Peles L. Biswalo/Zodwa Baartjies

Dans cet article, les auteurs présentent le cas d’une coopérative, ­l’Association Zenzele, au Swaziland. Cette organisation se compose de personnes et de groupes de femmes auxquels elle octroie des prêts sensés leur permettre de créer des activités génératrices de revenus. L’article fait le relevé des problèmes liés au remboursement des crédits et propose des solutions. Conjointement avec la section ­d’Économie domestique du ministère de l’Agriculture et des Coopératives, les auteurs ont élaboré un système d’assistance pour que les femmes participant au projet Zenzele profitent des crédits octroyés. Ce système permet non seulement d’obtenir des prêts, mais comporte aussi des moyens servant à recouvrer l’argent (système de remboursement) et à surveiller la manière dont les emprunts sont utilisés. Cet article aborde brièvement la question des activités génératrices de revenus et indique quelques ouvrages sur les systèmes de crédits pour les femmes. Peles Biswalo est professeur au département d’éducation des adultes de l’Université du Swaziland et y enseigne la conception de séquences d’enseignement et la communication. Mme Zodwa Baartjes est responsable du développement communautaire au ­Ministère de l’Agriculture et des Coopératives, au service d’Économie intérieure et prépare actuellement à distance une licence d’éducation des adultes à l’Université du Swaziland.

La nécessité pour les femmes d’obtenir des crédits afin de pouvoir participer aux activités génératrices de revenus: une étude de cas au Swaziland

Introduction

Pour les femmes des pays en développement, prendre part aux activités génératrices de revenus est d’une importance cruciale. Elles y participent et ont conscience que ces activités accroîtront leurs revenus, ce qui leur permettra de compléter ceux dont elles disposent ­déjà ou ceux de leurs conjoints. Néanmoins, il arrive qu’une femme doive soutenir sa famille.

Au Swaziland par exemple, ce sont généralement les femmes qui pratiquent des activités génératrices de revenus. Prenons le cas des participants au programme d’éducation des adultes de l’Université du Swaziland. Sous la direction d’autres étudiants, ils étaient chargés d’effectuer des travaux pratiques consistant à mettre sur pied un programme de formation dans les communautés de leur choix. La majorité des groupes atteints se composait de femmes. Le nombre d’hommes à participer était très restreint. À vrai dire, on s’est même aperçu que dans l’ensemble du tiers-monde, les femmes des campagnes étaient omniprésentes dans les activités génératrices de revenus. Dans toutes les zones rurales d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, les négociants et petits commerçants sont des femmes.

Les femmes contribuent largement aussi à l’économie de bon nombre de pays en développement dans le domaine de la production agricole et agroalimentaire. Elles cultivent les champs et tiennent le ménage, mais n’en sont pourtant que mal récompensées. Dans les pays de plus de trente millions d’habitants où les femmes représentent plus de la moitié de la population, obtenir un crédit est le premier obstacle à passer pour monter une affaire. Faire une demande d’emprunt dans une banque com­merciale est une entreprise cauchemardesque qui consiste à remplir d’innombrables formulaires et à répondre à des questions indiscrètes.

Dans certaines régions de Tanzanie, on a récemment mis en place un système qui existe déjà ailleurs. Il consiste à aider les femmes à investir une partie de leurs maigres économies dans des projets générateurs de revenus. L’idée est simple: il s’agit de soutenir les systèmes de crédits parmi les femmes membres de coopératives. L’organisation Alliance internationale des coopératives (AIC) qui s’y consacre a un but non lucratif. Les femmes qui en deviennent membres reçoivent des crédits leur permettant de réaliser leurs projets.

Elles ont besoin d’obtenir des prêts pour diriger et/ou participer à des activités génératrices de revenus. Les interviews menées avec des femmes en 1979 par Huston dans six pays différents et en 1978 par l’Office ouest-africain des services de développement économique régional de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) en Haute-Volta ont révélé très tôt leur désir d’obtenir des ­crédits, ce qui est encore le cas aujourd’hui.

Cet article prend un cas swazilandais comme exemple et examine la raison pour laquelle les femmes participent aux activités génératrices de revenus. Il se penche également sur la nécessité pour elles d’accéder à des crédits. Enfin, il présente un système d’accès, de remboursement et de surveillance de l’usage des sommes empruntées.

