Benito Fernández

Paulo Freire ne cesse de souligner que sans l’éducation il n’y a pas de changements possibles dans la société civile. Elle constitue la base qui permet aux gens d’intervenir pour améliorer leur situation que ce soit au plan politique, économique, social ou culturel. L’éducation non formelle joue à ce sujet un rôle bien particulier. Benito Fernandez, directeur du bureau de projets de DVV International en Bolivie, prend ce pays d’Amérique du Sud comme exemple, et notamment l’EYPA, pour illustrer ceci.

L’éducation des jeunes et des adultes (EJA) et les actuels processus de transformation en Bolivie

Paulo Freire, pédagogue brésilien dont nous commémorons actuellement le dixième anniversaire de la mort (mai 1997), disait: «L’éducation ne change pas la réalité, mais sans éducation, il est impossible de changer la réalité» («Pédagogie de l’autonomie»).

1. La Bolivie en transformation

La Bolivie vit une période de transformation; il ne s’agit pas de changements superficiels, ni de «processus conçus pour ne pas changer la situation des majorités nationales», comme ce fut le cas à partir de 1985 avec les politiques néolibérales. Il s’agit aujourd’hui de changements structurels qui affectent profondément les rapports de forces et le modèle de société souhaité par la majorité des Boliviens – et pas uniquement par les élites dominantes.

Comment se caractérise ce processus?

  1. Le pouvoir, jusqu’à présent détenu par les classes dominantes traditionnelles, a été transféré à un gouvernement d’origine populaire et indigène qui représente les intérêts des mouvements sociaux et des populations exclues et marginalisées, soit 65 % de pauvres, dont 35 % vivant dans l’extrême pauvreté.
  2. le transfert de pouvoir a eu lieu dans le cadre d’une «révolution démocratique», c’est-à-dire d’une démocratie néolibérale construite par la classe capitaliste traditionnelle. Il s’agit par conséquent de «démocratiser la démocratie», de transformer une démocratie «de faible intensité» en une démocratie «de haute intensité» (Boaventura do Santos Souza), ou de construire tout simplement une «démocratie participative populaire».
  3. Pour construire une démocratie véritable, il faut réaliser des changements à tous les niveaux, que ce soit économique, politique, social ou culturel:
    • au niveau économique, les Boliviens doivent récupérer la souveraineté sur les ressources naturelles (pétrole, gaz, eau, terres, forêts, minerais…) et créer des emplois dignes et productifs («économie productive») permettant d’améliorer les revenus et la qualité de vie de la majorité de la population;
    • au niveau politique, il s’agit de transformer l’État néolibéral. Passer d’un État minimisé, réduit à un rôle de garant de la mise en œuvre de politiques imposées depuis les centres de décision mondiaux et transnationaux (Banque mondiale, FMI, OMC), à un État fort ayant récupéré sa souveraineté et sa dignité; un État par conséquent insoumis, qui négocie à pied d’égalité; un État transparent et efficient qui combat la corruption et la bureaucratie inefficace; un État interculturel et plurinational, construit sur la diversité des identités et des contextes territoriaux. «Un pays, comme disaient les zapatistes, qui contient plusieurs pays»;
    • au niveau social, créer un État qui, sans tomber dans le faux paternalisme, se rapproche de ce qu’était l’«l’État providence» dans les pays développés et s’applique, avant toute chose, à distribuer les richesses générées; un État fidèle aux principes de justice et de solidarité, soucieux d’améliorer les conditions de vie des majorités pauvres, triste héritage du capitalisme néolibéral. Outre la création d’emplois dignes, c’est grâce à des investissements durables et adéquats dans les domaines de la santé et de l’enseignement public qu’il sera possible de surmonter la pauvreté, alors que les gouvernements antérieurs se bornaient à «atténuer» cette pauvreté générée par la surexploitation des ressources naturelles et de la main-d’œuvre, au profit des grandes entreprises transnationales;
    • au niveau culturel, reconnaître notre diversité en tant qu’individus et en tant que peuples, et utiliser le potentiel transformateur de cette diversité pour surmonter les visions et les pratiques racistes, homogénéisantes, homophobes, patriarcales… encore présentes dans la majorité des relations sociales et reproduites à travers la famille, l’école, les médias…
  4. Ces processus de changement sont avalisés par la majorité des Boliviennes et des Boliviens, et bénéficient d’un ancrage social et d’un appui fondamentaux au sein de la population. À l’issue de ses recherches, le récent Rapport sur le développement humain 2007 publié par le PNUD/Nations Unies («l’état de l’état en bolivie», La Paz, avril 2007) conclut qu’un nouveau «sens commun» a émergé, auquel adhèrent près de 70 % de la population et qui se traduit par les perceptions suivantes:
    • malgré les conflits, nous, Boliviens, sommes optimistes; nous voulons changer, et la Bolivie est en train de changer;
    • nous sommes tous la démocratie: ceci implique à la fois antagonismes et concertation, participation et contrôle;
    • nous approuvons la nationalisation du gaz: les ressources naturelles appartiennent à tout le monde et doivent constituer la base de notre développement;
    • nous sommes Aymaras, métisses, cambas et collas: différents mais avant tout Boliviens, nous formons une nation plurielle;
    • le parlement est à la fois le lieu de la participation citoyenne et de la justice sociale, le cadre d’un nouveau pacte social.
  5. Les changements, si désirés soient-ils et en dépit de leur grande légitimité sociale, ne sont cependant pas «automatiques» mais au contraire «construits» par des acteurs. Notre pays consent aujourd’hui un grand effort de construction, et rencontre des contradictions et des adversités… un effort de construction auquel les élites, tant gouvernementales que de l’opposition, ne coopèrent pas toujours. Nous devons donc, comme disait Gramsci, transformer ce sens commun en «bon sens», c’est-à-dire en une vision et une pratique démocratique et citoyenne qui concrétisent ces perceptions.

