J.N.S. Mutanyatta

L'étude de cas suivante a été réalisée à Zanzibar où, comme dans de nombreux pays, le nombre élevé des enfants quittant prématurément le système scolaire formel, ou n'y étant même jamais entrés, pose un grand problème. Cette étude analyse les raisons qui jouent un rôle dans cette situation, par exemple le niveau d'instruction des parents, les différences entre villes et campagnes, le sexe, etc. Toutefois, elle présente aussi des solutions de remplacement possibles. L'auteur présente le projet Learning Skills Développement qui a conçu des contenus et des formes d'enseignement alternatifs, tenant compte des besoins réels des apprenants et les préparant aussi à leur avenir professionnel. Le Dr J.N.S. Mutanyatta travaille au département d'éducation des adultes et de formation continue de l'université de Dar es-Salaam. 

Initiative de recherche pour réaliser l'éducation pour tous

Étude de cas menée à Zanzibar

 

Réaliser l'éducation pour tous (EPI), qu'ils soient enfants, jeunes ou adultes, est une tâche colossale et un véritable défi pour les pays les moins développés du monde, notamment pour les pays pauvres d'Afrique au 21e siècle. La vision globale de l'EPT, qui consiste à mettre en place des sociétés du savoir à la suite de la conférence mondiale de Jomtien en 1990, a eu une très grande portée pour les États africains. Malgré le Cadre d'action de Dakar (2000) qui a fixé à 2015 le délai de réalisation de l'EPT, les objectifs de l'EPT sont toujours un rêve lointain pour de nombreux pays d'Afrique, nettement désavantagés du fait qu'une grande part de la population n'a pas accès l'éducation scolaire formelle.

À ce jour, on compte plus de 130 millions d'enfants non scolarisés dans le monde, la majorité en Afrique. En fait, l'Afrique subsaharienne est la seule région où le nombre d'enfants non scolarisés est en hausse. On estime qu'à l'échelle mondiale, plus des trois quarts de ces enfants seront originaires d'Afrique d'ici 2015. En outre, un grand pourcentage des adultes africains n'ont pas eu accès à l'éducation de base dans leur enfance, et sont donc illettrés (ADE, 1999).

Néanmoins, la vision de l'EPT reconnaît aussi l'éducation comme un facteur d'espoir dans la mesure où elle établit et renforce la culture de la démocratie, des droits humains et de la paix, de la justice et de l'éducation universelle, et d'un développement réel centré sur l'être humain. La mise en place de politiques axées sur la réalisation des objectifs de l'EPT est incontournable, et encouragée avec plus ou moins de volonté politique et de ressources humaines et financières. En revanche, on dispose de très peu de données sur les exclus du système éducatif et leurs besoins éducatifs de base. Il faut donc recenser les obstacles à l'accès à l'éducation et évaluer la situation dans les États membres. L'un de ces obstacles est le manque de recherche. Dans ce domaine, le forum consultatif international sur l'EPT a recommandé aux pays de redoubler d'efforts pour collecter des données pertinentes et faire un bilan fiable des progrès réalisés pour atteindre les objectifs de Jomtien. Le but de la recherche est d'améliorer la qualité de l'éducation (Amman-Jordanie, 1996). Il y a donc un besoin urgent de mesurer les efforts consentis pour atteindre l'EPT, mais aussi de créer des banques de données dans le but d'en faire connaître les résultats auprès d'un plus grand public, de permettre aux États africains de partager les expériences réussies sur le continent et dans le monde entier, et d'en tirer des enseignements.

La recherche et l'évaluation sont des instruments scientifiques indispensables à la réalisation des objectifs concrets de l'EPT. Le gouvernement révolutionnaire de Zanzibar a déjà pris des mesures pour rattraper le retard en matière de recherche: en 2004, il a ordonné une étude nationale dans le but d'établir une base de données sur les enfants non scolarisés et de proposer des alternatives à l'éducation de base formelle. Un service conseil a pu être mis en place grâce à un prêt de la Banque africaine de développement. Cet article donne une vue d'ensemble de l'étude de cas menée à Zanzibar, les différents chapitres étant les suivants: étude, contexte et principes, objectifs de l'étude et méthodes, variables contextuelles en tant que barrières éducatives, besoins éducatifs de base et aspirations des enfants non scolarisés, résultats et implications de l'étude.