Les projets générateurs de revenus

On peut considérer une activité génératrice de revenus comme une forme «d’emploi» dont les participants se consacrent à des tâches sensées accroître leurs revenus. Ce type d’activité peut être n’importe quel projet d’autosoutien dont les bénéfices reviennent aux participants et peuvent provenir de la vente de produits, d’un travail effectué en contrepartie d’un salaire ou d’une augmentation de la production. Les types de projets mis en place dans de nombreux pays peuvent varier selon la situation sur place. Les projets peuvent par exemple consister à planter des arbres pour accroître la quantité de combustible ou de fourrage ou pour préserver les sols tout en améliorant la production dans les jardins potagers et les champs. Au Swaziland, un grand nombre de groupes de femmes se consacrent à des activités comme la couture, le jardinage, la confection de bougies et la fabrication d’encaustique, d’assouplissants textiles, de vaseline et de mèches, pour n’en citer que quelques-unes. Parmi les autres produits et/ou activités qualifiées de «masculines», on trouve la fabrication des briques, de réservoirs d’eau (de petits barrages) et d’énormes jarres destinées à recueillir l’eau.

Si la génération de revenus plus élevés est au cœur de ces efforts, ­elle s’accompagne d’un autre élément important: le contrôle de la répartition des avantages qu’apporte un projet. Ainsi, il est arrivé lors d’un projet d’élevage de poulets que les femmes effectuent la majeure partie des tâches (ex. le transport de l’eau sur de longues distances), mais que les hommes soient les principaux bénéficiaires du fruit de leur travail en coopérative. Ceci vient du fait que les femmes n’ont pas leur mot à dire dans le choix ou la direction d’un projet ou dans l’utilisation des avantages qu’il apporte. Ceci est encore plus vrai quand une femme dispose de ses propres revenus et que son mari décide de la manière dont il convient de les dépenser – ce qui n’est pas toujours au bénéfice de la famille ou de son épouse. On peut limiter ce type de problèmes en permettant aux participantes à un projet de choisir et de recevoir des biens destinés à être mis en communs ou à servir à leurs besoins personnels au lieu d’être payées si elles n’ont pas le droit de gérer leur argent.

L’accès des femmes aux crédits

Les femmes pratiquant ou non des activités génératrices de revenus ont besoin d’obtenir des emprunts pour les mêmes raisons que les hommes. Les principaux objectifs sont l’augmentation des revenus familiaux au moyen d’un accroissement de la production et d’investissements ainsi que l’amélioration du bien-être de la famille grâce à l’augmentation du pouvoir d’achat. Aujourd’hui comme par le passé, les femmes participent largement à la production agricole. Les crédits sont nécessaires si elles veulent accroître leur productivité et leurs revenus, et les systèmes de développement rural doivent également servir à améliorer leur productivité.

L’accès aux systèmes de crédit indigènes par rapport à l’accès aux systèmes modernes

Dans la plupart des pays du tiers-monde, on sait que les femmes font souvent appel aux systèmes informels de crédits. Certaines optent également pour les systèmes formels. Toutefois, peu d’entre elles font appel aux systèmes bancaires modernes pour emprunter ou investir. Deux facteurs fondamentaux empêchent les femmes plus que les hommes d’obtenir des crédits formels, en particulier dans les pays du tiers-monde: les garanties, éventuellement exigées, pouvant être des maisons, des terres ou d’autres biens, constituent pour les femmes un obstacle considérable lorsqu’elles souhaitent obtenir un crédit. Ceci est principalement dû au fait que ces biens (les terres en particulier) sont au nom du mari qui est le chef de famille. Pour qu’une femme obtienne un crédit, son époux doit l’y autoriser (p. ex. avec sa signature). En outre, la plupart des instituts de crédit n’ont pas de programmes consacrés aux métiers typiquement féminins, ce qui constitue un autre obstacle majeur. Ces métiers comprennent les activités génératrices de revenus.

Outre les problèmes exposés ci-dessus, d’autres obstacles limitent les possibilités des femmes d’emprunter de l’argent, ce qui les conduit à s’en procurer par d’autres moyens. Parmi eux, les systèmes indigènes leur permettent d’obtenir des prêts informels en empruntant de l’argent à des parents, des prêteurs sur gages, des grossistes, des intermédiaires et des associations de prêt en alternance qu’elles ont elles-mêmes créées (ICRW, 1979). Ces associations sont des plus intéressantes: un groupe de personnes se met d’accord pour verser régulièrement une certaine somme dans un fonds commun. Dans ce cas, les fonds réunis deviennent par alternance la propriété de chaque donateur (LEWIS, 1976).

