Le Dr Fasil Jalal et Nina Sardjunani fournissent une vue dé taillée des activités et mesures destinées à améliorer le taux d'alphabétisation en Indonésie afin d'atteindre les objectifs formulés à Dakar. De nombreux diagrammes et chiffres concrets illustrent la situation dans ce pays. Le Dr Fasli Jalal est actuellement directeur général de l'Éducation non formelle et de la Jeunesse au ministère de l'Éducation nationale en Indonésie. Il a représenté ce pays à l'occasion de nombreuses conférences et est l'auteur d'ouvrages et d'articles sur la politique de l'éducation. Nina Sardjunani travaille pour le directorat de l'Éducation et des Affaires religieuses de l'Agence nationale pour la planification du développement en Indonésie.
La Convention de Dakar fait essentiellement référence à «l'augmentation de cinquante pour cent du pourcentage d'adultes alphabétisés, en particulier celui des femmes, d'ici 2015». Étant donné que le taux d'alphabétisation en Indonésie s'élevait approximativement à 89,51 pour cent en 2002, l'objectif que nous venons de citer a été reformulé comme suit: «réussir d'ici 2015 à réduire de cinquante pour cent le nombre des adultes illettrés de 15ansetplus». L'objectif de départ pour 2015 consistait par conséquent à atteindre un taux d'analphabétisme de cinq pour cent. Néanmoins, le nouveau gouvernement insiste pour accélérer le processus de réduction du taux d'analphabétisme, qui s'élevait à 10,12 pour cent en 2003, de manière à ce qu'il atteigne les cinq pour cent en 2009. Le gouvernement pense que l'alphabétisation joue un rôle essentiel dans l'amélioration des conditions de vie des gens du fait qu'elle favorise la sécurité économique et la santé, et qu'elle enrichit les sociétés en créant un capital humain propice à l'épanouissement de l'identité culturelle et de la tolérance, et à la promotion de la participation civique.
Accroître le taux d'alphabétisation chez les adultes est un moyen d'améliorer en Indonésie la qualité des ressources humaines évaluables au plan international au moyen de l'indice de développement humain (IDH). Bien que l'IDH ait progressé en Indonésie, passant de 0,619 en 1990 à 0,692 en 2002, il reste plus faible que celui des pays limitrophes (diagramme 1 ). Accroître le pourcentage des adultes alphabétisés pour le faire passer à quatre-vingt-quinze pour cent en 2009, permettra à l'Indonésie de faire sensiblement progresser son IDH. En 2002, le taux d'alphabétisation des adultes s'élevait à 87,9 pour cent, un pourcentage inférieur à celui obtenu en Thaïlande, en Malaisie, aux Philippines et au Vietnam.
Diagramme 1: évolution de l'HDI dans plusieurs pays d'Asie, 1990-2002
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Source: Rapport sur le développement humain, 2004
Pour accélérer la réalisation de l'objectif dont il est ici question, le président indonésien a lancé le «Mouvement d'Alphabétisation» en décembre 2004. Celui-ci a pour but de promouvoir l'importance de l'alphabétisation et de rallier tous les dépositaires d'enjeux, à savoir les administrations locales, le parlement aux niveaux central, provincial et des districts, les organisations et leaders communautaires, et les chefs religieux. Atteindre les cinq pour cent d'analphabétisme en 2009 nécessite une réduction sensible du nombre d'analphabètes qui s'élevait approximativement à 15,4 millions en 2003 et devrait ainsi passer à 8,23 millions en 2009. Par conséquent, tous les dépositaires d'enjeux doivent unir leurs efforts pour assurer la réalisation de cet objectif.