2. L’éducation, stratégie fondamentale de changement

Nous nous proposons maintenant de rappeler et d’interpréter cette phrase de Freire: «L’éducation à elle seule ne fait pas le changement; par contre, c’est une stratégie de changement fondamentale, de sorte qu’il n’est pas possible de transformer la réalité sans éducation».

Quel est le fondement de cette affirmation transcendante?

a) Les changements naissent et prennent forme dans la conscience et l’organisation sociale

Il suffit de fouiller un peu dans notre histoire récente, qui se distingue par notre opposition aux politiques néolibérales et à l’État qui les soutenait (guerre de l’eau, octobre noir, guerre du gaz), pour se rendre compte que les événements historiques sont le résultat de processus organisationnels fondés sur une base idéologique, c’està-dire sur une vision de ce qu’est la réalité, de ce qu’elle devrait être et des moyens de réaliser les changements.

Bolivia: Actualité des idées de Freire dix ans après sa mort
Bolivia: Actualité des idées de Freire dix ans après sa mort - Source: La Carta 217

De même, les changements réalisés par l’actuel gouvernement populaire ne seraient pas possibles sans la légitimité que lui confère ce «sens commun». Mais les changements exigent aussi l’émergence d’un nouveau leadership dans les mouvements sociaux et la direction politique; un leadership capable d’interpréter la réalité sociale de façon plus complexe et plus dialectique, de réaliser un travail d’articulation stratégique dépassant les revendications spécifiques, et de développer des capacités de négociation, aux fins de donner à l’hégémonie populaire émergente un appui à la fois théorique et pratique.

De même, le développement de la conscience et de l’organisation sont des phénomènes intimement liés aux processus éducatifs.

b) Un modèle national nouveau basé sur l’exercice des droits individuels et collectifs requiert une conception nouvelle de a citoyenneté et des pratiques citoyennes

Jusqu’à présent, et ceci se reflète dans notre constitution nationale encore en vigueur, le concept de citoyenneté se concentrait généralement sur les droits individuels sans tenir compte des identités diverses qui s’entrecoupent dans le domaine des droits humains. Enrichir le concept de citoyenneté et l’étendre aux droits collectifs des peuples et des nationalités qui habitent la Bolivie – notamment reconnaître et promouvoir les différents types d’identités (générationnelle, ethno-culturelle, de genre, d’option sexuelle, etc.…), c’est encourager l’édification d’une démocratie participative «de haute intensité».

Prendre conscience de nos droits de citoyenneté, mais aussi nous approprier et appliquer des mécanismes de défense et d’autopromotion, sont également des tâches éducatives indispensables à l’enrichissement de la démocratie à laquelle nous aspirons.

c) L’éducation, un droit qui mène à la reconnaissance et à l’exercice des autres droits

Les nombreuses rencontres, conférences et sommets sociaux, tant au niveau international que national, ont mis l’accent sur l’éducation en tant que facteur clé du développement et de l’éradication de la pauvreté. Il n’y a pas d’événement international qui ne mentionne l’ «éducation pour tous» (EFA) en tant que stratégie cruciale recommandée à tous les pays et exigée de tous, notamment des moins développés, afin d’atteindre des indices de développement humain acceptables.