Les groupes dirigés par des femmes de bonne réputation sont de bons exemples pratiques de ce type d’associations dont les membres versent une petite somme chaque semaine ou tous les quinze jours. Ceci est important pour permettre aux femmes de verser fréquemment de l’argent à l’association au lieu de l’employer pour d’autres choses. Les membres peuvent prélever à tour de rôle la totalité des fonds ainsi réunis par le groupe. En cas d’urgence ou de besoin particulier, ils peuvent emprunter de l’argent même si leur tour n’est pas encore venu. Le groupe est ouvert à toutes les femmes, sauf aux mauvaises payeuses. Chaque adhérente a une garante qui intervient si elle n’est pas en mesure de payer. Dans certains cas néanmoins, ce type de système ne fonctionne pas, ce qui peut être dû à l’incapacité des membres à verser les sommes exigées ou au fait que les caisses sont parfois vides quand le tour d’une personne arrive.

En Tanzanie, l’Alliance internationale des coopératives (AIC), une organisation à but non lucratif, aide les femmes à obtenir des prêts. L’AIC, dont l’objectif est d’unir, de représenter et de servir les coopératives, a été fondée en 1895. Ses activités régionales comprennent la recherche et la planification. Ses offices régionaux et de projets fournissent des conseils en matière de développement dans les différentes régions. Environ trente mille Tanzaniennes de la région située au nord du Kilimandjaro bénéficient du soutien de l’AIC et des associations de crédit qui les aident respectivement à se constituer des économies et à réunir des capitaux pour leurs affaires. L’AIC propose aux femmes des programmes de formation dans les domaines suivants: comptabilité, épargne et gestion des crédits dans le développement de coopératives, le champ d’activité principal de l’AIC.

Au Swaziland, quelques organisations proposent des crédits aux femmes. L’IMBITA, un trust financier pour les femmes, en fait partie. Cette organisation, ouverte à toutes les résidentes swazilandaises, fournit des services pratiques à ses adhérentes auxquelles elle offre une assistance financière et technique. Toute femme souhaitant en ­faire partie doit devenir membre et verser un droit d’inscription. Les membres versent une certaine somme sur un compte-épargne. Au bout d’un certain temps, elles peuvent prélever une partie de leurs ­économies ou faire une demande d’emprunt. Pour qu’une adhérente soit en droit de faire une demande d’emprunt, elle doit avoir épargné pendant au moins trois mois, les économies ainsi effectuées devant s’élever à un minimum de vingt pour cent du montant du prêt désiré. Si ces conditions sont réunies, on établit alors un calendrier des ­rem­boursements. Des programmes de formation à la gestion d’entreprise peuvent être organisés à la demande d’un membre de l’organisation.

Bien que dans le monde entier les femmes doivent surmonter certains obstacles pour obtenir des crédits, certains groupes y accèdent plus facilement. Les exemples ci-dessous illustrent les traits caractéristiques des services financiers répondant aux besoins des femmes.

  • Des crédits sont disponibles pour le commerce, les services et la fabrication de produits.
  • Aucun nantissement n’est exigé du fait que des substituts tels que des groupes de solidarité, des références, des bijoux et effets personnels peuvent servir de garantie.
  • Des services d’épargne sont proposés.
  • Des crédits sont disponibles pour des fonds de roulement à court terme.
  • Des petits crédits sont disponibles.
  • Le calendrier des remboursements est adapté au cycle des affaires des femmes.
  • Le montant des crédits octroyés peut s’accroître en fonction du bon déroulement du remboursement du premier emprunt.
  • Les micro-entreprises avec un personnel réduit peuvent bénéficier de crédits.
  • La signature de l’époux ou d’un parent masculin est facultative.
  • L’alphabétisation n’est pas une condition requise.
  • Les demandes de crédits sont traitées facilement et rapidement.
  • Le responsable chargé de l’attribution des crédits peut aider les femmes à remplir les formulaires.
  • Les crédits sont octroyés à des entreprises à domicile ou ambulantes.
  • L’établissement de crédit est d’un accès pratique et sûr pour les femmes.
  • Ses heures d’ouverture sont compatibles avec celles des entreprises des femmes et avec leurs obligations domestiques.
  • Aucune formation n’est exigée pour le décaissement d’un crédit.
  • Des dispositions particulières ont été prises pour aider les débitrices qui ne sont pas familiarisées avec les systèmes formels de services financiers.