Tableau 1: indice de développement humain dans plusieurs pays d'Asie, 2002
Pays | Espérance de vie (en années) | Taux d'alphabétisation des adultes (15 ans et plus) (en %) | Taux bruts combinés d'inscriptions du primaire à l'enseignement supérieur (%) | Parité du pouvoir d'achat (en USD) | IDH |
Japon | 81,5 | 99,0 | 84,0 | 26 940 | 0,938 |
Singapour | 78,0 | 92,5 | 87,0 | 24 040 | 0,902 |
Malaisie | 73,0 | 88,7 | 70,0 | 9 120 | 0,793 |
Thaïlande | 69,1 | 92,6 | 73,0 | 7 010 | 0,768 |
Philippines | 69,8 | 92,6 | 81,0 | 4 170 | 0,753 |
Chine | 70,9 | 90,9 | 68,0 | 4 580 | 0,745 |
Indonésie | 66,6 | 87,9 | 65,0 | 3 230 | 0,692 |
Vietnam | 69,0 | 90,3 | 64,0 | 2 300 | 0,691 |
Inde | 63,7 | 61,3 | 55,0 | 2 670 | 0,595 |
Source: Rapport sur le développement humain, 2004
Par conséquent, le programme d'alphabétisation est devenu l'une des priorités du développement de l'éducation, clairement mentionnée dans le plan de développement national à moyen terme (2004-2009). Le plan stratégique de réduction de la pauvreté tient compte lui aussi de l'important impact de l'alphabétisation sur la réduction de la pauvreté. Dans le contexte indonésien, l'alphabétisation est définie comme l'aptitude à lire et à retranscrire en écriture latine des phrases simples en indonésien.
Pour évaluer la mise en œuvre de l'alphabétisation, on utilise un indicateur correspondant à la proportion des personnes alphabétisées de quinze ans et plus par rapport au total de la population adulte (personnes âgées de quinze ans et plus).
FORMEL!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
On utilise également comme indicateur le taux d'analphabétisme. Celui-ci correspond à la proportion des personnes analphabètes dans une certaine tranche d'âge de la population. On peut calculer le taux d'analphabétisme en soustrayant le pourcentage des personnes alphabétisées (de 100 %).
FORMEL!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Avant 1993, on évaluait l'évolution de l'alphabétisation tous les dix ans en effectuant un recensement. Depuis 1993, ces informations sont recueillies tous les ans au moyen de la SUSENAS, l'enquête socio-économique nationale. Le bureau central des statistiques (BPS) se charge de réaliser cette étude dont le but est de fournir des informations sur les ressources humaines, en particulier d'un point de vue socio-économique. Pour vérifier la capacité des personnes interrogées à lire et à écrire, les enquêteurs leur demandent de lire un paragraphe simple et d'écrire quelques phrases, simples elles aussi, en indonésien.
L'enquête fournit des informations non seulement au plan national, mais aussi régional. En ce qui concerne les informations principales, l'enquête les recueille même au niveau des districts. Régulièrement réalisée entre janvier et mars, cette enquête permet de suivre l'évolution des tendances au fil des années. Les informations recueillies peuvent aussi être classées par catégories: population rurale et urbaine, sexe, tranches d'âge et dépenses des foyers. Ceci permet d'observer les décalages entre les groupes en ce qui concerne l'alphabétisation.
Diagramme 2: corrélation positive établie entre le taux d'alphabétisation chez les adultes et les dépenses par habitant, 2000
Source: informations tirées du National Human Development Report (Rapport national sur le développement humain), 2003
Un échantillon d'informations recueillies dans les provinces en 2002 indique que le niveau d'alphabétisation avait un lien positif avec la situation économique des communautés mesurée au moyen des dépenses par habitant (diagramme 2).
En outre, l'augmentation du taux d'alphabétisation chez les adultes a également un impact considérable sur l'espérance de vie (diagramme 3).
Pour expliquer l'amélioration de la mise en œuvre de l'alphabétisation jusqu'en 2002, nous pouvons renvoyer aux taux d'alphabétisation au sein de la population des personnes de dix ans et plus. Ces chiffres peuvent servir à illustrer que les programmes d'éducation comme, par exemple, le programme présidentiel d'assistance pour l'école primaire en 1974 ou encore le programme de six ans de scolarité obligatoire en 1984, ont en partie été à l'origine de cette progression.
