Après plus de trente ans, les universités populaires allemandes ont de nouveau rédigé un document de principe définissant leurs convictions et principes, leurs objectifs et missions, leurs contenus éducatifs et modes de travail, et leur rôle dans une société en constante mutation. L’optique internationale de leur ouverture et de leurs réseaux est un des éléments qui ont servi à dresser ce portrait. Nous publions un court résumé de ce document, fruit de longues consultations, présenté au public lors du XIIIe Congrès des universités populaires.
Tout le monde connaît les universités populaires. Chaque année, quelque neuf millions de personnes y participent à plus de 700 000 activités d’éducation générale, professionnelle, culturelle et politique. Le savoir ainsi que la capacité à utiliser les acquis doivent être actualisés et élargis au fil de toute l’existence. Avec leurs offres éducatives, les universités populaires organisent et soutiennent le processus d’apprentissage tout au long de la vie. Elles aident les gens dans un monde de plus en plus complexe à prendre une part active dans la société, la culture et l’emploi, et à vivre une existence utile qu’ils prennent eux-mêmes en main. L’histoire du succès des universités populaires s’inscrit indissociablement dans l’esprit d’une démocratie vécue. Les universités populaires sont synonymes du droit à l’apprentissage tout au long de la vie, de l’équité éducative et d’une conception globale de l’éducation.
* Cours, activités uniques, séries de conférences, excursions et voyages d’étude (chiffres arrondis, extraits des statistiques 2009 des VHS)
Les universités populaires sont partout: dans les villes, les communes et les districts d’Allemagne, elles constituent l’institution centrale éprouvée des services publics communaux dans le secteur de l’éducation permanente et sont le garant essentiel d’une infrastructure éducative orientée vers les citoyens. Les universités populaires, en tant que centres d’éducation permanente, sont en même temps des lieux d’apprentissage et d’organisation, et de rendez-vous social et culturel ouverts à tous. Chargées par les länder et les communes de proposer des offres d’éducation permanente adaptées aux besoins et abordables, auxquelles chacun puisse avoir recours sans difficulté, les universités populaires sont financées par l’administration communale et légitimées de façon démocratique. Au-delà de leur mission d’instruction publique, elles soutiennent aussi leurs communes en fournissant aux organismes responsables des conseils en matière d’éducation permanente et en les aidant à réaliser leurs objectifs en matière d’emploi et de politique sociale.
Avec près de 1000 établissements indépendants et 3000 autres services détachés, les universités populaires forment sur tout le territoire allemand un réseau unique d’établissements d’éducation permanente et culturels proches des lieux de résidence. Dans les zones rurales, elles sont même souvent les seuls prestataires accessibles d’offres d’éducation permanente.
Les universités populaires sont ouvertes à tous: aux gens issus de toutes les couches sociales et catégories de revenus, de tous les milieux et cultures, et aux personnes handicapées ou non. Elles sont ouvertes à des gens pouvant avoir des opinions différentes, voire contraires. Ces lieux d’apprentissage dans les quartiers, ces espaces sans barrières rendent les offres éducatives des universités populaires non seulement accessibles à leurs destinataires, mais aussi particulièrement attrayantes. Les universités populaires remplissent aussi leur mission publique par le caractère social des prix qu’elles fixent. Elles opèrent certes de façon rentable, mais dans un but non lucratif. Le nombre des participants témoigne de façon impressionnante du succès de ce concept.
Les universités populaires sont des centres de compétence en matière d’éducation permanente. Jusqu’à ce jour, la réussite éducative en Allemagne dépend pour une part décisive de l’origine sociale et ethnique. Pour changer cette situation, chaque adulte – indépendamment de ses revenus – doit obligatoirement avoir la possibilité de rattraper l’éducation de base et de passer des diplômes de fin de scolarité et de formation professionnelle. Les universités populaires y contribuent de manière essentielle: elles donnent une seconde chance aux adultes, aux analphabètes fonctionnels et à des milliers de jeunes ayant quitté l’école sans diplômes en leur proposant des programmes d’éducation de base et de fin d’études.
