Avallain et la Fondation Bionet entretiennent une plate-forme Internet pour les fermiers et communautés rurales dans le but de soutenir le développement durable de leurs activités agricoles. Elles recueillent et mettent à disposition des informations utiles au plan écologique. Les intéressés peuvent partager leurs propres expériences et s’informer sur les techniques agricoles, les méthodes de contrôle des nuisibles et des mauvaises herbes, ou le prix des produits agricoles. En même temps, ils apprennent à se servir des TIC. L’ordinateur portable à 100 dollars, indépendant des infrastructures urbaines, a été introduit dans des régions reculées.
La plate-forme d’information INFONET-BioVision a pour objectif de renforcer le développement durable des communautés fermières et rurales en Afrique par la mise à disposition d’informations concernant des sujets essentiels en ayant recours pour cela à une plate-forme Internet ainsi qu’à d’autres solutions et stratégies inventives de diffusion.
La plate-forme Internet constitue le troisième pilier d’un mélange d’outils d’information mis en place: le TOF (The Organic Farmer/Le fermier bio), une revue imprimée et l’émission radiophonique TOR (The Organic Farmer Radio show/La radio du fermier bio).
La plate-forme d’information est utilisée comme pool de ressources pour diffuser l’information sur Internet et à l’extérieur grâce à la coopération active avec des organisations partenaires et des groupes de fermiers et de femmes, et au moyen des technologies de l’information et de la communication (TIC).
L’idée de créer un système d’information date de 2005 et a pris naissance lors d’un entretien avec un groupe de fermiers locaux dans une contrée isolée aux environs du lac Victoria. Les groupes de fermiers sont des associations auto-organisées au sein desquelles les fermiers échangent des informations. Ceux-ci se plaignent du fait que le gouvernement et les organismes de recherche de Nairobi disposent manifestement d’informations précieuses qui ne les atteignent presque jamais.
L’un des fermiers décrivit les longues distances qu’il devait couvrir (une entreprise onéreuse et pénible dans les zones rurales) pour avoir accès à Internet dans un cybercafé, pour ne rien trouver en fin de compte de vraiment utile ni applicable. Ce récit fit naître l’idée du système d’information dont Biovision organisa le financement.
L’objectif initial était défini comme suit:
«Soutenir activement des projets de dissémination de connaissances mis sur pied par l’ICIPE (le Centre international de physiologie et d’écologie des insectes, situé à Nairobi) et d’autres organisations dans les secteurs de l’agriculture et de la santé,… de manière à entamer un travail préliminaire sur une plate-forme Internet dont le but est de servir d’outil de partage de l’information et de diffusion du savoir et des expériences acquis au fil… de projets pilotes.»
Par la suite, le service de Développement du Liechtenstein fournit des fonds destinés à financer la première phase (2005-2007) de mise en œuvre.
De par sa conception, la plate-forme Infonet-BioVision repose sur une approche du bas vers le haut dans le sens où ses sujets, contenus et structures sont définis en consultation avec des groupes et communautés locaux de fermiers. Infonet-Bio-Vision encourage aussi ses utilisateurs à faire part de leurs réactions concernant les expériences et la situation sur place, et relaye les déclarations ainsi recueillies aux conseillers scientifiques de façon à adapter et à étoffer en permanence les informations présentées sur la plate-forme. Le flux d’informations dans les deux directions fait partie intégrante de la démarche employée pour assurer l’applicabilité, la pertinence et l’utilité de la plate-forme.
Cet effort est né tout naturellement de l’engagement de longue date de la fondation BioVision dans la recherche de méthodes naturelles pour lutter contre les parasites et améliorer le rendement agricole. Biovision a été créé par le Suisse Hans Rudolf Herren, lauréat du Prix mondial de l’alimentation. La fondation a pour objectif d’améliorer durablement l’existence des gens en Afrique tout en préservant l’environnement en tant que base de toute vie.
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Source: Ursula Suter-Seuling
Le professeur Herren avait à l’origine conçu dans les années 80 un moyen biologique non chimique pour contrôler la cochenille farineuse qui menaçait à l’époque dans toute l’Afrique la production de manioc
(plante alimentaire aussi essentielle sur ce continent que la pomme de terre en Europe). Ce faisant, il évita une famine désastreuse et lança un projet de recherche plus vaste sur la lutte contre les parasites au moyen de remèdes naturels scientifiques.