Diagramme 3: corrélation positive établie entre le taux d'alphabétisation chez les adultes et l'espérance de vie dans les provinces
La baisse du taux d'analphabétisme au sein de la population des personnes âgées de dix ans et plus est présentée de façon plus détaillée dans la diagramme 4. Si nous divisons la durée totale en trois périodes, à savoir 1971-1980, 1980-1990 et 1990-2003, nous pouvons constater que les pourcentages d'alphabétisation ont considérablement augmenté de 1971 à 1980 et de 1980 à 1990. Cette croissance était vraisemblablement due à la mise en œuvre du programme présidentiel d'assistance pour l'école primaire (six ans) qui démarra en 1973/74, époque à laquelle le gouvernement créa des équipements et infrastructures scolaires à très vaste échelle, et qui fut suivie en 1984 par le lancement du programme de six ans de scolarité obligatoire. En 1968, le taux de scolarisation dans les écoles primaires s'élevait qu'à 41,4 pour cent. Toutefois, en 1973/74 (au terme du premier plan quinquennal de développement), il grimpa à 66,6 pour cent avant d'atteindre les 79,3 pour cent en 1978/79 (au terme du second plan quinquennal de développement), parallèlement à la mise en œuvre du programme présidentiel d'assistance pour l'école primaire.
Diagramme 4: taux d'analphabétisme au sein de la population des personnes âgées de dix ans et plus, 1971-2003
Étant donné que l'apprentissage de la lecture et de l'écriture se fait en général à l'école primaire, il est évident que l'augmentation du taux de scolarisation dans le primaire a joué un rôle important dans la progression de l'alphabétisation au sein de la population des personnes âgées de dix ans et plus; un fait que prouve la baisse spectaculaire du taux d'analphabétisme chez les jeunes de dix à quatorze ans (diagramme 5). Ce diagramme montre que le taux d'analphabétisme a considérablement baissé jusqu'à la fin des années quatre-vingt, époque à laquelle le taux de scolarisation au primaire avoisinait les cent pour cent. En outre, les écarts entre les personnes de sexes masculin et féminin quant au taux d'alphabétisation n'ont pas cessé de se résorber, une tendance due, entre autres, au nombre croissant de filles et de femmes ayant intégré le système d'éducation, en particulier dans les établissements du primaire.
Diagramme 5: taux d'analphabétisme au sein de la population des jeunes âgés de dix à quatorze ans, 1961-1994
En se basant sur les informations ci-dessus, on présume que le rythme lent de la baisse du taux d'analphabétisme depuis 1990 est dû à l'existence de noyaux durs au sein de la société. Ces noyaux durs se composent de personnes d'âge moyen et de personnes de quarante-cinq ans et plus, de handicapés et d'habitants de contrées reculées. Il est difficile d'offrir des services éducatifs à ces personnes-là, ce qui est dû tant à des facteurs internes, tels que le manque de motivation et d'aptitude à apprendre, qu'à des facteurs externes comme l'inefficacité de l'éducation formelle et non formelle, ou les offres d'alphabétisation limitées. Il est difficile d'alphabétiser des gens qui vivent dispersés dans des régions reculées alors que les cours d'alphabétisation se déroulent généralement en groupes. Un autre noyau dur se compose de personnes n'ayant pas encore pris conscience de l'importance de l'éducation en tant que voie d'accès à des compétences de base leur permettant d'améliorer leur existence au quotidien et d'être plus productives. Jusqu'en 2003,14,7 millions de personnes âgées de dix ans et plus n'avaient jamais ou pas encore suivi de scolarité. Même si ce chiffre était nettement inférieur à celui de 1990 (21,9 millions), il n'en restait pas moins extrêmement élevé si l'on considère que ces gens étaient des analphabètes potentiels. La plupart des personnes appartenant à ce groupe ne maîtrisent pas l'indonésien, la langue utilisée dans les écoles et dans l'administration.
L'Indonésie abrite huit cent vingt-quatre groupes ethniques1 dont la plupart parlent des langues locales différentes. Par conséquent, alphabétiser les gens qui ne parlent pas indonésien constitue un défi. Il est nécessaire de traduire les matériels d'enseignement et d'apprentissage, et les enseignants doivent apprendre les langues locales. En plus de cela, la distribution de matériels traduits n'est toujours pas appropriée.
