Mamadou Aliou Bah

L’un des principaux objectifs de l’éducation des adultes consiste à aider les gens dans les efforts qu’ils entreprennent pour adapter leurs modes de vie et de travail traditionnels aux conditions de notre époque afin d’améliorer et de préserver leur moyens de subsistance. Le cas d’un projet réalisé dans la province guinéenne de Boke avec des fermiers qui cultivaient traditionnellement l’arachide comme l’une de leurs denrées de base illustre cela. Aidés par l’un des partenaires de DVV International en Afrique de l’Ouest, l’organisation non gouvernementale guinéenne Club des amis du monde (CAM), ces paysans apprennent à améliorer leurs récoltes et à accroître leurs revenus en intégrant des coopératives et en organisant mieux la commercialisation de leurs produits. Mamadou Aliou Bah, un spécialiste de l’éducation informelle qui a collaboré de longues années avec DVV International en Guinée, présente ce projet qui a bénéficié d’un financement de l’Union européenne.

Les cultivateurs d’arachide en Guinée et la part de l’éducation des adultes dans l’inclusion des petits agriculteurs

1. Données historiques sur la production de l’arachide:1

L’arachide est l’une des principales cultures de la Guinée sur les plans économique et alimentaire. C’est l’une des cultures de rente du pays; elle occupe 16,41 % (160 632 ha) des superficies vivrières emblavées (978 662 ha).

Pendant la première République (1958-1984), la politique agricole en Guinée était caractérisée par une forte collectivisation des moyens de production, une fixation et un contrôle étatique des prix des produits vivriers à tous les stades de distribution. L’impôt était payé en nature (normes de commercialisation).

Si la production de l’arachide n’était pas destinée à l’exportation, à cause de l’étatisation des activités de production, de transformation, de transport et de commercialisation, elle demeurait par contre une filière très importante.

Après le changement d’orientation politique de la Guinée en 1984 et tirant les leçons de la situation qui prévalait, le nouveau gouvernement a entrepris de profondes réformes politiques, économiques et sociales. Ceci s’est traduit par des mesures de libéralisation très marquées:

  • Suppression des normes de commercialisation,
  • Liquidation des entreprises de commercialisation agricoles étatiques
  • Libéralisation du commerce
  • Suppression des licences d’importations
  • Rôle accru des banques commerciales dans les transactions privées
  • Exonération de toutes les taxes de douane, dévaluation de la monnaie nationale
  • Relèvement des prix aux producteurs

Dans le domaine agricole, l’objectif principal du gouvernement guinéen est d’assurer la sécurité alimentaire pour toutes les populations du pays et d’offrir sur les marchés extérieurs des produits d’exportation compétitifs sur les plans qualité, norme, quantité et prix.

Cet objectif vise à soutenir l’extension de la production arachidière par le développement de la transformation et de l’extraction artisanale. C’est l’une des principales cultures de la Guinée, importante aussi bien sur le plan alimentaire que sur le plan économique.

L’arachide occupe la quatrième place après le riz, le manioc, et le maïs. Selon les statistiques du Service national des statistiques agricoles (SNSA), la production de l’arachide est passée de 206 000 tonnes en 2000 à 300 000 tonnes en 2004, soit un accroissement d’environ 36 % en 5 ans. Elle constitue l’une des cultures les plus importantes en termes de contribution à la sécurité alimentaire et au revenu agricole généré par les ventes.

L’arachide est une production qui fait l’objet d’un commerce actif et elle participe au revenu monétaire des familles en Guinée. C’est une culture pratiquée partout dans le pays. Elle fait l’objet d’échanges sur les marchés de regroupement et de consommation, sur la plupart des marchés guinéens (Boké, Labé, Conakry, Guéckédou) et sur les marchés des pays frontaliers (Guinée Bissau, Gambie, Sénégal, Sierra Leone et Liberia).

1.1 Compétitivité internationale de l’arachide dans l’économie guinéenne

L’environnement international de l’économie guinéenne a été défavorable ces dernières années. Les termes de l’échange se sont détériorés de façon marquée.

Les prix des produits bruts exportés par la Guinée (bauxite, mais également café, cacao et coton notamment) ayant été orientés à la baisse.

L’environnement régional de la Guinée a également été marqué au cours des deux dernières décennies par l’instabilité politique régnant dans certains pays limitrophes, facteur inhibant pour les échanges régionaux. La Guinée a donc dû faire face à un environnement régional peu porteur. Cependant, en ce qui concerne l’arachide, le volume d’exportation dans les pays frontaliers augmente sensiblement, ce que l’on peut constater même à défaut de chiffres.

L’importante dévaluation et la dépréciation régulière du franc guinéen (monnaie nationale) par rapport aux monnaies étrangères expliquent l’écoulement facile de l’arachide guinéenne et son exportation vers les pays voisins.