L’Association Zenzele: une étude de cas au Swaziland

Ce paragraphe expose le cas d’une association créée en vue d’aider les femmes à obtenir des prêts pour leurs activités. Nous avons constaté quelques difficultés liées à ce système, ce qui nous a incité à chercher une solution que nous présentons ici.

L’Association Shiselweni Zenzele se compose de groupes Zenzele de différentes contrées de la région. Elle est implantée dans la région swazilandaise de Shiselweni. Zenzele signifie «faites-le vous-même». Quatre-vingt-dix pour cent des groupes réunis dans l’association sont d’origine rurale, les dix pour cent restant venant des zones péri-­urbaines.

La région couvre une surface de cinq mille kilomètres carrés et se ­divise en huit villes principales: Lavumisa, Hluti, Gege, Nhlangano, Maloma et Hlathikhulu. Dans certaines zones de la région, le climat se caractérise par une pluviosité moyenne et bien répartie, ailleurs, les températures sont élevées et les précipitations rares.

La majeure partie des routes n’est pas goudronnée et est mal entretenue, sauf la route principale entre Manzini, la deuxième ville du Swaziland par sa taille, et Mahamba, le poste le plus important à la frontière de l’Afrique du Sud en direction de Piet Retief. Il est donc difficile pour les gens de se déplacer d’une ville à l’autre, en particulier quand il pleut. Sauf dans les régions de Maloma, Hluti et Lavusima où le maïs ne pousse pas en raison du climat chaud et sec et dont les habitants se livrent à la culture commerciale du coton, les produits de l’agriculture sont généralement destinés à l’autoconsommation.

Deux fleuves principaux traversent la région, coulant de l’Afrique du Sud vers Maputo, au Mozambique. Il s’agit du Mkhondvo et du Ngwavuma. Certaines rivières s’assèchent en hiver. La majorité des régions dispose de bassins de retenue qui assurent leur approvisionnement en eau.

Presque partout, les gents cultivent du maïs, des fruits et des légumes qui, s’il leur arrive de les vendre, sont principalement destinés à l’autoconsommation. Les communautés d’agglomérations comme celle de Hluti, Maloma et Lavumisa, situées dans le Bas Veld, produisent du coton et se consacrent à l’élevage du bétail et des chèvres dont la vente permet d’acheter des vivres, les conditions ne se prêtant pas à la culture du maïs, des fruits et des légumes.

Les travaux agricoles sont principalement exécutés par les femmes et les enfants car plus de quatre-vingts pour cent des hommes se sont expatriés. La majorité d’entre eux est allée travailler dans les mines de Johannesburg, tandis que le reste s’est fait embaucher dans les villes industrielles du Swaziland, par exemple dans une société de production de sucre à Big Bend, dans une entreprise de sylviculture à Shiselweni et dans la zone industrielle de Matsapha. En raison de cela, plus de la moitié des hommes ne rentrent que rarement chez eux et ne soutiennent pas leurs familles régulièrement. La plupart des femmes reçoivent des dons d’argent de leurs époux qui ne considèrent pas qu’ils sont en devoir de soutenir la famille. Certains enfants sont de ce fait contraints de travailler dans les champs de coton pendant que les femmes vendent des vêtements et articles d’artisanat achetés en Afrique du Sud.

Les services de base disponibles

La région dispose d’un hôpital situé à Hlathikulu. En outre, il existe deux centres médico-sociaux, l’un à Nhlangano, la ville principale, et l’autre à Matsanjeni, entre Lavumisa et Hluti. Les autres villes disposent de centres de consultation médicale. Les villes principales sont équipées de systèmes d’eau courante et d’électricité, et l’on y trouve des magasins, des écoles et des églises. Les transports en commun existent dans la plupart des villes bien qu’ils ne fonctionnent pas régulièrement. Les propriétaires des bus ont en effet des difficultés à entretenir leurs véhicules malmenés sur les routes dégradées. La région dispose de deux établissements de formation, l’école de formation des enseignants de Ngwane Teachers et le centre de formation agricole de ­Nhlangano.