La SUSENAS (enquête socio-économique nationale) révèle une amélioration du taux d'alphabétisation au sein de la population en Indonésie. Au niveau national, le taux d'alphabétisation est passé de 96,2 pour cent en 1990 à 98,7 pour cent en 2002 pour les personnes de quinze à vingt-quatre ans. Toutefois, le taux d'alphabétisation pour ce groupe de population a commencé à stagner à partir de 1998 en raison du fort pourcentage déjà atteint dans cette tranche d'âge. L'on suppose que les personnes qui restent analphabètes sont handicapées ou habitent dans des contrées reculées où les services d'éducation ne sont pas disponibles. Le taux d'alphabétisation au sein du groupe des jeunes s'est amélioré dans la mesure où la participation à l'éducation de base et le pourcentage des élèves ayant poursuivi leur scolarité jusqu'au terme du niveau CM2 dans des établissements primaires publics/islamiques ont progressé. Le pourcentage des élèves de CP ayant suivi une scolarité jusqu'à la fin du CM2 est passé de 74,7 pour cent en 1991 à 82,2 pour cent en 2002.
Tableau 2: nombre de personnes et pourcentage au sein de la population des personnes âgées de dix ans et plus, n'ayant jamais ou pas encore été scolarisées
Année | Population de personnes âgées de dix ans et plus | % | |
Population totale | N'ont jamais ou pas encore été scolarisées | ||
1971 | 80 507 076 | 32 515 992 | 40,39 |
1980 | 104 362 570 | 31 341 974 | 30,03 |
1990 | 135 039 581 | 22 952791 | 16,26 |
2000 | 159 032 694 | 15 362 558 | 9,66 |
2003 | 172 978 229 | 14 703 149 | 8,50 |
En outre, les informations sur l'alphabétisation recueillies en 1995, 1998 et 2002 dans le cadre des enquêtes nationales socio-économiques, détaillées sur la base de groupes déterminés en fonction des dépenses familiales et du lieu de résidence, révèlent que malgré l'augmentation du taux d'alphabétisation dans ces groupes, il existe encore des écarts entre les zones urbaines et rurales, entre les hommes et les femmes, et entre les pauvres et les riches.
Diagramme 6: évolution du taux d'alphabétisation au sein de la population des personnes âgées de quinze à vingt-quatre ans, 1990-2003
Le diagramme 7 montre que le taux d'alphabétisation dans les zones urbaines est généralement plus élevé dans les zones rurales. Néanmoins, il a augmenté simultanément dans les zones urbaines et rurales de 1995 à 2002. En 1995, le taux d'alphabétisation au sein de la population urbaine des personnes âgées de quinze à vingt-quatre ans atteignait 96,5 pour cent dans le groupe le plus pauvre et 99,3 pour cent dans le groupe le plus riche. En 1992, grâce à différents efforts, le taux d'alphabétisation au sein de la population dans cette tranche d'âge est passé à 97,9 pour cent dans le groupe le plus pauvre et à 99,6 pour cent dans le groupe le plus riche alors que dans les zones rurales il était respectivement passé à 96,3 et 98,8 pour cent.
Diagramme 8: taux d'alphabétisation au sein de la population des personnes âgées de quinze ans et plus, établi sur la base du lieu de résidence, 1995-2002
Source: SUSENAS
Si l'on élargit la tranche d'âge en l'étendant aux personnes de quinze ans et plus, on s'aperçoit que le taux d'alphabétisation diminue, ce qui implique qu'en Indonésie l'analphabétisme persiste fortement au sein de la population adulte. Le niveau national pour les personnes âgées de quinze ans et plus est passé de 84,2 pour cent en 1995 à 89,51 pour cent en 2002. Néanmoins, il existe des écarts manifestes entre les différents groupes de la population en ce qui concerne le taux d'alphabétisation. La situation économique de la population, calculée sur la base des dépenses familiales, du sexe et du lieu de résidence, se répercute sur le taux d'alphabétisation.