Les exportations internationales pourraient être limitées par l’incapacité de répondre aux normes internationales. Cependant, la Guinée qui n’est pas actuellement outillée pour faire face aux normes de qualité exigées sur le marché mondial doit viser dans le court terme le marché sous-régional sans perdre de vue que les marchés aux niveaux régional et international sont régis par des dispositions de respect des normes de qualité pour les produits destinés à l’exportation.

1.2 Production de l’arachide dans la zone du projet (BOKE)

Les conditions socio-économiques de la préfecture de Boké (située sur le littoral dans la région naturelle de la Basse-Guinée) sont influencées par deux aspects prédominants: l’agriculture et l’industrie minière autour des réserves de bauxite. Boké compte une population d’environ 401 296 personnes qui se consacre à l’agriculture, à l’élevage et à la pêche.

l’arachide

 

 

 

 

 

Source:
Mamadou Aliou Bah


 

 

 

 

Dans la région de Boké, l’agriculture demeure le plus important secteur d’activité économique de la population. Elle emploie 785 800 personnes dont 404 841femmes. Cependant, il s’agit d’une agriculture de subsistance caractérisée par de faibles rendements. Toute la production agricole réunie n’assure malheureusement qu’une sécurité alimentaire de 7 mois sur 12.

Toutefois, la production et la vente de l’arachide occupent une place de choix. Plus de 50 % des ménages de Boké sont impliqués et bénéficient directement ou indirectement de la filière de l’arachide; loin devant l’extraction et la vente d’huile rouge, et les activités de pêche et de fumage de poisson.

La prédominance de la culture de l’arachide (plus de 14 000 tonnes/an), se présente plus particulièrement dans la zone de Bowé (zone de couverture du projet). Dans cette zone, l’arachide arrive en termes de surface en deuxième position après la culture du riz et occupe la première place parmi les légumineuses à graines qui y sont cultivées.

La culture de l’arachide est pratiquée dans la presque totalité des exploitations agricoles de la zone. Elle tient aussi sa place en termes de nombre d’exploitants. L’arachide, en plus de son rôle important dans l’alimentation (pure sauce et sauce à base d’arachide), est l’une des cultures de rente les plus importantes de la zone.

2. Formulation du projet AFAB

La formulation du Projet d’appui à la filière arachide de Boké (AFAB), est basée sur les conclusions d’études prospectives et sur des constats de terrain, sur la base

  • Des conditions socio-économiques de la région de Boké qui sont influencées par l’agriculture, dominée par la production de l’arachide (culture est pratiquée dans la presque totalité des exploitations agricoles)
  • Du développement dans cette région de l’industrie minière autour des plus grandes réserves de bauxite du pays (exploitées depuis 1973 par la Compagnie de Bauxite de Guinée et très bientôt par d’autres sociétés minières internationales: RUSSAL, ALCAN-ALCOA, RIO TINTO-SIMFER, Guinea Alumina Corporation, BHP BILLITON, etc.).

L’objectif global du projet AFAB est de contribuer à l’amélioration des conditions économiques des acteurs de la filière de l’arachide de Boké. Plus spécifiquement, il vise à améliorer les revenus issus de la production de l’arachide par le renforcement de capacités des acteurs.

Dans sa stratégie, le projet a ciblé les groupements de producteurs d’arachide, comme bénéficiaires directs de ces renforcements de capacités devant aboutir à l’amélioration des revenus issus de la production.

AFAB

AFAB, Source: Mamadou Aliou Bah

La plupart de ces groupements sont généralement créés ponctuellement pour accéder à des appuis souvent conditionnés par un regroupement de bénéficiaires – sans structuration adéquate (conforme à la loi L/14, qui régit l’organisation et le fonctionnement des groupements d’intérêts économiques en Guinée) ni connaissances de l’esprit et des principes coopératifs, ce à quoi s’ajoute une insuffisance de développement organisationnel et de promotion des intérêts économiques des membres de ces groupements, un objectif qu’une entreprise commune autofinancée et autogérée pourrait atteindre. Ces groupements de producteurs sont généralement affiliés à des organisations faîtières locales (unions et fédérations) peu fonctionnelles et peu initiées à l’organisation et à la gestion de filière, mais qui capables de mobiliser et de réunir tous les acteurs de la filière.