L’internationalisation croissante de l’économie et de la culture, l’amplification de la mobilité en Europe, la nécessité de l’intégration sociale eu égard aux mouvements migratoires exigent des connaissances linguistiques et compétences interculturelles toujours plus étendues. Les universités populaires sont les plus grands établissements allemands d’enseignement des langues avec plus de cinquante langues et quelque 1,8 million de participants chaque année. En tant que plus grand partenaire de l’office fédéral chargé de la migration et des réfugiés, les universités populaires proposent dans toute l’Allemagne quelque trois millions d’heures de cours visant l’intégration linguistique et sociale de personnes issues de l’immigration. Le gouvernement fédéral et les länder ont chargé les universités populaires, en raison de leur fiabilité et de leur compétence, d’effectuer les tests de naturalisation qui sont la condition préalable à l’obtention de la nationalité allemande.
La qualification professionnelle et la préparation à des diplômes reconnus par l’État font partie intégrante des activités des universités populaires. Des millions de personnes en activité ont eu recours ces dernières années aux offres des universités populaires pour acquérir des connaissances informatiques – un impressionnant programme de soutien économique. Les universités populaires soutiennent toutefois aussi l’apprentissage systématique via des cours et stages permettant d’acquérir des compétences professionnelles intersectorielles ou spécialisées, par exemple dans les métiers du commerce et dans les services. En outre – en axant constamment leurs activités sur les besoins régionaux – elles organisent aussi des projets et activités à orientation sociale. Il n’est pas ici question d’acquérir des qualifications à court terme, mais de se forger les bases d’une capacité durable à apprendre.
Les gens souhaitent vieillir en bonne santé. Nombre d’entre eux souhaitent de plus en plus acquérir des compétences leur permettant d’entretenir et de favoriser leur santé et leur qualité de vie. Eu égard aux plus de deux millions de participants chaque année aux cours de prévention sanitaire, les universités populaires contribuent de façon considérable à réduire les coûts de la santé. En raison de l’évolution globale de leur qualité, les cours donnés par les universités populaires dans ce domaine sont également très favorablement accueillis par les caisses de maladie et les entreprises.
Plus d’un million de personnes s’inscrivent chaque année aux offres culturelles. Elles acquièrent des connaissances culturelles, découvrent et développent leurs propres potentiels artistiques et créatifs. L’éducation culturelle ouvre d’autres possibilités de faire des expériences et favorise la construction de la personnalité. Elle n’est pas réservée à des élites. La créativité et les compétences culturelles sont propices à la communication sociale et à une bonne qualité de vie dans la communauté. L’une des particularités des universités populaires est leur étroite collaboration avec des artistes, des instituts culturels, des bibliothèques et des maisons de la culture dans les communes.
Les citoyens et citoyennes sont souvent directement confrontés aux questions politiques et sociales pressantes, et aux conflits dans leurs communes. Les forums de discussion, ateliers de réflexion sur l’histoire et l’avenir, ou encore les manifestations visant à engager le dialogue avec les responsables politiques complètent par conséquent les offres de base de l’éducation politique. Les universités populaires travaillent sur place et favorisent un travail de réflexion global. Elles offrent un espace d’éducation politique qui vise à renforcer le raisonnement politique et les facultés d’action. Une forme particulière de participation gagne de plus en plus de terrain: l’engagement citoyen. Les universités populaires offrent ici orientation, qualification et suivi.
1. Assurer davantage d’équité en matière d’éducation
Personne ne doit du fait de ses origines sociales ou ethniques, ou en raison d’un échec antérieur au sein du système scolaire se retrouver exclu à vie de l’apprentissage. Les groupes de personnes incapables de continuer à se former, peu qualifiées et disposant de faibles revenus nécessitent d’être approchés de manière ciblée et de bénéficier de meilleures mesures de promotion de l’éducation et d’offres supplémentaires, notamment dans les domaines de l’alphabétisation, de l’éducation de base et de reprendre leurs études en vue de passer des diplômes de fin de scolarité. En outre, les offres d’intérêt public particulièrement importantes pour la cohésion sociale et le développement de l’avenir du pays doivent être développées. Il s’agit par exemple d’offres dans les domaines de l’éducation politique, linguistique, interculturelle, sanitaire et écologique ainsi que de l’éducation familiale et parentale.
Les universités populaires continueront à l’avenir à remplir résolument des missions d’un intérêt public particulier et servant à réaliser une plus grande équité éducative.
