Dix pays européens ont rejoint l’UE le 1er mai 2005. Plusieurs d’entre eux sont situés au centre et à l’est de l’Europe, et l’IIZ/DVV y entretient des partenariats de longue date ainsi que des antennes. Michael Samlowski, directeur adjoint de l’IIZ/DVV, se penche ici sur les conséquences de cette adhésion pour les activités futures de l’IIZ/DVV. Cet article a déjà paru dans la «Hessische Blätter für Volksbildung » (n° 4/ 2004), une revue consacrée à l’éducation des adultes en Allemagne et publiée par la Fédération des universités populaires de la Hesse.
Toute revue donne un titre à ses articles; celui-ci est assez satisfaisant du fait qu’il est d’actualité et suggère à la fois action et dynamisme. Relever des défis et les maîtriser est toujours à l’honneur de celui qui ose s’y atteler: le titre convient donc parfaitement à la DVV et à son institut international.
Par contre, il est plutôt ambigu en ce qui concerne le reste: il laisse en effet entendre qu’avec l’adhésion le 1er mai dernier de dix pays européens à l’UE, dont huit d’Europe centrale et orientale, la mission et le rayon d’action de l’IIZ/DVV allaient changer radicalement. Or ce n’est pas vraiment le cas. Pour l’action de l’IIZ/DVV, cette date montre en tout état de cause qu’un but a été atteint mais fait aussi ressortir la nécessité de renforcer l’appui qu’il apporte à la consolidation et à l’approfondissement des processus éducatifs. En même temps, il importe d’observer les processus nouveaux qui ont lieu dans les pays membres tout en oeuvrant à ce qu’ils ne se limitent pas à ces pays mais puissent toucher l’ensemble de l’Europe. Nous allons expliquer comment.
L’IIZ/DVV est l’institut de la Confédération allemande pour l’éducation des adultes chargé des relations internationales et de ses multiples activités de coopération internationale. Depuis ses débuts en tant que division spécialisée, il se considère comme un instrument de l’appui solidaire consacré à l’éducation des adultes, principalement dans les pays en développement. L’action de l’IIZ/DVV est conforme aux directives arrêtées en 1989 par le conseil d’administration de la Confédération, qui sont toujours en vigueur.
L’IIZ/DVV réagit aux situations qui prévalent dans les pays partenaires et qui diffèrent beaucoup d’une région à l’autre par des méthodes, des contenus et des types d’organisation extrêmement diversifiés. Les principaux domaines sont notamment:
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Depuis sa création, l’IIZ/DVV réalise ces activités en étroite coopération avec ses partenaires du tiers monde et avec une grande continuité. Jusqu’à aujourd’hui, l’action dans et avec les pays en développement a représenté la part principale de ses activités.
Depuis l’effondrement du socialisme d’État dans les pays de l’Est, le partenariat avec les pays d’Europe centrale et orientale est devenu une nouvelle priorité pour l’Institut notamment grâce aux contacts de la DVV, qu’il n’a jamais interrompus même pendant la guerre froide. À l’époque, la coopération ne se faisait pas sous forme de projets communs et intensifs mais se limitait à des échanges professionnels sporadiques, à des visites des deux côtés, à des consultations et des négociations dans le cadre de l’UNESCO et de ses conférences internationales, et à l’engagement de l’Institut et de certains collègues des universités populaires qui ont permis de ne pas couper les ponts et d’entretenir l’envie de connaissance et de découverte de l’autre. Dans les conditions difficiles imposées par le rideau de fer et la guerre froide, ces contacts étaient rares mais d’autant plus précieux.
Seul un petit nombre d’entre eux étaient des fonctionnaires politiques endurcis, partisans de l’idéologie prédominante, qui ont retourné leur veste après le changement, mais la majorité était des gens engagés et soucieux de mettre en place l’éducation des adultes en tenant compte des conditions sociales de leur pays; avant et après la chute du socialisme, ils méritent le respect tant sur le plan humain que professionnel. Ils ont été d’une aide précieuse au moment du démarrage des activités de projet de l’IIZ/DVV et de sa coopération avec ses voisins de l’Est, qu’il se soit agi du remaniement des organismes éducatifs ou bien d’initiatives nouvelles, d’activités universitaires ou encore d’actions externes au secteur de l’éducation des adultes.