Les services non disponibles

Dans la région, il n’existe aucune industrie, si bien que le taux de chômage est très élevé. Les gens ont des difficultés presque partout à se rendre aux services de santé et sont contraints de couvrir de longues ­distances à pied pour aller au centre médico-social le plus proche. Dans certains endroits, l’eau est si rare que les gens doivent employer des ânes pour aller en puiser dans les bassins de retenue situés loin de chez eux.

La structure familiale

Du fait que les hommes sont nombreux à être partis s’installer dans les villes industrielles et que certains sont même morts dans les mines d’Afrique du Sud, les femmes sont les chefs de familles dans plus de quatre-vingts pour cent des cas. Les rares hommes qui restent passent le plus clair de leur temps dans les shebeens (des bars) à boire la spécialité locale de bière.

La religion

Shiselweni est une communauté chrétienne, ce qui est principalement dû au fait que la majorité des missionnaires s’est installée dans la région. La plupart des écoles sont dirigées par des missionnaires, et les communautés religieuses sont nombreuses: méthodistes, catholiques, évangélistes, sionistes et luthériennes.

Le niveau de formation

Quatre-vingts pour cent des membres des groupes Zenzele ont achevé leur scolarité primaire, deux pour cent ont fait des études secondaires, trois pour cent sont allés au lycée et le reste est illettré.

La répartition des revenus familiaux

La répartition des revenus familiaux est inégale du fait que dans la majeure partie des communautés, les familles dépensent de grosses sommes pour l’achat de produits d’alimentation et de carburant et qu’elles ne peuvent se permettre d’en dépenser pour des choses comme l’éducation et l’habillement. La méthode d’évaluation participative rurale a permis à un certain nombre de femmes de faire la décomposition suivante de la répartition des revenus:

Besoins Élémentaires Pourcentage du Revenu
Alimentation 50%
Carburant 15%
Transport 10%
Investissements agricoles 10%
Amélioration de l’habitat 5%
Éducation 3%
Vêtements 3%
Autres 4%

La génération de revenus

La plupart des communautés participent à des projets de génération de revenus, entre autres dans les domaines suivants: artisanat, confection d’uniformes scolaires, culture de fruits et légumes, élevage de volaille et de porcs, construction de citernes à eau, apiculture et chasse au faucon. Un certain nombre de femmes travaillent en ville et dans des entreprises sylvicoles. Leur salaire mensuel est toutefois inférieur à 500,00 emalangeni (6 SZL équivalent à environ 1 dollar). La majorité des femmes se consacre à temps partiel à la chasse au faucon. L’artisanat est entre les mains de celles qui peuvent se procurer les matières premières nécessaires. Toutefois leurs articles se vendent à bas prix du fait qu’elles ne disposent pas de marché fiable et que les clients dictent les prix.

Les programmes de développement

Les différents ministères tels ceux de la Santé et de l’Aide sociale, de l’Agriculture, de l’Éducation et du Tinkhundla (du Gouvernement traditionnel) offrent des programmes de développement qui ont pour but d’améliorer la qualité de la vie des familles. Les organisations non gouvernementales proposent elles aussi des services, en particulier dans les zones qui ont souffert de la sécheresse au cours des cinq dernières années.

La plupart des régions ne disposent pas de projets sociaux ou de services et la majorité des gens se rendent dans les bars et les shebeens pour rencontrer des gens. Il existe des clubs de football qui sont toutefois principalement fréquentés par des hommes, surtout dans les grandes villes. Une grande partie des femmes se consacre à des activités religieuses comme les réunions spirituelles, les conférences, etc.

La santé

Le taux de maladie des femmes enceintes et allaitant est élevé du fait que dans certaines régions, elles n’ont pas accès à l’alimentation dont elles ont besoin, même si elles ont de l’argent. Les enfants souffrent eux aussi pour cette raison de maladies liées à la malnutrition. Dans certaines communautés où les gens ne disposent pas de toilettes, on rencontre des problèmes de diarrhées durant la saison des pluies. Les maladies de peau telle la gale affectent certains membres des communautés qui connaissent des pénuries d’eau. La tuberculose est répandue dans la plupart des régions où les gens s’entassent dans des maisons minuscules et finissent par se contaminer les uns les autres.

