Werner Mauch
Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie Allemagne
Coauteurs :
Shermaine Barrett (université de technologie, Jamaïque),
Per Paludan Hansen (Association danoise d’éducation des adultes, Danemark),
Johanni Larjanko (Bildningsalliansen, Finlande),
Ruth Sarrazin (DVV International, Allemagne) et
Meenu Vadera (fondation Azad, Inde)
Résumé – Qu’entend-on par professionnalisation dans le domaine de l’apprentissage et de l’éducation des adultes ? Comment y parvenir ? Pourquoi est-elle importante ? Ces questions sont aussi vieilles que l’éducation des adultes. Elles sont aussi le sujet de ce numéro d’Éducation des adultes et développement (EAD). Dans cet article introductif, plusieurs membres du comité de rédaction d’EAD répondent ensemble à une question complexe et toujours d’actualité : qu’est-ce qu’un bon éducateur d’adultes ? Pour nous, l’éducateur d’adultes est un acteur décisif qui assume des responsabilités multiples. Cependant, il ou elle est tout d’abord responsable de la qualité des processus d’enseignement/ d’apprentissage, et de leurs résultats. Pour saisir cette complexité, nous examinerons un certain nombre de points que nous avons abordés lors de la réunion du comité de rédaction en 2019 : la logique globale de la professionnalisation (quoi ?), le profil de l’éducateur d’adultes professionnel (qui ?), sa motivation (pourquoi ?) et, enfin, les méthodes de formation des éducateurs d’adultes (comment ?).
Il est de plus en plus généralement admis que l’apprentissage tout au long de la vie est la philosophie, le cadre conceptuel et le principe organisateur à la base de toutes les formes d’éducation. Il repose sur des valeurs inclusives, émancipatrices, humanistes et démocratiques. Le concept consistant à apprendre pour développer le pouvoir d’agir est un élément central pour gérer les mutations rapides et les défis auxquels nos sociétés sont confrontées. Étant donné que nous sommes adultes durant la majeure partie de la vie, nous pouvons considérer que l’apprentissage et l’éducation des adultes sont l’élément qui dure le plus longtemps dans l’apprentissage tout au long de la vie. Il est nécessaire pour l’existence d’une société démocratique, juste, inclusive et durable. En tant que tel, il aide à développer des valeurs comme l’apprentissage de la vie en communauté, la paix et la tolérance, et c’est aussi un outil décisif pour la prévention de l’extrémisme et la promotion de la citoyenneté active. L’apprentissage et l’éducation des adultes sont indispensables pour atteindre tous les Objectifs de développement durable (ODD) du Programme de développement durable à l’horizon 2010 et nombre de leurs cibles.1 De plus, l’ODD 4 qui consiste à « assurer l’accès de tous à une éducation de qualité inclusive, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie » fait explicitement état de l’apprentissage tout au long de la vie en tant que domaine pratique et comprend implicitement les apprenants adultes comme l’un des principaux groupes cibles de l’éducation.
L’éducation des adultes a pour objectif de transmettre du savoir, des compétences et des aptitudes pour vaincre l’exclusion sociale et permettre à tous les adultes, de différents groupes cibles et avec des besoins divers au sein de nos différentes sociétés, de participer. Pour réussir, nous avons besoin d’agents responsables qui organisent et « gèrent » les processus de transmission. Il nous faut du « personnel bien qualifié en matière d’éducation des adultes » (Jütte, Lattke 2014 : 8). L’éducateur d’adultes doit soutenir le développement et la « mise à jour » d’aptitudes répondant aux besoins actuels et futurs de nos sociétés. Il peut s’agir d’aptitudes fondamentales telles que la littératie, la citoyenneté active ou des aptitudes professionnelles. Il s’agit également de compétences permettant de répondre à des questions dans un vaste ensemble de domaines comme, entre autres, la santé, l’environnement ou encore les TIC. Aussi, il existe tout un éventail de cours destinés à des adultes comme, par exemple, des cours d’apprentissage d’aptitudes de base, des programmes de la seconde chance pour les décrocheurs scolaires, des cours de langues pour les migrants et les réfugiés, des offres de formation pour les demandeurs d’emploi, des cours de numérique, des formations professionnelles pour les travailleurs, etc. Ce sont toutefois non seulement les éducateurs d’adultes professionnels qui gèreront l’enseignement/l’apprentissage dans les programmes et les cours, mais qui veilleront aussi à ce que des programmes et cours de ce type soient réellement proposés par un vaste ensemble de prestataires. Les éducateurs d’adultes aident les politiques à définir l’ensemble du champ pratique. Enfin, n’oublions surtout pas que la professionnalisation devrait conduire à consolider la pratique éducative en réfléchissant sur la pratique, par exemple la recherche, et en entretenant des organismes adaptés à cette fin.
