La scolarité formelle ne peut à elle seule fournir les réponses aux besoins éducatifs des citoyens et des sociétés qu’il faut satisfaire pour venir à bout des défis auxquels l’humanité se trouve actuellement confrontée et qui se multiplientŸ, affirme Maria Lourdes Almazan Khan, secrétaire générale de l’Association Asie-Pacifique-Sud pour l’éducation de base et des adultes (ASPBAE) qui fête fièrement un demi-siècle d’engagement et d’action en faveur de l’éducation des adultes dans la vaste région Asie-Pacifique. Partie d’un petit groupe de spécialistes et d’éducateurs dévoués, cette association, aujourd’hui un réseau de cent-soixante-dix-neuf organisations membres, est reconnue comme un indispensable partenaire pour la conception de politiques de l’éducation aux plans régional et mondial.
L’ASPBAE est un des réseaux régionaux d’éducation des adultes les plus anciens du monde. le 30 janvier 2014, l’association commémorera ses cinquante ans de travail et d’efforts pour faire progresser l’éducation et l’apprentissage des adultes.
Née de la vision et de l’audace d’un petit groupe d’éducateurs d’adultes passionnés, l’asPBae s’est obstinée et a survécu grâce à cette même audace, perpétuée par les membres et les dirigeants qui ont succédé à ses pères fondateurs, ce qui a permis à l’asPBae d’évoluer avec les nombreuses conjonctures qu’elle a traversées, d’y répondre et de les influencer.
W. M. K. Wijetunga, secrétaire général de l’asPBae de 1985 à 1995 retrace les débuts de l’association en commençant par son origine, lors de la deuxième Conférence internationale de l’unesCO sur l’éducation des adultes, en août 1960 au Canada, à Montréal.1 la conférence de Montréal demandait une plus grande coopération internationale et régionale, davantage d’échanges et d’interaction parmi les chercheurs et les prestataires de services d’éducation des adultes de différents pays pour améliorer l’éducation des adultes dans la pratique. stimulé par l’appel à l’internationalisation, un groupe de professionnels de l’éducation des adultes de la région asie-Pacifique se réunit durant la conférence de Montréal pour examiner la possibilité de créer un réseau d’éducation des adultes dans la région. arnold Hely de l’université d’adélaïde, en australie, dirigea cette entreprise. s’appuyant sur son vaste réseau de contacts internationaux, Hely réussit finalement à réunir des ressources et des moyens pour organiser un séminaire régional de l’unesCO afin de déclencher le processus de création d’une plate-forme régionale sur l’éducation des adultes. ainsi, un séminaire de l’unesCO, intitulé Le rôle des écoles et des universités dans l’éducation des adultes, se réunit du 18 janvier au 1er février 1964 au Women’s College de l’université de sydney, en australie. roger Morris de l’organisme Adult Learning Australia (ala) et membre à vie de l’asPBae, écrit qu’à certains égards, ce séminaire ne fut pas particulièrement propiceŸ pour aborder le sujet de la conférence. un participant avait fait remarquer que les séances étaient dominées par les ‹experts› anglophones dont peu semblaient vraiment comprendre les besoins et possibilités de la région.Ÿ Malgré cela, ce séminaire s’est inscrit dans les annales de l’éducation des adultes comme un évènement utile: son résultat le plus important à long terme fut la création de l’association asie-Pacific pour l’éducation de base et des adultes (asPBae). la réunion lors de laquelle il fut créé, et à laquelle participèrent trente-trois membres fondateurs, se déroula le 30 janvier 1964. Hely fut le premier secrétaire général élu et shiva dutta, un indien, en devint le premier président.2 initialement, l’asPBae avait de modestes ambitions du fait des ressources limitées dont disposait cette organisation alors créée de fraîche date. sa première mesure consista à accepter de dresser une liste de professionnels de l’éducation travaillant à plein temps dans le secteur de l’éducation des adultes en asie et dans le Pacifique.3