Le taux de criminalité

Dans la région, le taux de criminalité est très élevé du fait que la ­plupart des jeunes sont au chômage et qu’ils survivent en volant du bétail et des véhicules revendus par la suite en Afrique du Sud.

Les crédits destinés aux membres de l’Association Zenzele

Le Projet pour l’Association Zenzele (ZAP) est un programme du ministère swazilandais de l’Agriculture et des Coopératives qui octroie des crédits aux groupes Zenzele dans l’intention d’améliorer la qualité de la vie des familles. En effectuant une évaluation des besoins, on s’est aperçu que le programme d’attribution de crédits ne fonctionnait pas très bien, de là la nécessité de déterminer la raison pour laquelle les membres de l’association ne parvenaient pas à rembourser leurs crédits et de développer également une stratégie visant à modifier leur comportement dans ce domaine.

Le Projet pour l’Association Zenzele est une organisation non gouvernementale affiliée à la section d’Économie domestique du ministère de l’Agriculture et des Coopératives. L’objectif que poursuit ce service est d’améliorer la qualité de la vie des familles dans les principaux domaines du programme qui sont les suivants:

  • alimentation et nutrition;
  • gestion et hygiène domestiques;
  • acquisition de compétences à usage domestique et pour la génération de revenus;
  • amélioration de la position de la femme, tant au sein de la famille que dans la société;
  • formation à la gestion des affaires et offre de facilités de crédit.

La section d’Économie domestique cherche à motiver les gens à l’aide de différentes méthodes supplémentaires qui mettent l’accent sur la valeur du «Zenzele» qui veut que l’on fasse les choses soi-même. Pour mieux être à leur portée, la section encourage les femmes à créer des groupes Zenzele. Elle travaille conjointement avec elles, en particulier dans les zones rurales où la majorité des femmes n’a suivi aucune scolarité et se trouve de ce fait au chômage. Les associations de femmes disposent des compétences nécessaires pour évaluer les ­besoins et ressources de leurs membres de manière à déterminer les activités et projets qui leur conviennent.

Le nombre de groupes ayant obtenu des crédits du ZAP a augmenté, mais le taux de remboursement des emprunts a baissé à un rythme alarmant. L’un des auteurs de cet article fait partie des formateurs et de la direction du ZAP qui lui a demandé d’inciter les femmes à rembourser leurs crédits.

L’accès aux crédits

Dans la plupart des pays d’Afrique, les femmes ne sont traditionnellement pas autorisées à faire des demandes d’emprunts sans le consentement de leurs époux. Par conséquent, les systèmes de crédits des banques ne leur sont généralement pas d’une grande utilité, en particulier dans les zones rurales.

Grâce au soutien du fonds de développement de la banque Barclay, la section d’Économie domestique a créé en 1989 un projet de prêt en alternance de 10 000,00 SZL pour l’association Zenzele. Il fut baptisé Projet pour l’association Zenzele (ZAP).

Les objectifs du ZAP

Le principal objectif de l’organisation est de mettre des crédits à la disposition des groupes Zenzele grâce à un processus qui souligne l’importance d’une solide formation en gestion et de l’accès des femmes aux crédits. Les demandes d’emprunts se traduisent par conséquent par des études de faisabilité qui s’accompagnent d’un manuel de formation et permettent aux femmes de déterminer les points faibles de leurs projets de manière à les améliorer avant qu’elles ne puissent obtenir un prêt. Elles ont ainsi l’occasion de se former, même si elles n’obtiennent pas leurs crédits.

La gestion de l’organisation

L’organisation est gérée par une équipe de six membres appelée conseil d’administration du ZAP. Celui-ci se compose de deux membres du personnel du ministère et d’un membre du personnel de chacune des régions. Les membres du conseil d’administration font fonction de conseillers et supervisent l’administration de l’organisation conformément à des règles et procédures exposées dans le guide administratif du ZAP.

L’évaluation des besoins organisationnels

Tout récemment, en 1999, l’organisation éprouva le besoin de remanier ses buts et objectifs en procédant à leur examen. Elle effectua une évaluation des besoins à l’aide de questionnaires distribués aux membres du conseil d’administration, au personnel du service d’Économie domestique de la région de Shiselweni et aux membres de l’administration de certains groupes Zenzele dans chacune des cinq zones de développement rural.

