Bhavita Vaishnava

«Dans l’apprentissage et la coopération Sud-Sud, les pays en développement collaborent pour trouver des solutions à des défis que le développement leur posent à tous.» Ceci les aide à développer le sens de l’appropriation du processus développemental. Les partenaires se situent majoritairement au même niveau et leurs relations ne reposent ni sur la dominance ni sur des rapports de force. Bhavita Vaishnava, responsable de programme à la PRIA (Société pour la recherche participative en Asie), l’un des plus anciens partenaires de DVV International en Asie, décrit l’expérience de dépositaires d’enjeux de trois pays du Sud, d’Inde, du Bangladesh et du Cambodge, qui collaborent pour promouvoir la gouvernance urbaine locale.

Apprendre grâce aux échanges Sud-Sud: un exemple d’amélioration de la gouvernance urbaine

1. Responsabilité sociale et participation citoyenne en milieu urbain

À Satnami, petit mohalla (quartier) de Raipur, capitale du Chhattisgarh, les citoyens avaient plus d’une raison de faire la fête. Premièrement, ils avaient réussi à faire pression sur les autorités municipales pour faire installer un nouveau réservoir d’eau dans leur village et réparer l’ancien branchement. Deuxièmement, ces changements avaient eu lieu dans l’espace d’une semaine grâce au travail sans relâche des femmes de la communauté, qui avaient préparé une résolution dans laquelle elles demandaient l’amélioration des services d’approvisionnement en eau.

Depuis quelques années, de nombreuses villes dans le monde font l’expérience de ce type de changements, ou plutôt de développements induits par la demande, généralement initiés par les populations urbaines et pauvres, car en fin de compte ce sont les pauvres des villes, habitants des bidonvilles, des colonies de réinstallation, des cabanes et des rues, qui sont le plus touchés par la menace grandissante de l’urbanisation accélérée: d’une part parce qu’ils n’ont pas les ressources nécessaires, tant financières que matérielles, pour faire face aux problèmes d’urbanisation, d’autre part parce qu’ils sont généralement «exclus» ou tout simplement «faiblement inclus» dans les agendas et les processus de développement urbain.

Les deux dernières décennies ont été marquées par une nette tendance à l’urbanisation: des villes ont émergé de manière plus ou moins heureuse et sont devenues des moteurs de croissance économique et commerciale, des centres d’activités socioculturelles et politiques. Ces villes ont acquis une forte identité multiculturelle et métropolitaine en raison de leur population dynamique et sans cesse croissante. Mais il y a malheureusement l’envers de la médaille: selon Ban Ki Moon, secrétaire général des Nations unies,

«Les villes du XXIe siècle peuvent répondre à de nombreuses descriptions. Certaines sont des centres de croissance industrielle rapide et de création de richesses, avec pour corollaire les déchets dangereux et la pollution. D’autres se caractérisent par la stagnation, la dégradation du milieu urbain, la montée de l’exclusion sociale et l’intolérance. Ces deux scénarios montrent qu’il est urgent de trouver de nouveaux modes d’urbanisation plus durables. Ils militent en faveur de villes et d’agglomérations plus vertes, plus résilientes et inclusives qui aideront à lutter contre les changements climatiques et à surmonter les anciennes inégalités omniprésentes dans les villes.»1

Ce message fait clairement apparaître le paradoxe de l’expansion urbaine et du développement qui a frappé d’une manière ou d’une autre les villes du monde entier, y compris les mieux planifiées et les mieux organisées. L’évolution dans les villes de petite taille ou de taille moyenne est encore pire. Plus particulièrement dans les pays en développement, cette évolution se traduit par le mauvais état des ressources et des services urbains, que ce soit l’eau, l’assainissement, l’électricité, la santé ou l’éducation. Ceci est imputable en partie à la croissance constante de la population urbaine qui exerce une pression immense sur les ressources limitées, mais aussi en partie au manque de systèmes et de mécanismes efficaces permettant de gérer et de gouverner les villes en crise. Ceci est particulièrement vrai en ce qui concerne le Sud global et plus spécialement l’Asie, qui abrite la majorité des plus grandes villes du monde. En 2000, la région asiatique comptait 227 villes d’un million d’habitants ou plus, et 21 villes de 5 millions d’habitants ou plus. Dans le Sud global, 7 grandes villes sur 10 se trouvent en Asie. En outre, sur les 100 villes de plus d’un million d’habitants qui croissent le plus vite dans le monde, 66 se trouvent en Asie.2