Du fait de ses origines, l’une des principales missions du système est la transformation du fruit de recherches scientifiques et universitaires en informations utilisables et accessibles à l’intention de fermiers exploitant de petites parcelles, principalement pour l’autoconsommation, dans les zones rurales d’Afrique.
Avallain, fondée en 2002 et dont le siège social se situe en Suisse, se décrit ellemême comme une entreprise sociale proposant des outils et services pour le secteur éducatif de l’éducation en ce 21 e siècle de plus en plus dominé par le numérique. Spécialisée dans l’e-éducation et l’e-publication, Avallain vise à utiliser les TIC dans l’éducation pour avoir un impact positif maximal sur le développement humain. L’article intitulé «L’e-éducation pour des populations et des récifs coralliens en bonne santé», publié dans ce numéro d’Éducation des Adultes et Développement ainsi que le site Internet www.avallain.com permettront d’en savoir davantage sur Avallain.
Une journée aux champs où Infonet et ses chaînes sont présentées avec l’Organic Farmer Magazine
Avallain a approché BioVision en 2005, alors qu’elle cherchait d’une manière générale des possibilités de s’engager sur la voie de l’aide au développement et de mettre gratuitement son expertise à disposition. À l’époque, BioVision cherchait déjà d’éventuels partenaires possédant un savoir-faire dans le domaine des systèmes d’information informatiques adaptés en fonction de leur public particulier. Le système Infonet est né de la coopération qui a suivi.
Les fermiers eux-mêmes sont le public cible du système. Toutefois, la réalité d’Internet et la disponibilité des TIC en général dans les campagnes d’Afrique demande la mise en place d’une structure de diffusion élaborée pour laquelle le système de gestion des connaissances et le site web ne peuvent être qu’un pilier.
Le TOF (The Organic Farmer Magazine), un magazine imprimé traditionnel créé par Peter Baumgartner, l’ancien correspondant en Afrique du Tagesanzeiger, le plus grand quotidien suisse, a parfaitement préparé le terrain pour cette dissémination. Le lectorat du TOF regroupe quelque 100 000 fermiers, et les informations concernant le nouveau site Internet ont été diffusées par l’intermédiaire de cette revue. Aujourd’hui, le TOF constitue un soutien essentiel pour Infonet. La version sur CD peut être commandée directement auprès de la revue, une possibilité à laquelle de nombreux groupes de fermiers ont recours.
L’utilisation d’Infonet sur Internet est gratuite, et grâce à des études d’utilisabilité sur place, son interface a été organisée de façon suffisamment simple pour permettre au fermier moyen ayant déjà une certaine expérience de l’ordinateur de naviguer dans ses contenus. La clé de cette utilisabilité réussie repose sur l’emploi d’illustrations détaillées. Faire juste passer la souris sur l’image d’une tomate malade, par exemple, suffit pour que d’utiles informations s’affichent à l’écran.
La fonction d’imprimerie est très appréciée. Typique des différents niveaux d’alphabétisation fonctionnelle, on verra des utilisateurs plus âgés souvent capables de naviguer de façon à obtenir certaines informations intéressantes, mais qui demanderont à leurs enfants ou à d’autres fermiers de leur lire plus tard la majeure partie des instructions imprimées.
Pour les fermiers, ce type d’informations est d’une utilité considérable. Permettant par exemple d’assurer la subsistance des fermiers en l’absence de fonds pour l’achat de produits chimiques de prévention contre les parasites ou encore de générer des revenus sur le très important marché émergent des produits bio, les méthodes alternatives d’agriculture peuvent rompre un schéma statique de problèmes persistant depuis des décennies dans le secteur agricole en Afrique.
Traditionnellement, les informations diffusées maintenant sur Infonet ont été fournies par des formateurs individuels ou des agents de vulgarisation agricole, ou recueillies dans des livres ou des articles de conférences. Malheureusement, ce type d’informations n’atteint qu’une petite partie de la grande population fermière pour des raisons pouvant être aussi simples que l’absence d’infrastructure pour transporter des livres d’un point à l’autre, ou tout bonnement du fait de problèmes d’organisation obligeant à conserver les livres sous clé dans un lieu central comme moyen d’exercer l’autorité.
