Uwe Gartenschlaeger

Pourquoi l'éducation des adultes doit-elle se pencher sur l'histoire? De quelle manière peut-elle aidera assumer et à surmonter des situations conflictuelles? L'auteur prend l'exemple de l'Allemagne, de l'Europe du Sud-Est et de l'Ouzbékistan pour montrer comment l'éducation des adultes peut ici apporter une contribution. Il présente aussi le projet transnational «Remember for the Future» (Rappelez-vous pour l'avenir) organisé par l'IIZ/DW dans la région du Pacte de stabilité. Ce projet s'est fixé pour objectif de proposer aux gens, notamment aux jeunes, des pistes de réflexion et des méthodes pour leur permettre de surmonter les événements récents de l'histoire et pour jeter des ponts entre les ennemis d'hier et d'aujourd'hui. L'auteur a été directeur de l'antenne régionale de l'IIZ/DW à Tachkent, en Ouzbékistan, de 2002 à la mi-2006. Depuis, il travaille au siège de l'IIZ/DW où il est rapporteur pour l'Europe centrale/du Sud-Est. 

Se souvenir pour l'avenir

Expériences et réflexions pour l'éducation des adultes

L'histoire, pour quoi faire? Ne vaut-il pas mieux oublier le passé, surtout s'il est douloureux, difficile à cerner, marqué par des conflits sanglants? Pourquoi se torturer l'esprit avec des souvenirs pénibles? Regardons vers l'avenir, soyons optimistes, recommençons à zéro! Ce genre de réflexions est courant, surtout dans les régions qui ont connu des bouleversements importants, des guerres, des guerres civiles ou des «épurations ethniques», pour employer un mot malséant de la fin du siècle dernier. Une autre manière de gérer le passé consiste à utiliser des clichés. Généralement, ces clichés sont créés de toutes pièces par les politiciens et d'une incroyable longévité, mais ils recèlent toujours une part de vérité, si ténue soit-elle. Il s'agit de ne surtout pas remettre les clichés en question et d'en faire des vérités sacrées: «Nous connaissons les autres, ils ont toujours été comme ça: l'histoire montre bien qu'ils ne changeront jamais», dit-on sans chercher à créer des images nouvelles et un tant soit peu différenciées.

Des milliers d'exemples illustrent ces deux types d'attitude. Dans l'Allemagne des années 50 et 60, la population a totalement refoulé le passé parce qu'elle ne voulait pas entendre parler des atrocités nazies. Oui, c'était une sombre époque, disaient les gens, mais relevons nos manches et participons au «miracle économique». La Russie non plus n'a pas assumé son passé stalinien, aucun sbire n'a jamais émis le moindre jugement sur ce régime de la terreur. Cette attitude a certes des raisons politiques et psychologiques, mais elle est très naïve et peu clairvoyante. On ne peut pas faire comme si de rien n'était, on ne peut pas refuser de répondre aux questions des jeunes générations. Les seuls à en profiter sont les nazis et les staliniens, qui bâtissent les mythes et déforment la vérité en exploitant le manque de savoir des masses.

Cette attitude est aussi un manque de respect total vis-à-vis des victimes, que seule la mémoire collective et personnelle peut aider à retrouver leur dignité perdue et à panser leurs blessures. Le temps à lui seul ne suffit pas.

Bâtir des mythes est apparemment un terrain fertile pour l'histoire - on pourrait la comparer à une carrière dans laquelle les créateurs de mythes viendraient se servir et choisir les pierres qui conviennent le mieux à leur façon de voir le monde. Si ça n'avait pas des conséquences aussi tragiques, on pourrait être fasciné par la ténacité de ces stéréotypes: le Serbe «naît le couteau à la bouche», le Caucasien est «sournois et violent», le juif «rapace», l'Allemand «nazi», etc. Ces clichés reposent sur une certaine interprétation de l'histoire, sans que ceux qui y croient n'aient jamais eu aucun contact avec les peuples concernés. En Allemagne et en Pologne, on parle p. ex. d'«antisémitisme sans les juifs», et c'est dangereux.

