Vera Masagão Ribeiro

Cette étude, basée sur le principe que l’alphabétisation est un phénomène complexe, analyse l’interdépendance entre l’alphabétisation et les comportements des adultes à Sao Paulo. L’étude se compose de deux volets, l’un quantitatif, l’autre qualitatif. Elle trace un profil des groupes qui ont un degré d’alphabétisation plus ou moins élevé et tente de trouver les raisons de ces disparités. Les directives proposées en matière d’éducation des adultes reposent sur les résultats de ces recherches. Ce document a été présenté à la Conférence internationale de recherche en éducation des adultes de Vancouver, Canada, en juin 2000. L’auteur est collaboratrice depuis 20 ans de l’«Ação Educativa», une ONG qui se consacre à la recherche en alphabétisation et en formation des adultes, mais aussi à l’élaboration de matériel pédagogique et de programmes d’études. L’étude menée comporte deux volets: l’un qualitatif, l’autre quantitatif. Elle tente d’expliquer pourquoi les groupes se situent à un niveau d’alphabétisation plus ou moins avancé et de présenter leur profil. Les directives proposées en matière d’éducation des adultes reposent sur les résultats de ces recherches.

Alphabétisation et attitudes: recherches menées parmi les adultes de la ville de São Paulo au Brésil

Objet et contexte de l’étude

L’objet de ces recherches consistait à quantifier et à analyser le phénomène de l’alphabétisation des adultes dans un grand centre urbain d’Amérique latine. Elles étaient principalement axées sur les liens existant entre l’aptitude des adultes à comprendre les informations écrites, leurs pratiques en matière d’alphabétisation et la manière dont ils jugent cette dernière. L’alphabétisation étant un concept relatif qu’il convient d’inscrire dans un contexte culturel, il est judicieux de se pencher sur sa signification dans une ville telle que São Paulo où les secteurs dynamiques de l’économie moderne coexistent avec la pauvreté, le sous-emploi et les immenses déficits éducationnels. Plusieurs experts dans ce domaine soulignent l’absence d’études empiriques sur l’alphabétisation dans le tiers monde. Étudier l’alphabétisation des adultes dans un contexte où la scolarité et les autres ressources culturelles sont très mal réparties est tout aussi important pour guider la politique en matière d’éducation des adultes pratiquée dans la région que pour élaborer une théorie de l’alphabétisation d’un point de vue international.

Cette étude est le fruit d’un projet de recherche sur l’illettrisme fonctionnel qui a reçu le soutien de l’Office régional d’éducation de l’UNESCO pour l’Amérique latine et les Caraïbes (OREALC). À São Paulo, il a été parrainé par des agences nationales de soutien à la recherche (CNPQ, FINEP et CAPES).

Cadre théorique de l’étude

Dans le cadre de cette étude, l’alphabétisation a été traitée comme un phénomène complexe englobant diverses pratiques qui impliquent différentes aptitudes cognitives mais aussi différentes attitudes et valeurs. Plusieurs auteurs sont d’accord avec ce point de vue général. Néanmoins, tandis que certains d’entre eux considèrent l’alphabétisation comme un facteur essentiel de la modernisation psychologique et sociale, d’autres affirment que les liens qui existent entre l’alphabétisation et la modernisation ne sont pas linéaires et dépendent du contexte social dans lequel on met en place des mesures d’alphabétisation.

Selon le point de vue théorique adopté dans le cadre de cette étude, l’alphabétisation n’est pas un moyen en soi de favoriser l’adoption d’attitudes modernes. Le rapport entre l’alphabétisation et les attitudes est réciproque: tandis que la capacité de lire permet d’entreprendre certaines activités et peut prédisposer à adopter certaines attitudes, la lecture et ce type d’attitudes fournissent l’occasion de mieux s’alphabétiser.

Conception des recherches

Les recherches avaient pour objectif de couvrir les aspects quantitatifs et qualitatifs du sujet. La première étape consista à réunir un échantillon représentatif de la population de São Paulo composé de 1000 personnes âgées de 15 à 54 ans et excluant les cinq pour cent que composent les gros revenus et les revenus issus de l’éducation. Ce groupe dut se soumettre à un test de lecture et répondre à un questionnaire qui avait pour but de déterminer les éléments suivants: profil démographique, niveau de formation, pratiques d’alphabétisation au travail et dans la vie quotidienne. Une analyse factorielle révéla dix types d’attitudes: efficacité et flexibilité au travail, autonomie dans la recherche et l’adaptation à différents emplois, capacité de convaincre, de se conformer à des instructions et d’exprimer ses opinions, faculté de travailler en groupe, d’enseigner, de faire un travail manuel, de résoudre des problèmes par soi-même et, enfin, de débattre sur des questions d’intérêt public.