Les groupements de producteurs ciblés par le projet AFAB cultivent principalement le riz, le maïs et l’arachide comme principale culture de rente. Leur évaluation sommaire, qui a précédé la formulation du projet, a permis d’identifier plusieurs contraintes:

  • Les difficultés d’accès aux marchés (ou de la mise sur des marchés) plus intéressants: les relations entre les intermédiaires (collecteurs locaux, marchands spécialisés, femmes transformatrices de l’arachide) et les producteurs d’arachide ne sont pas très bonnes. La perception courante que les producteurs ont des intermédiaires, est celle d’acteurs qui les exploitent, contrôlant leur production, payant des prix trop bas et participant à des pratiques usurières pour maximiser leurs gains.
  • Le manque de compétences techniques et organisationnelles: la faible structuration des groupements de producteurs d’arachide, l’absence d’agrément (reconnaissance officielle), la mauvaise gestion administrative et financière et le taux d’analphabétisme élevé renforcent cette situation défavorable des groupements de producteurs.

Le problème de l’analphabétisme est d’ordre général en Guinée et même dans la sous-région ouest-africaine. On estime le taux d’analphabétisme à 65 % pour la Guinée et à 75,5 % pour la région de Boké. (Source: Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) Boké 2006).

Le niveau organisationnel d’un groupement est étroitement lié aux capacités de lecture, d’écriture et de calcul de ses membres. Sans un niveau acceptable d’alphabétisation des responsables, les possibilités de croissance et d’augmentation de revenus du groupement restent très limitées.

En plus, l’essor du secteur minier dans cette zone entraîne une poussée démographique et un développement d’autres secteurs économiques qui ont des effets sur la santé et le développement de la population, notamment en ce qui concerne:

  • La vulnérabilité au VIH/SIDA des acteurs de la filière de l’arachide de Boké, plus particulièrement des femmes transformatrices d’arachides qui sont très courtisées par les hommes, attirés par les revenus qu’elles génèrent (zone qualifiée à haut risque par l’enquête sentinelle sur le taux de prévalence du VIH/SIDA);
  • Le développement dans la zone du phénomène d’exploitation et de traite des enfants qui touche les enfants des acteurs de la filière; notamment les jeunes filles placées comme domestiques dans des familles de salariés des sociétés minières et les enfants employés dans les plantations d’anacarde (noix de cajou) ou envoyés vers le Sénégal (talibés).

Face à ces réalités, le Projet d’appui à la filière de l’arachide de Boké (AFAB) est une alternative qui part du principe que certains intermédiaires peuvent jouer un rôle essentiel et présenter un potentiel pour promouvoir la filière de façon plus équitable. Dans ce cadre, le développement de liens commerciaux entre producteurs et intermédiaires, soutenu par le renforcement de capacités organisationnelles et le développement de la fourniture des services intégrés à la filière (approvisionnement, formation, matériel et outillage, commercialisation,…) par l’intermédiaire des organisations faîtières, favorisera l’organisation et le fonctionnement de la filière, tout en augmentant les revenus issus de la production d’arachide.

En plus, des activités transversales comme l’alphabétisation, la prévention des ISTVIH/SIDA et la sensibilisation à l’exploitation et à la traite des enfants contribueront:

  • Au renforcement organisationnel des groupements de producteurs (gestion administrative et financière, contractualisation…) par les capacités de lecture, d’écriture et de calcul de leurs membres et responsables;
  • À la protection des producteurs et de leurs familles contre les IST-VIH/SIDA et les dangers/méfaits de l’exploitation et de la traite des enfants auxquels ils sont exposés.

Ces activités traduites en proposition de projet ont été soumises par DVV International pour une demande de subventionnement à la délégation de l’Union européenne dans le cadre de l’appel d’offres 2009 (EuropAid: 128155/L/ACT/GN). La durée du projet proposé est de deux (2) ans, avec un coût total de 210 500 euros, soit 157 875 € (75 %) de subvention par l’UE et 52 625 (25 %) de contribution de DVV International (sur financement de la BMZ).

L’appui au développement de la filière représente une première action de ce genre dans la région de Boké où la culture de l’arachide et sa chaîne de valeur occupe une place de choix dans l’activité économique. Par conséquent, l’augmentation de la production et de la productivité d’une part et l’amélioration des conditions de transformation et de commercialisation de l’autre cadrent avec les attentes des bénéficiaires, ce qui contribue à générer des revenus monétaires et se répercute sur l’amélioration des conditions de vie des populations (accès aux soins de santé, scolarisation des enfants, réduction de la traite des enfants, protection contre les IST/VIH/SIDA, lutte contre la malnutrition, modernisation de l’habitat…) – d’autant que l’incidence du SIDA dans la région se développe à un rythme inquiétant, le taux de prévalence étant passé de 1,9 en 2001 à 4,7 en 2004.2

Le Projet d’appui à la filière de l’arachide de Boké (AFAB) s’inscrit donc dans une dynamique de promotion et de développement d’une filière porteuse et durable qui intéresse fortement les femmes rurales et urbaines. Eu égard à la féminisation de la pauvreté, l’action contribue à l’augmentation des revenus et même à l’autonomisation économique des femmes, ce qui constitue l’une des priorités des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) auxquels la République de Guinée a souscrit.