Lorsque nous parlons ici d'assumer certaines périodes de l'histoire, c'est toujours à de larges couches de la population que nous pensons. Les réflexions scientifiques et politiques sont certes importantes, mais elles doivent s'accompagner à tout prix de débats aussi larges que possible. C'est particulièrement flagrant lorsque nous analysons l'impact de l'histoire sur les sociétés, mais surtout sur les individus.

Le «travail de deuil» implique plusieurs acteurs: les politiciens, les scientifiques, les artistes, les enseignants, et les gens simples. À l'aide de trois exemples, nous allons montrer dans quelle mesure l'éducation des adultes peut contribuer à ce travail: nous commencerons par faire une description succincte de la situation de départ, puis présenterons des méthodes exemplaires. Pour ce qui est des points deux et trois, nous présenterons en majeure partie le travail de notre institut dans les régions concernées.

Exemple 1: l'Allemagne

Le caractère très particulier de l'histoire allemande au 20e siècle se décrit en quelques mots-clés: national-socialisme, Auschwitz, guerre, déplacements de populations, division du pays. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce qu'après 1945, mais aussi après 1989 quoique avec moins d'ardeur, la majorité des gens n'aient plus voulu en entendre parler. Ils voulaient oublier vite, recommencer à zéro et, pour ainsi dire, se débarrasser des décombres en douce. C'est au plus tard dans la deuxième moitié des années soixante, quand les jeunes ont commencé à poser des questions en public et en privé, que les gens ont compris que cette stratégie ne pouvait pas fonctionner et qu'elle n'était pas saine. Au niveau public, les jeunes ont voulu savoir quel rôle les nazis avaient joué dans la reconstruction du pays, et plus spécialement de la République fédérale, pourquoi ils avaient été si peu nombreux à être jugés, et dans quelle mesure les soi-disant élites, surtout économiques, avaient contribué à la montée du nazisme. Ce débat entre politiciens, historiens et journalistes s'est accompagné de discussions très épineuses dans les familles. Les enfants demandaient à leurs pères: «Et toi, papa, qu'est-ce que tu faisais?» «Pourquoi n'as-tu rien fait contre?» «Quelle est ta part de responsabilité?» «Que sont devenus vos voisins juifs?»

Dans les années 70, le débat s'est amplifié et un certain nombre de projets s'inspirant fortement des approches utilisées dans l'éducation des adultes ont vu le jour:

  • Le travail dans les mémoriaux existe depuis longtemps déjà: le but est «d'apprendre sur les lieux authentiques», car on apprend plus facilement dans les endroits où les événements ont eu lieu que dans une salle de classe ou une université populaire. Les camps de concentration ont été parmi les premiers à opter en faveur de cette approche qui fait appel à tous les sens et comprend des activités diverses. Le matin par exemple, les groupes de jeunes et d'adultes aident à conserver les mémoriaux, restaurent les bâtiments ou entretiennent les espaces verts. L'après-midi est consacré aux travaux de recherche dans les archives, aux entretiens avec les anciens prisonniers des camps, aux visites guidées ou à des petits exposés. Les participants peuvent aussi s'exprimer sous forme de vidéos, d'activités artistiques, etc.
  • On citera également les projets «d'histoire locale»: c'est une approche vaste et diversifiée qui part du principe que l'histoire des gens simples, d'un quartier, d'un village, d'un certain groupe professionnel, etc., vaut aussi la peine d'être étudiée. C'est dans ce sens qu'ont été créées les «initiatives d'histoire locale»: leur but était de faire des recherches sur un quartier ou un lieu de travail, généralement sous la direction d'un enseignant. La démarche consistait à se documenter dans les archives locales, à interroger des témoins de leur temps (voir plus bas), puis à publier les résultats et à en discuter publiquement. Les universités populaires mettaient parfois des locaux à disposition ou proposaient leur aide, et les formateurs d'adultes expérimentés dirigeaient des groupes de travail. Mais souvent aussi, ces initiatives ont continué à travailler sous forme d'«ateliers d'histoire» indépendants, ont fondé des associations et loué leurs propres locaux, en général des boutiques vides, raison pour laquelle on les appelait souvent les «boutiques de l'histoire».
  • Une méthode particulièrement intéressante, déjà évoquée plus haut, est le travail avec les témoins de leur temps, qui consiste à collecter auprès de témoins d'événements historiques leurs impressions, leurs jugements et leur vécu. L'approche demande par contre une démarche très prudente, dans la mesure où le processus de mémoire est très complexe: d'une part, il ne faut pas commettre l'erreur de considérer la mémoire comme une vérité objective, d'autre part, les personnes interrogées sont souvent âgées et aiment «replonger» dans leurs souvenirs, mais ont en même temps besoin d'être guidées pour éviter que ce ne soit trop pénible, tant pour elles-mêmes que pour le public. Les entretiens avec des témoins de leur temps, quand ils ont lieu en public, sont donc dirigés par un animateur expérimenté et il n'est pas rare que les témoins eux-mêmes suivent une petite formation. Malgré toutes ces réserves, cette méthode est pratiquée couramment aujourd'hui dans les contextes les plus divers (à l'école, avec les jeunes ou les personnes âgées, dans les mémoriaux, etc.).
  • En Allemagne, le concours du président fédéral «La vie de tous les jours sous le nazisme» a joué un rôle important dans les années 80. Avec le soutien d'une fondation privée, les élèves et les jeunes devaient faire des recherches sur des thèmes divers pendant les années 1933 à 1945, interroger des personnes âgées, consulter les archives et éplucher les journaux locaux de l'époque. Cette initiative a déclenché une avalanche de travaux qui ont, d'une part, permis de faire la lumière sur quasiment tous les villages et toute une génération de cette époque, d'autre part de montrer qu'on ne doit pas réduire le nazisme à Hitler et Himmler, mais que malheureusement, des millions d'Allemands ont eux aussi, participé aux atrocités. À la fin des années 90, le concours s'est de plus en plus concentré sur le passé de la RDA et de l'Allemagne d'après-guerre.

On voit donc que la plupart de ces approches ont été conçues dans un contexte spécifique: celui d'une Allemagne qui ne niait plus le caractère indispensable de la mémoire collective et individuelle, ni l'importance de comprendre le nazisme. Notre institut n'en a pas moins cherché, depuis le début des années 90, à faire profiter d'autres régions du monde de ces expériences et de ces méthodes, en prenant soin de les adapter aux situations respectives et de proposer des méthodes acceptables pour des gens d'autres cultures.

Exemple 2: l'Europe du Sud-Est

On sait trop bien comment, dans les années 90, les «spectres du passé» ont réapparu alors que la Yougoslavie se démembrait et que les régions se déchiraient entre elles dans toute une série de guerres civiles et de conflits sanglants. Il est horrifiant de voir la facilité avec laquelle certains politiciens et chefs de guerre intéressés sont parvenus à raviver les anciens clichés et à monter les peuples les uns contre les autres. Au sens péjoratif, on peut dire qu'ici, l'importance qu'a le regard sur l'histoire pour le présent est plus qu'évidente.

Il y a cinq ans, notre institut a par conséquent décidé de s'intéresser plus spécialement à la gestion du passé dans cette région. L'approche a ceci de particulier qu'elle est multinationale, car il s'agissait d'analyser l'histoire des «autres», et la prétendue expérience du passé montre que les autres sont capables des pires choses. Les objectifs du projet ont par conséquent été formulés ainsi:

«Les objectifs du Projet d'histoire correspondent aux objectifs généraux des projets de l'IIZ/DW en Europe du Sud-Est, et se concentrent plus particulièrement sur l'enseignement de l'histoire, sur la réconciliation dans la région et les droits humains. Les buts de l'IIZ/DW sont les suivants:

  • encourager la paix, la démocratie et le respect des droits humains, et contribuera faire renaître l'espoir et à encourager la réconciliation en Europe du Sud-Est;
  • utiliser une approche nouvelle des différentes versions de l'histoire, aux fins de provoquer un dialogue entre des personnes qui partagent le même passé;
  • créer un espace commun de dialogue pour encourager la sensibilisation et assurer l'avenir;
  • adopter une attitude positive vis-à-vis des racines historiques communes en Europe du Sud-Est;
  • réduire les clichés et encourager la tolérance et le respect des autres, en termes de religion, d'ethnicité, de culture, de tradition, etc.;
  • disséminer les connaissances et les bonnes pratiques déjà réalisées;
  • stimuler les efforts communs des différentes organisations (gouvernementales et non gouvernementales), des institutions, etc. et les diffuser auprès d'un large public;
  • se concentrer sur l'approche pédagogique orientée vers l'apprentissage tout au long de la vie et l'éducation des adultes.»