La pratique de l’apprentissage et de l’éducation des adultes est liée dans beaucoup d’endroits à des processus de développement du pouvoir d’agir destinés à aider les gens à vaincre des situations dans lesquelles ils sont défavorisés. Il existe souvent des liens étroits entre les organisations d’apprentissage et d’éducation des adultes et les acteurs de la société civile qui cherchent à changer les conditions de vie d’un vaste éventail de groupes cibles. La professionnalisation devrait aider les éducateurs d’adultes à jouer ce rôle efficacement et à prendre ainsi eux-mêmes conscience de leur rôle et de leurs capacités en tant qu’agents du changement, qui sont en même temps capables de faire prendre conscience à d’autres personnes des circonstances et possibilités de résistance et de changement (conscientisation). Ils devraient eux-mêmes également obéir aux principes de la non-discrimination.
La professionnalisation consiste par conséquent à créer les conditions nécessaires à une pratique de qualité reposant sur des concepts appropriés, idéalement dans un cadre politique propice. De telles politiques devront se pencher sur les structures institutionnelles nécessaires. L’enseignement supérieur jouera un rôle essentiel pour favoriser le développement et la recherche conceptuels dans le domaine de l’apprentissage/de l’éducation des adultes, tout en assurant que le lien avec la pratique de l’enseignement et l’apprentissage demeure vivant.
Ce lien sera utile tant pour la formation initiale que pour la formation continue des éducateurs d’adultes. Il est essentiel de disposer de critères sans ambiguïté pour gérer ces deux filières de formation. Ce lien étroit entre le développement/la recherche conceptuels et la pratique de l’apprentissage et de l’éducation des adultes, produisant des conditions favorables à la création de capacités, est d’une importance capitale pour le champ tout entier de la professionnalisation de l’apprentissage et de l’éducation des adultes.
On ne peut pas répondre à la question de savoir qui est l’éducateur d’adultes sans reconnaître la diversité des contextes dans lesquels se déroule l’éducation des adultes.
L’inégalité n’existe pas seulement dans les pays et entre eux. S’il est vrai que les revenus sont un facteur d’inégalité, le genre, l’appartenance ethnique, la religion, la sexualité et d’autres caractéristiques rendent les personnes touchées par de multiples inégalités plus vulnérables que d’autres. Les catastrophes naturelles (sécheresses, inondations, raz-de-marée et tremblements de terre) exacerbent ces inégalités. Les conflits d’ordre ethnique, racial ou religieux ainsi que les tensions politiques et les problèmes économiques ont produit un nombre toujours croissant de migrants (qui, selon le rapport des Nations unies sur la migration internationale, sont passés de 173 millions en 2000 à 258 millions en 2017). C’est dans ce contexte hétérogène d’inégalités des chances, résultant des catastrophes, des conflits et de la migration, pour ne citer que quelques causes, que nous cherchons à définir et à comprendre qui est l’éducateur d’adultes.