Reposant sur les propositions des conseillers de l’OREALC, les instruments, utilisés pour le volet de quantification, furent définis d’un commun accord par des chercheurs de sept pays qui participaient au projet. Le volet qualitatif fut quant à lui conçu et réalisé de manière autonome par le groupe de recherche brésilien de São Paulo. Celui-ci réunit un échantillon de vingt-six personnes représentant différentes tranches d’âge, niveaux de scolarité et ayant obtenu des résultats plus ou moins bons au test de lecture. Les sujets furent soumis à une interview approfondie et durent effectuer différents exercices de lecture et d’écriture tout en s’entretenant avec le chercheur. Ils exposèrent les stratégies qu’ils employaient pour résoudre des problèmes, principalement en ce qui concerne les activités sur lesquelles le niveau d’alphabétisation est censé avoir un impact critique: manières de procéder pour prendre connaissance d’instructions et les suivre, pour enseigner ou instruire, noter, faire des relevés, organiser et planifier, pour s’informer et se faire une opinion et pour informer, exprimer une opinion et convaincre. Durant les exercices de lecture et d’écriture effectués dans une situation interactive, on put observer l’attitude des sujets par rapport au texte écrit. L’exercice de lecture consistait à lire et à commenter un article de journal et à répondre oralement à des questions le concernant. Cet article traitait de la manière dont les autorités entendaient protéger les enfants des rues contre les dealers. Pour ce qui est de l’exercice d’écriture, la personne testée devait remplir un formulaire d’embauche, y décrivant en quoi son dernier travail consistait principalement et y énumérant les caractéristiques et aptitudes personnelles la qualifiant pour l’emploi demandé.

Tandis qu’en plus de fournir diverses analyses statistiques, le volet quantitatif vint confirmer les conditions d’alphabétisation et les besoins éducationnels des différents groupes sociaux, le volet qualitatif contribua à mieux comprendre les influences réciproques qui jouent entre l’aptitude à s’alphabétiser et l’orientation du comportement.

Résultats et conclusions du volet quantitatif

Il a été prouvé que 7,4 % de la population examinée sont totalement analphabètes, tandis que 25,5 % peuvent être qualifiés d’illettrés fonctionnels, c’est-à-dire qu’il s’agit de personnes ayant des difficultés à effectuer des tâches requérant qu’elles trouvent une information particulière au sein de textes rédigés avec une syntaxe et un vocabulaire qui leur sont familiers. Il a également été montré que la majorité des gens a interrompu sa scolarité avant la huitième année d’éducation de base obligatoire et n’est employée que pour des travaux ingrats. Au travail ou au quotidien ils n’écrivent que rarement.

67,1 % disposent au moins d’un niveau d’alphabétisation élémentaire et peuvent être classés à l’un des quatre niveaux d’aptitude à la compréhension. Il a été démontré que les gens qui se servent le plus de la lecture et de l’écriture, aussi bien au travail que dans la vie quotidienne, sont également ceux qui se classent aux deux plus hauts niveaux d’aptitude (33 % de l’échantillon). Ceci correspond à l’aptitude à établir un rapport entre les différentes informations et à tirer des conclusions lors de la lecture de textes plus complexes, mais aussi à la capacité de refaire les calculs (y compris ceux des tableaux) que ceux-ci peuvent contenir et de comprendre leur vocabulaire spécialisé (de la génétique ou de l’écologie par exemple) et les concepts généraux de statistiques et d’arithmétique. La majorité de ces gens avait au moins fait des études secondaires et se composait par exemple d’employés de bureau, d’employés de banque ou de techniciens, ou exerçait une profession libérale.

La méthode de corrélation multiple servit à analyser les aspects liés à l’exécution des tests. Le modèle testé comportait onze variables explicatives en rapport avec des éléments démographiques, les antécédents familiaux, le niveau de formation, la situation socioéconomique, l’emploi de la lecture et de l’écriture au travail et au quotidien. Cet ensemble de variables explique les cinquante-deux pour cent de différence entre les résultats des sujets. Le niveau d’instruction était la variable indépendante la plus adéquate pour tester l’aptitude à lire, avec un coefficient relatif de 47 pour la prose, de 45 pour les documents et de 50 pour les exercices quantitatifs. La fréquence d’utilisation de la lecture et de rédaction d’informations au travail (lettres, rapports, manuels, directives, etc.) ainsi que la quantité de rubriques de journaux lues par les sujets avaient un impact considérable sur ces trois types d’exercices.