La première décennie qui suivit la création de l’asPBae fut semée d’embûches et l’organisation eut peine à continuer d’exister après la mort prématurée d’arnold Hely en 1967. l’organisation ne disposait pas de fonds véritables et ne fut par conséquent en mesure d’organiser que quelques évènements régionaux associés à des activités financées par le biais d’autres sources.4 en 1972, Chris duke, qui allait devenir le second secrétaire général de l’asPBae décrivit ainsi son premier contact avec l’organisation et l’engagement qui s’ensuivit:
C’était un cercle restreint et sans base solide, composé de gens travaillant dans des universités, des ministères et dans quelques associations nationales. Ma première rencontre avec l’ASPBAE, se déroula en 1972 à New Delhi, à l’occasion d’un atelier régional financé par une Stiftung (fondation, en allemand dans le texte, ndlt). J’y appris (trop tard!) qu’y participer avait un prix: accepter la charge du secrétariat et insuffler la vie à une organisation qui n’était plus que l’ombre d’elle-même. Durant les deux années qui suivirent, le bulletin de l’ASPBAE (intitulé Courier) constitua la preuve principale de son existence.5
ASPBAE course de développement du leadership
Source: Maria Lourdes Almazan Khan
L’important travail fournit par l’asPBae en tant que réseau régional démarra véritablement en 1977, ce qui coïncida avec le début de son partenariat avec la dvv (Confédération allemande pour l’éducation des adultes) et son institut pour la coopération internationale (iiZ), l’actuel DVV international. Cette année-là, Chris duke assistait à une conférence d’éducateurs d’adultes à Téhéran où il eut de longs entretiens sur l’asPBae avec Bernd Pflug de la dvv. Ce n’était pas le premier contact, et ce ne fut pas le dernier, entre l’asPBae et la dvv: Helmuth dolff, à l’époque directeur de la dvv, avait assisté en 1964 au séminaire de sydney à l’occasion duquel l’asPBae avait été créé.
L’asPBae que la dvv découvrit en 1977 avait évolué depuis les années de sa fondation tant du point de vue de sa forme que de son travail. le travail de Joan allsop, arch nelson et Chris duke en australie qui avaient créé un bulletin, l’asPBae Courier, pour élargir le système de correspondance et d’information afin d’ancrer l’association en australie, contribua à bien en établir son profil.6 Toute une série d’évènements internationaux organisés au début des années soixante-dix sur le thème de l’éducation des adultes avaient stimulé l’activité de l’asPBae et lui avaient donné un but: la troisième Conférence internationale de l’UNESCO sur l’éducation des adultes qui s’était tenue en 1972 à Tokyo et qui fut à l’origine de la création du Conseil international d’éducation des adultes (Ciea) en 1973, dont l’asPBae fut l’un des membres fondateurs et qui devint sa section régionale pour la région asie-Pacifique. en 1976, la première assemblée mondiale du Ciea, organisée à dar es salam, avait été inaugurée par Julius nyerere, le président tanzanien de l’époque. en novembre 1976, la conférence générale de l’UNESCO avait adopté la Recommandation sur le développement de l’éducation des adultes, un outil normatif de l’UNESCO qui proposait des principes directeurs et une approche globale pour promouvoir et développer l’éducation des adultes au sein des états membres de l’unesCO.
Le climat était par conséquent propice, comme le décrit Chris duke, pour unir et mobiliser des gens de toute la région qui avaient les mêmes idées et étaient dévoués à la cause de l’éducation des adultes, du développement de communautés et de l’aide à un développement humain équilibré, associant des fins économiques et sociales en mettant l’accent sur les pauvres d’entre les pauvres,7 ceci dans le but de se rassembler et de remettre en question les discours mondiaux sur l’éducation des adultes qui parlaient de plus en plus de ce secteur comme d’un instrument de démocratie, de justice sociale et de libération.