Après le changement, la Société de propagation du savoir, la SNANIE russe ou bulgare, la TWP polonaise, la TIT hongroise ou encore l’Académie Comenius tchèque ne se sont pas dissoutes mais ont complètement changé. Organismes jadis puissants, relevant du secteur public et social et dotés d’une mission éducative globale, notamment en matière d’éducation sociale, s’appuyant sur des fonds et une clientèle sûrs, ils n’ont plus existé tout à coup que sur le papier, se sont retrouvés sans fonction particulière, dotés d’une mission floue, privés de fonds et sans la moindre idée de la manière dont un organisme de formation continue peut se développer dans des conditions dictées par un marché libre et parfaitement incontrôlé.
Le rôle de l’IIZ/DVV envers ses partenaires consistait donc à leur donner de la liberté d’action, du temps et des espaces pour réfléchir, à fournir éventuellement des modèles – pas nécessairement allemands – et à soutenir, notamment au plan matériel, la mise en place d’offres et de modes d’apprentissage nouveaux dans des conditions tout aussi nouvelles. Pour la première fois, nos partenaires apprenaient à veiller à ce que les cours proposés correspondent bel et bien à la demande des apprenants qui sacrifiaient une part importante de leur salaire pour payer les frais d’inscription, ce qui souvent n’était pas possible sans l’aide des familles. Pour la première fois encore, les organisateurs de ces offres éducatives se trouvaient dans une position de concurrence incontrôlée liée à la dérégulation du marché et au fait que les apprenants n’avaient ni les informations, ni les orientations adéquates. Il s’agissait aussi d’équilibrer le rapport qualité-prix sans oublier la composante sociale ni la survie de l’institution.
Dans presque tous les pays d’Europe centrale et orientale, l’État a eu dès lors une notion très étroite de sa responsabilité sociale. Il estimait qu’à l’instar de tout le reste, l’éducation devait être régie par le principe de l’offre et de la demande, qu’elle se limitait tout au plus à la formation professionnelle et que son but était avant tout d’adapter la main-d’oeuvre aux conditions du nouveau marché de l’emploi, vu que les gens avaient tous une formation scolaire largement suffisante. L’appui accordé par l’État à l’éducation des adultes entrait donc tout au plus en ligne de compte pour les cours de reconversion, et ce sous forme très limitée. L’État concevait la formation continue publique comme un ensemble de programmes de courte durée accompagnés de contenus très restreints et d’un appui limité aux participants.
Cette conception entravait considérablement la marge d’action de nos partenaires. Aucun organisme ne leur permettant de faire valoir leurs intérêts, il fallait mettre en place des fédérations d’éducation des adultes en se basant sur les sociétés du savoir pratiquement inefficaces certes, mais qui existaient encore car elles avaient survécu au changement. C’était le cas en Russie, en Hongrie, dans les Républiques tchèque et slovaque, en Pologne et en Bulgarie. Ces sociétés n’avaient pour la plupart aucune force et manquaient de personnel, de prestige et de soutien de la part de leurs membres et de leurs partenaires. Il n’était pas rare que certains membres fassent preuve de plus de dynamisme et d'efficacité que les organismes nationaux qui n’étaient plus que des porteurs d’espoir symboliques. En Hongrie par exemple, une nouvelle fédération, la MNT (Fédération hongroise pour l’éducation des adultes), agit parallèlement et souvent même à la place de l’ancienne Société de propagation du savoir, la TIT, qui a fêté son 150e anniversaire en 1991 et à l’occasion duquel la présidente de la DVV s’est rendu à Budapest.