3. Valorisation des approches REFLECT et STAR dans le projet AFAB

L’approche REFLECT (Regenerated Freirean Literacy through Empowering Community Techniques) prend sa source dans le travail de Kurt Lewin avec des groupes

défavorisés aux USA dans les années quarante. Dans le tiers-monde, elle s’est transformée en recherche d’action participative, une approche participative de l’enseignement aux adultes associant la philosophie de l’éducateur Brésilien Paulo Freire, à la méthodologie de diagnostic rural participatif mises en œuvre au moyen des outils de la méthode accélérée de la recherche participative (MARP).

L’éducateur Brésilien Paolo Freire a combiné ces deux approches pour rendre l’alphabétisation plus fonctionnelle, en se basant sur le concret (outil et symbole), puis le semi-concret (dessin du symbole) et enfin sur l’abstrait (le nom du symbole écrit) pour apprendre aux adultes à lire, à écrire et à compter.

L’approche STAR (Stepping Stone And Reflect) est une approche d’éducation axée sur le VIH/SIDA, initiée pour la première fois en Ouganda par ActionAid International. On l’associe à l’approche REFLECT pour aborder avec souplesse certains aspects tabous liés à la culture et à la tradition des peuples africains, notamment l’amour, le sexe, la sexualité (qui sont des phénomènes vécus au quotidien par le public cible et à l’origine des plusieurs maladies contagieuses).

Le choix et la valorisation de ces deux approches (REFLECT et STAR) dans le cadre du Projet AFAB tient compte de leur caractère souple et participatif, pour:

  • L’alphabétisation fonctionnelle d’un public cible préoccupé par la recherche quotidienne de moyens de survivre (extrême pauvreté);
  • Aborder de façon participative, des sujets culturellement tabous, qui affectent la situation sociale et sanitaire des acteurs de la filière de l’arachide (sexualité, mariage précoce, violences conjugales, exploitation et traite des enfants, etc.), au sein de groupes dans lesquels on retrouve parfois, maris et femmes, pères et filles, gendres et beaux-pères, qui traditionnellement n’abordent jamais ensemble ce genre de thématique.

Ainsi, se servant des deux approches, des cercles REFLECT-STAR ont été créés pour assurer l’alphabétisation et la sensibilisation les acteurs de la filière au sujet des IST-VIH/SIDA et de l’exploitation et de la traite des enfants. Ces cercles sont animés par des facilitateurs endogènes, qui ont bénéficiés de la part du Réseau national des praticiens de l’approche REFLECT (PAMOJA-Guinée), d’un transfert de compétences sur l’animation des cercles REFLECT-STAR afin d’assurer une continuité et de garantir la pérennisation des pratiques REFLECT-STAR à la suite du projet.

4. Résultats obtenus/effets du projet

Au cours des deux ans d’exécution (2010-2011), le projet AFAB a appuyé 24 groupements de producteurs d’arachide dans les quatre (4) communes rurales (CR) de Boké et des environs. Il a atteint de façon directe 912 personnes, dont 622 femmes, et de façon indirecte 92 intermédiaires (marchands spécialisés et femmes transformatrices d’arachide) travaillant avec les 24 groupements d’intérêts économiques (GIE). Pour un total de bénéficiaires finaux estimé à environ 64 323 personnes (16 % de la population), constitué de collecteurs villageois, magasiniers, transporteurs, marchands d’arachide et femmes transformatrices, qui tirent une part de leurs revenus de la filière de l’arachide.

Transport de cacahuètes au marché

Transport de cacahuètes au marché, Source: Mamadou Aliou Bah

La stratégie d’intervention du projet a favorisé l’implication active de toutes ses parties prenantes: DVV International et le Club des amis du monde (CAM), pour la gestion stratégique et opérationnelle du projet; les services techniques déconcentrés de l’État: l’Agence nationale de promotion et conseil agricole, la Direction préfectorale de l’alphabétisation, la Direction préfectorale de la santé et la Section préfectorale des affaires sociales, de la promotion féminine et de l’enfance pour la vulgarisation et le conseil agricole, pour le suivi et l’évaluation des actions d’alphabétisation et de lutte contre le VIH-SIDA et la traite des enfants; les organisations faîtières: l’Union des producteurs agricoles de Kakandé, la Fédération des organisations paysannes de Basse-Guinée, affiliée à la Confédération nationale des organisations paysannes de Guinée pour l’appui à l’organisation et au fonctionnement de la filière de l’arachide de Boké.