Des délégués cambodgiens s’entretiennent avec le maire de Vârânasî durant leur séjour en Inde

Des délégués cambodgiens s’entretiennent avec le maire de Vârânasî durant leur séjour en Inde, Source: PRIA

Et ce n’est pas tout! La situation empire lorsque cette immense croissance des villes et des mégalopoles n’est pas accompagnée par la mise en place de structures nouvelles ou d’un renforcement des structures d’appui en place au niveau local, et plus spécialement des structures de gestion et de gouvernance. À l’échelon local, il s’agit en premier lieu des organismes prestataires de services comme les municipalités, les autorités responsables du développement urbain ou de l’approvisionnement en eau mises en place par l’État. Dans la plupart des cas, ces institutions ne possèdent pas les armes adéquates (ressources financières et humaines) pour faire face aux situations de crise; en outre, elles ne sont pas suffisamment conscientes de leurs rôles et de leurs responsabilités, qui souvent se chevauchent. En fin de compte, ceux qui font les frais de cette situation défavorable sont les citoyens, a fortiori les pauvres et les marginalisés.

Dans le monde entier, de nombreux pays et gouvernements prennent aujourd’hui conscience du danger que représente la croissance urbaine non planifiée, et tentent de prendre des mesures pour y faire face de manière efficace. À part l’État, différents acteurs de la société civile, des universitaires et certains médias plaident pour la mise en place de mécanismes novateurs dans le but, a) de sensibiliser les citoyens aux problèmes de l’urbanisation, b) de renforcer leurs capacités afin de travailler collectivement en faveur d’un changement dont ils pourraient être les promoteurs au niveau communautaire, et c) de les inciter à dialoguer et à exiger des services de meilleure qualité lorsque ceci dépend entièrement des autorités. La force et les potentiels de l’engagement civique ne sont pas inconnus dans le monde. Plus particulièrement dans les pays en développement, les pratiques de ce type sont de plus en plus à l’ordre du jour, car elles ont donné des résultats réellement positifs. Dans certains cas, ces démarches sont guidées par des dirigeants individuels ou par des membres des communautés, dans d’autres par un processus d’action collective généralement déclenché par un besoin intense de donner une autre tournure au déroulement des choses. Les citoyens qui induisent ce genre d’initiatives bénéficient souvent de l’appui de la société civile et/ou des médias qui jouent un rôle crucial pour faire entendre leur voix et les matérialiser.

En fait, c’est parce qu’elles collaborent que les différentes parties prenantes, qui agissent en tant que partenaires stratégiques dans ce processus de changement, obtiennent les résultats escomptés. Les savoirs et l’énergie des communautés, accompagnés de conseils techniques et de l’appui de la société civile et des autorités locales, sont les facteurs essentiels du changement à condition qu’ils convergent au bon moment et avec la bonne approche. L’exemple du mohalla de Satnami cité plus haut met en lumière l’interaction entre les ressources et les connaissances partagées entre les diverses parties prenantes. En l’occurrence, ce sont les femmes du quartier, les autorités de la Corporation municipale de Raipur et l’organisation de la société civile PRIA (Participatory Research in Asia) qui ont incité le gouvernement local à se montrer à la fois plus responsable et plus réceptif. Afin d’obtenir les meilleurs résultats et de rendre le processus plus participatif, la PRIA s’est assurée que toutes les parties prenantes étaient suffisamment engagées pour que l’appropriation commune soit partagée dès le début. Dans diverses régions du monde, des myriades d’actions novatrices ont été entreprises dans ce même esprit de collaboration et sont très édifiantes en termes d’apprentissage mutuel et de partage.