Lors des sommets de Jomtien (1990) et de Dakar (2000), les gouvernements du monde et la société civile ont défini les actions et les objectifs suivants pour réaliser l’EPT d’ici 2015:

  • développer la protection et l’éducation de la petite enfance;
  • faire en sorte que tous les enfants, garçons et filles, aient la possibilité d’accéder à un enseignement obligatoire gratuit et de qualité;
  • assurer aux jeunes et aux adultes un accès équitable à des programmes ayant pour objet l’acquisition de connaissances et de compétences nécessaires dans la vie courante;
  • améliorer de 50 % les niveaux d’alphabétisation des adultes;
  • réaliser la parité et l’égalité entre les sexes dans le domaine de l’éducation;
  • améliorer la qualité de l’éducation.

Conscients du rôle de l’éducation, et dans l’objectif de faire non seulement reconnaître, mais aussi exercer ce droit par toutes et par tous, un groupe d’organisations européennes, de syndicats d’enseignants et d’activistes d’une centaine de pays du monde, ont créé en 1999 la Campagne mondiale pour l’éducation (CME). Depuis, l’activité centrale de cette campagne est la Semaine d’action mondiale organisée chaque année dans tous les pays pendant la dernière semaine d’avril. En 2007, la Semaine s’est articulée autour du thème de «l’éducation, un droit humain». La CME fait pression pour que les pays reconnaissent l’éducation comme un droit, mais aussi comme une stratégie de développement, et demandant à la fois des investissements conséquents et un effort accru en faveur de l’éducation.

Au niveau de l’Amérique latine et des Caraïbes, les réseaux, les plates-formes, les mouvements et les organisations de la société civile de 18 pays ont créé la «Campagne latino-américaine pour le Droit à l’éducation» (CLADE), qui s’articule autour des principes suivants:

  • l’éducation en tant que droit humain fondamental à caractère collectif;
  • les états en tant que garants de ce droit;
  • l’éducation publique et gratuite;
  • le caractère global et l’interdépendance du droit à l’éducation avec les autres droits humains, la démocratie et le développement;
  • l’éducation en tant que principe de transformation sociale, de dignification de l’être humain et de construction de la démocratie dans la justice sociale.

3. L’éducation des jeunes et des adultes (EJA), et son potentiel transformateur

Indifférence traditionnelle des politiques publiques vis-à-vis de l’EJA

L’EJA et l’éducation alternative en général, sont certes reconnues par la loi sur la réforme de l’Éducation de 1994 comme étant le second grand domaine du système éducatif national, mais en pratique, elles ont été reléguées au second plan par les gouvernements au seul profit de l’éducation formelle/régulière. Cette situation se traduit par un budget qui représente à peine 3 % du budget éducatif total, et par une couverture (grâce aux Centres d’éducation alternative) qui atteint à peine 5 % de la demande potentielle.

Les secteurs demandeurs d’EJA/EA sont: la population analphabète (13,3 % de la population selon l’INE– Institut national des statistiques – 2001); les jeunes ayant abandonné l’école et qui, pour différentes raisons, ne parviennent pas à terminer le primaire ou le secondaire (30 % de la population); les personnes vulnérables ou à risque (ayant des besoins éducatifs spéciaux en raison de handicaps physiques ou mentaux) qui n’ont pas accès aux offres éducatives (10 %).

Fort heureusement, l’actuel gouvernement s’efforce de retourner la situation, notamment au moyen du programme national d’alphabétisation «yo sí puedo», censé réduire substantiellement le pourcentage d’analphabètes dans un délai de trois ans. Les mesures adoptées nous paraissent néanmoins insuffisantes.

Manque de valorisation de l’EJA par la société civile

En raison peut-être du peu d’attention que lui a portée l’État, la société civile a elle aussi, soit ignoré, soit minimisé l’importance de l’EJA.

Considérant les éducateurs d’adultes comme des concurrents, les enseignants ruraux et urbains ont refusé d’inclure l’EJA dans leurs revendications, d’autant que les éducateurs d’adultes aspirent vivement à faire partie du système d’éducation formelle, plus prestigieux et mieux rémunéré.