C’est dans ce contexte que la dvv et l’asPBae organisèrent conjointement un atelier en 1977 à Chiangmai (Thaïlande) pour définir ensemble les caractéristiques du partenariat entre elles deux. Ce partenariat devait devenir un outil qui servit à élargir les activités de l’asPBae à l’époque et durant les décennies qui suivirent. au fil des années suivantes, des associations nationales d’éducation des adultes se développèrent et prospérèrent avec le concours de professionnels des secteurs universitaire et gouvernemental. des formations, ateliers et conférences nationaux et organisés entre plusieurs pays, et des échanges financés grâce à des bourses de voyage pour la région asie-Pacifique furent mis sur pied. la structure de gouvernance de l’asPBae fut renforcée par le biais d’une réunion annuelle de l’exécutif et la diffusion d’informations grâce à la version augmentée de l’asPBae Courier. l’asPBae intensifia aussi ses activités d’échanges internationaux et de dialogue sud-sud, notamment par le biais du Ciea.8 Conjointement avec d’autres OnG, l’asPBae et ses membres jouèrent un rôle important dans le lobbying en faveur de l’adoption de la résolution intitulée Le droit d’apprendre et dans sa présentation en 1985 à Paris, lors de la quatrième Conférence internationale de l’UNESCO sur l’éducation des adultes.
Au milieu des années quatre-vingt toutefois, l’asPBae se retrouva en crise. le paysage de l’éducation des adultes avait considérablement changé depuis les deux décennies précédentes du fait de la croissance et du développement d’OnG et d’organisations de la société civile dans la région. la pratique dynamique et hautement créative de l’éducation des adultes et les idées à ce sujet n’étaient clairement plus limitées aux universités ou aux ministères de l’éducation des gouvernements. de plus en plus, elles se manifestaient dans des communautés rurales où des fermiers s’organisaient pour demander une réforme agraire authentique; dans les luttes que menaient des populations indigènes pour obtenir le droit à l’autodétermination et les droits de propriété sur leurs territoires ancestraux; au sein de groupes de femmes qui réclamaient la fin de la discrimination et des inégalités; dans les mouvements antidictatoriaux et les luttes pour faire progresser la démocratie populaire, et, enfin, dans les organisations populaires qui revendiquaient la participation des citoyens à la politique et aux prises de décisions afin de créer une voie du développement plus juste et plus durable pour l’humanité.
L’ASPBAE devait suivre le rythme de ces profondes mutations – de la façon dont il avait défini et organisé ses efforts et ses groupes constitutifs. en étroite collaboration avec de puissants partenaires du Ciea dans la région asie-Pacifique, notamment avec rajesh Tandon de la Pria (inde), Carol añonuevo du Center for Women’s resources (Philippines) et actuellement directrice adjointe de l’institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie, le défunt Om shrivatsava d’ascha (inde) et W. M. K. Wijetunga, à l’époque secrétaire général de l’asPBae, dirigèrent de 1989 à 1990 une procédure d’évaluation stratégique. Celle-ci avait pour but d’identifier dans la région les nouveaux acteurs de l’éducation des adultes parmi les OnG et les groupements de la société civile, et d’établir les thèmes essentiels du développement auxquels l’éducation des adultes devrait se consacrer dans la région asie-Pacifique. les fruits de ce travail furent présentés à Macao en 1990, à l’occasion de la réunion du conseil exécutif de l’asPBae. il recommandait entre autres vivement de convoquer une assemblée de tous les nouveaux membres potentiels de l’asPBae pour mieux ancrer le travail de l’association dans les réalités de la région et dans le but de redéfinir sa structure et ses priorités à cet égard.