Dans d’autres pays, les consultations ont débouché sur la création de structures fédératives nouvelles qui s’appuient sur l’expérience de l’Allemagne, mais aussi d’autres pays européens qu’ils ont pu découvrir grâce à leurs contacts avec l’IIZ/DVV ou à l’occasion de séjours d’études, et avec lesquels ils sont entrés en contact lors de conférences internationales et d’ateliers nationaux. Les meilleurs exemples sont les fédérations d’éducation des adultes des trois républiques baltes et la fédération roumaine. Quant aux forums qui leur ont permis de nouer des contacts, il s’agit notamment des journées des universités populaires de la Confédération pour l’éducation des adultes Allemande à Leipzig et Hambourg tous les cinq ans, des Conférences européennes sur la formation continue organisées par la Commission européenne, ou encore des assemblées générales de la Confédération européenne d’éducation des adultes. Au cours des ans, l’IIZ/DVV a organisé de nombreux séminaires sur des thèmes intéressants, grâce auxquels ses partenaires des pays d’Europe centrale et orientale ont pu nouer des contacts entre eux mais aussi avec les organismes allemands et européens. On citera p. ex. l’atelier «Experiences, expectations and perspectives of European cooperation in the field of adult learning», organisé parallèlement à l’Expo 2000 à Hanovre, ou encore l’importante Conférence sur l’éducation tout au long de la vie, sur l’ «Éducation pour tous» et sur l’éducation des adultes organisée par l’IIZ/DVV avec l’Institut d’éducation de l’UNESCO et le ministère bulgare de l’éducation en 2002 à Sofia. Les résultats de la conférence sont rassemblés dans une documentation: ils traitent des objectifs de la politique éducative, réaffirment que les processus de transformation sociale doivent être accompagnés de processus d’apprentissage si on veut les ancrer solidement dans la population, et reconnaissent que l’accès aux offres éducatives est à la fois un droit humain et une obligation publique qui ne se limite pas au domaine de la formation professionnelle ou de la reconversion, car elles visent l’adaptation de la main-d'œuvre à un marché de l’emploi en constante mutation. La conférence organisée à Zagreb à l’occasion du 50e anniversaire de la fédération croate d’éducation des adultes, où ces revendications ont pu être formulées et doivent maintenant être ancrées dans une loi sur la formation professionnelle, montre à quel point ces questions sont encore d’actualité.
Il est temps de parler de l’Union européenne et plus particulièrement de la Direction générale de l’éducation et de la culture. Elle a été importante sous deux aspects: premièrement, elle a été et est encore le moteur de la coopération entre les organismes partenaires pour ce qui concerne la mise en pratique de projets communs concrets, coopération qui encourage à son tour les coopérations transnationales sur des questions et des champs d’action communs. Deuxièmement, c’est l’instance de politique éducative qui, mieux que quiconque, a encouragé l’État à se porter responsable de l’éducation et de la formation tout au long de la vie; elle a mieux réussi que si les fédérations nationales d’éducation des adultes en avaient fait un motif de revendication, si fort le soutien de la DVV ou d’autres partenaires bilatéraux ou multilatéraux fût-il.
Dès 1994, l’Union européenne s’est avérée d’une importance primordiale pour l’IIZ/DVV et ses partenaires d’Europe centrale et orientale en tant que source directe de financement de projets de coopération. Les premiers projets ont eu lieu en Roumanie et en Russie, et ont été subventionnés par les programmes européens PHARE et TACIS. Dans les deux cas, nous avons travaillé en coopération avec le NIACE, Institut national d’éducation des adultes et de formation continue en Angleterre et au Pays de Galles. En Roumanie, nous avons mis en place des centres de formation continue dans l’ensemble du pays et créé des partenariats avec des centres allemands et britanniques; en Russie, nous avons consolidé et testé la formation en informatique dans plusieurs centres pilotes répartis dans l’ensemble du pays, qu’il a fallu équiper d’ordinateurs. Ces deux programmes ont d’ailleurs été évalués de manière très positive par la Commission européenne et donnent encore des résultats aujourd’hui. En Russie p. ex., la formation en informatique couvre entre temps les frais et contribue même aux activités des organismes respectifs.
Ces premiers financements européens en faveur de projets d’éducation des adultes n’auraient pas pu être alloués sans l’engagement de l’IIZ/DVV car les projets nécessitaient un apport personnel d’un montant égal, que nos partenaires d’Europe centrale et orientale ne possédaient pas et ne possèdent toujours pas aujourd’hui.
D’ailleurs, l’UE s’intéressait surtout à elle-même. Seuls les pays membres avaient droit à des subventions, et quand nos collègues d’Europe centrale et orientale voulaient participer à un projet Socrate ou Leonardo, ou encore fonder un partenariat interrégional, ils n’avaient qu’à se débrouiller pour financer les projets eux-mêmes. Ce n’est que plus tard, entre 1998 et 2000, que les soi-disant pays candidats ont accédé aux mêmes droits et ont été autorisés à participer aux projets internationaux dans le cadre de ces lignes budgétaires. Dans cette mesure, l’élargissement à l’est de l’Union européenne a toujours été un sujet pour lequel l’IIZ/DVV a manifesté un intérêt particulier. L’ouverture de négociations avec les pays candidats entre temps devenus membres a également permis de faire avancer d’un grand pas la mise en place de structures d’éducation des adultes dans les pays d’Europe centrale et orientale.