L'étude de cas menée à Zanzibar

Contexte et principes

Le gouvernement révolutionnaire de Zanzibar a obtenu l'indépendance le 12 janvier 1964, et depuis le 26 avril de la même année, Zanzibar fait partie, avec l'ancien Tanganyika, de l'actuelle République Unie de Tanzanie. La révolution historique de Zanzibar et l'union entre le Zanzibar et le Tanganyika qui en a découlé ont valeur d'exemple sur le continent africain et ont été à l'origine des mouvements de libération qui ont suivi en Afrique australe, communément appelée la CDAA (Communauté de développement de l'Afrique australe).

L'archipel de Zanzibar se compose de deux îles principales, Unguja et Pemba, à quelques kilomètres seulement des côtes d'Afrique orientale dans l'Océan Indien. Sa population est estimée à 890 000 personnes, la majorité étant des musulmans (99 %) et le reste chrétiens ou hindous. La langue officielle est le kiswahili avec l'anglais et l'arabe comme secondes langues.

L'économie est l'une des moins développées du monde, fortement dépendante de l'agriculture paysanne non transformée, et par conséquent pauvre et fragile. Le revenu par tête est de 235,6 dollars US. La majorité de la population se concentre dans les zones rurales et vit d'activités agricoles, d'élevage de bétail, de pêche et d'élevage de volailles.

Le statut de l'éducation et la conception de développement de Zanzibar sont intéressants. La révolution de 1964 a mis en place un gouvernement démocratique indigène qui a institué, immédiatement après la révolution, un système éducatif démocratique basé sur l'instruction gratuite pour tous les enfants. Mais cette politique audacieuse d'EPT n'a jamais bénéficié de l'attention qu'elle méritait dans le monde, comme à la conférence de Jomtien en 1990. En fait, les systèmes éducatifs démocratiques renforcent le rôle social de l'esprit éclairé dialectique, qui a pour but de libérer l'être humain des manifestations de l'oppression: exploitation, domination, anxiété et répression.

Le rapport national sur l'éducation à Zanzibar (juin 2003) met en lumière un certain nombre d'obstacles à l'accès et à la participation aux activités éducatives, à savoir:

  • une importante proportion d'enfants en âge scolaire ne sont pas scolarisés au bon moment
  • les redoublements sont fréquents, plus particulièrement chez les garçons
  • malgré un taux brut de scolarisation élevé, on relève des taux élevés de déperdition scolaire dans le domaine de l'éducation de base. Ces derniers sont plus élevés dans les zones rurales où les enfants doivent participer dès leur plus jeune âge aux tâches agricoles saisonnières avec leurs parents (pêche, récolte des clous de girofle) au lieu d'aller à l'école. Ces conditions favorisent l'absentéisme et les abandons scolaires. L'analyse de la situation de ces enfants fournit des données empiriques pertinentes que nous présentons un peu plus loin.

L'objectif de la recherche

L'objectif principal consistait à trouver des alternatives à l'éducation de base formelle pour les enfants non scolarisés, tout en encourageant les efforts déployés par le gouvernement pour réduire le chômage et la pauvreté. Il s'agissait de donner une image claire des besoins éducatifs des enfants non scolarisés et de proposer des solutions pour répondre à leurs besoins.

Méthode

L'étude s'est faite sous forme de collecte de données sous deux aspects, à partir d'une enquête nationale et d'enfants non scolarisés échantillonnés par sexe et groupes d'âge (7-13 ans, 14-18 ans). Les îles de Pemba et d'Unguja sont divisées en 252 shehias (échelons les plus bas de l'administration locale). Un plan d'interviews a été établi pour collecter des données dans chaque shehia sous forme d'enquêtes dans les foyers, à l'aide des indicateurs suivants: nom, sexe, lieu, niveau d'éducation (non scolarisé ou ayant abandonné l'école). En ce qui concerne les abandons scolaires, le niveau n'a pas été pris en compte. Les instruments ont donc été appliqués aux 76 shehias sur l'île de Pemba, et à 176 shehias sur l'île d'Unguja.