Diagramme 7: taux d'alphabétisation au sein de la population des personnes âgées de quinze à vingt-quatre ans, établi sur la base du lieu de résidence, 1995-2002
Source: SUSENAS
Le diagramme 8 révèle que le taux d'alphabétisation au sein de la population urbaine est généralement plus élevé qu'au sein de la population rurale, à tous les niveaux de revenus. Néanmoins, le taux d'alphabétisation a augmenté simultanément pour ces deux types de population entre 1995 et 2002. En 1995, le taux d'alphabétisation en zone urbaine au sein du groupe de population le plus pauvre des personnes de quinze ans et plus s'élevait à 78,8 pour cent, tandis qu'il était de 95,0 pour cent dans le groupe le plus riche. En 2002 il est respectivement passé à 83,7 et 97,2 pour cent.
Diagramme 9: taux d'alphabétisation chez les hommes et les femmes âgés de quinze à vingt-quatre ans, par quintiles de pauvreté
Source: SUSENAS
Le taux d'alphabétisation chez les femmes a considérablement augmenté au fil des ans dans tous les quintiles de pauvreté. Si nous comparons le taux d'alphabétisation au sein de la population des hommes âgés de quinze à vingt-quatre ans et au sein de la population féminine dans la même tranche d'âge, nous pouvons voir que les chiffres ne diffèrent pas considérablement. Toutefois, une comparaison établie sur la base des revenus révèle que le taux d'alphabétisation au sein de la population des femmes âgées de quinze à vingt-quatre ans est beaucoup plus faible qu'au sein de la population masculine. En 1995, alors que le taux d'alphabétisation au sein de la population masculine la plus pauvre (quintile 1) s'élevait seulement à quatre-vingts pour cent, il atteignait 96,2 pour cent dans le groupe masculin le plus riche (quintile 5). Au fil du temps, le taux d'alphabétisation a régulièrement augmenté, tous groupes de population confondus: en 2002, il s'élevait à 86,6 pour cent dans le groupe le plus pauvre contre 97,9 pour cent dans le groupe le plus riche. En même temps, le taux d'alphabétisation au sein de la population féminine (tous groupes confondus) a lui aussi remarquablement augmenté: il était passé de 64,2 à 75,7 pour cent dans le groupe le plus pauvre, et de 90,4 à 93,5 pour cent dans le plus riche. Les femmes appartenant au groupe le plus pauvre sont en même tant les moins alphabétisées (diagramme 9). Si l'on inclut les groupes de population plus âgés (quinze ans et plus), l'écart se creuse entre les femmes et les hommes, indiquant que l'alphabétisation est plus répandue chez les femmes de ce groupe de personnes plus âgées, à tous les niveaux de dépenses (diagramme 10).
Diagramme 10: taux d'alphabétisation chez ses hommes et les femmes âgés de quinze et plus, par quintiles de pauvreté
Source: SUSENAS
En 2003, on ne détecta presque pas d'écarts entre les provinces en ce qui concerne le taux d'alphabétisation de la population âgée de quinze à vingt-quatre ans, sauf dans quatre provinces: Nusa Tenggara Barat (NTB), Nusa Tenggara Timur (NTT), Célèbes du Sud (Sulsel) et Papouasie (diagramme 11). Le taux d'alphabétisation dans les zones urbaines de toutes les provinces variait entre 97,4 (NTB) et près de 100 pour cent (Célèbes du Nord), alors que dans les zones rurales, il variait entre 79,3 (Papouasie) et 99,7 pour cent (Maluku du Nord).
Le système d'éducation en Indonésie et son organisation
Le système formel d'éducation en Indonésie se répartit en trois niveaux principaux: éducation de base, éducation secondaire et enseignement supérieur. Un pourcentage restreint des enfants est également inscrit dans le secteur préscolaire. L'enseignement scolaire est pris en charge par des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux, et par la collectivité.