2. Apprendre les uns des autres (plus spécialement au niveau Sud-Sud) en partageant et en disséminant ce genre de pratiques et d’interventions

À condition qu’il existe des tendances nouvelles ou des modèles nouveaux qui démontrent l’impact de l’action collective, et suffisamment d’occasions de les reproduire et de les adopter, il est par conséquent important de créer un lien entre ces pratiques de façon à développer et à promouvoir des mécanismes plus novateurs, mieux axés sur les besoins et plus participatifs. Il faut pour cela considérer un certain nombre d’aspects. Premièrement, il est extrêmement important de s’assurer que les principes d’apprentissage mutuel et de partage soient ancrés, de sorte que toutes les parties prenantes engagées dans le processus puissent mettre leur expertise et leur savoir à contribution pour atteindre l’objectif commun. Deuxièmement, il est crucial d’évaluer, dans le contexte socio-économique et politique, les points communs entre les différentes parties prenantes ou les régions avant de créer des alliances. Ceci est essentiel si l’on veut éviter que les parties concernées ne se sentent menacées ou dépassées par les positions extrêmes de leurs interlocuteurs, et si l’on veut qu’elles communiquent de manière à ce que, pour chacune d’entre elles, le processus d’apprentissage ait plus de pertinence.

Des membres du comité de quartier élaborent un tableau de suivi illustré

Des membres du comité de quartier élaborent un tableau de suivi illustré, Source: PRIA

C’est dans ceci que réside tout le concept de l’apprentissage Sud-Sud. Apprentissage Sud-Sud et coopération signifient que les pays en développement collaborent dans le but de trouver des solutions aux problèmes de développement communs. Cette approche favorise une coopération technique et économique plus étroite entre ces pays, qui se traduit par le recours à des experts du Sud, le partage des bonnes pratiques du Sud et l’appropriation du processus de développement.3 La coopération Sud-Sud est de plus en plus considérée comme un moyen populaire d’accélérer l’apprentissage dans les pays du Sud, dans la mesure où elle donne des réponses à la fois pratiques et réalisables aux défis qui se posent à ces pays. Elle s’est avérée de loin préférable au système de transfert de connaissances Nord-Sud, dans lequel les pays ou parties prenantes du Nord contrôlent généralement le processus de développement, de sorte que les partenaires du Sud en font les frais. Lorsque les pays en développement apprennent les uns des autres en échangeant leurs savoirs et leurs expertises, l’expérience est plus enrichissante et plus satisfaisante. Ceci est dû au fait qu’ils sont généralement à égalité et n’entretiennent pas de rapports de domination ou de pouvoir; en fait, le processus est basé sur les principes de l’apprentissage mutuel et du partage.

Dans le souci d’appliquer ces principes, la PRIA, par le biais de l’initiative «Approfondir la gouvernance démocratique locale grâce à la responsabilité sociale en Asie», essaie actuellement de réunir des parties prenantes de trois pays du Sud, le Bangladesh, le Cambodge et l’Inde, afin d’initier un processus d’apprentissage mutuel et d’échange de connaissances sur la gouvernance urbaine. Cette initiative est mise en œuvre avec l’appui du Fonds des Nations unies pour la démocratie (FNUD) en tant que bailleur de fonds, le PRIP Trust au Bangladesh et SILAKA au Cambodge en tant que partenaires d’exécution. Le but est de promouvoir les pratiques démocratiques dans les institutions de gouvernance locale urbaine en encourageant la responsabilité sociale, afin d’améliorer les prestations de services de base aux familles marginalisées dans deux villes asiatiques: Rajshahi au Bangladesh et Takhmao au Cambodge.

Cette initiative a été mise sur pied dans le but de partager, avec les villes sélectionnées au Bangladesh et au Cambodge, l’expérience dont jouit la PRIA dans le domaine de l’amélioration de la gouvernance et de la responsabilité urbaines locales dans les villes indiennes. L’initiative est axée sur le renforcement de l’action et de la participation civiques et organisées grâce à la mobilisation, au renforcement des capacités, aux campagnes et au suivi participatif de l’obligation redditionnelle. L’objectif principal est de renforcer les capacités des organisations de la société civile et des communautés intermédiaires locales à l’aide de formations, de visites sur le terrain et de mentorats, le but étant de sensibiliser les politiques nationales et sous-nationales aux questions de responsabilité sociale et de gouvernance urbaine.

Le défi donne par conséquent l’occasion de promouvoir l’apprentissage Sud-Sud dans la mesure où les trois pays partenaires, hormis le fait qu’ils font partie du Sud global, sont confrontés aux mêmes menaces et ont les mêmes préoccupations face aux crises de développement émergentes. Ces pays mettent leurs connaissances et leurs pratiques uniques à la disposition du partenariat, qu’ils transforment en une plateforme dynamique pour des échanges d’idées et des délibérations pertinentes. Dans l’ensemble, la collaboration donne une occasion aux pays partenaires de pallier à leurs limites et à leurs faiblesses, et de projeter le meilleur d’eux-mêmes.