2. Faire progresser l’éducation permanente interculturelle
L’Allemagne restera un pays d’immigration. Pour venir à bout des exigences croissantes en matière d’intégration, les universités populaires continuent d’évoluer pour devenir des centres d’éducation permanente interculturelle et de rencontre. Elles développent leurs offres en vue de l’intégration sociale, culturelle et économique des personnes issues de l’immigration. Elles renforcent leurs efforts pour enseigner des langues étrangères et des compétences interculturelles. Elles œuvrent en vue de donner au développement de leurs programmes, de leur organisation et de leur personnel une orientation plus interculturelle.
3. Promouvoir le potentiel du personnel qualifié
Dans maints secteurs, le besoin de personnel qualifié s’intensifie. Promouvoir les ressources éducatives inexploitées dans les différents groupes cibles constitue une contribution particulière des universités populaires à la qualification des personnes. Elles empruntent pour cela de nouvelles voies dans les conseils en matière d’apprentissage et d’éducation, dans le relevé et la certification des compétences dont disposent les participantes et participants, dans l’approche des groupes cibles, dans la préparation à la formation et aux examens de fin de formation, et dans la préparation aux études universitaires. En outre, les universités populaires poursuivront la modularisation de leurs offres professionnelles et intersectorielles, en se référant à des cadres européens et nationaux, et continueront d’intervenir dans des réseaux coopératifs de qualification – dans l’intérêt également d’une meilleure perméabilité du système de l’éducation.
4. Soutenir de manière ciblée des gens de tous âges
«Moins nombreuse, plus vieille et plus variée», ainsi pourrait-on résumer les conséquences du changement démographique sur la structure de la population.
Les offres éducatives des universités populaires n’étant pas liées à un âge limite assurent une participation sociale et une bonne qualité de vie à tout âge. Les universités populaires réagissent en outre avec une éducation différenciée en fonction de l’âge, qui tient compte non seulement des différentes phases de la vie, mais aussi des divers centres d’intérêt éducatifs et des orientations sociales des participantes et participants. Elles développent leurs programmes pour des personnes âgées désireuses d’apprendre avec des gens se trouvant dans des situations de vie comparables. Les offres professionnelles aux personnes plus âgées en activité comptent au rang de ces programmes. En même temps, les universités populaires renforcent leurs efforts pour soutenir mieux et de manière plus ciblée les jeunes sur la voie de l’éducation. En tant qu’établissements proposant un apprentissage au fil de la vie, les universités populaires sont prédestinées pour proposer des activités éducatives intergénérationnelles.
5. Consolider les réseaux d’éducation communaux
Seule une étroite collaboration de tous les acteurs de l’éducation et un regroupement de leurs performances permet de proposer une offre suffisante et de qualité en matière de possibilités d’éducation et d’apprentissage tout au long de la vie à tous les groupes d’âge dans la région. Les universités populaires soutiennent par conséquent le développement de réseaux communaux et régionaux d’éducation. Elles investissent leur riche expérience dans des projets innovants et la présentation des réseaux, et leurs coopérations solides avec des universités, des écoles, des agences et bureaux pour l’emploi, des églises, des associations, des syndicats et des chambres. Du fait de cette capacité à coopérer et de leur orientation biographique, les universités populaires sont en mesure d’accompagner les gens au fil de toute leur biographie éducative, ce qui fait d’elles des acteurs importants de la politique communale de l’éducation.
Pourcentage de participation à l’éducation permanente pour certains pays de l’UE et par groupes d’âges (*UE 15 sans le Luxembourg et l’Irlande) Source: Eurostat, AES 2007
Créer des conditions de vie équivalentes dans toutes les villes, communes et districts d’Allemagne, et atteindre l’objectif de passer d’ici 2015 à un pourcentage de participation à l’éducation permanente de 43 % actuellement à 50 %, et de 28 % à 40 % dans les populations faiblement qualifiées, est le critère d’une politique de l’éducation permanente orientée vers l’avenir. Par le passé, l’Allemagne a trop peu misé sur une éducation et une éducation permanente de haute qualité pour tous. Pour pouvoir être aux normes internationales en la matière, il faut mettre en place un système ouvert, égalitaire, efficient et coopératif d’apprentissage tout au long de la vie.
Les universités populaires y contribuent en développant leur propre potentiel et en améliorant leurs ressources. Leurs activités sont tributaires d’un financement fiable. Il est toutefois aussi nécessaire que le gouvernement, les länder et les communes financent davantage l’éducation permanente publique. Ils sont dans l’obligation de veiller à cela pour que l’objectif d’un apprentissage tout au long de la vie pour tous ne reste pas un vain discours politique.