Un plan d'interviews approfondies a également été établi pour analyser la situation, évaluer le nombre d'enfants non scolarisés et identifier leurs besoins. Cet instrument de recherche approfondie a été appliqué à un échantillon représentatif dans chacune des cinq régions et chacun des dix districts. Une approche anticipatrice a été utilisée pour inciter les enfants non scolarisés à réfléchir sur l'écart entre leurs désirs (avenir professionnel p. ex.) et la réalité (préoccupations). Cet écart engendre évidemment des problèmes que le projet éducatif alternatif en faveur des enfants non scolarisés devrait être en mesure de résoudre. Dans l'ensemble, il était prévu d'interviewer 20 personnes dans chaque shehia (N = 50), ce qui donnait une population de 1000 interviewés en fonction de leur sexe et de leur situation éducative. Le ratio adopté entre les enfants non scolarisés et les abandons scolaires était respectivement de 3:2. Ainsi, dans chaque shehia échantillonnée, l'étude a atteint 12 enfants sur 20 en ce qui concerne les non scolarisés, et 8 enfants ayant abandonné l'école, par sexe et groupe d'âge.

 

Résultats de l'étude

Enquête nationale sur les enfants non scolarisés

 

Une enquête a été menée dans les foyers pour recueillir des données sur les enfants non scolarisés. Sur l'île de Pemba, la totalité des 76 shehias ont été enquêtées; sur l'île d'Unguja, seules 112 sur 144 ont été enquêtées, car 32 shehias n'ont pas livré les données à temps. L'enquête nationale a par conséquent concerné 188 shehias, soit 85,5%, avec un total de 12 535 enfants non scolarisés interviewés.

Les illettrés qui n'ont jamais eu d'éducation formelle représentent N. 6 414, soit 51,2 % dont 3 600 garçons (28,7 %) et 2 814 filles (22,5 %). En termes de groupe d'âge, 4 990 enfants non scolarisés de 7-13 ans ont été interviewés, soit 39,8%, et 1 424 de 14-18 ans, soit 11,4% (716 garçons et 708 filles). Les abandons scolaires dans le système d'éducation formelle représentent 6 121 enfants, soit 48,9 % de l'ensemble des interviewés avec 4 518 garçons (36,04 %) et 1 603 filles (12,8 %). En termes de groupes d'âge, 1 874 abandons scolaires sont enregistrés, soit 14,9 %, avec 1 369 garçons et 505 filles pour les 7-13 ans. Pour les 14-18 ans, on enregistre 4 147 abandons, soit 33,8% avec 1 098 filles et 3 049 garçons. Certains parents ont refusé de parler franchement de la situation scolaire de leurs enfants. On estime cependant le nombre d'abandons scolaires à 30 000, ou plus.

Répartition des abandons scolaires par niveau

La répartition des abandons en fonction du niveau scolaire varie selon les régions. Les abandons sont plus élevés sur l'île de Pemba (4391, soit 55,4 %) qu'à Unguja (1 503 soit 44,6 %). Le phénomène est révélateur de la mauvaise qualité du système éducatif. Les abandons sont enregistrés à tous les niveaux du primaire, mais plus importants aux niveaux deux, trois, quatre, cinq et six comme le montre le tableau suivant.

Abandons scolaires par niveau

Niveaux 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 SC Total
Total 520 785 985 1080 787 843 552 42 151 51 221 6 121
% 8,5 16,1 16,1 17 13,8 13,8 9 0,7 2,5 0,8 3,6 100%

Analyse de la situation de l'échantillon

L'étude a concerné un échantillon de 1 068 personnes (le but était 1 000 interviewés), avec un rapport de 3:2 pour les îles d'Unguja et de Pemba catégorisées respectivement en 416 enfants non scolarisés, soit 39 %, et 652 abandons scolaires, soit 61 %. Les caractéristiques des répondants comprenaient la classification des enfants non scolarisés, le niveau d'éducation des parents et leurs activités économiques, les raisons de la non-scolarisation des enfants, les raisons des abandons scolaires, les préoccupations des enfants, les modèles de programmes d'enseignement et les implications pour le projet de développement alternatif de trois ans.