Les gouvernements de nombreux pays en développement ont récemment induit un changement de modèle de gouvernance en adoptant des approches de développement plus décentralisées et plus participatives. Dans la majorité de ces pays, ce changement ne s’est cependant pas fait en douceur, car il remet en question les notions de pouvoir et d’autorité. Pour bon nombre d’entre eux, imposer ce changement n’a donc pas été une tâche facile et la plupart luttent encore pour s’adapter à cette nouvelle identité.

Dans une certaine mesure, cette situation reflète celle dans laquelle se trouvent les trois pays en question. L’Inde, cependant, peut être considérée comme relativement en avance sur le Bangladesh et le Cambodge. Ceci est dû au fait que le gouvernement indien a adopté la décentralisation en 1991 (avec le texte législatif des 73e et 74e amendements constitutionnels), c’est-à-dire beaucoup plus tôt que les deux autres. L’Inde a également fait d’énormes progrès pour réaliser, grâce à une décentralisation démocratique qui a duré des années, l’autonomisation politique des groupes marginalisés, ce qui lui permet de communiquer ses précieuses connaissances à ses deux partenaires. Au Bangladesh et au Cambodge, les cadres légaux de la décentralisation démocratique sont également en place avec, respectivement, la loi sur les municipalités et les règlements municipaux de 2009, et la loi organique de 2008. Ces cadres légaux définissent les rôles, les responsabilités et les mandats des institutions de gouvernance locale. La gouvernance locale démocratique est néanmoins beaucoup plus qu’un simple ensemble de procédures et de règles institutionnelles. Les espaces réservés à la participation citoyenne pour cogouverner les villes, exiger transparence et reddition de comptes et collaborer pour trouver des solutions communes, sont loin d’être satisfaisants.

Bien que la «bonne gouvernance» ait été placée au cœur de la stratégie rectangulaire du gouvernement cambodgien et qu’elle soit considérée comme fondamentale pour atteindre les objectifs de réduction de la pauvreté et de développement durable, le pays se caractérise par un manque d’obligation redditionnelle, une forte corruption et un faible ancrage de l’État de droit. La forte centralisation de l’État cambodgien limite la capacité des citoyens à exercer leur influence sur des questions qui les touchent directement. La distance entre la protestation locale et le gouvernement national est longue.4 De même, bien que les indicateurs du développement humain au Bangladesh aient récemment connu une certaine amélioration, le mauvais bilan en matière de gouvernance freine les potentiels du pays. Les gouvernements successifs n’ont pas satisfait les besoins des communautés pauvres et marginalisées. Au contraire, le pouvoir de l’État est utilisé à des fins partisanes ou personnelles, les mécanismes de reddition de comptes du système politique ne fonctionnent pas comme ils le devraient et le niveau de corruption est encore élevé.5

Il est intéressant de noter qu’en dépit des limites de leurs systèmes de gouvernance, ces trois pays présentent des caractéristiques profondément ancrées qui les ont aidés à se tirer des pires situations. Qu’il s’agisse des aspects sans cesse changeants de la démocratie en Inde, des Khmer Rouge et de la guerre civile au Cambodge, ou encore de la dynamique des politiques des partis au Bangladesh, ces trois pays ont surmonté ces obstacles et prouvé leur force à maintes reprises. Pour eux, ce partenariat est par conséquent une bonne opportunité de partager leurs forces et d’apprendre les uns des autres.

3. L’apprentissage Sud-Sud dans la pratique: comment travaillent la PRIA et ses partenaires?

Afin de lutter efficacement contre les problèmes de l’urbanisation et les déficits démocratiques décrits au début, la PRIA s’efforce de créer un environnement favorable à l’échange de connaissances en renforçant les capacités des partenaires concernés, afin qu’ils puissent trouver des solutions appropriées à leurs problèmes. Cette démarche implique la mise en pratique des principes de l’éducation des adultes et de l’apprentissage tout au long de la vie6, mais aussi des méthodologies participatives sous toutes leurs formes. De fait, l’initiative est conçue de manière à encourager l’interaction, la discussion et la négociation lorsque ceci s’avère nécessaire et possible. Les techniques participatives ont été utilisées à différents moments, que ce soit pour gérer le programme ou pour mettre en œuvre des tâches et des activités diverses. Ceci est important dans la mesure où, avant de les adopter et de les utiliser, il faut contextualiser les modèles d’apprentissage afin qu’ils donnent les meilleurs résultats.