Un modèle similaire fut employé pour analyser la relation entre les différents types d’attitudes et les résultats. On utilisa pour cela d’autres variables explicatives telles que le sexe, l’âge, les antécédents familiaux, le niveau de formation et la situation socioéconomique et professionnelle. Il fut démontré qu’il existait une corrélation significative entre cet ensemble de variables et la perception de soi en ce qui concerne les aptitudes à s’exprimer et à convaincre ou la faculté de travailler en groupe. Pour ce qui est des autres aspects relevant de l’attitude, les corrélations constatées furent plutôt restreintes (R2ý moins de 15 %). On ne put démontrer un impact significatif de l’aptitude à lire ou du niveau d’instruction sur cette corrélation que dans deux cas: dans celui des personnes qui présentaient des dispositions pour le travail manuel et dans celui de celles qui s’intéressaient aux affaires publiques.

Ces données confirment qu’il convient mal de chercher de manière générique une causalité directe entre l’alphabétisation et les attitudes pour déterminer si quelqu’un est moderne ou socialement bien adapté. C’est pour cette raison que le volet qualitatif de l’étude fut consacré aux domaines relevant de l’attitude et étant plus étroitement liés à l’alphabétisation.

Domaines relevant de l’attitude et étant liés à l’alphabétisation

En analysant les informations extraites des interviews menées dans le cadre du volet qualitatif, il fut possible de distinguer quatre domaines dans lesquels les sujets avaient des attitudes considérablement différentes selon leur niveau d’alphabétisation:

  • attitudes à l’égard de l’expression subjective: celles-ci incluent les pratiques ayant un but non pragmatique, l’intérêt pour la lecture et l’écriture en tant que distractions, le développement personnel et spirituel, le besoin de s’affirmer et d’affirmer son identité, particulièrement en ce qui concerne la capacité de communiquer;
  • attitudes à l’égard des processus de planification et de contrôle: celles-ci sont liées aux pratiques d’alphabétisation plus en rapport avec un environnement professionnel, par exemple la rédaction de rapports, de budgets et de textes pour régler des formalités financières de toutes sortes, mais aussi à l’utilisation personnelle de l’écriture par exemple pour rédiger un agenda ou des listes de contrôle;
  • attitudes à l’égard de l’information: celles-ci ont rapport à la manière de résoudre les problèmes pratiques au quotidien (trouver un emploi, consulter un guide touristique ou lire le mode d’emploi d’un médicament), mais aussi à l’intérêt du sujet pour les nouvelles diffusées dans les médias;
  • attitudes à l’égard de l’apprentissage: celles-ci sont liées à l’acquisition de nouvelles connaissances.

Pour cette analyse, on détermina des catégories à quatre niveaux d’alphabétisation (faible, moyen/faible, moyen/supérieur, supérieur) en tenant compte non seulement des capacités de lecture, mais aussi de la fréquence et de la qualité des pratiques d’alphabétisation.

Huit des vingt-six sujets ayant participé à la phase d’étude qualitative furent classés au niveau faible. Il s’agissait de gens dépendant exclusivement de la transmission orale dans tous les domaines liés au comportement. Ils faisaient un travail répétitif n’exigeant pratiquement pas qu’ils planifient ou apprennent. Ils ne détenaient pas de compte en banque, n’achetaient pas à crédit et considéraient pour cette raison que leur mémoire et leur faculté de s’exprimer oralement suffisaient pour faire face au quotidien. Le regret de ne pas avoir un meilleur niveau d’instruction était principalement lié à des questions d’amour-propre ou en rapport avec leur position sociale. Seul l’un d’entre eux déclara être illettré, mais lors du test de lecture tous restèrent en deçà du niveau élémentaire. L’exercice proposé pour le volet qualitatif confirma même qu’ils avaient de grandes difficultés à déchiffrer les lettres et à saisir la signification du texte; en fait ils abandonnèrent tous avant d’en avoir achevé la lecture. Quand ils durent remplir le formulaire d’embauche, ils se contentèrent de juxtaposer deux ou trois mots.