Relevé des besoins organisationnels

Les besoins suivants ont été identifiés:

  • recrutement de personnel;
  • augmentation du budget pour pouvoir attribuer plus de crédits;
  • trouver les moyens d’entretenir l’organisation (réduction des frais d’administration);
  • créer une agence dans la région;
  • améliorer le système de surveillance des crédits.

Les besoins organisationnels ayant la priorité

Le conseil d’administration a donné la priorité aux besoins organisationnels suivants:

  • trouver les moyens de couvrir les frais administratifs;
  • améliorer le système de surveillance du programme;
  • augmenter le budget pour pouvoir attribuer plus de crédits;
  • créer une agence dans la région;
  • recruter plus de personnel.

Ressources souhaitées

Après un examen minutieux des besoins, les membres de l’organisation se sont mis d’accord sur les ressources souhaitées qui sont les suivantes:

  • création d’un comité de surveillance des crédits;
  • création d’un système de recouvrement des crédits;
  • élaboration d’un instrument permettant de recenser les groupes Zenzele;
  • développement d’un instrument de contrôle et de comités au niveau des agences de développement régional;
  • engager un avocat qui aiderait à obtenir le remboursement des crédits des débitrices peu fiables.

Intervention recherchée

Afin de résoudre les problèmes liés aux crédits, les points exposés ci-dessous ont été déterminés. Ces solutions pourraient aider à modifier le comportement des femmes en ce qui concerne les demandes de crédits et leur remboursement dans les délais impartis.

  • L’encadrement: il doit permettre aux femmes de partager leurs informations avec les autres membres de la région ou avec des femmes membres de groupes Zenzele situés ailleurs. Il doit en outre les aider à mieux comprendre la gestion des affaires et donc à en tirer un meilleur profit. Les conseillers issus d’autres organisations seront chargés d’encadrer les femmes dans des domaines pertinents, ce qui les incitera à mettre leurs nouvelles compétences immédiatement en pratique.
  • Les tableaux: on les emploiera pour afficher des renseignements supplémentaires comme le taux de remboursement, pour informer les membres et pour féliciter celles qui ont remboursé leurs emprunts dans les délais prévus.
  • Les réunions d’équipes: elles permettront aux membres d’exposer les prestations actuelles ou de présenter les rapports sur l’évolution de la situation. Grâce à cela, ils seront renseignés sur les activités de tous les groupes et sur les problèmes rencontrés par ceux-ci, ce qui les incitera à prendre conseil pour leurs affaires. Les prestations des groupes s’amélioreront et l’organisation pourra plus facilement réaliser ses objectifs.
  • L’évaluation des prestations: on demandera aux membres des groupes de présenter des rapports sur leurs prestations. Celles-ci seront jaugées en fonction du programme à réaliser. Pour un projet donné, les femmes auront un calendrier de gestion qui leur fournira un emploi du temps des tâches à réaliser.

La mise en application

Cette innovation a été présentée à plus de cent femmes membres de groupes Zenzele lors d’une journée organisée au Centre de formation agricole de Nhlangano où elles avaient été invitées à se rendre. On leur conseilla d’élire à leur retour des comités d’agences de développement régional qui se rendraient par la suite au Centre de formation agricole de Nhlangano pour y suivre un stage de formation d’une semaine sur la pratique des enquêtes préalables et de la surveillance.

Surveillance et évaluation

La surveillance et l’évaluation des résultats seront l’affaire des membres de l’Association Zenzele au niveau des agences de développement régional qui transmettront leurs informations au comité régional. Ce dernier recevra de son côté des relevés bancaires que lui remettra un membre du conseil d’administration qui lui-même tiendra ses informations du trésorier de l’organisation nationale. Les résultats seront présentés lors d’une assemblée générale annuelle qui aura lieu douze mois à compter de la date à laquelle les femmes auront mis les mesures proposées en application.