Les expériences d’enseignement en matière d’éducation des adultes sont par conséquent complexes et présentent de nombreuses facettes. L’enseignement se déroule dans les secteurs à but non lucratif, privé et public, dans des cadres formels, non formels et informels. Il est virtuel ou en face-à-face, et organisé à différents niveaux présentant de l’intérêt pour l’apprenant. Le groupe cible est vaste et comprend de jeunes adultes, des adultes plus âgés, des retraités, des handicapés, des personnes qui ont des besoins particuliers, des réfugiés, des travailleurs et des membres de la communauté.
Dès lors, il n’est pas surprenant que les éducateurs d’adultes aient des pratiques, des points de vue philosophiques ainsi que des convictions et sentiments différents quant au but recherché par l’éducation des adultes. Au lieu de discuter d’un ensemble de préceptes pour déterminer qui est l’éducateur d’adultes, concentrons-nous plutôt sur les idées générales qui s’appliquent largement à ce domaine : l’éducateur d’adultes est quelqu’un qui travaille avec des adultes, des personnes qui ont dépassé l’âge de la scolarité obligatoire, dans le but d’enseigner. Nous parlons d’une relation dont l’objectif est d’aider à améliorer les capacités d’une personne adulte ou d’un groupe d’adultes. Toutefois, l’éducateur d’adultes est certes par-dessus tout quelqu’un qui facilite l’apprentissage et le changement pour l’apprenant, mais c’est aussi une personne consciente de son apprentissage et de son développement intérieurs, et de la façon dont ceux-ci influent sur son travail.
Les éducateurs d’adultes sont par conséquent désignés par des noms différents en fonction du cadre dans lequel ils évoluent. Si vous êtes éducateur d’adultes, les appellations suivantes pourront s’appliquer à vous : professeur, formateur, tuteur, coach, instructeur ou agent de développement, pour n’en citer que quelques-unes.
Pour comprendre la raison pour laquelle quelqu’un devient éducateur d’adultes, nous devons nous pencher sur la motivation personnelle et le contexte. Certaines personnes y voient une profession comme n’importe quelle autre. La raison est d’avoir du travail pour gagner sa vie. Il se peut qu’il y ait d’autres raisons, mais elles sont secondaires, ce qui est peut-être plus courant que nulle part ailleurs là où il existe des organismes d’éducation des adultes bien établis.
Il y a aussi des gens pour lesquels l’éducation des adultes est une vocation, un appel intérieur profond et d’une grande portée. Ces personnes s’intéressent moins à leur salaire, à leur carrière ou leur statut. Certaines personnes sont parfois même des éducateurs d’adultes sans le savoir. À notre époque, nombre de blogueurs, de youtubeurs et d’influenceurs sur les réseaux sociaux peuvent très bien agir comme des éducateurs d’adultes sans en être conscients. Il existe sans aucun doute de nombreuses autres raisons, mais contentons-nous de cet échantillon.
Les éducateurs d’adultes sont enracinés dans leurs propres contextes socioculturels et systèmes d’éducation des adultes. Si nous ne comprenons pas cela, nous risquons d’examiner la question de la professionnalisation uniquement par notre propre lorgnette. Par exemple, certains d’entre nous peuvent penser que la formation professionnelle est la meilleure (si ce n’est la seule) façon de professionnaliser le secteur. Ce point de vue privilégie peut-être la connaissance d’un sujet par rapport à d’autres compétences (douces). Toutefois, même si nous sommes tous d’accord pour dire que la connaissance d’un sujet est importante, elle ne mène pas très loin sans engagement personnel de la part de l’enseignant. Il y a beaucoup d’éducateurs d’adultes particulièrement dévoués à leur travail. C’est quelque-chose qui ne s’apprend pas en classe, ça doit venir d’ailleurs.
Dans ce numéro d’EAD, nous avons tenté de fournir des exemples d’éducateurs d’adultes dans différents contextes en présentant une série de portraits d’enseignants. Nombre d’entre nous gardent certainement un vif souvenir de leurs meilleurs professeurs. Cette partie est aussi un hommage aux éducateurs d’adultes du monde entier.