 

Le projet a débuté par un voyage d'études de représentants de plusieurs pays de la région en Allemagne, afin de les familiariser avec les diverses méthodes. Les participants à ce voyage ont constitué un noyau d'initiatives dans leurs pays respectifs. Une exposition itinérante intitulée «Souvenez-vous pour l'avenir - L'exposition itinérante» a ensuite été organisée et montrée en Macédoine, en Albanie, en Bosnie-Herzégovine, en Serbie, en Roumanie et en Bulgarie entre septembre et décembre 2004. Les groupes qui participaient au projet dans chacun des pays (généralement de jeunes historiens et formateurs d'adultes) ont ensuite choisi de travailler sur un thème relatif à l'histoire récente de leur pays, ce qui a donné les résultats suivants:

  • Albanie: «La prison de Spac» - Travail avec des anciens détenus d'un camp d'internement communiste;
  • Bosnie-Herzégovine: «Sarajevo à l'époque du socialisme et de la guerre de 1992 à 95»;
  • Bulgarie: «La jeunesse socialiste bulgare de 1944 à 1989»;
  • Macédoine: «Futur». Cette contribution comportait une courte présentation de l'histoire de la Macédoine à l'époque ottomane, un concours de photo sur le thème «La Macédoine aujourd'hui» et quelques informations sur des personnages historiques connus du pays;
  • Roumanie: «La résistance armée anticommuniste de 1944 à 1962»;
  • Serbie-Montenegro: «La résistance estudiantine de 1966-97».

Les thèmes, qui sont très variés, reflètent donc les préoccupations des groupes nationaux respectifs. L'exposition a été montrée dans tous les pays concernés, surtout dans les écoles, et accompagnée d'ateliers parallèles.

Un autre volet du projet consiste à organiser des formations communes régionales à l'intention des activistes des divers pays, soit, pour 2004:

  • «L'Europe: idées et institutions», Sarajevo, septembre 2004
  • «Méthodes pédagogiques interactives», Belgrade, novembre 2004
  • «Minorités et majorités dans les Balkans: vers une compréhension mutuelle», Sofia, décembre 2004.

Entre temps, des équipes se sont constituées dans les pays respectifs et organisent, avec l'aide de notre institut, des rencontres avec des témoins de leur temps, des analyses de livres, etc. Ceci permet, grâce au projet, d'avoir une rétroaction au niveau régional.

Exemple 3: l'Ouzbékistan

Ce pays est l'une des cinq républiques centrasiatiques d'ex-Union Soviétique. Historiquement parlant, aucun État ouzbek n'a jamais existé. Avant l'invasion russe à la fin du 19e siècle, la région était divisée en plusieurs émirats et khanates qui ne constituaient nullement des nations, mais des entités multinationales, voire prénationales. Les Russes ont mis en place un régime colonialiste qui est parvenu, du moins pendant la période d'occupation, à se donner l'image d'un «porteur de culture» et de progrès (lutte contre l'analphabétisme et l'oppression de la femme, industrialisation, etc.). Il n'est donc pas étonnant que contrairement aux pays de la Baltique ou du Caucase, la lutte pour l'indépendance ait été quasi inexistante et nullement soutenue par un mouvement nationaliste puissant. En Ouzbékistan, il faut cependant reconnaître que même sous l'occupation soviétique, de nombreuses traditions ont continué d'exister en parallèle.