L’évaluation

L’évaluation s’effectuera parallèlement à la surveillance qui sera constante. Ceci permettra d’estimer la valeur d’une activité et de l’améliorer si nécessaire. Pour cela, les adoptants mettront les activités prévues en place et en examineront l’impact. Si leur impact est négatif, les adoptants, les membres du conseil d’administration et le personnel de la section d’Économie domestique devront élaborer une autre stratégie et l’employer de manière à atteindre les objectifs fixés. Des réunions mensuelles réunissant toutes les parties aideront à surveiller et à évaluer l’activité en question.

Les fonctions de la surveillance et de l’évaluation

La surveillance et l’évaluation reflèteront le niveau de réalisation des objectifs suivants du programme:

  • intrant: fournir des crédits aux femmes membres des groupes Zenzele;
  • produit: ces femmes auront de l’argent et seront en mesure de subvenir aux besoins élémentaires de leurs familles;
  • impact: la situation socio-économique des familles de ces femmes s’améliorera, les membres des communautés seront plus productifs et en meilleure santé.

Indicateurs de surveillance et d’évaluation

Le ZAP aura:

  • plus de fonds destinés à l’octroi de crédits;
  • un taux plus élevé de remboursement des crédits;
  • la possibilité de proposer des crédits plus importants aux demandeuses dignes de confiance.

Les femmes des groupes Zenzele auront:

  • des revenus plus élevés, ce qui leur permettra de subvenir aux besoins élémentaires de leurs familles;
  • moins de problèmes en ce qui concerne la direction et la gestion des affaires au sein des groupes;
  • de bons rapports avec les membres de l’association;
  • la capacité de conseiller d’autres membres de l’Association Zenzele.

Les indicateurs d’évaluation

  • Les indicateurs de produit:
    • l’accroissement du nombre de femmes membres de l’Association Zenzele ayant obtenu des crédits;
    • l’augmentation du taux de remboursement;
    • la diminution des problèmes internes liés à la direction des groupes.
  • Les indicateurs économiques
    • les femmes membres des groupes Zenzele bénéficieront de revenus plus élevés;
    • Femmes se consacreront à d’autres activités génératrices de revenus et subviendront aux besoins élémentaires de leurs familles;
    • les enfants en âge d’aller à l’école pourront être scolarisés car leurs parents seront en mesure de payer les frais de scolarité.
  • Les indicateurs de la qualité de la vie:
    • les familles seront moins touchées par les maladies liées à la malnutrition;
    • leur vie sociale s’améliorera;
    • le taux de criminalité décroîtra car de plus en plus de gens seront en activité.

L’évaluation récapitulative

L’évaluation récapitulative aidera à se pencher sur les questions suivantes:

  • les participantes: le nombre de femmes membres des groupes Zenzele de la région de Shiselweni qui feront une demande d’emprunt auprès du ZAP, leurs caractéristiques, les secteurs dont elles sont issues et le type d’affaires qui leur permettent de rembourser les emprunts;
  • la mise en place: l’évaluateur établira le rapport entre les solutions prévues et les résultats escomptés. Dans le cas présent, les solutions prévues comprennent l’examen préalable des demandeuses de prêts, l’élaboration et l’emploi d’un système de surveillance des crédits et l’embauche d’un avocat chargé d’obtenir le remboursement des crédits des débitrices peu fiables, ce qui devrait améliorer le taux de remboursement;
  • l’efficacité: l’évaluateur sera chargé d’examiner les changements de comportement des clientes et la manière dont les femmes prennent les décisions et résolvent les problèmes;
  • l’impact du programme sera évalué en fonction des critères suivants: augmentation du nombre de femmes demandant des crédits; taux de remboursement (devant atteindre cent pour cent); augmentation des fonds octroyés au ZAP (en tant qu’organisation ayant permis d’accroître l’accès à la propriété); baisse dans les familles des maladies dues à la malnutrition; accroissement du nombre d’activités sociales et économiques et du nombre de familles en bonne santé et heureuses dans la région de Shiselweni;
  • coût: la mise en place du programme sera économique en raison du nombre élevé de ses participantes et du fait qu’elle les incitera à coopérer, fournissant ainsi l’occasion de mettre en commun des ressources et du personnel;
  • la cause des échecs: l’évaluateur devra chercher la cause d’éventuels échecs et améliorer les points faibles du programme.

Dans le cas présent, l’évaluation récapitulative sera effectuée au bout d’un an car l’un des points du programme, l’attribution de crédits, ne peut être réalisé rapidement.

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