Le budget éducatif des peuples indigènes au Congrès national de l’Éducation n’a pas tenu compte des besoins éducatifs des jeunes et des adultes, notamment en milieu urbain, et pendant l’élaboration de la nouvelle loi sur l’Éducation, certains ont même tenté d’éliminer l’éducation alternative du système éducatif.

Les autorités gouvernementales et la société civile ne saisissent pas le rôle de l’EJA, ni son potentiel de transformation sociale.

Quelle est la raison du peu d’intérêt manifesté à l’EJA par l’État? Pourquoi est-elle si peu valorisée par les enseignants, les organisations indigènes et les étudiants, jeunes et adultes, qui la considèrent comme une «éducation de seconde classe»?

Tentons d’identifier les raisons de cette fausse perception de l’EJA et de son potentiel transformateur.

le «sens commun» considère que la seule et «véritable éducation» est l’éducation formelle, l’EA/EJA ne jouant qu’un rôle compensateur et de rattrapage là où l’éducation formelle n’assure pas la couverture totale, c’est-à-dire lorsqu’elle n’atteint pas tous les Boliviens et toutes les Boliviennes. Dans le contexte de changement actuel, on suppose néanmoins qu’el le devrait y parvenir assez rapidement. Pourquoi alors investir dans l’EA/EJA, si nous allons avoir bientôt un système éducatif et des écoles répondant aux besoins éducatifs de tous les Boliviens et de toutes les Boliviennes, dans les zones rurales comme dans les zones urbaines?

«toute personne qui enseigne apprend en enseignant et toute personne qui apprend enseigne en apprenant.» Freire

À notre avis, c’est une erreur de penser ainsi pour les raisons suivantes:

 

 

  1. que ce soit maintenant ou plus tard, les besoins éducatifs de la population ne pourront pas être satisfaits par le système ordinaire: d’une part parce qu’il présente des déficiences internes, d’autre part parce que le développement social génère sans cesse des besoins d’apprentissage nouveaux que le système ordinaire ne peut pas, ou tarde à satisfaire. Les pays développés, comme la plupart des pays européens dans lesquels la majorité de la population termine ses études secondaires avec ensuite un très bon accès aux études supérieures, ont mis sur pied des systèmes d’éducation des adultes hautement développés, notamment les universités populaires allemandes et espagnoles, mais aussi les écoles populaires supérieures dans les pays du nord de l’Europe. Le gouvernement suédois appuie actuellement plus de 30 000 cercles d’études hors du système ordinaire, et rémunère des enseignants qui dispensent des cours sur différents thèmes politiques, économiques et culturels, ainsi que des cours pratiques utiles à la vie quotidienne (pêche, cuisine, etc.).

 

 

L’éducation s’est enrichie de concepts nouveaux: «éducation permanente», ou encore «éducation tout au long de la vie».

Mais il n’est pas nécessaire d’aller si loin, il suffit d’observer les besoins qui émergent de notre propre réalité et de constater que les processus de changement que vit actuellement la Bolivie n’ont lieu ni dans les écoles, ni dans les collèges, ni dans les universités, mais dans des espaces ouverts, non formels et communautaires. La communauté, le quartier, l’organisation sociale dont nous faisons partie, sont des espaces d’apprentissage aussi importants, voire même plus, que les milieux «scolarisés», où les connaissances passent souvent à côté de la vie et des besoins sociaux.

Comment récupérer et développer le potentiel transformateur de l’EJA?

Pour être transformatrice, l’EJA doit se redéfinir, tant au niveau de sa conception que de son rôle social

Du point de vue de l’éducation permanente et de l’éducation tout au long de la vie, l’EJA ne peut pas être considérée comme «supplétive» ou «de second plan»; on doit la concevoir comme une éducation «alternative» qui répond à des besoins d’apprentissage ne pouvant, pour différentes raisons, être satisfaits dans le cadre du système ordinaire. Elle s’adresse aux jeunes et aux adultes qui n’ont pas eu l’opportunité d’aller à l’école ou l’ont abandonnée; au vaste monde des personnes vulnérables ou à risque – NAT (enfants et adolescents travailleurs), personnes du troisième âge, privées de liberté ou victimes de handicaps divers –, mais aussi aux jeunes et aux adultes désireux de renforcer leurs capacités ou de se former pour mieux faire face aux défis engendrés par les changements accélérés que nous vivons aujourd’hui.