L'éducation de base correspond à un enseignement général dispensé pendant neuf ans, à savoir six ans de primaire suivis de trois ans de secondaire. L'éducation de base est obligatoire. Elle vise à permettre aux apprenants d'acquérir un savoir et des compétences de base. L'enseignement secondaire est dispensé dans deux types d'établissements: les collèges d'enseignement secondaire général et les collèges d'enseignement secondaire professionnel. Le but de l'éducation de base est de faire des élèves des individus et des membres responsables de la société, mais aussi de les préparer à poursuivre leurs études au niveau secondaire. L'enseignement secondaire est ou vert à tous les titulaires du diplôme de fin d'études primaires venant des écoles primaires et des MIS. Ce type d'enseignement est dispensé dans les types d'établissements suivants: établissements d'enseignement secondaire général, établissements d'enseignement secondaire professionnel, établissements d'enseignement secondaire religieux, établissements d'enseignement secondaire administratif, établissements d'enseignement secondaire spécialisé (ouverts aux personnes handicapées). Au secondaire, priorité est donnée à l'élargissement des connaissances et compétences des élèves, à leur préparation à l'entrée dans la vie active et à leur faire acquérir un bon comportement professionnel. La durée de la scolarité secondaire (au niveau du collège) est de trois ans, avec trois années de plus pour le niveau du lycée. Outre les établissements d'enseignement secondaire général, il existe aussi un équivalent religieux: les lycées islamiques d'enseignement général, les Madrasah Aliyah (MA).
Après l'enseignement secondaire vient l'enseignement supérieur, permettant d'acquérir des connaissances dans les domaines des arts, des lettres, des sciences, de la technique et de la recherche, et l'enseignement professionnel axé sur l'acquisition de connaissances et compétences pratiques dans des domaines professionnels spécifiques. Il existe différents types d'établissements d'enseignement supérieur: établissements scolaires, écoles polytechniques, écoles de hautes études, instituts et universités. La durée des études supérieures est de trois ans pour l'obtention d'un diplôme d'études supérieures (D3) et de quatre ans pour l'obtention d'une licence (S1). Au-delà, les étudiants peuvent poursuivre leurs études pendant deux ans pour obtenir une maîtrise (S2) et achever leurs études trois ans plus tard par l'obtention d'un doctorat (S3).
L'éducation préscolaire vise à stimuler l'évolution physique et mentale des enfants hors du cercle familial, avant leur scolarisation au primaire. Ce type d'enseignement peut se dérouler dans un cadre formel ou extrascolaire. Cette éducation est dispensée par différents types d'établissements: écoles maternelles, pour le système formel, ou, dans un cadre extrascolaire, groupes d'éveil et garderies. La maternelle est réservée aux enfants de cinq à six ans pour une ou deux années, alors que les groupes d'éveil et les garderies sont ouverts aux petits.
L'éducation extrascolaire comporte un volet d'enseignement général et un volet d'enseignement religieux. Les services d'enseignement général de ce type sont dispensés dans le cadre du Package A au niveau primaire, du Package B au niveau du collège et du Package C au niveau du lycée. L'enseignement secondaire administratif et l'enseignement professionnel s'articulent autour de cours, de groupes d'étude, dans le cadre des volets A et B du programme de génération de revenus, ou d'autres options comme les apprentissages. L'enseignement religieux extrascolaire est dispensé par les pesantrens (internats religieux) traditionnels. La formation professionnelle peut, quant à elle, s'effectuer à différents niveaux.
Les écarts entre les provinces quant au taux d'alphabétisation au sein de la population des personnes âgées de quinze ans et plus étaient même plus grands: ils variaient entre 80,3 et 99,4 pour cent dans les zones urbaines et entre 66,8 et 98,7 pour cent dans les zones rurales (diagramme 12). Du fait de ces conditions variées, on aborda bien entendu le problème sous des angles divers et à l'aide de différents programmes. Par conséquent, les efforts entrepris pour faire progresser les taux d'alphabétisation en Indonésie ne devraient pas uniquement reposer sur l'éducation formelle, ils devraient aussi se baser sur l'éducation non formelle, en particulier lorsqu'ils sont dirigés vers la population adulte.
