L’un des domaines d’intervention de la PRIA(Société pour la recherche participative en Asie) est la coordination d’organisations d’aide régionale qui collaborent avec des centaines d’ONG au niveau local en vue de préparer les communes rurales à s’administrer elles-mêmes. Les activités sont conçues pour préparer le terrain pour des élections municipales et former les délégués municipaux à des techniques de planification et de participation locale. Ces organisations d’aide régionale se sont quant à elles regroupées au sein d’un réseau pour profiter mutuellement les unes les autres de leur expérience et professionnaliser leur personnel. Prabhat Failbus, directeur de l’Académie internationale d’apprentissage tout au long de la vie de la PRIA, décrit ici l’évolution de ce réseau.
Les organisations bénévoles de développement et les OnG ont des fins et origines diverses. leurs buts, leurs modes de fonctionnement, leur taille et leur importance varient. elles diffèrent aussi de par leurs structures, leurs financements et leurs résultats. Certaines OnG ont pour vocation de représenter leurs membres, quand d’autres opèrent directement auprès de communes pour promouvoir le développement local. C’est cette énorme diversité qui exige une approche innovante pour faciliter la communication entre elles s’il devient nécessaire qu’elles collaborent. Telle est la logique expliquant le recours très répandu à des réseaux pour permettre aux différents types d’acteurs de la société civile de communiquer entre eux. Quand des individus, des groupes ou des organisations veulent communiquer entre eux sans renoncer à leur autonomie ni devenir employés à plein temps, membres ou subordonnés d’une entité plus vaste de façon à pouvoir se consacrer à leurs activités communes en matière de développement, ces liens les aident à communiquer, à partager l’information et à se renseigner les uns sur les autres. Telle est la logique présidant à la création et à l’entretien d’un réseau. Ces points autour desquels se structurent les réseaux varient beaucoup de même que le niveau de ces derniers. Tous ont cependant pour but de mobiliser de nouvelles énergies, de créer des liens et de faire communiquer différents acteurs de la société civile cherchant à renforcer son rôle dans le développement axé sur les personnes.
Un examen approfondi des programmes de la Pria et de son rôle depuis 1989 ainsi qu’un vaste travail de réflexion à ce sujet ont établi l’importance et l’utilité des organisations d’aide régionale. Pour la Pria, il devint clair qu’il fallait s’employer activement à renforcer les organisations d’aide régionale existantes et aider à en créer de nouvelles ayant des fonctions comparables auprès d’un grand nombre d’organisations à la base dans de nombreuses régions du pays. les organisations d’aide régionale ne travaillaient pas nécessairement directement à la base avec les pauvres et les marginalisés, mais elles soutenaient des organisations à la base en matière de recherche, de formation, de documentation, de plaidoyer, de réseautage, etc. Ces organisations d’aide n’étaient pas juste de simples prestataires de services, elles étaient des partenaires du mouvement plus large pour le changement social.
l’idée de créer le NCRSO, un réseau réunissant ces organisations d’aide, naquit du besoin croissant de disposer d’un cadre de coordination pour prendre des décisions conjointes, avec pour objectif de se soutenir les unes les autres et de consolider les fonctions de soutien des organisations d’aide régionale. durant la création du réseau, on s’aperçut aussi que les capacités et les points forts différaient en fonction des organisations et que ce forum pourrait servir à partager et à développer des compétences spécifiques. il paraissait aussi essentiel d’entreprendre un effort conjoint de ce type pour pouvoir faire face à un environnement en rapide mutation et, par conséquent, avoir une influence dans des domaines d’expertise et de compétence nécessaires dans ces organisations.
en outre, les membres du réseau jugeaient que les objectifs listés ci-après pouvaient être atteints plus facilement grâce à cet effort.
De plus, le NCRSO identifia aussi des programmes communs comme, par exemple, des programmes de création de capacités, de développement institutionnel, de dissémination de l’information, de recherche et de documentation, de production de matériels, de réseautage et de suivi et d’évaluation dans le but d’atteindre les objectifs mentionnés ci-haut.
Il est essentiel de mentionner que la Pria joua un rôle pour permettre et faciliter la création non seulement d’organisations d’aide régionale, mais aussi du NCRSO. au départ, la Pria était principalement responsable de la coordination et de l’élargissement des compétences et capacités des membres, une responsabilité partagée plus tard entre d’autres membres après la création du réseau. en outre, la Pria élargit l’aide financière par le biais de petites subventions allouées aux membres, principalement pour la poursuite d’activités entreprises conjointement et pour créer un espace servant à expérimenter et à explorer de nouvelles idées.