Présentation de l’ONG CAM

Le Club des amis du monde (CAM) est une ONG nationale Guinéenne, créée en 1996, qui s’est fixée pour mission de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations à la base par le renforcement des capacités et la mobilisation des ressources dans les domaines de l’éducation relative à l’environnement, de l’éducation de base, de l’alphabétisation, de la santé reproductive et des IST-VIH-SIDA.

L’ONG CAM compte 68 membres et a son siège social dans la région de Labé, avec 4 antennes dans 4 autres régions administratives du pays.

De 2000 à nos jours (2012), l’ONG CAM a mis en œuvre plusieurs projets de développement dans les domaines de l’éducation de base, de l’alphabétisation et de l’éducation environnementale et sanitaire, en partenariat avec plusieurs institutions internationales évoluant en Guinée, notamment: DVV International, World Education, Save the Children, Population Services International, etc.

CAM dispose d’une longue expérience en matière de conception et de mise en œuvre de projets d’une part et de collaboration avec les autorités locales de l’autre. Aussi, l’ONG intervient à Boké depuis quelques années et de ce fait connaît bien le terrain.

Son partenariat avec DVV International a débuté en 2008 à travers un projet d’éducation relative à l’environnement à Sangaredi et à partir duquel des besoins d’appui à la filière de l’arachide ont été identifiés, ce qui a conduit à la mise au point du projet Appui à la filière de l’arachide de Boké (AFAB).

Le renforcement de capacités organisationnelles des groupements de producteurs a été assuré à partir des actions autour de trois grands axes:

  • Le développement organisationnel des groupements par l’appui à la bonne structuration, à l’acquisition des actes de reconnaissance officielle et des compétences de gestion administrative et financière (formation sur les rôles et responsabilités des élus, mise en place d’outils de gestion matérielle, administrative, financière et comptable…);
  • L’amélioration de la productivité agricole par la maîtrise de l’itinéraire de production de l’arachide (calendrier agricole) et les techniques de conservation postrécolte; l’introduction de variétés améliorées de semences d’arachide et la formation des producteurs semenciers de relais devant se spécialiser dans la production semencière de l’arachide;
  • La facilitation du processus de fourniture aux groupements de producteurs de services intégrés à la filière par l’entremise de l’Union des producteurs agricoles de Kakandé, qui assuré le recensement des besoins en services auprès des groupements, la mise en rapport des fournisseurs de services et des acteurs de la filière nécessiteux, et le suivi de la réalisation des contrats de fourniture desdits services.

L’amélioration de la capacité d’organisation et de vente de la filière de l’arachide de Boké a été réalisée par le biais d’activités autour de trois grands axes:

  • La mise en relation commerciale des producteurs d’arachide et des intermédiaires de la zone (collecteurs locaux, marchands spécialisés, femmes transformatrices de l’arachide en pâte);
  • Le renforcement des capacités techniques et organisationnelles des deux parties;
  • Le renforcement de capacités de l’organisation faîtière locale (Union des producteurs agricoles de Kakandé) pour la conduite des activités de facilitation des relations avec le marché (organisation de tables rondes pour mettre au point des conventions de vente), facilitation de la fourniture de services intégrés aux acteurs de la filière (approvisionnement, formation, commercialisation, mécanisation, etc.) et la création d’une base de données sur les prestations de services et les prestataires, sur les rendements et sur les produits commercialisés.

L’amélioration des capacités instrumentales de base (lecture, écriture et calcul) et de compétences utiles dans la vie courante (life skills) a été réalisée à partir d’actions tournant autour de deux grands axes:

  • L’ouverture de 24 cercles REFLECT-STAR d’alphabétisation et de sensibilisation sur les IST-VIH/SIDA et sur l’exploitation et la traite des enfants, leur équipement et l’aide à leur fonctionnement;
  • La diffusion des émissions radiophoniques et l’organisation de journées de manifestations artistiques autour des thématiques de prévention du VIH/SIDA et de lutte contre l’exploitation et la traite des enfants.

La collecte et l’interprétation de ces résultats ont été faites sur la base du document de suivi et d’évaluation des indicateurs de performances, élaboré à cet effet. Ledit document comporte des fiches de collecte des données par indicateurs et un tableau opérationnel qui définit les informations à collecter, la périodicité et la méthode de collecte et d’interprétation de chacun des indicateurs objectivement vérifiables.

Selon la nature des informations, la collecte des données sur les indicateurs se faisait semestriellement et annuellement.

Ces effets ou cas de succès sont des résultats qui n’ont préalablement pas été définis de façon précise, mais qui se sont produits suite aux actions mises en œuvre par le projet. Ces cas de succès sont entre autres les suivants.