On émet toujours beaucoup de réserves lorsqu’il est question de participer à des projets transnationaux subventionnés par l’UE. C’est dû aux difficiles conditions d’attribution et de mise en pratique imposées par la Commission européenne: trop de bureaucratie au niveau de la demande et des décomptes, imprévisibilité des procédures de demandes et d’accords, intrusion arbitraire dans la planification financière des responsables de projets, retards aux niveaux des accords et des paiements, et rigidité une fois la planification arrêtée, incertitude au niveau des frais, notamment pour savoir s’ils vont être décomptés ou s’il va falloir en restituer une partie, nécessité de faire intervenir des fonds propres, suprématie de l’anglais comme langue de communication, sans compter des centaines de difficultés supplémentaires auxquelles se voient confrontés nos partenaires d’Europe centrale et orientale encore peu sûrs d’eux mais néanmoins désireux de participer à des projets européens.
L’IIZ/DVV n’a cependant jamais remis en cause la grande importance stratégique de la participation à des projets transnationaux européens. Les difficultés administratives sont en effet compensées par la mise en place de réseaux et la création de contacts, la responsabilité et la participation équitable au sein de l’Europe. L’une des missions principales de l’IIZ/DVV consistait donc à faciliter l’accès de ses partenaires d’Europe centrale et orientale aux partenariats transeuropéens. Ceci demande notamment:
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Entre temps, les partenaires de l’IIZ/DVV participent à une multitude de projets européens qu’ils trouvent tout seuls et qu’ils gèrent de mieux en mieux. Par contre, un grand nombre d’autres organisations d’Europe centrale et orientale n’en sont pas encore capables. Notre travail dans ce domaine est donc loin d’être terminé.
Au cours des dernières années, rien n’a mieux fait avancer la controverse sur la politique éducative européenne que le «Mémorandum sur l’éducation et la formation tout au long de la vie» soumis au débat par la Commission européenne en 2000 en aval du Conseil européen tenu à Lisbonne. Cette conférence a permis de définir les objectifs stratégiques du développement de l’Union européenne d’ici 2010: faire de l’Europe
«la plus compétitive et la plus dynamique région du monde fondée sur la connaissance et se distinguant par une croissance économique durable, l’augmentation et l’amélioration de l’emploi, et le renforcement de la cohésion sociale».
Le Mémorandum a été suivi en novembre 2001 par un communiqué intitulé «Réaliser un espace européen de l’éducation et de la formation tout au long de la vie» qui définit les stratégies et les priorités politiques de la Commission européenne d’ici 2010. Les deux documents ont été soumis à un large débat public, et l’UE a contribué activement aux consultations.
Ces deux documents n’ont pas toujours été accueillis avec enthousiasme. On a particulièrement critiqué le fait que la politique éducative, malgré les protestations de ses représentants, se concentre trop sur la formation professionnelle initiale et continue, et que l’on met trop l’accent sur l’ «employabilité», ce qui entraîne une remise en question de l’éducation générale même si elle occupe une certaine place dans le Mémorandum et le communiqué. La DVV a d’ailleurs exprimé sa critique au cours du débat, soit directement, soit de concert avec les autres organismes et fédérations d’éducation des adultes, au sein de la Fédération européenne d’éducation des adultes; dans ces deux instances, l’IIZ/DVV s’est engagé activement en faveur de la Fédération.
Mais il ne s’agit pas de mener la discussion ici. Il semble en effet bien plus important de constater que la mission de l’éducation des adultes et de la formation continue, telle que définie dans les documents-clés de la Commission européenne, a donné aux pays d’Europe centrale et orientale une multitude d’idées et de sujets de réflexion qu’ils n’auraient pas pu avoir d’eux-mêmes. Aucun gouvernement de ces pays ne pouvait faire autrement que de concevoir et d’avaliser, du moins sur le papier, des programmes éducatifs allant dans le sens des grandes lignes du Mémorandum et du communiqué. Dès lors, l’éducation des adultes et la formation continue ont pu être considérées comme domaines relevant de l’engagement public.