La première assemblée générale de l’asPBae se déroula du 8 au 14 décembre 1991 à Tagaytay (Philippines), un an après la conférence mondiale historique qui s’était déroulée en Thaïlande, dans la ville de Jomtien, et lors de laquelle les gouvernements de cent cinquante-cinq pays s’étaient engagés à universaliser l’éducation de base, à éradiquer l’analphabétisme à l’horizon 2000 et à garantir l’éducation pour tous.
Cette première assemblée générale marqua le début de changements stratégiques concernant la formation et le fonctionnement de cette association régionale d’éducation des adultes qui existait à l’époque depuis vingt-sept ans. sa structure qui autorisait exclusivement un membre (association nationale) par pays changea et l’asPBae se mit à accepter l’adhésion directe d’organisations individuelles, ce qui lui permit d’élargir sa base d’organisations non gouvernementales et de la société civile (OnG/OsC). l’assemblée générale reconstitua son conseil exécutif pour assurer l’équilibre géographique et, pour la première fois, une répartition équilibrée entre les sexes. les membres de l’exécutif étaient à présent élus par les membres de l’asPBae. Pour soutenir les nouveaux programmes et entretenir la participation de ces membres devenus plus nombreux, l’asPBae élargit aussi son équipe de professionnels.
Les années qui suivirent l’assemblée de Tagaytay furent consacrées à la création et à la consolidation d’un réseau capable de remplir cette mission. en 1995, L’ASPBAE nomma pour la première fois une femme, Maria lourdes almazan Khan, au poste de secrétaire générale, indiquant ainsi un autre changement important au niveau de l’organisation. d’autres grands changements devaient bientôt suivre: durant la troisième assemblée générale de 2000 à Chiangmai, les membres analysèrent les résultats d’un vaste bilan des activités de l’organisation et de sa situation à l’époque dans un document intitulé: apprendre à faire la différence (Learning to Make a Difference), qui faisait remarquer que:
En tant que réseau et mouvement pour une éducation des adultes transformatrice et développant le pouvoir d’agir, l’ASPBAE a bien réussi.
Plate-forme des membres de l’ASPBAE
Source: Maria Lourdes Almazan Khan
Le bilan faisait toutefois remarquer que l’on n’avait pas réussi jusqu’alors à exploiter la puissance du réseau pour influencer les réformes politiques de l’éducation ou pour remettre en question les paradigmes dominants de l’éducation et de l’apprentissage, là où c’était nécessaire. en raison de son profil globalement limité d’OsC, de son absence de visibilité et de sa position restreinte, les possibilités de l’asPBae d’affirmer son utilité et de mobiliser davantage de fonds pour ses activités se trouvaient gênées.
Par conséquent, en définissant comment l’asPBae pouvait mieux faire la différence, l’assemblée générale de 2000 mettait davantage l’accent sur le rôle de l’aPsBae en matière de plaidoyer politique.9
les caractéristiques actuelles des activités, des groupes constitutifs et des structures de l’asPBae ont considérablement été formées par les décisions de l’assemblée générale en 2000. durant la période qui suivit cette assemblée, les efforts de l’asPBae pour créer des alliances et coalitions furent fortement motivés par des impératifs liés à ses activités de campagne et de plaidoyer politique. l’organisation se consacra au nouveau leadership et à la création de capacités pour consolider à différents niveaux ses compétences en matière de plaidoyer politique, tout en entretenant son soutien à la création de capacités répondant à une demande de façon à donner des moyens à ceux qui donnent des moyensŸ, en particulier aux gens travaillant avec des groupes marginaux.