L’échange de connaissances et de capacités est encouragé à la fois verticalement et horizontalement. Autrement dit, les connaissances partagées au niveau transnational entre les organisations de la société civile associées (apprentissage horizontal) sont ensuite disséminées sous forme de communication verticale dans les pays respectifs, auprès d’autres parties prenantes concernées: organisations de la société civile (partenaires locaux, organisations communautaires, médias, universités, etc.), communautés et départements gouvernementaux. Ces interfaces sont parfois intégrées officiellement dans la structure d’intervention, mais la plupart du temps, elles émergent d’elles-mêmes ou en fonction de la situation.

D’une certaine façon, on peut dire que l’apprentissage mutuel et le renforcement des capacités se font à des niveaux distincts et de manières très différentes:

Apprentissage thématique entre les organisations partenaires

Premièrement et au niveau du programme, l’échange de connaissances entre les organisations parte

naires vise à fournir un appui technique pour certains éléments ou certains thèmes du programme: gouvernance urbaine, outils et mécanismes de responsabilité sociale (chartes du citoyen, systèmes de réparation des préjudices et divulgation de l’information), participation citoyenne et suivi (rapports des citoyens, suivi communautaire, etc.). Cet apprentissage contribue à renforcer leurs capacités et les prépare à des interventions similaires ultérieures.

Tableau de suivi illustré

 

Tableau de suivi illustré
Source: PRIA

L’apprentissage a lieu sous différentes formes. Les nouveaux moyens de communication sont utilisés pour accélérer le processus d’apprentissage au sein des organisations partenaires. À part l’échange régulier d’idées et d’informations à l’aide de documentations, de manuels, de livres, par courrier électronique et par téléphone, les nouveaux moyens de communication sont explorés de façon à utiliser les technologies disponibles. Une grande partie de l’ «accompagnement» a lieu «virtuellement» sous forme de visioconférences et de réunions en ligne. Ceci facilite l’interaction directe lorsque les questions sont posées et traitées de manière régulière, et facilite également la gestion et la mise en œuvre des initiatives au niveau local.

Apprentissage entre les différentes parties prenantes
Deuxièmement, il y a les enseignements partagés avec les autres parties prenantes, que ce soit directement ou indirectement. L’espace pour l’interaction et la communication directes entre les diverses parties prenantes de ces trois pays est suffisamment vaste et se traduit par des visites et des voyages d’études. Nous citerons l’exemple d’une visite qui a réuni une grande variété d’acteurs, entre autres des membres de la société civile, des médias, des citoyens, des fonctionnaires et des élus municipaux des trois pays. La visite a eu lieu dans deux villes indiennes, Varanasi (Uttar Pradesh) et Jaipur (Rajasthan), où la PRIA jouissait d’une expérience considérable en matière de responsabilité sociale et de gouvernance urbaine, et où elle entretenait des contacts avec les municipalités respectives et les citoyens locaux. Cette visite a ouvert des voies nouvelles au dialogue et servi de plate-forme efficace pour alimenter et encourager l’apprentissage mutuel et le partage des connaissances. Il s’agissait d’un processus d’apprentissage à trois voies, dans le cadre duquel les délégués du Bangladesh et du Cambodge ont pu non seulement apprendre du pays hôte (l’Inde), mais aussi les uns des autres. Pour les partenaires indiens (fonctionnaires, élus, citoyens, etc.), cette rencontre a été l’occasion de partager leurs expériences et de se faire expliquer par les délégués la manière dont ils travaillent, les institutions, les cadres et les procédures de gouvernance urbaine dans leurs pays respectifs.

D’un autre côté, les connaissances sont partagées indirectement par l’intermédiaire des organisations partenaires, qui échangent entre elles les meilleures pratiques et transfèrent ensuite l’information aux parties prenantes concernées. Ce partage et ce renforcement des capacités se font sous des formes différentes: formations, ateliers, dialogues ou réunions régulières avec les parties prenantes respectives.