Le contrôle du marché de collecte (vente à la récolte) de l’arachide, par les groupements producteurs

La libre initiative des producteurs a été appuyée par une stratégie commerciale de «vente groupée» qui a consisté en un regroupement de toutes les quantités d’arachides produites par zones (par les membres et non-membres des groupements coopératifs), dont la vente totale a été confiée aux élus des groupements soutenus par le projet dans la plupart des localités. Du fait que les producteurs agricoles soutenus ont acquis l’esprit d’entreprise, ils ont pu entièrement contrôler le marché de collecte de l’arachide, tout en privilégiant l’esprit gagnant-gagnant entre eux et les intermédiaires.

Ce renversement de tendance sur ce marché a considérablement réduit la marge bénéficiaire habituelle des intermédiaires et conduit ceux-ci à s’organiser en créant au mois de février 2011 une association des intermédiaires de la filière de l’arachide de Boké (instinct de survie).

En plus, le fait de pratiquer la vente par contrat a permis aux producteurs de surmonter une barrière culturelle qui faisait croire que dans nos traditions culturelles (où la confiance est basée sur la caution morale) le fait d’exiger à l’avance un écrit dans une entente commerciale est une indication significative de manque de confiance envers l’autre partie. Argument souvent avancé pour exploiter les faibles.

L’organisation par le biais de l’approche REFLECT-STAR de débats communautaires autour des sujets préoccupants, culturellement tabous

L’animation de séances REFLECT-STAR destinées à alphabétiser les producteurs à les sensibiliser aux questions des IST-VIH/SIDA et de la traite des enfants a permis non seulement d’ouvrir des débats communautaires dans la zone du projet, autour de sujets culturellement tabous (mariage précoce et forcé, amour, sexualité, exploitation et traite des enfants…), mais aussi de permettre aux personnes vulnérables ou victimes que sont les femmes et les enfants objet d’exploitation, notamment les filles domestiques, de prendre la parole.

Le renforcement de compétences endogènes (facilitateurs villageois) dans l’animation des séances REFLECT-STAR d’information, d’éducation et de communication sur ces sujets culturellement tabous a permis de formaliser des espaces interactifs et amorcé un début de dialogue inclusif et de prise de parole par les couches vulnérables sur des phénomènes quotidiennement vécus par les populations, qui sont à l’origine de maladies contagieuses et de violations des droits des femmes et des enfants. C’est ainsi que des témoignages très poignants des victimes sont recueillis et diffusés par la Radio rurale de Boké lors des émissions interactives consacrées à des sujets concernant les compétences nécessaires dans la vie courante auxquelles se consacre le projet AFAB.

Début de prise en charge de la fourniture de services d’appui aux entreprises de la filière par l’organisation faîtière (Union des producteurs agricoles de Kakandé)

Le processus d’identification des besoins et de fourniture de services d’appui aux entreprises piloté par les organisations faîtières des producteurs a abouti à la création au sein de l’Union des producteurs agricoles de Kakandé (UPAK) d’une base de données sur la filière (différents fournisseurs de services d’appui aux entreprises et les tarifs qu’ils pratiquent, quantités annuelles de production et de vente d’arachide…) qui est directement gérée par l’UPAK. En plus, toutes les activités de facilitation/intermédiation réalisées par le projet AFAB ont été menées en collaboration avec l’UPAK sous la coordination de la Fédération des organisations paysannes de Basse-Guinée, affiliée à la Confédération nationale des organisations paysannes de Guinée. Ceci s’est traduit par l’affiliation des 24 GIE appuyés à l’UPAK, la reconnaissance de la filière de l’arachide par la Fédération des organisations paysannes de Basse-Guinée (FOPBG) et la relance des associations de transformatrices et de collecteurs par le biais d’élections et du renouvellement des membres des bureaux exécutifs.

AFAB Cercle Reflect

AFAB Cercle Reflect, Source: Mamadou Aliou Bah

Grâce à l’approche de la filière du projet AFAB, il y a aujourd’hui un début d’autonomisation des acteurs et d’organisation de la filière de l’arachide de Boké (par le système de culture de rente, ciblé comme prioritaire sur le plan national, par les documents stratégiques de lutte contre la pauvreté et la Politique nationale de développement agricole vision 2015).

Expérimentation et adoption de deux nouvelles variétés de semences améliorées (AK 10 et Fleur 11)

Les producteurs d’arachide de la zone du projet sont souvent confrontés au problème d’approvisionnement en semences certifiées, ce qui les amènent à utiliser la seule variété de semence localement disponible: la DIAKHABA.

Au cours de l’évaluation des rendements de la campagne 2010, les agents du projet ont constaté un écart important entre la récolte d’un producteur de Daramagnaki (M. BAH Ibrahima Danedjo) et les autres récoltes. En s’intéressant au cas, ils ont compris que ce producteur utilisait une autre variété (AK 10), différente de la Diakhaba, dont il avait reçu un échantillon de la part de l’ancien Projet de développement rural intégré (PDRI) qui évoluait dans la zone.

