Compte-rendu général

Du 10 au 12 septembre s’est déroulée au Mali, à Bamako, une grande conférence régionale sur l’alphabétisation. Pour informer nos lecteurs, nous en publions ici le compte-rendu général.

Conférence régionale africaine pour l’alphabétisation – Le renouveau de l’alphabétisation pour faire face aux défis africains et internationaux

Visions et bonnes pratiques résultant de la conférence

Mme Koumba Boly Barry: coordonnatrice du GT de l’ADEA sur l’éducation non formelle; groupe de rapporteurs: Anthony Okech, Yao Ydo; Clinton Robinson, Ulrike Hanemann

Contexte de la rencontre

  • Dans le cadre de l’EPT et de la DNUA
  • Conférence de la Maison Blanche sur l’alphabétisation dans le monde
  • 6 conférences régionales pour promouvoir LIFE (Savoir pour pouvoir) et la DNUA
  • LIFE: une initiative de l’UNESCO qui vise à promouvoir l’alphabétisation dans l’optique du développement humain durable
  • dans le cadre de l’apprentissage tout au long de la vie

Objectifs de la rencontre

Plaidoyer pour:

  • La promotion de l’alphabétisation en tant qu’outil de promotion sociale et de lutte contre la pauvreté
  • La constitution d’une coalition de partenaires (gouvernements, société civile, partenaires au développement, etc.) en faveur des programmes nationaux et régionaux efficaces dans le cadre des initiatives mondiales (OMD, LIFE, DNUA, etc.)
  • Créer une nouvelle dynamique pour la dnua et life en afrique

Participants et méthodologie

Les participants

  • Le président du Mali, le directeur général de l’UNESCO (à l’ouverture)
  • les premières dames
  • Les ministres en charge de l’EPT et de l’alphabétisation, les ministres des Finances des pays de l’initiative de LIFE, les représentants des partenaires au développement, les ONG et OSC, les professionnels de l’alphabétisation, les prestataires privés, les médias, les éditeurs

Méthodologie de la rencontre

Articulation entre

  • Sessions plénières et panels
  • Huis clos et sessions parallèles
  • Foire aux expériences

Les quatre tables rondes thématiques

  1. Politiques et stratégies pour l’intégration de l’alphabétisation dans le secteur de l’éducation
  2. Financement et nouvelle budgétisation de l’alphabétisation au 21e siècle
  3. Appréciation, suivi, évaluation et étalonnage des performances
  4. Programmes novateurs – contenu et mise en œuvre: la création d’environnements lettrés

Pratiques efficaces en Afrique

  1. Alphabétisation familiale et apprentissage intergénérationnel
  2. Alphabétisation, promotion de la santé et prévention VIH
  3. Alphabétisation pour l’autonomisation et l’autosuffisance économique
  4. alphabétisation et tic

L’eau lave, mais c’est le savoir qui libère …

  • L’alphabétisation est un puissant levier pour l’autonomisation des exclus du système formel et du développement
  • Elle sert à la promotion d’une culture de la paix, de la dignité humaine, de la liberté, de la démocratie, de la promotion de l’intégration sous-régionale
  • Elle va au-delà de la simple maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul, et englobe les compétences de la vie courante pour une participation active et productive dans la vie et la gouvernance publique et politique

Défis majeurs

  • Au rythme actuel, les engagements internationaux ne seront pas atteints (objectif 3: «Besoins éducatifs des jeunes et adultes», et objectif 4: «alphabétisation des adultes» du Cadre d’action de Dakar)
  • Manque de volonté politique garantissant l’exercice effectif du droit à l’éducation des adultes
  • Faiblesse du budget
  • Absence de méthodes fiables pour déterminer le nombre d’analphabètes et les coûts dans les pays
  • Dispositif de mobilisation et de gestion transparente et efficace des ressources pas toujours en place
  • Absence de stratégies de mobilisation de sources nouvelles en supplément des efforts nationaux
  • Non-respect des engagements internationaux en matière d’aide au développement (0,7%)
  • Faible intérêt accordé par les partenaires à l’alphabétisation et à l’ENF
  • Nécessité de professionnalisation de l’enf

Leçons apprises/enseignements

  • Le bilan de l’EPT (Dakar +7) fait ressortir une amélioration sensible des taux d’accès au primaire alors que les taux d’alphabétisation n’ont pas connu le même essor au cours des dernières années
  • Si le rythme actuel est maintenu, aucun pays d’Afrique subsaharienne ne pourra améliorer de 50 % son taux d’alphabétisme
  • L’ENF doit être intégrée dans une politique holistique dans le cadre d’une approche sectorielle
  • Les pays doivent traduire en actes les recommandations de l’UA relatives à l’introduction des langues nationales dans le système éducatif formel
  • Sentiment général d’un consensus autour de la nécessité de promouvoir l’alphabétisation et engagement tacite des participants à y œuvrer
  • Le manque de précision des coûts qu’implique une alphabétisation de qualité
  • Nécessaire complémentarité entre le formel et le non-formel pour créer des synergies et promouvoir des approches novatrices telles que l’alphabétisation familiale et l’apprentissage intergénérationnel