Les sujets classés au niveau moyen/faible n’écrivaient eux aussi que peu dans le cadre de leur travail. Toutefois, à la différence du premier groupe, ils affirmèrent tous lire et écrire dans un but non professionnel, à savoir pour exprimer leur sentiments, affirmer leur foi ou renforcer les liens familiaux et amicaux. Cinq des huit membres de ce groupe entretenaient une correspondance avec des parents et deux des femmes tenaient un journal intime. Néanmoins, comme dans l’autre groupe, ils n’avaient pas l’habitude de lire dans le but d’apprendre ou de s’informer. Ils ne consultaient pas la presse écrite pour se tenir au courant des questions d’intérêt public, considérant la radio et la télévision comme des moyens plus efficaces. Lorsqu’on leur demanda ce qu’ils faisaient quand ils avaient à lire des manuels ou des livres dans certaines situations, ils répondirent pour la plupart qu’ils se fiaient à leur faculté d’apprendre en observant et en s’exerçant. Tous se déclarèrent satisfaits de leurs capacités|à s’alphabétiser, presque tous admirent que leur niveau de formation limitait considérablement leur horizon professionnel.

La plus grande partie des sujets de ce groupe ne fut même pas capable d’atteindre le niveau de base de lecture, le reste ne le dépassa pas. Quand on les invita à lire un journal et à commenter les nouvelles oralement, la plupart d’entre eux insistèrent pour lire à haute voix, prouvant ainsi qu’ils étaient capables de lire avec une certaine aisance. Ils démontrèrent également qu’ils avaient compris le sujet du texte, mais qu’ils avaient une certaine difficulté à trouver des informations spécifiques quand l’interviewer le leur demandait par la suite. Si on leur demandait par exemple de nommer le nom complet des sources ou de citer ce que quelqu’un avait déclaré, ils ne consultaient pas le texte et faisaient généralement appel à leur mémoire, donnant la plupart du temps des réponses incorrectes. Si l’interviewer insistait et, dans certains cas les aidait un peu, presque tous parvenaient à trouver les informations demandées. De prime abord, ils semblaient toutefois moins avoir envie de procéder à une interprétation littérale du texte que d’évoquer leurs propres sentiments, expériences et opinions. En fait, si l’on se penche sur les lectures de ce groupe, dont les membres lisent essentiellement des livres religieux et des guides pratiques, on s’aperçoit que ce type d’ouvrages fait plus appel à la subjectivité des lecteurs qu’il ne leur demande de se livrer à une interprétation littérale des textes. La manière de lire des sujets, ou leur façon d’interpréter un texte vient probablement de ce type de lectures.

Les résultats de ce groupe dans les exercices interactifs de lecture et d’écriture aidèrent à comprendre un fait singulier: de nombreuses personnes ayant poursuivi une scolarité d’une durée de quatre à sept ans n’étaient pas capables de résoudre les exercices les plus simples du test de lecture. Il est vrai que ceux-ci exigeaient des lecteurs qu’ils se conforment au contenu littéral des textes et aux directives qu’ils comportaient. L’exercice d’écriture mit également en lumière les pratiques d’alphabétisation prédominant au sein de ce groupe. Certes, lorsqu’ils répondirent aux questions du formulaire d’embauche, la majorité des sujets d’un niveau d’alphabétisation moyen/faible rédigea des textes relativement longs, toutefois, outre les fautes d’orthographe et de grammaire ils employèrent un style narratif et un ton de confession qui ne convenaient pas du tout dans ce contexte.

Les sept sujets classés au niveau moyen/supérieur exerçaient des métiers plus spécialisés exigeant une meilleure aptitude à communiquer. Leurs activités impliquaient qu’ils planifient et contrôlent des processus plus complexes: définition de budgets ou de systèmes de surveillance de la comptabilité, rédaction de rapports, interprétation de dessins techniques, élaboration ou consultation de manuels comportant des directives et procédures. Ils s’accordèrent à dire que dans leur environnement familial, la lecture était également un passe-temps, une manière d’améliorer l’éducation des enfants et de mettre à jour les connaissances personnelles. La majorité déclara posséder des magazines, des romans, des manuels scolaires, quelques livres pour enfants et des encyclopédies. Tous affirmèrent qu’ils lisaient occasionnellement les journaux et en reconnaissaient la valeur en tant que source complète et fiable leur permettant d’actualiser leurs connaissances des questions d’intérêt public. Tous signalèrent qu’ils avaient suivi des cours ou participé à un programme de développement professionnel où l’on avait fait usage de documents écrits.

Toutefois, leur attitude vis-à-vis de l’apprentissage les distingua du groupe des trois sujets classé au niveau supérieur d’alphabétisation. Pour ces derniers, se mettre au courant constituait une nécessité permanente. Deux d’entre eux (un professeur d’éducation physique et un photographe) étaient abonnés à des magazines spécialisés dans leurs domaines professionnels et le troisième suivait des cours à l’université. Ils lisaient assez fréquemment des livres: des romans, mais aussi des ouvrages techniques et des essais.

