ment, Marcio Pochman, président de la Fondation Perseu Abramo du parti ouvrier brésilien affi rmait que le « dévelop- pement n’est pas seulement une question de croissance économique. C’est aussi une question sociale, environne- mentale et culturelle. » Selon le pape François, « essayons de construire une société et une économie où l’homme et son bien-être sont au centre, et non pas l’argent. Je reconnais que la mondiali- sation a aidé beaucoup de gens à se sortir de la pauvreté, mais elle en a aussi condamné beaucoup d’autres à mourir de faim. Il est vrai qu’elle a accru la richesse mondiale en termes absolus, mais ce système s’autoentretient par une culture du déchet. Les marchés et la spéculation fi nancière ne peuvent pas bénéfi cier d’une autonomie absolue » (inter- view du pape François accordée à Andrea Tornielli et Gia- como Galeazzi pour le journal La Nación). Le Forum social mondial – dont le slogan était « un autre monde est possible » – s’est tenu pour la première fois en 2001 à Porto Alegre, puis pour la seconde fois en 2015 en Tunisie. Il s’agit là d’une union, d’une coordination et d’une mobilisation de la société et des mouvements sociaux dans le but d’aff ronter la crise et de proposer une alternative. Les options politiques et le rôle des gouvernements Au Brésil, le développement régional a été l’un des cinq ob- jectifs stratégiques gigantesques du gouvernement Lula. Les actions gouvernementales du comité exécutif de la chambre d’intégration nationale des politiques et du déve- loppement régional ont déjà été mises en œuvre par le biais de programmes de développement régional. Cette dé- marche visait à créer des synergies et complémentarités, avec un impact considérable à court et moyen terme, entre les diff érents niveaux administratifs des sous-régions et ré- gions prioritaires. « Les diff érents programmes sociaux brésiliens, de la Bolsa Família (Bourse familiale) à la Luz par Todos (Lumière pour tous) ont stimulé au plan local l’accès aux ressources, même dans les régions les plus démunies du pays. Cet im- pact a été renforcé grâce au programme intitulé « Territoires de la citoyenneté ». Il s’agit d’un programme antirécession de type rooseveltien, susceptible non seulement de résister aux turbulences actuelles, mais aussi de déclencher une nouvelle croissance dynamique, plus équilibrée au plan ré- gional et capable de fait d’inclure les populations rurales dans le développement du 21e siècle. L’objectif est un État plus décentralisé, plus participatif, plus démocratique dans ses processus décisionnaires, plus transparent en termes d’information et jouant un plus grand rôle dans la coordina- tion des divers agents de transformation sociale » (Sachs, Lopes et Dowbor 2010). L’éducation populaire : la théorie et la pratique, la pra- tique et la théorie La citoyenneté, la conscience des droits et leur exercice se situent au sein de communautés. C’est là que se déroule « La citoyenneté, la conscience des droits et leur exercice se situent au sein de communautés. C’est là que se déroule l’apprentissage, dans l’expé- rience de la vie quotidienne. » l’apprentissage, dans l’expérience de la vie quotidienne. Voici ce que proclamait, à l’occasion de Rio+20 en 2012, la lettre ouverte aux enseignants et aux éducateurs, intitulée « Pour un monde juste et heureux » : « Nous devons ap- prendre et employer d’autres moyens de faire de la politique publique, des moyens issus des communautés, et exiger des politiques publiques axées sur la qualité de la vie des gens. Par conséquent, il est urgent de renforcer les proces- sus éducatifs orientés vers l’émancipation humaine et la par- ticipation politique à la construction de sociétés viables au sein desquelles chaque communauté humaine puisse se sentir engagée, active et incluse dans le partage de la ri- chesse et de l’abondance de la vie sur notre planète. Ces processus éducatifs comprennent : l’éducation transforma- trice, l’alphabétisation écologique, l’éducation populaire rela- tive à l’environnement, l’écopédagogie, les programmes éducatifs Gaia et l’éducation relative à l’environnement so- cial. Plus que jamais, nous demandons une éducation ca- pable de forcer l’admiration et le respect pour la complexité de ce qui préserve la vie, qui accepte l’utopie de construire des sociétés viables en s’appuyant sur l’éthique du care et pour protéger la biodiversité et la sociobiodiversité. » Au Brésil, les eff orts de la société et des mouvements sociaux sont axés sur la création de politiques publiques avec une grande participation sociale et populaire. Les conseils nationaux, les conférences sur des sujets très di- vers (santé, agriculture familiale, droits humains, handicapés, communication, agroécologie, éducation, jeunesse, droits des femmes, peuples et communautés traditionnels, com- munauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre, environne- ment), qui attirent de nombreux participants, les médiateurs, les tables de dialogue et de négociation, et le budget parti- cipatif font partie d’un processus de création de politiques orientées du bas vers le haut, respectueuses de la diversité régionale et qui tirent leurs origines des organisations lo- cales. Le Réseau d’éducation citoyenne (RECID – Rede de Educação Cidadã) créé en 2003 durant le premier mandat du gouvernement Lula forme à la multiplication éducative et au leadership à la base. Ses activités incluent des politiques d’économie solidaire, les Territoires de la citoyenneté, l’édu- cation sanitaire populaire, l’éducation relative à l’environne- ment, l’éducation aux droits humains et l’alphabétisation des jeunes et des adultes. Le RECID a pour vocation de déve- lopper des pratiques éducatives reposant sur la production de connaissances pouvant servir d’instruments susceptibles d’infl uencer les prises de décisions. Pour produire un eff et, ces pratiques doivent remettre en question les structures 82 2015 L’éducation à la citoyenneté mondiale 105