À l’époque en matière d’éducation, l’espace d’action politique se situait dans les processus de suivi de l’éducation pour tous (eFa). en avril 2000, le Forum mondial sur l’éducation se réunit au sénégal, à dakar. reconnaissant que les objectifs de Jomtien n’avaient pas été atteints, la communauté internationale s’engagea à accélérer ses efforts pour réaliser l’éducation pour tous, redéfinie dans six objectifs assortis d’une nouvelle échéance pour les atteindre, à savoir 2015. les objectifs n° 3 (sur les compétences nécessaires aux jeunes et aux adultes dans la vie courante) et n° 4 (sur l’alphabétisation des adultes) étaient particulièrement importants pour les défenseurs de l’éducation des adultes. les engagements pris en matière d’ePT faisaient clairement référence aux bailleurs de fonds et aux gouvernements et, par conséquent, aux OsC qui cherchaient à influer sur la politique. les espaces de participation aux processus politiques de l’ePT s’élargissaient pour les OsC: les OnG du sud se faisaient de mieux en mieux entendre dans la sphère mondiale, de nouvelles arènes politiques émergeaient aux plans régional et national, les OsC étaient de plus en plus reconnues, non seulement pour la part qu’elles prenaient en matière d’offre éducative, mais aussi du fait de leur rôle dans l’élaboration de politiques et de leurs compétences dans ce domaine. Pour l’asPBae, l’ePT était par conséquent la principale plate-forme pour s’engager politiquement et entreprendre des activités de plaidoyer.
Par la suite, l’asPBae s’aligna largement sur les principales OsC dans le secteur mondial de l’EPT, à savoir: la Campagne mondiale pour l’éducation (CME) et la Consultation collective des OnG sur l’éducation pour tous (CCONG/EPT) de l’UNESCO, tout en maintenant ses partenariats de longue date avec le Conseil international d’éducation des adultes (CIEA) et DVV international. l’asBPae élargit de plus en plus sa sphère d’activités conjointes dans le secteur de l’ePT avec des OsC qui, en collaboration avec des associations d’alphabétisation, des OnG d’éducation et de formation, et des groupes d’éducation populaire, devaient constituer la base des coalitions pour les campagnes nationales d’éducation menées dans les différents pays de la région, et ce qui fit d’elle le fer de lance des activités de plaidoyer en matière d’EPT.
Les efforts fondamentaux de l’asPBae pour faire progresser le droit de tous – en particulier celui des groupes marginalisés – à apprendre tout au long de la vie ont fait de cette organisation une participante naturelleŸ à tous les processus de l’éducation pour tousŸ et une importante partenaire en la matière. après tout, l’alphabétisation des adultes, l’enseignement de compétences nécessaires dans la vie courante, l’éducation en matière de viH/sida et l’éducation pour les groupes marginalisés faisaient partie des objectifs de l’ePT. en outre, l’asPBae se mit de plus en plus à réaliser que dans l’avantage de l’éducation pour tous, dans le contexte politique de l’époque, il était nécessaire de souligner – du point de vue des droits – l’indivisibilité du calendrier de l’éducation pour tous (pour tous les enfants et tous les adultes, tant les hommes que les femmes), à savoir qu’une éducation primaire et secondaire universelle, de qualité ne peut s’obtenir dans l’absence constante d’environnements d’apprentissage sûrs et habilitants pour les filles et les garçons, au sein de foyers et de communautés que des parents alphabétisés et sensibilisés sont en mesure de leur offrir. de même, la possibilité d’un apprentissage tout au long de la vieŸ utile pour tous les citoyens s’appuie sur une éducation de basesolide. À l’évidence, notamment dans la région asie-Pacifique, les défenseurs de l’éducation des adultes ne pouvaient pas non plus faire autrement que de faire de l’éducation primaire universelle l’une de leurs principales activités.10
En 2008, la cinquième assemblée générale de l’asPBae décida d’un changement important de sa constitution. ses participants se mirent d’accord pour la rebaptiser: tout en conservant l’acronyme asPBae (en toutes lettres: Asia-Pacific Bureau of Adult Education), ils lui donnèrent le nom de Asia South Pacific Association for Basic and Adult EducationŸ – soulignant ainsi la modification de la structure et des groupes constitutifs de l’organisation depuis 1991. de plus, l’expression basic educationŸ (éducation de base) fut aussi ajoutée, traduisant le soutien de l’organisation au calendrier global de l’ePT tout en se concentrant principalement et prioritairement sur les progrès de l’éducation et de l’apprentissage des adultes.