Hommage à Paulo Freire Soucre: La carta 226

Ce que nous venons de voir nous incite à dépasser la vision scolaire et théorique de l’EJA, et à la considérer comme une intégration d’espaces formalisés et non formalisés, d’espaces d’apprentissage et d’espaces ouverts adaptés aux dynamiques communautaires et aux nouvelles technologies (TIC). Bref, comme une éducation pour la vie, pour la participation sociale, et pour un travail productif et digne.

Pour être transformateurs, les CEA doivent se convertir en centres de développement local et communautaire

Les centres pour les adultes et l’éducation alternative doivent éliminer les barrières qui les isolent des communautés et de leurs problèmes, et se convertir en centres d’apprentissage axés avant tout sur le développement de la communauté.

ceci implique les démarches suivantes:

  • élaborer le projet éducatif du CEA avec la participation de la communauté;
  • concevoir des programmes d’enseignement centrés sur les besoins de développement locaux et régionaux, avec une vision complète des compétences à acquérir et priorisation des compéences professionnelles;
  • opter pour des contenus et des méthodes d’apprentissage tenant compte de la diversité des apprenants en termes d’âge, de culture, d’identité sexuelle…;
  • assurer la gestion démocratique et participative du projet éducatif du CEA, grâce à des formes et à des mécanismes d’organisation dans lesquels le rôle principal revient aux acteurs du centre (étudiants, enseignants) et aux acteurs communautaires.

 

 

L’enseignant, facteur clé d’une EJA transformatrice

Aucune transformation n’est possible sans la participation des enseignants et l’autorité du directeur du centre. Une EJA redéfinie, tant au niveau de sa conception que de son rôle social, requiert néanmoins un profil nouveau de sa direction et de ses enseignants.

Le directeur du CEA doit concevoir un type de gestion nouveau lui permettant d’assumer, outre sa fonction administrative, son rôle politique et pédagogique, c’est-à-dire promouvoir l’élaboration participative du projet éducatif, et orienter sa gestion participative. Il doit encourager et accompagner le travail en équipe des enseignants, en portant une attention particulière à l’autoformation dans le cadre du nouveau programme d’enseignement. En ce qui concerne ses relations avec la communauté et la municipalité, il doit être responsable de l’acquisition des ressources, mais aussi se distinguer par ses idées novatrices quant au rôle que doit jouer l’éducation dans le développement local et la construction de la communauté d’apprentissage.

À son tour, l’enseignant et l’éducateur de jeunes et d’adultes, connaisseur de la problématique communautaire et de ses étudiants, conçoit et dirige les processus éducatifs à l’intérieur et à l’extérieur de la salle de classe, et facilite les apprentissages interculturels nécessaires pour les apprenants.

4. L’EA/EJA, priorité des politiques éducatives publiques

Pour que l’EJA puisse jouer son rôle transformateur et que les CEA puissent se convertir en centres de développement local et communautaire, l’État bolivien, en tant que principal garant du droit à l’éducation de tous les Boliviens, doit prioriser l’EJA dans ses politiques éducatives.

Il doit prendre pour cela diverses mesures, que nous jugeons fondamentales:

  1. augmenter le budget de l’EA/EJA de sorte qu’il représente au moins 15 % du budget annuel alloué à l’éducation;
  2. repositionner le vice-ministère de l’Éducation alternative et les directions de l’Éducation alternative dans les services départementaux d’Éducation, conformément aux décisions de la IIe Conférence nationale sur l’Éducation alternative (la Paz, août 2004);
  3. institutionnaliser les CEA en les dotant d’une organisation adéquate, et d’un personnel directeur et enseignant expérimenté en matière d’EJA. Donner aux enseignants des charges horaires correspondant à leur nouveau rôle, et assurer l’apprentissage des jeunes et des adultes dans des espaces formalisés et ouverts;
  4. créer un Conseil national d’EA/EJA en tant qu’instance de participation sociale dans le cadre de l’élaboration et de la gestion du Plan national d’EA/EJA.
    «La capacité à apprendre (devrait nous permettre) non seulement de nous adapter à la réalité mais, par-dessus tout, de la transformer afin de s’en mêler et de la re

La société civile devra appuyer et accompagner l’État bolivien dans ce processus, car il est indispensable de renforcer le réseau national, les réseaux départementaux et les réseaux municipaux des CEA en tant qu’instances de mobilisation, de proposition et de contrôle des engagements pris.

Notes 

1 N.D.T. : Faute de références précises, ces citations ont été traduites librement.

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