Ces deux derniers groupes parvinrent à obtenir les meilleurs résultats au test de lecture et leurs résultats aux simulations du volet qualitatif, aussi bien en lecture qu’en écriture, reflétèrent également les emplois plus diversifiés qu’ils faisaient de l’écriture. Lors du commentaire des articles de journaux, les interviewés firent une nette distinction entre les informations textuelles et leurs propres opinions et furent capables de reconsulter facilement les textes quand ceci s’avéra nécessaire. À l’exercice écrit, ils se montrèrent capables d’utiliser des ressources linguistiques caractéristiques du style écrit telles que le listage et la nominalisation (Halliday, 1986), produisant ainsi un effet rhétorique vraiment adéquat dans le contexte de l’exercice.

L’incidence sur l’éducation des adultes

Ces informations montrent que le problème de l’alphabétisation au Brésil est très complexe et exige que l’on diversifie ses approches. Dans un grand centre urbain tel que São Paulo où un système économique dynamique coexiste avec de graves inégalités, on doit faire face à des problèmes anciens et nouveaux: outre l’analphabétisme complet découvert chez sept pour cent de la population examinée, l’illettrisme fonctionnel est encore plus répandu. Cet état de fait caractérise un grand nombre de jeunes et d’adultes (quarante-neuf pour cent selon les statistiques officielles) n’ayant pas eu accès à la scolarité de base qui dure huit ans. Il conviendrait également d’améliorer les capacités d’un nombre considérable d’adultes alphabétisés pour les préparer à répondre aux nouvelles exigences de l’économie et de la participation sociale.

Si l’on veut assurer le développement d’attitudes favorables en ce qui concerne la lecture et l’écriture et améliorer les aptitudes des gens dans ces domaines, ce qui leur permettrait d’en faire un usage autonome dans différentes situations, les solutions temporaires et non systématiques telles que les campagnes traditionnelles d’alphabétisation ne suffisent pas. Ce type d’initiatives doit être lié à des programmes garantissant la continuité de l’apprentissage chez les adultes. L’apprentissage initial de l’écriture peut prendre de deux à trois ans, ce qui implique l’aide permanente d’un lecteur expérimenté dans une communauté de lecteurs au sein de laquelle il convient de discuter de la valeur de la langue écrite. Il ne fait pas l’ombre d’un doute qu’il soit nécessaire dans le domaine de l’éducation de base des adultes d’offrir des solutions différenciées en recourant à des modules d’enseignement ou à l’éducation à distance. Néanmoins, la présence d’un instructeur semble indispensable et décisive: les résultats des tests et des exercices du volet qualitatif de l’étude ont révélé que lors de la lecture autonome d’un texte, l’aptitude à suivre des instructions et à apprendre n’existait que chez les gens possédant une grande maîtrise des compétences liées à l’alphabétisation.

Les programmes d’alphabétisation des adultes devraient être pleinement conçus en tant qu’initiatives éducatives: ils devraient être réceptifs aux nouvelles formes de compréhension, d’expression et d’action et soutenir l’intérêt des adultes en ce qui concerne l’expression subjective, la recherche d’informations, la planification et le contrôle de processus et la poursuite permanente de l’apprentissage. Il ne fait aucun doute que le développement d’attitudes de ce type exige de longues périodes de formation car les sujets de l’étude qui font un usage constant et diversifié de la lecture et de l’écriture ont au moins poursuivi une scolarité de base complète ou même fait des études secondaires. On a observé que la propension des sujets à faire usage de l’écriture dans diverses situations ne dépendait pas uniquement de leur maîtrise de celle-ci: elle était également liée à leur connaissance des différents types de textes, à leur jugement sur l’utilité d’en faire usage dans des buts variés et à la qualité des informations qu’ils véhiculaient. Une fois que les gens ont achevé leur scolarité, on pourrait les encourager à continuer à rechercher des informations et des possibilités de se former au moyen de la langue écrite si les écoles avaient une attitude plus ouverte vis-à-vis des organismes d’alphabétisation tels que les bibliothèques, les centres culturels et les points de vente de publications mais aussi à l’égard des réseaux électroniques de communication. Ceci pourrait contribuer à renforcer l’attitude positive des gens, ce qui leur permettrait de tirer profit de leur aptitude à s’alphabétiser tout au long de la vie.

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