En Afrique de l’Ouest en général et au Mali en particulier, le manque de données fiables est un élément qui caractérise plusieurs départements ministériels et constitue un véritable frein pour le plaidoyer notamment dans notre secteur de l’éducation des adultes, et cela malgré une cellule de planification et de statistiques au niveau de chaque département.
Ces statistiques en effet permettent de mettre en évidence l’impact de l’éducation des adultes sur l’hygiène, l’assainissement et le développement économique et personnel de l’individu. Plus de la moitié de la population du Mali a moins de 16 ans. Le Mali a donc une forte population de jeunes qui à 50 % sont reversés dans le système non formel (pour plusieurs raisons) qui ne dispose ni de ressources ni de structures suffisantes pour les recevoir, mettant en marge une large partie de la population productive. Ce sont ces mêmes jeunes qui sont les premiers candidats à l’immigration, car ne disposant d’aucune formation qualifiante et d’aucun espoir pour le futur, ils sont donc prêts au péril de leur vie à tenter l’immigration clandestine. Cela est compréhensible quand on sait que dans les pays d’accueil avec le travail le plus dérisoire ils peuvent réaliser beaucoup plus qu’un employé « bien payé » au Mali. Cette situation est exacerbée par la crise que vit le Mali depuis 2012 avec les fermetures de classes notamment dans les régions du nord et du centre, les déplacés internes et les immigrés. Le nombre de jeunes en déperdition scolaire a augmenté exponentiellement.
Les programmes d’éducation pour jeunes et adultes doivent donc se focaliser sur des programmes d’éducation et de formation professionnelle non formelle pour jeunes afin que la formation professionnelle non formelle soit une véritable issue de secours. Aussi, les investissements étatiques en ressources financières et humaines en ce sens doivent augmenter et cela ne peut se faire qu’avec un plaidoyer basé sur des statistiques fiables.
Les économies d’Afrique de l’Ouest sont essentiellement basées sur le secteur non formel et la tendance des populations bénéficiaires des projets de développement est de ne pas trop partager les succès engrangés notamment en termes de gains et bénéfices financiers, ce qui a pour conséquence de biaiser notamment les résultats de certaines évaluations. La tendance est de toujours faire croire qu’on est pauvre malgré les progrès afin de continuer à bénéficier des faveurs de l’ONG bienfaitrice. Il est possible cependant à travers cette éducation des adultes de faire comprendre aux bénéficiaires l’importance pour eux-mêmes de fournir des éléments/témoignages réels afin que les effets ou impacts d’une intervention soient mesurables et que l’on puisse juger de sa pertinence et de sa continuité.
La remontée des données des opérateurs du non-formel a toujours constitué un défi pour DVV International au Mali et ses partenaires, notamment les réseaux nationaux et sous-régionaux de soutien à l’éducation non formelle /éducation des adultes ainsi que ses partenaires étatiques comme le Centre national des ressources en éducation non formelle (CNR ENF) chargé de la coordination des activités du non-formel. Cela s’est matérialisé par la mise en place d’une base de données des opérateurs du non-formel qui est confronté à un défi de mise à jour régulière.
Cet article a été publié lors du séminaire virtuel sur le rôle et l’impact de l’éducation des adultes, réalisé par le Conseil international pour l’éducation des adultes (CIEA) et DVV International. Pour en savoir plus, consultez le site web du séminaire (en anglais) : http://virtualseminar.icae.global/
Pour lire la revue Éducation des adultes et développement (85/2018) sur le rôle et l'impact de l’éducation des adultes, sur laquelle le séminaire a été basé, consultez : www.dvv-international.de/adult-education-and-development/editions/