L’assemblée réaffirma aussi la vision de l’association:
Le but fondamental de l’ASPBAE est de faire progresser et de défendre le droit de tous les gens à apprendre et à bénéficier tout au long de leur vie d’un accès équitable à des offres d’éducation et d’apprentissage utiles et de qualité, leur permettant ainsi de faire face à leurs conditions de vie, d’y survivre et de les changer, et de définir leur propre destin.
L’assemblée réaffirma en outre ses responsabilités quant à la fonction transformatrice de l’éducation des adultes et de l’éducation de base, en particulier quant à la promotion des intérêts éducatifs des groupes défavorisés et vulnérables.
L’assemblée proclama l’adoption de quatre stratégies essentielles pour réaliser sa vision: 1) développement du leadership et de capacités; 2) plaidoyer politique pour un accès équitable à des offres d’apprentissage tout au long de la vie et d’éducation pour tous de qualité; 3) création de partenariats stratégiques; 4) renforcement institutionnel.
La sagesse et l’audacieuse ambition des membres et de la direction de l’ASPBAE au fil des ans lui ont été très utiles.
Aujourd’hui, l’asPBae compte cent soixante-dix-neuf organisations membres et une centaine de membres individuels dans trente-trois pays de toute la région asie-Pacifique. les membres de l’ASPBAE, liés par une vision commune, se composent d’une grande variété d’OnG, d’organisations communautaires, de coalitions pour l’éducation, de praticiens et de militants de l’éducation des adultes, de chercheurs et d’activistes, opérant dans un vaste éventail de domaines: communes, universités et arène politique. l’asPBae a bien contribué à améliorer la pratique de l’éducation des adultes transformatrice dans la région asie-Pacifique. elle a offert des espaces à des formateurs-facilitateurs de l’éducation des adultes pour accroître leurs compétences, élargir le groupe des formateurs capables d’intervenir dans des contextes d’enseignement et d’apprentissage aux plan national, régional et international, et prêts à le faire. Ceci a permis d’élargir le groupe de praticiens hautement qualifiés de l’éducation des adultes qui aident l’asPBae à mener ses programmes. Grâce à ses activités de développement du leadership, l’asPBae a contribué à renforcer la direction de ses organisations membres au niveau des cadres moyens grâce à sa formation annuelle aux bases du leadership et à la participation des membres à différents programmes de l’asPBae en tant qu’organisateurs, conseillers et participants. un certain nombre des membres du conseil exécutif de l’asPBae ont eux-mêmes bénéficié de cette formation annuelle.
Le travail de l’asPBae – dans des domaines de l’éducation des adultes et de l’apprentissage tout au long de la vie aussi divers que l’alphabétisation des adultes, l’éducation pour développer le pouvoir d’agir des femmes, l’éducation pour la paix et la prévention des conflits, l’éducation et la formation professionnelles techniques, l’acquisition de compétences nécessaires dans la vie courante, l’éducation au développement durable et au changement climatique, l’éducation des populations indigènes, l’éducation à la citoyenneté et à la bonne gouvernance, l’éducation des travailleurs immigrés, l’éducation des personnes âgées – a offert aux praticiens de l’éducation des adultes de la région des espaces d’échange sur leurs expériences, leur permettant d’apprendre les uns des autres et de consolider leurs activités dans la pratique. l’asPBae a rendu plus visible le travail hautement créatif et dynamique d’OnG et de groupes locaux par le biais de ses activités de documentation, de recherche, de publication, d’information et de communication – donnant ainsi l’occasion aux praticiens à la base de renseigner des spécialistes et des politiques sur leurs expériences et leurs cadres d’activité.
