Prise de position du comité consultatif de l’IIZ/DVV et la DVV

Signification de l’éducation des adultes pour la coopération au développement

La direction de la Confédération allemande pour l’éducation des adultes (DVV) et le comité consultatif de l’Institut de coopération internationale de la DVV observent avec inquiétude que dans le secteur de la politique d’aide au développement et dans les catalogues de mesures relatives au développement politique, les domaines spécialisés et fonctionnels de l’éducation des adultes/de l’éducation permanente, classés dans la catégorie éducation n’ont pas la priorité qu’il conviendrait qu’on leur donne.

Tandis que les 1500 participants au Forum mondial sur l’éducation organisé à Dakar en 2000 ont souligné qu’«aucun pays s’engageant sérieusement sur la voie d’une» éducation pour tous «ne devaient manquer son but en raison d’un manque de ressources», de nombreux indices témoignent de la perte d’importance croissante de l’éducation dans le domaine de la coopération au développement:

  • une évaluation en série effectuée en avril 2001 à la demande du ministère fédéral de la Coopération et du Développement économiques (BMZ) sur les «chances de succès du projet d’éducation de base» tire la conclusion suivante: «Le BMZ devrait repenser le rôle de l’éducation de base dans la coopération au développement étant donné que, au contraire des déclarations qui ont été faites, le ­niveau de priorité que les pays lui attribuent menace de devenir insignifiant.»
  • Les pays principalement concernés et les pays partenaires, qui dans le cadre des directives de focalisation émanant du BMZ ne peuvent plus citer que trois priorités concernant la coopération au développement, ont – au reflet des changements de priorité apparus du côté allemand – moins souvent opté pour des mesures d’éducation que pour des changements économiques, la démocratie et une gouvernance responsable, l’environnement et les technologies de l’information comme domaines représentatifs.
  • Même dans l’admirable programme d’action 2015 du BMZ, intitulé «La lutte contre la pauvreté – une tâche globale» (avril 2001), l’éducation n’apparaît pratiquement pas comme un instrument. Lorsqu’il s’agit de nommer dix vastes champs d’action servant à atteindre d’ici 2015 l’objectif qui consiste au plan mondial à réduire de moitié le nombre des gens extrêmement pauvres, l’éducation n’est présente que dans un petit nombre de domaines qui font partie de ces champs d’action. Elle se présente par exemple sous forme de soutien à l’éducation de base des filles et des femmes dans le domaine de la «promotion de l’égalité des sexes».

À la perte d’importance dont il a été question s’opposent les connaissances actuelles acquises dans la pratique, la science et la politique de l’éducation qui prouvent que, destinée aux adultes, l’éducation

  • équivaut à une action et une science pratiques,
  • qu’elle interprète les domaines d’activité pédagogique de manière extensive et
  • qu’elle se comprend comme le point de cristallisation d’autres spécialités et domaines fonctionnels, agissant ainsi de manière interdisciplinaire.

Le changement dans la manière dont se comprend l’éducation dans le secteur de l’éducation des adultes/de l’éducation permanente et dont elle est perçue, et qui part de l’accroissement de ses compétences spécialisées qui dépassent les limites de la pédagogie sont le reflet de ce que l’on peut observer au niveau international:

  • ainsi, l’OCDE voit une relation immédiate entre «l’éducation et le ­développement social» aussi bien dans la structure organisationnelle que dans le travail axé sur la pratique (Literacy, Economy and Society, 1995).
  • Dans les articles 149 et 150 du Contrat d’Amsterdam (1997), l’UE associait «l’éducation générale et la formation professionnelle de la jeunesse» aux objectifs de la communauté, établissait ainsi un rapport direct entre éducation, profession et marché du travail, et élaborait dans le même temps des mesures à partir des compétences pratiques et scientifiques de l’éducation. La Commission européenne se base sur les résolutions adoptées à Lisbonne en mars 2000 par le Conseil de l’Europe (dans lesquelles ce dernier exige que l’apprentissage tout au long de la vie accompagne le passage fructueux à une économie et une société reposant sur le savoir) pour le processus consultatif qu’elle a entrepris dans le but de formuler un «Mémorandum sur l’éducation tout au long de la vie» qui soit ­fondamental et dans lequel l’apprentissage dans tous les domaines et sous toutes ses formes sera présenté comme élément essentiel d’une société reposant sur le savoir et capable de faire face à ­l’avenir.
  • Dans les grande lignes de son ancien programme sur l’éducation des adultes (Recommendation on the Development of Adult Education, 1976), l’UNESCO tirait par exemple l’alphabétisation du carcan de la littéralité pour l’inscrire dans une dimension sociale, axée sur le marché du travail et infrastructurelle (pour «créer un lien entre l’alphabétisation et les efforts de développement social, culturel et économique») que les documents qui suivirent renforcèrent encore plus.
  • Même les interventions de la Banque mondiale ont depuis longtemps dépassé leur cadre d’assistance purement axée au départ sur des mesures de politique financière pour se tourner vers l’élaboration des contenus des programmes de développement. Ainsi, la Banque mondiale identifie le «manque de possibilités de se former (particulièrement en ce qui concerne la lecture et l’écriture)» comme l’un des six problèmes principaux du point de vue des pauvres et attribue un potentiel de développement croissant à l’éducation des adultes: «L’éducation permanente des adultes peut être une force motrice primordiale pour le développement du capital humain, elle fait partie intégrante de l’apprentissage tout au long de la vie et elle touche un nombre plus important de personnes que l’éducation initiale et l’éducation supérieure prises ensemble» (World Bank Discussion Paper, 2000).
  • Dans le débat (d’E. Faure en 1972 à Jacques Delors en 1998) sur «l’apprentissage tout au long de la vie» qui se déroule aujourd’hui sur un plan international, on a attribué lors de la CONFINTEA V (Hambourg, 1997) dix domaines fonctionnels et champs d’activité à l’éducation des adultes. Leurs ramifications s’étendent entres autres à
    • l’éducation à l’environnement,
    • l’éducation à l’hygiène et la politique démographique,
    • la réhabilitation,
    • la politique relative au marché du travail,
    • l’instruction civique et l’éducation sociale.

Ceci ne correspond pas uniquement à une attente, c’est une réalité que l’on pourrait renforcer en apportant la preuve d’un travail de développement politique, par exemple dans les domaines de l’éducation à l’environnement et à l’hygiène, et de la formation professionnelle.

On tend dans notre pays à emprisonner cet argument de portée internationale dans les filets d’un discours politico-éducationnel qui doit ­toutefois également démontrer sa crédibilité au moyen d’une politique d’aide au développement et de mesures concrètes. Le travail de l’IIZ/DVV dans le domaine de l’éducation axée sur le développement est favorablement accueilli, comme l’a montré une évaluation externe effectuée récemment, ce qui devrait encourager la politique de développement et la coopération au développement à maintenir la priorité dont l’éducation avec ses compétences actuelles a joui jusqu’à présent ou à la lui redonner.

Pour cela, il faut également tenir compte de la diversification des tâches et des objectifs d’organisations de développement et de politique de l’éducation telle l’IIZ/DVV, par exemple en ce qui concerne Cuba, le pacte de stabilité pour les Balkans mais aussi l’initiative récemment lancée dans le Caucase, et leur réserver une place suffisante dans les budgets. La planification de budgets supplémentaires s’avèrera même nécessaire ici si l’on ne souhaite pas que l’éducation souffre dans le cadre de la coopération au développement.

Texte adopté par le comité consultatif de l’IIZ/DVV lors de sa séance du 10 juin 2001 à Berlin et par la direction de la DVV lors de la séance suivante qui s’est également déroulée le 10 juin 2001 à Berlin.

IIZ/DVV-Beirat, Obere Wilhelmstr. 32, D-53225 Bonn, Tél.: 0228/975 69-0, Fax: 0228/975 69-55, E-mail: iiz-dvv@iiz-dvv.de Internet: www.iiz-dvv.de

Éducation des Adultes et Développement
PARAMÈTRES DES COOKIES
VOUS ETES SUR LE POINT DE QUITTER LE SITE DE DVV INTERNATIONAL
Remarque importante : Si vous cliquez sur ce lien, vous quitterez le site web de DVV International. DVV International ne s'approprie pas les sites web de tiers accessibles par des liens et n'est pas responsable de leur contenu. DVV International n'a aucune influence sur les données personnelles qui sont traitées sur ces sites. Pour plus d'informations, veuillez-vous référer à la politique de confidentialité du propriétaire du site web externe.