Diagramme 11: taux d'alphabétisation au sein de la population des personnes âgées de quinze à vingt-quatre ans, établi par provinces et en fonction du lieu de résidence, 2003
Source: SUSENAS, 2003
1. Les programmes d'alphabétisation en Indonésie avaient été lancés longtemps avant l'indépendance du pays en 1945, alors que seulement trois pour cent de la population était inscrite dans des écoles formelles. À cette époque, le programme s'appelait «Cours ABC». En 1951, le gouvernement formula un «plan d'éducation communautaire décennal» qui visait à lutter contre l'analphabétisme pendant les dix ans suivant sa mise en place. Cependant, son objectif ne fut pas atteint, ce que révéla le taux d'analphabétisme qui s'élevait à quarante pour cent en 1964. Le 31 décembre 1964, il fut annoncé à la communauté internationale que l'Indonésie, à l'exception de Nrian de l'Ouest, s'était débarrassé de l'analphabétisme. Cette déclaration exprimait que l'ensemble de la population des personnes âgées de treize à quarante-cinq ans étaient en mesure d'écrire et de lire, même si certaines étaient tout juste capables de reconnaître les lettres, de lire des phrases simples et d'écrire leur nom et leur adresse.
Diagramme 12: taux d'alphabétisation au sein de la population des personnes âgées de quinze ans et plus, établi par province et en fonction du lieu de résidence, 2003
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Source : SUSENAS, 2003
Peu d'efforts furent entrepris pour entretenir ces acquis minimaux en lecture et en écriture, si bien que nombre de néo-alphabètes retombèrent dans l'analphabétisme. En outre, les enfants de six à onze ans avaient des possibilités limitées de s'inscrire dans des écoles formelles. Par conséquent, le nombre des analphabètes finit par s'accroître au fil du temps. Pour répondre à la nécessité de résoudre ce problème, le gouvernement créa un programme d'alphabétisation plus structuré qui abordait l'initiation aux lettres, l'amélioration de l'aptitude à lire, à écrire et à compter, et l'entretien des acquis au moyen de livres et autres matériels de lecture.
De 1966 à 1979, l'Indonésie adopta l'«alphabétisation traditionnelle», une nouvelle méthode introduite par l'UNESCO, qui visait non seulement à alphabétiser les apprenants, mais aussi à leur offrir un enseignement professionnel. Cette méthode fut finalement baptisée «programme d'alphabétisation fonctionnelle». Son but ne consistait pas à alphabétiser autant de gens que possible, mais à accroître la productivité de certains groupes d'analphabètes tout en les alphabétisant. Pour soutenir ce programme, le gouvernement collabora avec des entreprises qui employaient des ouvriers analphabètes ou avec des organisations qui opéraient dans le domaine de l'agriculture, de la médecine vétérinaire, de la marine et de l'industrie.
De 1970 à 1990, l'Indonésie mit en place le «Package A Program» qui se servait du concept dit du «Lingkaran Spiral» (cercle en spirale) selon lequel l'enseignement et l'apprentissage doivent au départ se baser sur des questions de la vie quotidienne, puis s'étendre aux questions de la famille et de la communauté. Il faisait pour cela appel à un ensemble de cent livres ainsi qu'à d'autres matériels imprimés comme, par exemple, des posters, des prospectus et des brochures. Le Package A Program fit considérablement baisser le taux d'ana-phabétisme, et, en 1994, il valut le prix Avicenne de l'UNESCO au président indonésien.
Étant donné que le Package A Program reposait sur le système de la boule de neige selon lequel une personne alphabétisée doit transmettre ses connaissances à dix analphabètes, on s'attendait à ce que toute la population soit très rapidement alphabétisée. Toutefois, du fait de l'existence des noyaux durs dont il a déjà été question ici, le taux d'analphabétisme reste très élevé en Indonésie.