En approfondissant les recherches autour de cette variété, l’équipe a appris de façon théorique qu’il s’agit d’une variété améliorée hâtive, qui réussit bien dans la zone du projet et qu’en plus, une autre variété (Fleur 11) possédant les mêmes caractéristiques que l’AK 10 avait été introduite dans la zone.

C’est ainsi que le projet a mené des démarches pour obtenir au centre Telemele (par l’entremise de techniciens de l’Agence nationale de la promotion rurale et du conseil agricole [ANPROCA]) une quantité de semence de 110 kg d’AK 10 et 68 kg de Fleur 11, distribuée aux 24 groupements pour une expérimentation, ce qui s’est concrétisé ensuite par les activités suivantes:

  • Monter deux parcelles séparées (démonstration et témoin), pour semer 5 kg de l’ancienne semence (Diakhaba) sur la première parcelle et 5 kg de la nouvelle (AK 10 ou Fleur 11) sur la seconde;
  • Faire parallèlement le semis et l’entretien des deux parcelles, selon la même pratique, et suivre leur évolution simultanée;
  • Récolter, quantifier et comparer les rendements;
  • Rédiger un compte-rendu sur le déroulement du processus expérimental et le rendement moyen obtenu par variété, ainsi que des conclusions et recommandations pour la vulgarisation des variétés de semence d’arachide «AK 10 et fleur 11» dans la zone d’intervention du projet AFAB.

Ce processus expérimental a été encadré par des techniciens des services techniques déconcentrés de l’État (de l’Agence nationale de promotion rurale et du conseil agricole). À l’issue, les résultats étaient les suivants:

  • Sur le plan qualitatif: les deux nouvelles variétés de semence s’adaptent bien aux conditions du milieu. Elles ont un cycle normal (même cycle hâtif/90 jours, que l’ancienne variété/Diakhaba) et une forte résistance à la pénurie de pluies, etc.
  • Sur le plan quantitatif: dans les mêmes conditions de culture, leurs rendements moyens sont nettement supérieurs à ceux de la variété Diakhaba, les résultats se présentant comme suit:

    – Diakhaba (ancienne variété), avec un rendement moyen obtenu de 856 kg/ ha, soit un rendement inférieur de 21 % à la variété Fleur 11 et de 37 % à l’AK 10;

    – Fleur 11 (nouvelle variété), avec un rendement moyen obtenu de 1126 kg/ ha, soit un rendement supérieur de 21 % à la Diakhaba et inférieur de 16 % à l’AK 10;

    – AK 10 (nouvelle variété), avec un rendement moyen obtenu de 1340 kg/ha, soit un rendement supérieur 16 % à la Fleur 11 et de 37 % à la Diakhaba.

 

 

Au vu des résultats, l’adoption de ces deux nouvelles variétés par les groupements de producteurs a été automatique et intégral, dans la mesure où aucun groupement n’a voulu vendre les produits issus de ces deux variétés; tous ont gardé leurs récoltes issues de ces 2 variétés, comme semence pour la prochaine campagne. En plus, la plupart ont sollicité l’appui du projet ou de l’UPAK pour la fourniture en quantité de ces semences pour la campagne agricole de 2012.

Eu égard aux difficultés d’approvisionnement en semence de qualité auxquelles les producteurs sont régulièrement confrontés, le projet a parallèlement identifié et formé de manière pratique et dans chaque localité deux producteurs semenciers de relais qui ont reçu les nouvelles variétés de semence et bénéficié d’un appui en outillage agricole et d’un encadrement sur le processus de production de semence d’arachide par les techniciens de l’ANPROCA. Ceci ne manquera pas sans aucun doute de favoriser la démultiplication de la semence d’arachide «AK 10 et Fleur 11» au profit des producteurs d’autres localités.

Introduction et adoption de technologies appropriées de valorisation des sous-produits d’arachide

Dans le cadre des voyages d’études prévus par le projet, deux zones de production d’arachide (Dabola et Koundara) ont été ciblées pour effectuer des visites d’échange. Les centres d’intérêt préalablement retenus pour ces voyages d’études étaient liés aux méthodes de culture, de transformation et de commercialisation de l’arachide.

Suite aux visites préparatoires des agents du projet dans ces deux localités, deux nouvelles technologies appropriées pour la valorisation des sous-produits d’arachide et pouvant être bénéfiques aux acteurs de la filière de l’arachide de Boké ont été identifiées. Il s’agit de

  • la fabrication de savon à partir de graines d’arachide pourries;
  • l’extraction d’huile d’arachide.