Idéologiquement, mais aussi historiquement parlant, les nouveaux régimes ont été obligés de créer un imaginaire national. Ils ont donc choisi certaines époques glorieuses de leur «propre» passé et en ont fait les points forts de l'histoire officielle de leur pays. Le Tadjikistan a choisi l'époque des Samanides, pendant laquelle des seigneurs tadjiks auraient régi sur toute l'Asie centrale; l'Ouzbékistan, quant à lui, n'a choisi d'autre héros national que le sanguinaire Amir Timur (Timurlan), dont le règne est considéré comme l'apogée de l'«Ouzbékistan». Dans les rues, les portraits de Lénine et de Marx ont été remplacés par ceux du «plus grand des Ouzbeks» et le Boulevard Lénine a été rebaptisé en «Boulevard Amir Timur».

Cette interprétation idéologique de l'histoire ne fait aucune allusion à la période soviétique, c'est-à-dire précisément l'époque vécue par les gens encore en vie aujourd'hui. Le pouvoir actuel ne manifeste aucun intérêt pour cette période, bien qu'il en soit directement issu. Dix ans plus tard, des mythes commencent à émerger et la jeune génération, très nombreuse, n'a qu'une très vague idée du passé. C'est ici que notre projet tente d'intervenir.

Le projet a débuté par une conférence organisée en coopération avec quatre autres organisations allemandes sous le titre «Histoire et identité». Avec l'aide d'experts nationaux et étrangers, une réflexion a été engagée sur le rôle de l'histoire pour l'identité collective et individuelle; divers exemples d'Allemagne, de Russie et de Biélorussie, ont permis de montrer l'impact que peut avoir la gestion du passé à divers niveaux, du débat entre historiens jusqu'à la formation des personnes âgées. Le but était de sensibiliser l'opinion publique spécialisée ouzbek sur ce thème.

Chacune des cinq organisations concernées a ensuite commencé à travailler avec son partenaire dans le cadre du projet. Avec le fonds «Mahalla», NIZ/DW s'était donné pour objectif d'organiser des «rencontres-échanges» dans six mahallas pilotes à Taschkent et Buchara. Ce type de rencontres s'inspire des cafés-causette européens, méthode qui consiste, pour un petit cercle de gens intéressés, à prendre un café avec des témoins de leur temps et à discuter dans une atmosphère détendue sur une période de leur vie. Les souvenirs resurgis entraînent des discussions auxquelles peuvent participer tous ceux qui le souhaitent, en apportant leurs propres opinions, réflexions et souvenirs. Dans le meilleur des cas, l'échange déclenche un travail de mémoire. Lors d'un séminaire organisé à la suite de la conférence, une experte russe a présenté la méthode aux animateurs et aux témoins de leur temps. Plus tard, deux rencontres de ce genre ont été organisées dans chacune des mahallas concernées. Comme on s'en doute, le travail ne se fait pas toujours sans difficulté, d'autant que dans la culture ouzbek, il n'est pas d'usage de faire part publiquement de ses souvenirs personnels; on a plutôt l'habitude de se cacher, pour ainsi dire, derrière la communauté et d'invoquer une mémoire collective imaginaire dans laquelle l'individu se fond. Les participants parlaient donc en termes de «ce qui se faisait ou ne se faisait pas», de «comment on se comportait», de «ce qui était la coutume», et il a fallu beaucoup de patience et de sensibilité pour comprendre quels destins individuels se dissimulaient derrière ces masques et ces expressions anodines.

De plus, la société ouzbek est très hiérarchisée, plus spécialement en ce qui concerne les rapports entre les générations et entre les sexes. Les jeunes hommes et femmes ont souvent de grandes difficultés à participer aux conversations avec des hommes plus âgés, sans parler d'exprimer ouvertement leur opinion ou de poser une question.

Un an après le début du projet, on peut dire que les gens manifestent un grand intérêt pour les approches occidentales, surtout les personnes âgées qui ont universellement tendance à raconter leur vie, mais que la méthode est encore loin d'être adaptée à la culture centrasiatique, et acceptée en tant que telle.

Le but de cette contribution était de donner un petit aperçu des méthodes de gestion du passé et de leur utilité pour l'éducation des adultes (et pas seulement pour elle). Je suis convaincu que ce thème restera intéressant et actuel dans de nombreuses régions du monde, et peut-être même dans le Caucase. Notre institut est en tout cas disposé à soutenir toutes les initiatives dans ce sens.

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