Variables contextuelles en tant que barrières éducationdes

Classification des enfants non scolarisés

L'étude a tenté de classifier les enfants non scolarisés en trois catégories, notamment: (i) les enfants qui travaillent dans la rue (qui passent leurs journées dans les rues mais rentrent à la maison le soir ou la nuit), (ii) les enfants démunis (qui vivent et travaillent dans la rue 24 heures sur 24 et n'ont pratiquement pas de contact avec leurs parents) et (iii) les enfants qui n'entrent pas dans ces deux catégories. Dans l'ensemble, la grande majorité des enfants (90%) ne sont pas classifiés. 7 % environ des interviewés sont classifiés comme enfants qui travaillent dans la rue et par sexe. Le problème des enfants démunis, qui représentent 3%, émerge lentement mais n'est pas encore très grave. Le fait que le travail des enfants soit très élevé à Zanzibar est par contre préoccupant.

Niveau éducatif des parents

Le niveau éducatif des parents se caractérise par un illettrisme généralisé, plus particulièrement sur l'île de Pemba. En ce qui concerne les enfants non scolarisés sur cette île, la majorité des mères (72,4 %) et des pères (62,3 %) n'ont jamais eu accès au système éducatif formel et sont par conséquent illettrés. À Unguja, 38 % des mères et 33,3 % des pères n'ont jamais eu accès au système éducatif formel. En ce qui concerne les enfants ayant abandonné l'école, Pemba compte 66,2 % de mères et 59,6 % de pères illettrés, et Unguja compte 58,2 % de mères et 55,4 % de pères n'ayant jamais eu accès au système éducatif formel. La majorité des parents sont généralement illettrés, les taux respectifs étant de 33,3 % et 72,4 %. Les mères sont encore plus défavorisées (respectivement 58,2% et 72,4%), alors que le niveau d'illettrisme des pères représente respectivement 33,3% et 62,3%. D'après le recensement de 1986, le niveau général d'analphabétisme des adultes à Zanzibar est de 38,5%, dont 58,1 % de femmes. La population analphabète représente 126 022 personnes au total.

Activités économiques des parents

1 005 enfants au total ont été interrogés sur les activités économiques de leurs parents. La majorité des parents des enfants non scolarisés travaillent dans le secteur agricole (N = 439, soit 43,7%) et la petite pêche (N = 183, soit 18,2%). Quelques-uns sont employés du gouvernement (N = 91, soit 9,1 %) ou dans le secteur privé (N = 169, soit 16,8 %). D'autres travaillent dans des petites entreprises (N = 94, soit 8,4 %) ou des grandes entreprises (N = 17, soit 1,7 %). En termes de salaires journaliers, la majorité des parents employés dans l'agriculture et la pêche gagnent moins de 1000 shillings tanzaniens par jour, ce qui veut dire que la majorité des gens vivent dans l'extrême pauvreté.

Travail des enfants

La majorité des enfants non scolarisés (616 sur un échantillon de 1 069) ont indiqué qu'ils ne faisaient pas de travaux spécifiques. Les activités des autres enfants sont variées et peuvent être considérées comme du travail: agriculture (49 répondants), pêche (52 répondants), petites entreprises (24 répondants), tâches domestiques (24 répondants), travaux ménagers (54) et travaux occasionnels (18). Les enfants non scolarisés ne sont pas contents de leur travail pour les raisons suivantes: mauvais salaires, difficiles conditions de travail, manque de compétences, y compris en alphabétisation.

