En 2004–2005, il fut décidé dans le cadre de la Campagne mondiale pour l’éducation (CME) de réaliser une étude sur les programmes de qualité d’alphabétisation des adultes afin d’élaborer un ensemble crédible, internationalement utilisable, de points de référence pour l’alphabétisation des adultes. Cette opération était prévue de manière à coïncider avec la parution du Rapport mondial de suivi sur l’EPT concernant l’alphabétisation des adultes – et ActionAid et la CME obtinrent des fonds de l’UNESCO pour réaliser cette tâche. Une étude principale fut entreprise pour tirer des enseignements de programmes d’alphabétisation couronnés de succès, et l’analyse de ses résultats conduisit à l’élaboration de douze points de référence, essentiels pour mener efficacement des programmes d’alphabétisation des adultes. Ils furent publiés en 2006 dans un rapport intitulé «Writing the Wrongs: International Benchmarks on Adult Literacy» qui parut aussi en français (sous le titre «Corriger les erreurs: normes internationales de l’alphabétisation des adultes») et en espagnol, et fut largement diffusé. Des lancements nationaux de ce rapport furent organisés dans plus de trente pays par la CME, ActionAid, l’ANCEFA (Campagne du réseau africain pour l’EPT), l’ASPBAE (Bureau Asie-Pacifique Sud d’éducation des adultes) et la CLADE (Campagne latino-américaine pour le droit à l’éducation).

En 2007, un atelier international de haut niveau fut organisé au Nigeria par le ministère de l’Éducation et ActionAid. Y participèrent des ministres, des secrétaires d’États, des directeurs de programmes nationaux d’alphabétisation, des bailleurs de fonds et des activistes de la société civile venus de vingt pays. Cet atelier produisit l’Appel à l’action d’Abuja, qui a largement été suivi. Durant le restant de l’année 2007, les Points de référence de l’alphabétisation et l’Appel à l’action gagnèrent en importance, servant de référence lors des réunions régionales de la Décennie des Nations unies pour l’alphabétisation qui se tinrent à Doha, Pékin, Bamako et Delhi. Cet élan continue de se maintenir en 2008, les Points de référence étant à présent reconnus par le CIEA (Conseil international pour l’éducation des adultes) qui les considère comme un élément de base essentiel dans la structure de la CONFINTEA qui se tiendra en mai 2009 au Brésil. Ce numéro spécial d’Éducation des adultes et développement présente un ensemble d’articles analysant les Points de référence de l’alphabétisation et l’Appel à l’action d’Abuja. Sa publication est programmée spécialement pour alimenter les réunions régionales de préparation à la CONFINTEA.

Atelier Reflect au village de Munigi, Goma Source: Kate Holt/Eyevine/ActionAid

L’idée de départ d’élaborer les Points de référence pour l’alphabétisation des adultes est venue du cadre et des normes de l’Initiative Fast Track de mise en œuvre accélérée du programme d’EPT – qui, certes, avait eu de l’influence sur les bailleurs de fonds de l’éducation, mais était exclusivement polarisée sur l’enseignement primaire. ActionAid voulait réaliser la même chose pour l’éducation des adultes

  

 

Atelier Reflect au village de Munigi, Goma Source: Kate Holt/Eyevine/ActionAid

 

Le développement des Points de référence

There were four key moments in the process of developing the benchmarks:

  1. Il y a eu quatre moments essentiels dans le développement des Points de référence:
    1. En novembre 2004, quelque 100 informateurs clés issus de gouvernements, de bailleurs de fonds, d’ONG et du monde universitaire firent un relevé, dans le monde entier, de programmes d’alphabétisation des adultes de bonne qualité – notamment de programmes ciblant des personnes de plus de 15 ans.
  2. Il fut ensuite demandé aux programmes cités de remplir un questionnaire détaillé afin que nous puissions nous faire une idée des approches employées et des défis auxquels ils se trouvaient confrontés. Nous reçûmes des réponses de 67 programmes d’alphabétisation de 35 pays, touchant ensemble plus de quatre millions d’apprenants.
  3. Un groupe de 10 «spécialistes» se réunit ensuite dans le cadre d’un atelier à Londres pour analyser les résultats et dresser à partir de cela une liste de points de référence à proposer.
  4. Ces points de référence furent ensuite soumis à tous les répondants afin qu’ils les examinent et émettent des commentaires. Ils furent ensuite remaniés une dernière fois sur la base des réponses de 142 répondants de 47 pays. Ces répondants étaient originaires de pays aussi différents que la Chine, le Brésil, le Pérou, le Guatemala, le Nigeria, le Ghana, la Namibie et l’Irlande. Il s’agissait d’un vaste ensemble de personnes clés issues d’organisations multilatérales et bilatérales, d’ONG internationales et nationales, de mouvements sociaux et du monde universitaire.
  5. Cette démarche permit de produire un ensemble de 12 points de référence simples. Ils étaient conçus pour aider les gouvernements impliqués dans le développement de programmes d’alphabétisation des adultes. En eux-mêmes, ils ne visaient ni à convertir ni à convaincre des sceptiques – même si nous espérions qu’ils fissent passer le message de l’importance d’investir dans l’éducation des adultes. Leur but premier consistait néanmoins à offrir un cadre au débat politique. Ils abordaient avec concision des sujets critiques à envisager pour la conception de programmes d’alphabétisation des adultes. Nous pensions aussi que les Points de référence pourraient aussi servir de liste de vérification sur la base de laquelle des gouvernements ou bailleurs de fonds pourraient se renseigner au sujet de programmes existants ou nouveaux.

Nous exprimâmes très clairement que nous n’attendions pas que les Points de référence fussent utilisés sous forme de conditions imposées aux programmes.

«Il ne faut pas les utiliser pour restreindre ou limiter des programmes. Certains facteurs contextuels peuvent justifier que l’on s’éloigne de ces points de référence. Notre intention est d’assurer que de tels facteurs contextuels soient clairement désignés dans un dialogue basé au départ sur ces points de référence. Ces derniers ne constituent pas en eux-mêmes un but final. Ceci est particulièrement important dans le contexte d’un secteur comme l’alphabétisation des adultes où la flexibilité est souvent essentielle et où la standardisation peut poser un problème. C’est justement peutêtre cette crainte qui a auparavant empêché la mise en œuvre de ce type de pratique.»1

Visite sur le terrain pour les participants à l’atelier d’Abuja: cercle Reflect près d’Abuja Source: ActionAid

Visite sur le terrain pour les participants à l’atelier d’Abuja: cercle Reflect près d’Abuja Source: ActionAid

Les Points de référence furent publiés dans un rapport de la Campagne mondiale pour l’éducation, intitulé Writing the Wrongs (Corriger une injustice) (cf. www.actionaid.org ou www.campaignforeducation.org) qui expliquait en détail leur développement et exprimait
clairement la logique sous-tendant chacun d’eux en se basant sur des statistiques de l’enquête, sur des exemples et des citations des répondants. Les Points de référence figuraient dans l’édition 2006 du Rapport mondial de suivi sur l’EPT – quoiqu’à notre avis

ils eussent été quelque peu perdus dans une publication de cette ampleur. Il existait un net contraste entre le Rapport mondial de suivi et le rapport de la Campagne mondiale pour l’éducation. Le premier fournissait sans aucun doute une analyse complète du secteur de l’alphabétisation des adultes, mais n’était pas un ouvrage dont on pouvait attendre de façon réaliste qu’il fût lu par les politiciens ou les praticiens: il n’était pas convivial. Le rapport de la CME était court, et les Points de référence qui y étaient présentés sur une seule page pouvaient être utilisés dans la pratique pour stimuler le débat et la réflexion.

