À l’occasion de la présidence allemande du Conseil de l’UE, l’assemblée générale de la DVV a adopté la déclaration suivante le 19 juin 2007 à Leverkusen en Allemagne.
Depuis la création de la Confédération allemande pour l’éducation des adultes (DVV), l’internationalisme et l’ouverture vers l’Europe ont été des éléments essentiels dans les activités éducatives des mille universités populaires allemandes et de leurs fédérations régionales. Au fil des décennies, les déclarations de position de la DVV ont souligné qu’il était nécessaire que l’éducation des adultes s’engage en faveur d’une Europe unie et pacifique, et d’une ouverture équitable de l’éducation pour tous ses citoyens.
Aujourd’hui, les universités populaires s’engagent de nombreuses façons en faveur de l’idée européenne et d’une éducation des adultes dépassant les frontières. Cette volonté se manifeste non seulement dans les projets transnationaux, les manifestations éducatives sur le thème de la politique européenne (ex. plus de cent journées d’action et journées de l’Europe ont été organisées ces dernières années), les activités éducatives interculturelles, les nombreuses offres éducatives destinées aux populations migrantes et les trois millions de personnes qui suivent chaque année des cours de langues, mais aussi dans les efforts entrepris pour créer un système européen d’équivalences pour les diplômes et certificats, par exemple avec le Cadre commun de référence européen pour les langues ou les activités conjointement menées pour élaborer un Cadre européen de qualification.
Nous nous sommes toujours attaché à porter notre regard au-delà des frontières de l’UE. Ces vingt dernières années, DVV International a pris une part considérable dans les activités menées en vue de mettre l’éducation des adultes en Europe du Centre et de l’Est au niveau des normes européennes, et a pour cela aidé là-bas ses partenaires à traverser cette phase de transition difficile. Aujourd’hui, notre engagement se situe principalement au niveau du dialogue et de l’appui à nos partenaires dans les pays auxquels s’applique la nouvelle politique européenne de voisinage comme, par exemple, la Russie, l’Ukraine, le Caucase ou le sud de l’espace méditerranéen.
La DVV salue par conséquent expressément les efforts intenses visant à renforcer l’éducation des adultes, que l’UE a entrepris par le biais de sa politique de promotion de l’apprentissage tout au long de la vie dont les points de départ ont été la Stratégie de Lisbonne et, en 2001, la communication de la Commission intitulée «Créer un espace européen de l’apprentissage tout au long de la vie». Il est réjouissant de voir que dans cette démarche exemplaire l’éducation des adultes est explicitement considérée comme un pilier essentiel et autonome au sein du système de l’éducation, ce que confirme la communication publiée par la Commission en 2006 sous le titre: «éducation des adultes. on n’a jamais fini d’apprendre», à l’élaboration de laquelle la DVV et ses partenaires européens ont pris une part essentielle grâce à leur adhésion active au sein de l’Association européenne pour l’éducation des adultes (EAEA).
Nous attendons que la politique nationale de l’éducation aux niveaux du gouvernement fédéral, des länder et des communes, reconnaisse, comme l’a souligné l’UE avec tant de force, la valeur d’un système professionnel d’éducation des adultes s’étendant au pays tout entier et qu’elle renforce et élargisse l’éducation permanente en tant que quatrième pilier du système de l’éducation.
Une analyse des arguments de base d’«Éducation des adultes. On n’a jamais fini d’apprendre» révèle que l’on ne peut supprimer les obstacles à l’éducation qu’en offrant des possibilités de s’instruire diverses, à proximité du domicile des gens et abordables, à l’instar de celles offertes depuis des décennies par les universités populaires allemandes dont la démarche a fait ses preuves. Si nous voulons toutefois cesser d’exclure les populations défavorisées et accroître la participation à la formation continue, il est éminemment important que les organismes d’État assument leurs responsabilités publiques en assurant l’existence de cette infrastructure. L’Allemagne dont le pourcentage des dépenses annuelles pour l’éducation s’élève à 4 % du PIB se classe avant-avant-dernière des pays de l’UE (2004) et le taux de participation à la formation et à la formation continue s’élève outre-Rhin à 8,2 % (un chiffre nettement inférieur à la moyenne européenne de 11 %), ce qui indique un manque considérable à combler.
Nous attendons du gouvernement fédéral, des länder et des communes une augmentation fondamentale des dépenses pour l’éducation et la formation continue pour que l’Allemagne rattrape son retard par rapport au reste de l’Europe. Afin d’intégrer les populations défavorisées en matière d’éducation, nous exigeons de nouveau un programme d’investissement visant à réduire les désavantages éducatifs et reposant sur le concept INNOVINT (l’innovation par l’intégration) que nous avons présenté en 2004.
L’Europe doit faire face à des défis démographiques notables. La formation continue va devoir se charger de remplir des tâches urgentes pour mieux intégrer les immigrés et permettre aux adultes de trouver leur place sur le marché du travail, de s’intégrer dans la société et de vivre une existence active et utile une fois devenus âgés.
Nous attendons du gouvernement fédéral et des länder qu’ils élaborent une feuille de route nationale pour l’éducation des adultes en tenant compte non seulement des exigences de l’éducation générale et de la formation professionnelle continue, mais aussi, et ce tout particulièrement, des besoins des couches sociales hors du circuit éducatif, des personnes âgées et des migrants.
Les arguments de base avancés par l’UE font aussi état de la nécessité d’améliorer la qualité et le professionnalisme dans le secteur de la formation continue. Les conclusions sur le potentiel d’utilisation et l’utilité, sur les obstacles à la participation, sur le recours aux offres éducatives et aux conseils d’orientation, et sur la comparabilité dans toute l’Europe des connaissances et compétences acquises doivent améliorer la transparence et la mobilité en Europe. L’UE peut et doit jouer ici un rôle particulier en ce qui concerne la validation et la reconnaissance mutuelle des qualifications acquises dans le secteur non formel. En ce qui concerne le Cadre commun de référence européen, le Portefeuille linguistique européen et l’Europass, les universités populaires ont montré qu’elles contribuaient à la transparence et à la diffusion de qualifications reconnues dans toute l’Europe. Ces établissements peuvent aussi apporter leur expérience et leur concours actif à l’élaboration d’un Cadre de qualification européen.
La DVV salue par conséquent l’initiative du gouvernement fédéral et des länder qui ont décidé d’élaborer un cadre de qualification national en travaillant conjointement avec les organismes opérant dans l’éducation des adultes/la formation continue.
Le moment est à présent venu que les déclarations européennes et nationales se traduisent par des actes. La communication intitulée «éducation des adultes. on n’a jamais fini d’apprendre» doit devenir le plan d’action pour l’éducation des adultes «it is always a good time to learn». La DVV salue ce projet et souligne sa volonté d’accompagner de façon constructive les consultations à son sujet.
Dans le cadre de la présidence allemande du Conseil de l’UE et afin de continuer à assumer notre responsabilité européenne, nous souhaiterions que le gouvernement fédéral, les länder et les communes reprennent les propositions de la Commission européenne, et nous leur fournirons notre collaboration pour la mise en œuvre en Allemagne du plan d’action européen pour l’éducation des adultes.