Barrières contextuelles à l'éducation formelle

En tout, 416 répondants (Pemba N = 199 et Unguja N = 217) ont déclaré n'avoir pas eu accès à l'éducation formelle. Les raisons majeures sont les suivantes, par classement hiérarchique: (i) parents pauvres (177, soit 42,5 %); (ii) les parents interdisent aux enfants d'aller à l'école (39; soit 9,4%); (Ni) manque de sensibilisation à la valeur de l'éducation (13, soit 3,6%); (iv) éloignement des écoles (11, soit 2,6 %); (v) ont peur des châtiments corporels à l'école (9, soit 2,2 %); (vi) restent à la maison pour aider leurs parents (5, soit 1,2 %); (vii) n'aiment pas l'école ( 64, soit 15,4%).

Raisons des abandons scolaires

Les répondants (N = 469) ont cité douze raisons pour lesquelles ils ont dû abandonner l'école à différents niveaux, et plus particulièrement aux niveaux 2, 3, 4, 5, 6 et 7 du primaire. Par ordre décroissant, ces raisons sont les suivantes: parents pauvres (215, soit 34%); les parents m'ont obligé à abandonner (70, soit 11 %); manque de sensibilisation à la valeur de l'éducation (47, soit 7%); maladie (32, soit 5 %); punitions (21, soit 4,5 %); mariage (16, soit 32 %); grossesse (11, soit 2 %); n'aime pas les matières enseignées (9, soit 1,9 %); manque de soutien familial (6, soit 1,3 %); environnement pédagogique insuffisant (4, soit 0,9 %); n'aime pas l'école (159, soit 25 %).

Données empiriques sur les besoins d'apprentissage de base des enfants non scolarisés

Priorités en matière de formations professionnelles

Les besoins d'apprentissage de base des répondants, tous âges confondus, ont été évalués au moyen d'une approche anticipatrice. Les jeunes ont été priés de citer les métiers qu'ils avaient l'intention de choisir une fois qu'ils auraient participé au projet éducatif alternatif. Sur 18 métiers, les plus fréquemment cités sont les suivants: commerce (17,3 %), enseignement (13,6 %), travail de bureau (8,8 %), médecine (7,8 %), pêche (6,9 %), gestion hôtelière et tourisme (5,4 %), agriculture (5,3 %). Les autres sont: couturier, charpentier, éleveur de bétail, maçon, plombier, mécanicien automobile, installateur électrique, infirmière, réparateur de bicyclettes, chauffeur. On soulignera que c'est sur la base de ces priorités qu'a été établi le programme d'études du projet.

Priorités en matière de compétences nécessaires dans la vie courante (stadi za maisha)

À part les compétences professionnelles (stadi za maisha), les répondants ont défini sept domaines correspondant à leurs besoins d'acquisition de compétences nécessaires dans la vie courante: éducation civique ou démocratie/droits humains (26,1 %), histoire de Zanzibar (17,9%), culture (13,3%), éducation à la santé (éducation sexuelle), VIH/SIDA et paludisme (14,2%), éducation à l'environnement (11,7 %), morale (5,3 %) et développement personnel (3,2 %).

Résultats et implications de l'étude

Les objectifs du projet éducatif alternatif sont à la fois étroitement liés et complexes: accès et égalité des chances en matière de politique d'EPT, développement de compétences en vue d'améliorer l'employabilité, réduction de la pauvreté accompagnée d'activités génératrices de revenus, et développement d'une culture d'apprentissage tout au long de la vie.

Domaines du programme d'études

Les données empiriques sur les besoins d'apprentissage de base des enfants non scolarisés ont fait ressortir quatre domaines étroitement liés, dont il faut tenir compte: (i) lecture, écriture et calcul, (ii) compétences professionnelles, (iii) compétences nécessaires dans la vie courante, et (iv) matières principales et liens/harmonisation avec le système d'éducation formelle. En ce qui concerne les matières principales, il est question d'adopter le modèle de programme d'enseignement de base utilisé en Tanzanie, ou COBET (Complementary Basic Education and Training), qui comporte quatre matières principales:

  • communication: anglais, kishwahili, mathématiques
  • formation professionnelle: sciences de l'agriculture, métiers des arts plastiques et utilisation des technologies simples
  • culture générale: science et technologie, histoire, géographie, éducation civique
  • développement personnel: rapports sociaux, traditions, valeurs, sports et jeux, bon comportement

Implications du programme d'études intégré établi dans le cadre du projet alternatif en faveur des enfants non scolarisés

Le programme d'études

Le programme d'études établi dans le cadre du projet pour les enfants non scolarisés a des implications importantes dont il faut tenir compte. Premièrement, tout programme intégré exige des formations dans des métiers qui favorisent l'employabilité dans une économie de marché axée sur la demande. Ceci nécessite la mise en place d'un programme à la fois axé sur les compétences et répondant aux besoins d'apprentissage aussi diversifiés que flexibles des enfants non scolarisés, par tranches d'âge (7-13 ans et 14-18 ans), et par sexe. Si le système d'éducation de base se veut intégré et si la formation professionnelle veut garantir l'égalité des chances d'accès à tous les enfants, il faut mettre en place des programmes transformatifs d'apprentissage assurés à l'échelle nationale, à la fois adaptables et capables de transférer les connaissances au rythme des innovations scientifiques et technologiques.

Le projet en faveur des enfants non scolarisés implique par conséquent un apprentissage assuré en alphabétisation et en mathématiques, y compris en informatique, défini dans le cadre du développement de compétences nécessaires à la vie courante. Dans la plupart des cas, le programme proposé doit donc comporter à la fois le développement de compétences et l'acquisition de bases en alphabétisation. Les contenus d'alphabétisation et en calcul sont à leur tour définis en fonction des métiers respectifs, des compétences nécessaires à la vie courante, des activités génératrices de revenus ou des activités économiques, et en fonction des besoins d'apprentissage de base des enfants non scolarisés.

Conséquences pédagogiques

Deuxièmement, tout programme intégré combinant à la fois l'alphabétisation, le calcul et les compétences professionnelles demande des enseignants spécialement formés et qualifiés. L'étude a recommandé de mettre en place des centres spéciaux de formation ouverte dans les communautés pour accueillir les enfants non scolarisés. Ces centres doivent être équipés de matériels pédagogiques appropriés, d'aides/de matériels technologiques divers (ordinateurs, Internet, téléviseurs, etc.) et de divers jeux adaptés à chaque sexe. S'il se veut réussi et soutenable, le programme intégré proposé demande deux types d'enseignants parfaitement formés et qualifiés: d'une part des pédagogues capables d'utiliser les méthodes les plus appropriées pour ces enfants, d'autre part des responsables de la formation professionnelle (charpentiers, tailleurs, etc.). Les pédagogues, tout comme les responsables de la formation professionnelle, doivent posséder des qualités exceptionnelles leur permettant de gagner rapidement la confiance des enfants, de respecter la situation personnelle de chaque enfant, d'être patients et tolérants, d'avoir de l'autodiscipline et d'être très engagés, et enfin, de bien connaître les méthodes qui stimulent la réflexion et l'acquisition de connaissances (essais, lecture, tests oraux, etc.), le développement psychomoteur (apprendre sur le tas, c. à d. éducation et production), et le changement/renforcement de comportement (jeux de rôles, discussions et conseil, etc.). Il s'agit de développer un programme centré sur l'enfant et permettant un apprentissage optimal dans les trois méthodes pédagogiques suivantes: transmissive, interactive et transformative, comme le montre la figure sur page 244.