L’IIZ/DVV a contribué de diverses manières à élargir le débat sur les revendications du Mémorandum dans les pays d’Europe centrale et orientale. Il a organisé et financé de nombreux séminaires et ateliers et veillé à ce que les représentants de ces pays participent à toutes les conférences internationales sur la formation continue. D’innombrables résolutions ont été adoptées lors de ces manifestations, qui permettent de mieux argumenter dans le dialogue politique avec les responsables qui, dans certains cas, ont contribué eux-mêmes à les formuler. L’IIZ/DVV a encouragé et soutenu l’adhésion et la participation active des organismes et des fédérations d’Europe centrale et orientale au sein de la Fédération européenne d’éducation des adultes. C’est le seul organisme européen, depuis 1990 , à avoir créé un réseau de partenariat dans tous les pays d’Europe centrale et orientale; les membres de ce réseau sont de mieux en mieux capables de s’épanouir, d’identifier les besoins des apprenants, de se profiler dans le dialogue international, de travailler au niveau international et de prendre leurs responsabilités; bref, de représenter et de renforcer le secteur de l’éducation des adultes dans leurs pays respectifs.
Ceci veut-il dire que le travail est terminé et que l’IIZ/DVV a su relever le défi de l’élargissement à l’est? Que l’élargissement est parachevé et que de nouvelles missions apparaissent, certainement semblables à celles des années passées puisque l’état général de la planète ne s’est pas encore amélioré?
Non. Au contraire, nous avons encore plus à faire qu’avant. Dans aucun pays d’Europe centrale et orientale, l’offre de formation continue n’est en mesure de répondre à la demande potentielle, tant du point de vue quantitatif que qualitatif. Les organismes commencent maintenant seulement à proposer des offres nouvelles, des qualifications certifiées et internationales, les certificats Xpert et WBT et les cachets d’assurance-qualité, indispensables ne serait-ce qu’en tant qu’outils de marketing. Dans le domaine universitaire, l’éducation des adultes commence maintenant seulement à abandonner les contenus et les types d’apprentissage transmis de génération en génération sans avoir évolué, pour devenir une discipline moderne relevant du domaine des sciences sociales. La mise en place de cursus modernes vient seulement d’être formulée sous forme de projet. Hormis les organismes partenaires de l’IIZ/DVV qui ont entre temps trouvé l’accès aux partenariats et aux projets européens, il en existe une quantité d’autres qui en sont encore loin. L’énumération de ce type de problèmes est infinie. Il faudra beaucoup de temps avant que le secteur de l’éducation des adultes dans les pays d’Europe centrale et orientale n’atteigne un niveau de développement égal au niveau moyen dans les pays d’Europe de l’Ouest. Et ce serait injuste d’exiger que les pays d’Europe centrale et orientale résolvent ce problème tout seuls.
Les possibilités d’aide dont dispose l’IIZ/DVV se précarisent d’année en année. Le ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement, BMZ qui a subventionné la majeure partie des activités de l’IIZ/DVV, tend à supprimer les fonds destinés à l’Europe centrale et orientale, et il est impossible de trouver autre part un soutien similaire. ll est certain que l’UE, avec ses subventions limitées, peu flexibles et peu fiables, ne pourra pas combler le trou. Si on n’appelle pas cela un défi...
Les pays, quant à eux, doivent avoir une vue plus large des thèmes et des objectifs de l’éducation des adultes. Des missions nouvelles apparaissent: éducation multiculturelle, gestion des conflits, éducation politique du point de vue de la société civile européenne, sans compter la solidarité internationale avec le reste du monde, dont l’idée n’a même pas effleuré nos partenaires de l’Est depuis l’époque socialiste. Les défis ne prennent donc jamais fin!
De plus, l’Europe ne se limite pas à ses pays membres. La Russie à elle seule représente un champ d’action immense. En Ukraine, les activités de l’IIZ/DVV n’ont pas dépassé le stade de petits projets de formation continue. Dans l’ex-Yougoslavie, seule la Slovénie est devenue membre de l’Union européenne et seule la Croatie a l’espoir de prendre bientôt part aux programmes éducatifs de l’Europe. Mais l’Albanie, la Moldavie, la Biélorussie ont aussi besoin d’aide. L’élargissement de l’UE n’est pas encore terminé, et même quand il le sera, l’Europe ne se limitera toujours pas à l’Union européenne. Ne pas perdre cela de vue représente déjà un défi en soi.