Les rapports entre la Pria et les membres sont régis par des principes choisis d’un commun accord et par les objectifs conjoints du réseau. les membres participent de manière positive en donnant de leur temps, de leur énergie et de leur expertise pour les activités menées par le réseau en termes de création de capacités, de documentation et de plaidoyer. les membres du réseau se complètent aussi mutuellement en fournissant le soutien nécessaire grâce à leurs compétences spécifiques. le réseau contribue quant à lui également à former les points de vue de ses membres et à les aider à se créer des capacités dans différents domaines de gestion organisationnelle. les membres acquièrent en outre le sens de la solidarité grâce au réseau. le réseau permet à ses membres de se faire une idée du macrodéveloppement et d’un développement plus large. le nCrsO joue un rôle primordial pour promouvoir de nouveaux réseaux d’organisations de la société civile et renforcer des réseaux existants. Cette expérience indique l’importance de l’aide aux réseaux d’organisations de la société civile aux niveaux des districts, des états et du pays.
Toutefois, le NCRSO reconnaît aussi quelques défis qui se poseront à l’avenir. le premier consiste à soutenir globalement le secteur de la société civile, notamment dans le contexte d’une marge de manoeuvre de plus en plus restreinte pour elle et de l’amenuisement des ressources. en outre, des possibilités de partenariats entre des organisations de la société civile, le gouvernement et le marché ont commencé à poindre et elles nécessiteront des initiatives et capacités particulières pour que le réseau étende son aide à de tels partenariats d’intérêt général. On ne saurait non plus assez souligner la nécessité d’élargir l’aide à la recherche politique et au plaidoyer. Ce rôle est devenu crucial pour la société civile, et elle ne dispose que de peu de capacités pour le jouer dans la réalité. en tant que réseau d’organisations d’aide régionale, le NCRSO ne pourra jouer un rôle significatif à l’avenir que si ses membres continuent à se dynamiser eux-mêmes en réponse aux défis émergeants et à élargir constamment leurs propres capacités.
Le financement est une question importante pour un réseau, principalement pour deux raisons: le financement est essentiellement nécessaire premièrement, afin d’entretenir un petit secrétariat pour faire fonctionner le réseau et, deuxièmement,pour mettre en place des activités conjointes. À la différence d’organisations plus grandes et bien établies, les organisations de plus petite taille ont du mal à servir la cause de leur réseau. il faut chercher des financements externes pour entretenir le réseau et ses activités et programmes conjoints. l’entretien d’un réseau doit dépendre de la nature de ses activités et de sa capacité, ainsi que de celle de ses membres, à mobiliser des ressources internes et externes. néanmoins, les membres d’un réseau doivent contribuer au financement principal nécessaire à son bon fonctionnement.
La Pria et le NCRSO ont très largement contribué au changement social en accroissant la valeur des activités d’éducation des adultes. d’une part, le réseau a créé des capacités chez ses membres qui, d’autre part, ont créé des capacités dans des organisations à la base se consacrant au développement des communautés pauvres et marginalisées. les bénéfices de ces efforts menés pour créer des capacités en se basant sur des approches participatives ont directement profité à la population adulte, principale destinataire des programmes.
Il est important de dire que de 1992 à 2002 la Pria et le réseau oeuvrèrent à renforcer les institutions d’autogouvernance locale comme promulguées dans les 73e et 74e amendements de la Constitution. dans le cadre de ce programme, ils mirent en oeuvre des activités comme la campagne préélectorale de sensibilisation des électeurs, la campagne de sensibilisation des panchayati rajs, la consolidation des gram sabhas et la microplanification dans les gram panchayats dans dix-huit états d’inde. la campagne préélectorale reposait sur des pièces de théâtre dans la rue, des réunions, des distributions d’affiches et de brochures, de grands meetings, etc. couvrant plus d’un million d’adultes (électeurs admissibles). en outre, les membres du réseau mobilisèrent 3000 organisations à la base pour mener ces activités dans différentes régions du pays. la Pria et le réseau formèrent aussi 50000 représentants élus à la méthode de formation participative. une telle participation illustre clairement l’importance du réseau et celle de l’éducation des adultes dans les processus de transformation sociale.