Apprentissage commun en tant que groupe de pays du Sud

Pendant la mise en œuvre de cette initiative, il s’est avéré que les enseignements qui résultent du partenariat dépassent de loin les aspects programmatiques et thématiques. Le partenariat offre une foule d’enseignements, non seulement en ce qui concerne la gestion et la mise en œuvre des programmes, mais aussi en ce qui concerne la manière dont ces initiatives transnationales, notamment dans les pays du Sud, peuvent être conçues de manière plus efficace et plus pertinente. Quelle peut être la dynamique de ces initiatives, quels défis représentent-t-elles, quels sont les rôles et les responsabilités qui doivent incomber à chacun des partenaires pour que le partenariat soit concrétisé? Quelles décisions doivent être prises à l’échelon local, sur quelles questions les partenaires doivent-ils se consulter pour parvenir à un commun accord ? Ces enseignements, qui sont le fruit de nombreux partenariats, sont d’une importance cruciale pour la collaboration transnationale dans la mesure où ils sont d’une ampleur et d’une nature totalement différente. Il faut par conséquent en prendre conscience, les comprendre et les utiliser de manière optimale en les soumettant à des débats internes et en les disséminant dans les pays qui ont mis sur pied des initiatives similaires.

4. Résultats

Bien qu’encore naissante, cette collaboration axée sur l’apprentissage Sud-Sud entre l’Inde, le Bangladesh et le Cambodge a déjà donné des résultats positifs. Au niveau communautaire, les citoyens des deux pays sont actuellement mobilisés pour participer et s’engager, avec les autorités municipales, à exprimer leurs revendications afin d’obtenir des services de base de meilleure qualité. Étant donné l’absence d’action civique organisée, les citoyens ont été encouragés à créer des comités de quartiers. Une quinzaine de comités ont été créés dans les deux pays; ils sont à présent renforcés afin d’identifier les nouveaux enjeux au niveau du quartier et d’y faire face. Ces comités, de même que les dirigeants identifiés parmi les citoyens, ont également été formés aux exercices de suivi communautaire. Des rapports sur les services de WATSAN7 ont été préparés par les citoyens dans les deux villes, révélant l’état lamentable des services municipaux.

Un autre signe encourageant est l’attitude positive des fonctionnaires gouvernementaux et des autorités municipales, qui ont pris l’initiative au sérieux. Dans les deux pays, ils ont renforcé leur appui et manifesté leur intérêt pour collaborer avec les organisations partenaires. Les efforts entrepris pour renforcer les mécanismes de responsabilité sociale dans les deux municipalités sont poursuivis avec entrain. Dans la municipalité de Takhmao, un groupe de travail a été mis en place et prépare la formulation d’une charte du citoyen fondée sur les services proposés par la municipalité.

À part les citoyens et les fonctionnaires municipaux, les médias locaux et d’autres organisations communautaires s’engagent également dans le partenariat. Les contacts avec les médias ont permis de publier des informations de presse dans les journaux locaux du Bangladesh et du Cambodge, qui ont contribué à sensibiliser les citoyens au rôle potentiel qu’ils peuvent jouer en tant que partenaires du changement.

Des organisateurs de différents pays d’Asie participent à un échange culturel

Des organisateurs de différents pays d’Asie participent à un échange culturel Source: Jo Hann Tan

Notes

1 Rapport sur l’état des villes dans le monde: réduire la fracture urbaine 2010-11, UN-Habitat.
2 Rapport sur l’état des villes dans le monde: villes harmonieuses, 2008-09, UN-Habitat.
3 Ajay Tejasvi, “South-South Capacity Development: The way to grow?” Capacity Development Briefs, N°20, février 2007, Institut de la Banque mondiale.
4 Citation du site web: http://khmerviews.com/2008/12/social-accountability-in-cambodia
5 Citation du département britannique du Développement international: DFID’s Programme in Bangladesh,Third Report of Session 2009–10, http://www.publications.parliament.uk/pa/cm200910/cmselect/cmintdev/95/95i.pdf
6 L’éducation des adultes et l’apprentissage tout au long de la vie sont un processus permanent qui utilise une approche plus participative. Ils encouragent le dialogue et le débat au sein de la communauté, ce qui est un bon moyen de connaître l’opinion des «autres». (Extrait du module de la PRIA sur l’évaluation de l’enseignement à distance intitulé «Éducation des adultes: concepts et tendances»).
7 Eau et assainissement.

Éducation des Adultes et Développement
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