Messages forts

  1. Des arguments et preuves existent qui justifient l’investissement dans l’alphabétisation dans le cadre d’une vision holistique, intégrée et diversifiée (développer des approches intersectorielles et intra sectorielles)
  2. Engagement du président du Mali d’augmenter la part de l’ENF dans le budget de son pays et de défendre le dossier de l’ENF auprès de ses pairs
  3. Budgétiser les programmes sur la base des méthodes de collecte et d’analyse des données, des modèles de simulation existants et des coûts unitaires étudiés et stabilisés
  4. Augmenter substantiellement la part de l’alphabétisation dans les budgets de l’éducation
  5. Développer des stratégies novatrices de mobilisation de ressources supplémentaires auprès de sources nouvelles et élaborer des stratégies de réduction des coûts soutenables pour les pays
  6. Favoriser les approches et pratiques novatrices qui mettent l’accent sur l’équité entre les sexes, la prise en compte du VIH/SIDA, et l’exploitation du potentiel qu’offrent les nouvelles technologies
  7. Nécessité de données fiables et récentes comme base de programmation et formulation de politiques pertinentes, qui prennent en compte les normes internationales acceptées
  8. La lutte pour une société alphabétisée passe entre autres par une amélioration de la qualité de l’enseignement primaire
  9. Assurer la pérennisation des acquis de l’alphabétisation par la création d’un environnement lettré bien étoffé, surtout dans les zones rurales et avec des possibilités ultérieures d’apprentissage

Recommandations

Aux gouvernements africains:

  • Traduire en actes la volonté politique d’appuyer l’alphabétisation et l’éducation non formelle en général
  • Promouvoir l’alphabétisation en tant que droit fondamental pour tous les groupes sociaux, notamment les plus marginalisés
  • elaborer des politiques sectorielles qui intègrent l’alphabétisation comme outils de lutte contre la pauvreté et instruments de développement
  • Accroître le budget consacré à l’éducation non formelle pour atteindre au moins 3 % du budget de l’éducation
  • Déterminer avec précision les coûts de l’alphabétisation, en exploitant les nouveaux modèles d’estimation développés par l’UNESCO et la Banque mondiale
  • Mettre en œuvre des politiques linguistiques basées sur la promotion du multilinguisme et des langues africaines en les introduisant dans les systèmes éducatifs
  • Dans le cadre de la professionnalisation de l’alphabétisation, revoir le statut des alphabétiseurs, leur mode de recrutement, leur plan de carrière, leur rémunération, et leur offrir des opportunités de perfectionnement, d’acquisition de compétences additionnelles officiellement reconnues

Á l’UNESCO et ses partenaires:

  • Organiser une retraite des ministres de l’education pour leur permettre d’échanger leurs expériences et pratiques en alphabétisation et éducation non formelle
  • Appuyer les gouvernements et autres acteurs dans l’application des nouvelles méthodes d’évaluation des compétences, comme celles expérimentées au Kenya

Aux prestataires/acteurs

  • Œuvrer pour la professionnalisation du sous-secteur en vue d’en améliorer la qualité des offres et des prestations

Aux partenaires:

  • Entreprendre un plaidoyer pour une plus grande mobilisation et un plus grand soutien de la part des partenaires au développement et du secteur privé
  • Accroître la part de l’alphabétisation et de l’ENF dans les fonds alloués à l’éducation
  • Intégrer l’alphabétisation dans les plans sectoriels et les initiatives internationales majeures telles que l’initiative accélérée d’EPT (fast track initiative – FTI)


Appel de Bamako

L’Afrique, les Africaines et les Africains ont une obligation, un devoir de s’engager pour faire de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle une réalité en terme de droit humain fondamental exercé par toutes et par tous.

Comment s’engager?

Á travers la volonté politique pour:

  • Les chefs d’états et les gouvernements
  • Les premières dames
  • Les responsables des collectivités décentralisées
  • La communauté
  • La société civile
  • Les chercheurs/chercheuses
  • Le secteur privé

Dans une perspective de multipartenariats où les rôles et les responsabilités sont clairement établis et les conditions pour les exercer sont concrètes.

Les participants et participantes à cette conférence ont un devoir de mémoire. L’histoire jugera et les générations futures apprécieront: l’interpellation de l’écrivain Joseph Ki Zerbo repris par monsieur Mamadou N’Doye, secrétaire exécutif de l’ADEA «éduquer ou périr» constitue une sorte de mise en garde. Cette assemblée a certainement choisi pour l’Afrique un meilleur destin une éducation et une formation de qualité pour tous et toutes tout au long de la vie. Cela commence par une alphabétisation de qualité. À cet égard, chacun et chacune s’engage donc autour:

  • Du développement d’une vision éducative intégrée, holistique et diversifiée
  • De la mobilisation des ressources internes en rapport avec et à la hauteur de l’ambition que nous avons pour l’intérêt et le bien-être des populations africaines
  • De la mise en place de mécanismes de gestion efficace, efficiente et transparente des ressources internes et externes
  • De la création des partenariats pour des échanges d’expériences innovants et de mutualisation de pratiques novatrices
  • D’un investissement massif dans l’alphabétisation et la formation des jeunes et adultes
  • De la valorisation du statut, des conditions de travail et de salaire des formateurs et éducateurs d’adultes
  • De la valorisation des langues nationales dans l’éducation et tous les autres domaines de la vie
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