De 1990 à 2000, le gouvernement s'attacha principalement à réaliser l'éducation obligatoire de base pendant neuf ans. Par conséquent, de l'argent et des efforts furent consacrés à ce programme, si bien que, d'un autre côté, le programme d'alphabétisation s'en trouva légèrement négligé. En outre, la rationalisation des coûts du programme d'alphabétisation entraîna une baisse du nombre d'apprenants qui chuta: ils étaient alors entre vingt et cinquante mille de moins par an. Durant cette période, précisément en 1995, la qualité du programme d'alphabétisation fonctionnelle fit l'objet d'améliorations qui furent introduites dans le cadre d'un projet pilote mis en place dans neuf provinces. Ce programme était polarisé sur la stratégie des débats, la lecture, l'écriture, le calcul et les compétences nécessaires pour résoudre des problèmes.
L'utilisation courante de l'indice de développement humain pour évaluer la qualité des ressources humaines a donné au programme d'alphabétisation un nouvel élan. Le nombre d'apprenants a signifi-cativement augmenté: il est passé à deux cent mille. Jusqu'en 2005, en raison des capacités accrues pour mettre le programme en place dans les domaines prioritaires, le nombre total d'apprenants avait été fixé à trois cent cinquante mille par an. Dans les cinq prochaines années, le gouvernement et les administrations locales se sont engagés à accroître ce nombre de manière à le faire passer à cinq cent mille par an. On attend également que la communauté, y compris le secteur privé, apporte sa contribution à raison de deux cent cinquante mille apprenants par an.
Pour atteindre un taux d'alphabétisation de quatre-vingt-quinze pour cent de la population des personnes âgées de quinze ans et plus d'ici 2009, une politique stratégique sans équivoque est nécessaire en tant que base et orientation pour la mise en place du programme. Cette politique doit s'étendre non seulement à l'éducation non formelle qui offre des programmes d'alphabétisation fonctionnelle aux adultes, mais aussi à l'éducation formelle, en particulier à la scolarité primaire, de façon à ce que tous les apprenants puissent s'alphabétiser et soient soutenus dans leur comportement en ce qui concerne la lecture.
Le plus haut engagement politique du gouvernement à l'égard du programme d'alphabétisation se reflète dans l'article 26 de la loi sur l'Éducation 20/2003, qui stipule que le programme d'alphabétisation fait partie de l'éducation non formelle. De plus, le gouvernement classe l'alphabétisation parmi les principaux objectifs quantitatifs et la considère comme un important facteur pour améliorer l'indice de développement humain en Indonésie d'ici 2009. L'objectif qui consiste par exemple à faire passer le taux d'analphabétisme à cinq pour cent d'ici 2009 a également été incorporé dans le plan national à moyen terme 2004-2009 promulgué par le décret présidentiel n° 7/2005.
Le nouveau président a également lancé le Mouvement pour l'alphabétisation durant les cent premiers jours du nouveau programme de son cabinet, faisant de lui le principal objectif en matière d'éducation après les neuf ans d'éducation de base obligatoire. Cette mesure a été suivie par une réunion nationale avec des représentants de neuf des provinces prioritaires où les taux d'analphabétisme sont les plus élevés. Ceci avait pour but d'accroître l'engagement de l'administration locale afin d'accélérer l'éradication de l'analphabétisme, en particulier au sein des noyaux durs. Pour réaliser cet objectif, le gouvernement associe aussi à ces activités des ONG ayant organisé de vastes programmes d'éradication de l'analphabétisme et, ce qui compte encore plus, l'Association des enseignants indonésien, de façon à inciter plus d'enseignants à donner des cours d'alphabétisation.
Une politique, qui tient compte des tendances variées au sein de la population, a été élaborée pour atteindre l'objectif fixé. Cette stratégie repose sur quatre volets destinés à accroître le taux d'analphabétisme dans le pays. Nous les présentons ci-dessous.
Les stratégies présentées ci-dessous appuieront cette politique à quatre volets.
Durant les années soixante-dix à quatre-vingt, la tranche d'âge des analphabètes se composait des personnes âgées de dix ans et plus en raison du faible taux de scolarisation au primaire et du pourcentage élevé d'abandon précoce durant les premières années de cette phase de scolarité. Depuis 2000, la tranche d'âge couramment employée se compose des personnes âqées de quinze ans et plus.
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