Le concept central d’Infonet-BioVision repose sur sa banque de données avec ses informations traitées et sa structure prédéfinie facilitant l’incorporation rapide et facile de nouvelles données. Étant donné qu’il faut répondre aux besoins d’utilisateurs disposant de divers niveaux de connaissances et d’expérience, la plate-forme articulée sur la banque de données est conçue de façon à ce que les utilisateurs puissent accéder à ses contenus via différents points d’accès incluant des banques de données sur la gestion durable des parasites et des cultures, les animaux, les hommes et l’environnement, et des modules de formation dans ces domaines.
Le système est essentiellement un système de gestion du savoir «reproduisant des contenus». Il permet à des éditeurs à différents niveaux de la chaîne des processus éditoriaux de préparer interactivement et à distance les données scientifiques originales de façon à ce qu’elles puissent être utilisées par les formateurs ou les fermiers sous la forme de simples modes d’emploi. Ceci permet de garantir une présentation «sémantique» des contenus, c’est-à-dire que les informations identifient les liens existant par exemple entre des parasites, des cultures et des remèdes, et d’assurer que les contenus n’ont recours à aucune technologie propriétaire afin de permettre aisément leur réutilisation avec des systèmes mobiles ou des technologies futures.
Le mode d’accès à l’information le plus populaire est celui qui a recours aux images employées comme simple dialogue visuel. À la lumière des faibles pourcentages d’alphabétisation des générations plus âgées de fermiers, l’accès visuel est très important. L’utilisateur peut en effet naviguer depuis l’image d’une plante donnée, par exemple d’une banane, vers l’illustration d’une «banane posant un problème» particulier et, de là, continuer vers un bref chapitre instructif indiquant «comment y remédier». Les formateurs et les agents de vulgarisation utilisent le système d’une manière différente, en effectuant leurs recherches par mots clés ou sujets afin de préparer des supports imprimés pour leurs cours.
Depuis la création d’Infonet, les forces du marché ont très efficacement agi pour améliorer la situation quant à son accès. En 2010, le Kenya a été relié à la dorsale Internet mondiale par le biais de deux câbles sous-marins. Ceci a immédiatement accru la capacité d’accès du pays (et du continent) à Internet. En même temps, le marché des données mobiles est en forte croissance, avec de plus en plus de concurrents se livrant une guerre des prix. Au bout du compte, dans les régions rurales, cela se traduit par la création de davantage de cybercafés ou de points d’accès Internet de ce type, du fait que le prix de la connectivité est en baisse constante et que le débit de connexion augmente.
Une journée aux champs où Infonet et ses chaînes sont présentées avec l’Organic Farmer Magazine
Source: Ursula Suter-Seuling
Toutefois, pour les fermiers habitant tout simplement encore trop loin pour bénéficier de ce type de possibilités, le projet i-TOF a été lancé. Les i-TOF sont en gros des points de contact/des personnes équipées de stations informatiques mobiles (reposant sur le solide ordinateur portable à 100 $) qui voyagent dans des contrées reculées et qui peuvent aider les fermiers en répondant à leurs questions sur place. La gestion de ces i-TOF se fait par l’intermédiaire du magazine TOF. Des groupes de fermiers peuvent effectuer des réservations pour des journées de formation auprès du bureau de TOF. L’i-TOF repose essentiellement sur une version préinstallée d’Infonet.
Les chaînes locales de radio sont aussi un véhicule d’information essentiel dans les zones rurales d’Afrique. Par conséquent, l’équipe de TOF diffuse sur différentes chaînes locales des versions radiophoniques des informations parues dans des articles de TOF et sur Infonet. Les émissions enregistrées sont ensuite proposées sous forme de podcasts à télécharger. Deux voies de diffusion sont possibles via la seule utilisation du téléphone mobile:
http://avallain.blogspot.com/2007/10/infonet-biovisionorg-fr-farmer-in-kenia.html
http://ictupdate.cta.int/index.php/en/Links/Projects/INFONET-BioVision
www.biovision.ch
www.avallain.com
www.theorganicfarmermagazine.org
www.infonet-biovision.org