Bannir les pratiques patriarcales

Rana Khoury, Palestine

 

 

 

 

 

 


Rana Khoury est vice-présidente du développement et de la sensibilisation au collège des arts et de la culture de l’université de Dar al-Kalima à Bethléem, en Palestine. Elle s’intéresse au rôle que peut jouer l’éducation des adultes pour améliorer la vie des femmes palestiniennes.

Éducation des adultes et développement : Selon vous, à quels défis sont confrontées les femmes palestiniennes aujourd’hui ?

Rana Khoury : De nos jours, les femmes palestiniennes doivent faire face à de nombreux défis. À l’instar de leurs ­homologues masculins, elles continuent de vivre sous l’une des occupations militaires les plus longues du monde, l’occupation israélienne. C’est une réalité qui implique le déni de leurs droits fondamentaux, de sévères restrictions de mouvement et un accès restreint, voire inexistant à l’espace ­public, au marché du travail et à des ressources viables, susceptibles de stimuler leur développement, tant au plan individuel que collectif. Mais pour les femmes palestiniennes, la vie sous l’occupation exacerbe aussi les pratiques, les normes et les comportements patriarcaux qui confortent les conceptions réactionnaires et traditionnelles des femmes et de leur rôle dans la société.

Les femmes palestiniennes sont également victimes d’un taux de chômage élevé qui représentait 48,9 % au premier trimestre 2018. Le taux de chômage élevé des femmes est associé à la marginalisation et à la pauvreté. Il est bien établi que les familles dirigées par des femmes font partie des familles les plus pauvres. En termes de participation et de représentation politiques, le nombre de femmes leaders occupant différentes fonctions, en particulier dans les processus décisionnels et les postes à responsabilité, reste très réduit.

Comment l’éducation des adultes peut-elle les aider à s’autonomiser ?

En fin de compte, le fait d’établir une corrélation entre le concept d’éducation des adultes et les femmes palestiniennes va contribuer à renforcer leurs droits. L’éducation des adultes et l’apprentissage tout au long de la vie sont des activités éducatives, et l’éducation est un droit ; en tant que telle, l’éducation des adultes visant à améliorer les opportunités socio-économiques et politiques des femmes est un droit que celles-ci doivent acquérir dans la société. L’éducation des adultes vise par conséquent à autonomiser ces femmes afin qu’elles puissent ensuite résoudre leurs problèmes et défendre leurs droits avec créativité, en commençant par admettre le fait que leur éducation et leur formation sont bel et bien un droit et non pas un acte de charité.

Dans un premier temps, je constate qu’il est indispensable de prendre des mesures immédiates visant à créer des opportunités économiques pour les femmes et à encourager la promotion de l’emploi grâce à des programmes d’éducation des adultes complets, sensibles aux genres, novateurs, de qualité, et qui renforcent les compétences des femmes à tous les niveaux : comportemental, fonctionnel (technique) et professionnel. Lorsque l’éducation des adultes est bien conçue sur le long terme et axée sur ces objectifs, elle permet aux femmes de faire face aux réalités d’aujourd’hui, mais également d’acquérir des connaissances et des compétences utiles pour le futur. Non seulement le développement du capital humain des femmes favoriserait la génération de revenus et d’emplois – ce qui contribuerait à éradiquer la pauvreté –, mais il encouragerait également la durabilité économique de la Palestine en général, à l’instar de beaucoup d’autres pays qui ont fait des expériences similaires et qui font aujourd’hui partie des économies les plus performantes du monde.

Pouvez-vous nous donner un exemple concret de l’impact qu’a eu l’éducation des adultes dans le cadre de votre travail ?

On peut citer d’innombrables exemples depuis que Dar al-Kalima a pris la tête de la promotion de l’éducation des adultes en Palestine, et il faut insister sur le fait que son action est utile à toutes et tous, « depuis le berceau jusqu’au tombeau » : la création de « Cave Artisana » où les femmes palestiniennes suivent une formation en artisanat palestinien en est une bonne illustration. À ce jour, des centaines de femmes sont devenues artistes ; elles vendent leurs produits dans le monde entier et créent leurs propres entreprises dans différents domaines artisanaux, utilisant souvent du matériel recyclé comme le verre.

PARAMÈTRES DES COOKIES
VOUS ETES SUR LE POINT DE QUITTER LE SITE DE DVV INTERNATIONAL
Remarque importante : Si vous cliquez sur ce lien, vous quitterez le site web de DVV International. DVV International ne s'approprie pas les sites web de tiers accessibles par des liens et n'est pas responsable de leur contenu. DVV International n'a aucune influence sur les données personnelles qui sont traitées sur ces sites. Pour plus d'informations, veuillez-vous référer à la politique de confidentialité du propriétaire du site web externe.