Initialement publié en anglais, Writing the Wrongs fut par la suite traduit en français et en espagnol, et accompagné à chaque fois par un simple poster sur lequel figuraient les Points de référence. Il fut largement distribué. Par l’intermédiaire des coalitions nationales et régionales de l’éducation affiliées à la CME, les Points de référence furent introduits dans une vingtaine de pays en 2006 et dans de nombreux autres en 2007.

Toutefois, il y a des limites à la mesure dans laquelle un document, puisse-t-il s’agir d’une liste de simples points de référence, peut être assimilé par des ministères de l’Éducation sans pression constante. Toutefois, les ministères étaient justement la cible principale, car les Points de référence appelaient les gouvernements à assumer la responsabilité de l’alphabétisation des adultes. Pour cette raison, nous organisâmes en février 2007, à Abuja, un grand atelier international sur les Points de référence. En vue de cela, de nouvelles recherches furent demandées par le Vietnam et la Tanzanie pour analyser leurs programmes d’alphabétisation à la lumière des Points de référence et montrer comment ces derniers pourraient être utilisés dans la pratique.

Soixante participants de vingt-quatre pays se rendirent à l’atelier d’Abuja, y compris des ministres de l’Éducation, des secrétaires d’État, des directeurs et administrateurs de programmes nationaux d’alphabétisation, des fonctionnaires des Nations unies, des bailleurs de fonds et des organisations de la société civile. Au bout de quatre jours, les participants adhéraient tous à l’idée de «corriger les erreurs» dans le domaine de l’alphabétisation des adultes. Ils élaborèrent un Appel à l’action aux niveaux national et international. Au plan national, ils demandèrent la mise en œuvre de nouvelles enquêtes sur l’alphabétisation, afin de révéler l’ampleur du défi qu’elle constitue; des dossiers nationaux, pour démontrer les bienfaits de l’alphabétisation; un nouveau dialogue national sur les politiques et pratiques d’alphabétisation, en se basant sur les Points de référence internationaux et l’incorporation de l’éducation des adultes dans les plans du secteur de l’éducation, notamment dans ceux relevant de l’Initiative Fast Track pour la mise en œuvre accélérée du programme d’EPT. Ils lancèrent des appels à l’action à l’endroit de l’UNESCO, de la Banque mondiale, de l’Initiative Fast Track, du FMI, des bailleurs de fonds et d’autres intervenants.

Les participants à l’atelier d’Abuja se sont engagés à organiser un atelier de suivi en maintenant la pression à tous les niveaux. Tout ceci a contribué à consolider la position qu’occupent les Points de référence aux plans international et national. De nouvelles idées sont depuis venues enrichir les Points de référence à l’occasion de grandes rencontres internationales, y compris lors des réunions ministérielles régionales qui se sont déroulées dans le cadre de la Décennie des Nations unies pour l’alphabétisation.

Il reste encore beaucoup à faire, mais il est clair que les Points de référence ont aidé à redonner de l’élan au dialogue sur l’alphabétisation des adultes dans de nombreux domaines où on lui avait accordé peu d’attention de nombreuses années durant. Et nous voyons actuellement de nouveaux fonds affluer. En mai 2007, l’Initiative Fast Track a approuvé un plan pour tout le secteur de l’éducation au Bénin – le premier qu’elle ait jamais approuvé qui inclue un investissement conséquent dans l’alphabétisation des adultes. Dans tous les pays développant des plans devant être approuvés par l’Initiative Fast Track, nous préconisons l’idée selon laquelle ces plans peuvent et doivent inclure l’alphabétisation des adultes. Au bout du compte, nous connaîtrons peut-être un revirement de la situation par rapport aux décennies durant lesquelles les investissements dans l’alphabétisation des adultes furent très maigres et une reconnaissance du rôle crucial de l’alphabétisation des adultes pour le développement humain.

Notes

1 Corriger une Injustice, p. 3.

Éducation des Adultes et Développement
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