Méthodes alternatives et domaines d'apprentissage

  Domaine d'apprentissage Méthodes transmissives Méthodes interactives Méthodes transformatives
1 • Domaine connaissa
• Acquisition de connaissances
• Lecture
• Jeux
• Groupes de travail
• Discussions en groupes
   
2 • Domaine psychomoteur
• Développement des compétences
• Démonstration
• Apprentissage assuré ou sur le tas
  • Histoires
• Démonstration
• Pratique des comférences
• Tests par références
 
3 • Domaine affectif • Valeurs
• Sentiments
• Appréciation
• Intérêts
    • Jeux de rôles
• Stimulation
• Discussions en groupes
• Conter des histoires
• Changem entsde pairs
• changement de comportement
• ou changement

Remarque: la formation d'enseignants/d'instructeurs à ces méthodes demande à la fois du temps et de l'expertise

L'étude a recommandé de mettre en place dans les communautés des centres de formation professionnelle ouverte pour les enfants non scolarisés. C'est le modèle le plus prometteur. Ces centres pourraient accueillir des externes et des internes. Les modèles d'alphabétisation ou d'éducation fonctionnelle accompagnés de diverses compétences professionnelles ont été recommandés. Le second cas de figure est l'apprentissage sur le lieu de travail, réservé plus spécialement aux enfants plus âgés (14 ans) qui travaillent déjà. Ce modèle demande la signature d'une convention à durée déterminée entre l'employeur (formateur) et l'apprenant (apprenti ou employé), qui prévoit une formation par le biais de l'expérience pratique sous la direction de l'employeur. Si les arts indigènes, l'agriculture, le commerce, etc. sont acquis dans le cadre d'un apprentissage, les sciences modernes et la technologie peuvent l'être aussi. Ce système d'apprentissage est encore utilisé dans la «politique éducative des travailleurs de Tanzanie» et demande d'être soutenu ou même renforcé pour un grand nombre d'enfants non scolarisés.

Conclusion

L'étude a fourni des données de base sur les enfants non scolarisés à Zanzibar. Les enfants étaient divisés en deux catégories, ceux qui n'avaient jamais fréquenté l'école et ceux qui l'avaient abandonnée à peu près à tous les niveaux. Dans les deux cas, les raisons ont pu être identifiées. Le problème de l'extrême pauvreté de la majorité des Zanzibarais, qui gagnent moins de 1 000 shillings tanzaniens par jour, soit moins d'un dollar US, a été au centre des débats. Les plus affectés sont les paysans et les pêcheurs. De ce fait, la pauvreté et le manque d'accès à l'éducation sont particulièrement importants à Zanzibar.

La pauvreté est due à la structure socio-économique inhérente à son histoire, à la traite d'esclaves et au colonialisme. La misère visible et les privations apparentes entraînent des taux d'analphabétisme extrêmement élevés chez les parents des enfants non scolarisés, plus particulièrement chez les mères. L'étude a recommandé de concevoir un programme d'enseignement intégré sous forme de modules axés sur les compétences dans divers métiers, afin de répondre aux besoins d'apprentissage de base de ces enfants.

L'essentiel du programme intégré consiste à développer des compétences, à proposer des cours simultanés d'alphabétisation et de calcul, et de définir les contenus de l'alphabétisation et du calcul en tenant compte à la fois des métiers, des compétences nécessaires dans la vie courante, et des activités économiques.

Bien que réalisable, le projet éducatif alternatif en faveur des enfants non scolarisés pose un défi immense au gouvernement de Zanzibar, non seulement en raison de la pauvreté de la population, mais aussi de la fragilité de l'économie nationale et du taux d'analphabétisme élevé de la majorité des adultes. L'éducation pour tous est encore un rêve lointain à Zanzibar, mais si on veut, on peut. Nous félicitons le gouvernement de Zanzibar pour son action en faveur des enfants non scolarisés d'Afrique. Les secteurs éducatifs formel et non formel doivent respecter et soutenir les besoins d'apprentissage de base des enfants non scolarisés. Les Africains sont loin d'atteindre les objectifs de l'EPT, et ils ont besoin à la fois d'une sincère volonté politique et d'une allocation équitable des ressources.

Références

ADEA (1999). The Association for the Development of Education in African (ADEA): The Dynamics of Non-Formal Education, Volume 1. Publié par le Commonwealth Secrétariat

Dakar (2000). Sénégal, Cadre d'Action pour réaliser les objectifs de l'EPT d'ici 2015.

Garabawa J. (2003). The Zanzibar Education Status.

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