et les ressources plus efficacement vers eux. Les effets et variables des décisions humaines sur les résultats économiques ont été examinés de manière approfondie par Daniel Kahneman, le Prix Nobel d'économie 2002 (qui a publié une grande partie de ses recherches avec feu M. Amos Tversky). Les conclusions qui ont été tirées ici pourraient servir à comprendre et prédire les processus décisionnaires des ruraux pauvres de façon à mieux les autonomiser. Il serait possible par exemple de se pencher sur la manière dont les limitations cognitives interagissent avec les questions sociales et les problèmes de genre, et finissent par faire échouer les délibérations des comités avant qu'ils n'aient pris de décisions.

Améliorer la communication avec les très pauvres. De nombreux efforts (en passant par l' «IEC» ­ information, éducation, communication) ont été entrepris pour faire comprendre aux très pauvres les messages qui leur sont destinés, toutefois on a principalement procédé empiriquement. Prendre la recherche cognitive en considération pourrait ouvrir plus de possibilités pour faire progresser les processus décisionnaires des personnes non éduquées. Par exemple, se fier à un consensus renforce la logique sous-tendant la formation de groupes, ce qui a largement été utilisé dans les domaines des microcrédits et de l'alphabétisation.

Améliorer les performances cognitives ­ quelques possibilités

En dehors de la recherche, des mesures positives peuvent être prises sur la base des connaissances actuelles. Nous en présenterons quelques exemples ci-dessous.

Offrir une éducation scolaire de qualité. Il est clair que pour que les communautés pauvres soient aptes à prendre efficacement des décisions, la meilleure solution est de mettre à la disposition des enfants démunis les outils intellectuels de ceux qui sont plus aisés. Ceci revient à leur offrir une éducation scolaire d'excellente qualité dans le cadre de laquelle les élèves apprennent à lire au CP et au CE1, reçoivent un enseignement dans une langue qu'ils comprennent et sont incités à réfléchir sur les informations reçues plutôt qu'à se contenter de les écouter et de les répéter. Malheureusement, les écoles qui s'occupent des pauvres emploient souvent seulement une toute petite partie de la durée de scolarité prescrite à cela et un temps excessivement long à enseigner des connaissances de base aux élèves. Ainsi, après trois ans de scolarité, il arrive que ces derniers sachent à peine lire les lettres. Nous ne savons pas à quel point les zones verbales et visuelles du cerveau sont reliées entre elles chez les élèves qui ont passé trois ans ou plus à l'école, mais qui sont restés fonctionnellement illettrés.

Améliorer les fonctions cognitives grâce à l'alphabétisation et à l'enseignement direct. Il vaut peut-être la peine d'essayer de remédier à ces carences au moyen de l'alphabétisation ou de cours non formels. Un programme d'alphabétisation (appelé Neuroalfa) fut conçu dans ce but pour les illettrés de Colima, au Mexique. Outre une alphabétisation de base, ce programme leur permit de faire l'apprentissage de la conscience phonologique, du classement par catégories sémantiques, de la recherche de similarités, de l'interprétation d'objets dessinés sur une feuille de papier, de la mémoire verbale et des facultés d'abstraction. Le programme comprenait quarante heures de cours réparties sur trois mois, à raison de trois jours par semaine. Au terme de l'alphabétisation, et par rapport à deux programmes traditionnels, les participants obtinrent de meilleurs résultats à la plupart des tests neuropsychologiques (mais toutefois pas aux tests des fonctions motrices) et de meilleures notes en lecture, en particulier au niveau de la compréhension. Ils s'orientaient mieux dans le temps, calculaient mieux et étaient plus aptes à déduire des séquences de dessins variées, ce qui n'avait pas fait l'objet d'un entraînement particulier. Cette méthode, si on l'examinait plus en détail et si on l'élargissait, pourrait s'avérer utile aux apprenants des cours d'alphabétisation. Nous ne savons cependant pas si les acquis peuvent être maintenus durablement et si les néoalphabétisés les utilisent à long terme pour prendre des décisions.