Le Cadre d’action de Belém, document rédigé au terme de la sixième Conférence internationale sur l’apprentissage et l’éducation des adultes (CONFINTEA VI) relève que la professionnalisation de l’éducation des adultes est un des principaux défis pour le secteur et fait remarquer que : « Le manque de possibilités de professionnalisation et de formation des éducateurs a eu des effets négatifs sur la qualité des services d’apprentissage et d’éducation des adultes (…) » (Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL) 2010 : 24).
Avant de creuser la question de savoir comment devenir un bon éducateur d’adultes, nous présenterons quelques faits susceptibles de fournir une idée globale de la professionnalisation des éducateurs d’adultes. Selon le troisième Rapport mondial sur l’apprentissage et l’éducation des adultes (GRALE III), 81 % des 134 pays interrogés en 2016 ont répondu qu’il existait chez eux des programmes d’éducation et de formation initiales et préalables à l’emploi pour les éducateurs d’adultes et les animateurs (Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL) 2016 : 58) Le GRALE III montre aussi que moins de la moitié (46 %) des 134 pays répondants déclaraient qu’il fallait être qualifié avant de pouvoir enseigner dans des programmes d’apprentissage et d’éducation des adultes. Ils étaient 39 % à déclarer que les éducateurs d’adultes n’étaient pas toujours tenus de posséder des qualifications préalables pour enseigner dans des programmes d’apprentissage et d’éducation des adultes tandis que 15 % n’exigeaient pas de qualifications pour ce type de programmes.
Le bilan à mi-parcours de la CONFINTEA VI indiquait toutefois en 2017 que malgré la croissance du secteur de l’éducation et de la formation continue en cours d’emploi pour les praticiens, les capacités étaient inadéquates dans 61 % des pays (Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL) 2017 : 7). Par exemple, 56 % des pays d’Europe et d’Amérique du Nord indiquaient qu’il existait des programmes d’éducation et de formation continues en cours d’emploi pour les enseignants du secteur de l’apprentissage et de l’éducation des adultes, mais que leurs capacités n’étaient pas adaptées. Seuls 28 % des répondants déclaraient que la formation était suffisante. En outre, des études continuent de montrer que le personnel de l’apprentissage et de l’éducation des adultes travaille dans des conditions précaires avec des contrats à temps partiels ; la non-rémunération des heures supplémentaires étant relativement courante dans ce secteur. Enfin, deux consultations organisées en 2016 dans la région ont révélé que les enseignants du secteur de l’apprentissage et de l’éducation des adultes avaient souvent le sentiment que leur avis n’était pas pris en compte au plan politique (Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL) 2017 : 27).
Alors que nombre de pays continuent de s’appuyer sur des éducateurs non professionnels, certains travaillent avec des bénévoles formés pour cela. Généralement, des entités gouvernementales exercent la plus haute influence sur la formation des éducateurs d’adultes, tant en ce qui concerne la formation initiale de ces derniers que durant les phases ultérieures de leur parcours professionnel. Les raisons pour lesquelles une formation est inadéquate tiennent souvent de la façon dont le secteur est structuré et rendu fonctionnel. L’apprentissage et l’éducation des adultes sont encore perçus dans de nombreux pays comme un projet limité dans le temps. Dans certains pays, dans ce secteur, des fonctionnaires de terrain composent un personnel de formation relativement stable, dans d’autres, ils travaillent comme bénévoles et reçoivent une aide financière symbolique, tandis que dans d’autres encore, ils sont essentiellement employés par des ONG qui mettent en œuvre des programmes d’apprentissage et d’éducation des adultes. Il n’est pas rare dans des pays avec des taux d’analphabétisme élevés que des membres de la communauté peu instruits se chargent de l’enseignement de leurs concitoyens. Étant donné qu’un certain nombre d’ONG sont impliquées dans la mise en œuvre de programmes d’apprentissage et d’éducation des adultes, il ne paraît pas raisonnable de préconiser un ensemble de qualifications d’admission pour tous les programmes et dans tous les contextes. Cette situation nécessite des approches innovantes, qui répondent aux exigences de qualité et d’équité. De ce fait, le statut, les conditions de travail et la rémunération du personnel de l’éducation des adultes restent invariablement inférieurs à ceux du personnel travaillant dans d’autres secteurs de l’éducation (Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL) 2017 : 20).