Durant leur voyage d’études, les participants ont eu l’occasion de s’exercer à la fabrication du savon à partir de graines d’arachide pourries; au retour, chaque représentant a organisé une séance pratique sur la fabrication du savon à l’intention de son groupement, ce qui fait qu’actuellement, les femmes des groupements fabriquent des savons à usage domestique à partir des résidus d’arachides habituellement jetés.

Quant à l’introduction de la technologie appropriée d’extraction de l’huile d’arachide, le projet a fait venir deux experts locaux de la zone de Gaoual-Koundara. Le premier, originaire de Koundara, est un forgeron qui fabrique les presses à huile. Il a formé trois forgerons locaux au procédé de fabrication d’une presse à huile, formation qui s’est terminée par la production d’un modèle de presse par les forgerons bénéficiaires.

Le second, qui venait de Gaoual, a assuré la formation de quinze acteurs de la filière de l’arachide de Boké à l’extraction de l’huile d’arachide au moyen de la presse fabriquée par les forgerons locaux, ce qui fait qu’aujourd’hui, ces modèles de presse à huile sont en phase de production en série et de diffusion dans la zone d’intervention du projet AFAB à Boké et Telemele.

5. Quelques témoignages des acteurs sur les effets du projet AFAB

Suite à la clôture du projet, certains acteurs ont voulu confier leurs impressions sur la mise en œuvre du projet Appui à la filière de l’arachide de Boké (AFAB):

AFAB Reflect Circle

 

 

 

 

 

AFAB Cercle Reflect
Source: Mamadou Aliou Bah

 

 

 

 

M. BAH Abdoulaye, président du groupement Samba Foula de Mobhi-Sangaredi.

«Grâce à l’augmentation de nos revenus due à l’appui du projet AFAB, notre groupement a financé la réalisation d’un petit pont de passage pour motos qui relie les deux parties de notre village, scindé par un marigot. En plus, cette année, nous avons contribué à hauteur de 7 000 000 francs guinéens (GNF) au financement de la mosquée de notre village, ce qui concerne tous les villageois.»

M. DIAKHABY Ibrahima, superviseur de l’ANPROCA dans la zone de Sangaredi

«J’interviens depuis 1984 X dans la zone de Sangaredi depuis 1984. C’est pour la première fois que je vois un projet prendre réellement en charge de façon méthodique la préoccupation réelle des producteurs à toutes les étapes de l’exploitation agricole: de la résolution des problèmes d’approvisionnement au soutien pour maîtriser des techniques de culture et postrécoltes, en passant par l’établissement de liens commerciaux durables, l’alphabétisation des producteurs et la gestion des revenus agricoles.»

«En ce qui me concerne, les deux ans du projet AFAB m’ont permis d’être actif sur le terrain et de jouer pleinement mon rôle de conseiller agricole auprès des exploitants agricoles de la zone de Sangaredi.»

M. DIALLO Mamadou Lamarana, vice-président de la Chambre du commerce de Sangaredi

«Cette initiative est une première dans notre zone, c’est pour la première fois que je vois des producteurs et acheteurs se réunir pour discuter des prix et signer des contrats à l’avance. Cette pratique a réduit les conflits entre producteurs et intermédiaires, auxquels chaque année, nous, à la chambre du commerce, étions confrontés pour arbitrage soit pour un crédit non remboursé, soit pour refus de paiement de la dette sous prétexte que le produit livré était à moitié gâté.»

M. SACKO Moussa, secrétaire administratif de l’UPAK-Boké

«Le renforcement de capacités de l’UPAK mis en œuvre par le projet AFAB au moyen de formations sur la structuration et la dotation en équipement et outils de gestion a rendu notre union fonctionnelle. Surtout, notre participation à la facilitation de prestations de services aux acteurs de la filière et à l’organisation de tables rondes pour la mise au point de contrats de vente entre producteurs et intermédiaires nous ont mis sur la voie de notre vocation en tant qu’organisation faîtière.»

M. BAH Saala, consultant-évaluateur final du projet AFAB

«Ce projet d’appui au développement de la filière représente une première action du genre dans une zone où la culture de l’arachide et sa chaîne de valeurs occupe une place de choix dans l’activité économique. Par conséquent, l’augmentation de la production et de la productivité d’une part et l’amélioration des conditions de transformation et de commercialisation de l’autre cadrent avec les attentes des bénéficiaires.» «La mise au point de conventions commerciales entre les producteurs par le biais de leurs GIE et des collecteurs acheteurs sous la houlette de l’UPAK et de la chambre du commerce est devenue une réalité».

Notes

1 Sources: étude-diagnostic sur la filière de l’arachide en Guinée, décembre 2006 et étude sur la filière de l’arachide de Boké, février 2010.
2 Enquête sentinelle sur le taux de prévalence du VIH/SIDA dans le corridor Kamsar-Sangaredi.

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