Promouvoir la formation visuo-spatiale. Les techniques qui ont recours à des éléments visuo-spatiaux peuvent être améliorées pour que les analphabètes acquièrent plus de pratique. La technique d'évaluation participative dans les milieux ruraux (dite PRA), utilisée par certains bailleurs de fonds et ONG comme ActionAid, en fournit un exemple. Les animateurs de PRA emploient des matériels visuels pour aider les pauvres à articuler les connaissances dont ils disposent. Les participants se mettent d'accord sur un sujet local dont ils vont discuter et décident de travailler ensemble pour produire des matériels tels que des plans, des calendriers, des matrices, des diagrammes, etc. Cette méthode peut améliorer leur orientation dans l'espace et leur aisance verbale. L'intervention devrait être menée dans ce but et il conviendrait d'évaluer la durabilité de cette démarche et ses impacts éventuels sur l'aptitude à prendre des décisions. Ces questions peuvent paraître étrangères à certains éducateurs d'adultes. Toutefois, la communauté du développement ne peut pas se permettre d'ignorer les courants de la neuropsychologie cognitive. De fortes sommes d'argent sont investies dans des solutions qui s'avèrent être inefficaces malgré toutes les bonnes intentions, et le personnel des organisations de développement risque de plus en plus de perdre ses illusions et d'abandonner la voie de l'autonomisation. Il est temps que nous entreprenions les recherches nécessaires pour trouver les variables qui importent véritablement dans l'autonomisation des pauvres et savoir dans quelle mesure il est possible de les améliorer.

Notes

1  Banque mondiale 2002, DEO 2005

2  L'expression "capital social"  se rapporte aux normes et réseaux permettant l'activité collective dans une communauté.

3 Département d'évaluation des opérations 2005.

4  Le temps que demande une approche participative est l'un des problèmes auxquels se heurtent les très pauvres. Cette approche implique généralement que l'on évalue les besoins dans chacune des communautés, que l'on donne la priorité aux problèmes, que l'on dresse une liste des priorités pour les microprojets, que l'administration examine soigneusement tout cela et donne son approbation, que l'on forme les dirigeants des communautés et s'assure la participation de ces dernières avant d'entreprendre toute activité. Dans certains cas, comme au Kenya (projet Rapport d'évaluation des résultats, Kenya. Projet de gestion des ressources dans les terres arides. Réf. no. 2797-Ke, 2005) il s'est avéré très laborieux d'instaurer un vaste dialogue participatif avec la communauté, en commerçant au niveau de la planification, pour aller vers l'autonomisation et aboutir en fin de compte sur l'appropriation avec une mobilisation de 30% des fonds.

5   Petersson et coll. 2001; Ardila et coll. 2000.

6  Reis et coll. 2001.

7  Reis et coll. 2001.

8  Ardila et coll. 2000(a)

9  Ardila et coll. 1989; Ardila et coll. 2000(b); reis et coll. 2001

10 Ardila et Rosselli 1989.

11 Ostrosky-Solis et coll. 1998; Ardila et coll. 2000(b).

12 Les recherches sur la manière de réfléchir des personnes non éduquées démarrèrent en 1931 - 32, quand le psychologue russe Alexander Luria interviewa des illettrés dans l'ancienne Union soviétique (Levi, 1996). Luria déduisit qu'ils n'étaient pas capables de raisonner abstraitement et fut critiqué pour son insensibilité culturelle. Toutefois, Lecours (1989) fit des observations similaires. L'activation localisée du cerveau, révélée par les scanners effec´tués sur des illettrés semblent étayer ces observations.

13 Laboratory of Comparative Human Cognition 1986.

14 St. Sauver et coll., Berkman et coll., 2002, Delaney-Black et coll. 2002, Levinger 1992, King et coll. 2005, Baum et coll. 2004.

15 Ostrovsky et coll. 1998; Ardila et coll. 2000(b).

16 Abadzi 2003(a), 2003(b).

17 Comings et coll. 1998. Morais et coll. (1987). Les gens ont tendance à "compiler" desbouts de phrases à mesure qu'ils les entendent et 'a s'arrêter momentanément à la fin de syntagmes pour chercher les sujets des verbes (Reisbert 2001, p. 324, Stine 1990, Aaronson et Scarborough, 1977). Il es pensable que les illitrés leur laisse moins de temps pour compiler ce qu'ils entendent.

Références

(Les lecteurs désireux d'en savoir plus sur ce thème trouveront ici des références bibliographiques plus détaillées que d'habitude)

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