Comme nous l’avons déjà fait remarquer, les éducateurs d’adultes ne sont pas toujours tenus de posséder des qualifications pour enseigner, ce qui est dû en partie au peu de possibilités de formation qui leur sont offertes.
Penchons-nous sur quelques exemples de bonnes pratiques. Le gouvernement de la République de Corée a créé le système de l’éducateur pour l’apprentissage tout au long de la vie, un système national de certification pour les éducateurs professionnels travaillant dans le secteur de l’apprentissage tout au long de la vie, et qui vise à garantir un enseignement et un apprentissage de haute qualité. L’article 24 de la loi sur l’éducation tout au long de la vie définit l’éducateur chargé de l’apprentissage tout au long de la vie comme « un spécialiste de terrain chargé de gérer l’ensemble du processus d’apprentissage tout au long de la vie, de la planification du programme à sa mise en œuvre, en passant par son analyse, son évaluation et son enseignement. » Pour recevoir une certification en tant qu’éducateur pour l’apprentissage tout au long de la vie, il faut obtenir un certain nombre d’unités de valeur dans une discipline apparentée dans une université ou un établissement d’enseignement supérieur, ou suivre les formations dispensées dans des établissements désignés. En outre, la loi sur l’éducation tout au long de la vie prévoit « le recrutement et l’embauche d’éducateurs pour l’apprentissage tout au long de la vie », ce qui oblige les instituts municipaux et provinciaux d’éducation tout au long de la vie ainsi que les centres d’apprentissage tout au long de la vie dans les villes, les comtés et les villages à employer des éducateurs pour l’apprentissage tout au long de la vie. Il est aussi recommandé aux écoles et aux maternelles qui mettent en œuvre des programmes d’apprentissage tout au long de la vie d’embaucher des éducateurs pour l’apprentissage tout au long de la vie (ministère sud-coréen de l’Éducation, des Sciences et de la Technologie) (Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL) 2016 : 58). L’Afrique du Sud a déclaré que son gouvernement avait conclu des contrats de courte durée avec des diplômés au chômage et de jeunes titulaires du certificat de fin d’études secondaires pour alphabétiser des adultes et leur enseigner des compétences de base, ce qui atteste du manque d’enseignants qualifiés dans le secteur de l’apprentissage et de l’éducation des adultes. Il est à souligner que les qualifications à elles seules ne suffisent pas à garantir le professionnalisme des éducateurs d’adultes, ce professionnalisme passant aussi par une offre de formation initiale et continue, la sécurité de l’emploi, une rémunération équitable, des possibilités d’évolution professionnelle et la reconnaissance de la qualité du travail fourni pour réduire les écarts d’instruction au sein de la population adulte (Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL) 2016 : 59).
La qualité des programmes d’apprentissage et d’éducation des adultes s’améliore automatiquement si l’on offre une formation de haute qualité aux éducateurs d’adultes en leur proposant des programmes d’éducation et de formation préalablement à l’embauche, en exigeant d’eux qu’ils possèdent des qualifications initiales et en leur proposant des programmes d’éducation et de formation en cours d’emploi. Fournir une formation initiale ne devrait pas être uniquement associé à une offre formelle d’apprentissage et d’éducation des adultes. Les éducateurs et les animateurs doivent bénéficier d’une formation initiale et continue, même si l’offre d’apprentissage et de formation des adultes se déroule dans un cadre non formel (Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL) 2016 : 58). Globalement, il faut des programmes d’enseignement de haute qualité pour former des éducateurs d’adultes.
Un programme d’enseignement représente un choix conscient et systématique de connaissances, d’aptitudes et de valeurs qui influent sur la façon dont s’organisent l’enseignement, l’apprentissage et l’évaluation. Il faut pour cela par exemple se demander ce qu’il faut apprendre ainsi que quand et comment apprendre pour devenir un bon éducateur d’adultes. Toutefois, par rapport aux programmes qui s’adressent aux enseignants du primaire et du secondaire, rares sont les lignes directrices pour les programmes d’enseignement destinés aux éducateurs d’adultes.
Le bilan de mi-parcours de la CONFINTEA VI montre que pour garantir la qualité des programmes de formation des alphabétiseurs, certains pays (p. ex. l’Indonésie et le Népal) ont développé un programme standard destiné aux éducateurs d’adultes, qu’ils peuvent adapter aux besoins locaux. Ailleurs, par exemple en Nouvelle-Zélande ou en Australie, des universités et autres établissements de recherche en éducation, prennent part à la formation et au développement professionnel des éducateurs d’adultes.
DVV International et l’Institut allemand pour l’éducation des adultes (Deutsches Institut für Erwachsenenbildung – DIE) ont élaboré un programme de base pour les éducateurs d’adultes, le Curriculum globALE, un exemple de pratique recommandable visant la professionnalisation des éducateurs d’adultes dans le monde entier (DVV International, DIE 2015). Il suit l’approche des droits humains en tenant compte du fait que l’apprentissage et l’éducation des adultes est une des conditions sine qua non pour qu’une personne puisse réaliser son droit à l’épanouissement personnel et exploiter pleinement son potentiel. Tout en décrivant les compétences requises pour diriger des cours avec succès, il prend aussi en compte toute une variété de cadres, contextes et attentes éducatives. Dans ce numéro, nous présentons un exemple qui illustre la façon dont le programme a été adapté au Laos.
Ainsi prend fin notre présentation de ce numéro. Veuillez poursuivre votre lecture pour en savoir davantage et approfondir la question. Nous avons réuni ces articles dans l’idée de vous soutenir, en votre qualité d’éducateurs d’adultes, dans votre propre parcours d’apprentissage.
1 / Nations unies (2015), présentation complète sur https://www.un.org/sustainabledevelopment/development-agenda/
Quality in the Adult Learning Sector. Zoetermeer : Panteia.
DVV International, DIE (2015) : Curriculum globALE. 2e édition. https://www.dvv-international.de/fr/publications/curriculum-globale/
Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL) (2010) : Cadre d’action de Belém : Exploiter le pouvoir et le potentiel de l’apprentissage et de l’éducation des adultes pour un avenir viable. https://bit.ly/2LKmc0H
Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL) (2016) : 3e Rapport mondial sur l’apprentissage et l’éducation des adultes (GRALE III) : L’impact de l’apprentissage et l’éducation des adultes sur la santé et le bien-être, l’emploi et le marché du travail, et la vie sociale, civique et communautaire. https://bit.ly/30ke1w6
Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL) (2017) : CONFINTEA VI bilan à mi-parcours 2017 : Progrès, défis et opportunités : le statut de l’apprentissage et l’éducation des adultes ; Synthèse des rapports régionaux. https://bit.ly/2LOnpE7
Jütte, W. ; Lattke, S. (2014) : International and comparative perspectives in the field of professionalisation. Dans : Jütte, W. ; Lattke, S. (éds.) : Professionalisation of Adult Educators. International and Comparative Perspectives. Francfort-sur-le-Main : Peter Lang.
Nations unies (2015) : Transformer notre monde : le Programme de développement durable à l’horizon 2030. New York : Nations unies. https://bit.ly/2wNGf3t