Jeunes gens font un ralley
Source: Maria Lourdes Almazan Khan
L’ASPBAE a contribué à renforcer l’infrastructure des OsC au plan national pour faire progresser le droit à l’éducation et à l’apprentissage grâce à un plaidoyer politique efficace, en ayant recours à un vaste éventail de moyens pour soutenir leurs capacités: formations, recherche politique, développement de kits d’outils, soutien du développement institutionnel et appui pour organiser et mener des campagnes et actions de plaidoyer politique. durant la Conférence de dakar, en 2000, seule une coalition organisait une campagne d’éducation dans la région asie-Pacifique (CaMPe, Bangladesh). depuis, l’asPBae a aidé à créer et consolider douze coalitions menant des campagnes nationales d’éducation dans des pays en développement de la région. Ces coalitions sont aujourd’hui crédibles aux yeux des décideurs gouvernementaux dans leurs pays respectifs: huit sont membres d’importants comités d’éducation, sept participent à des groupes d’éducation locaux réunissant des dépositaires d’enjeux multiples (gouvernements et bailleurs de fonds) et cinq ont représenté la société civile à l’occasion de bilans annuels du secteur de l’éducation nationale. Plusieurs de ces coalitions peuvent affirmer avoir produit quelques modestes avancées politiques: les coalitions de Papouasie-nouvelle Guinée, des îles salomon et de vanuatu ont redonné à l’alphabétisation son importance et son caractère prioritaire dans la politique et la planification de l’éducation ainsi que dans l’esprit du public après avoir présenté aux gouvernements les résultats d’enquêtes sur l’alphabétisation, révélant d’immenses écarts entre les statistiques officielles reposant sur des déclarations personnelles et les résultats d’évaluation de l’alphabétisation. au Cambodge, les directives proposées par la coalition pour éliminer les frais de scolarité ont été incluses dans le Plan national de développement social (2009-2013) et le Plan du secteur de l’éducation (20092013) du gouvernement. la coalition du vietnam a dialogué intensément avec le gouvernement sur la consolidation des centres d’apprentissage de proximité, en se basant sur un critère d’évaluation clair proposé par la coalition. le Plan de mise en oeuvre accélérée de mesures pour atteindre les marginalisés rédigé par enet Philippines a servi à l’élaboration des plans et budgets 2013 du ministère de l’éducation. les efforts récents de l’ASPBAE pour créer des capacités de plaidoyer en faveur de l’alphabétisation des femmes, financés par l’ue, ont permis d’accroître le nombre de groupes constitutifs pour l’alphabétisation des femmes en inde, en indonésie, aux Philippines et en Papouasie-nouvelle Guinée grâce à la création de réseaux d’alphabétisation des femmes (inde et indonésie), qui ont commencé à pousser les gouvernements de leurs pays sur la voie politique de l’alphabétisation des femmes, et grâce au renforcement des compétences des coalitions nationales pour l’éducation (Philippines et Papouasie-nouvelle Guinée) en ce qui concerne les activités politiques liées à l’alphabétisation des femmes. les aspects forts et positifs du document final de la sixième Conférence internationale sur l’éducation des adultes de 2009 (CONFINTEA 6), le Cadre d’action de Belém, sont en grande partie le fruit du puissant lobbying des OSC sur ce processus politique ainsi que de la présence hautement organisée de l’asPBae et de sa contribution à cette occasion.
L’ASPBAE est une voix de la société civile reconnue dans les arènes régionales et mondiales de la politique de l’éducation. elle renseigne les débats sur les points de vue et préoccupations des OSC de la société civile que la richesse théorique et pratique de son vaste réseau lui permet de recueillir et grâce aux solides recherches et analyses politiques qu’elle mène. l’asPBae a représenté plusieurs fois les intérêts de l’éducation des adultes au sein du groupe de haut niveau sur l’EPT, du groupe de travail sur l’ePT, du groupe régional de travail thématique sur l’ePT, de l’organe consultatif du rapport mondial de suivi sur l’EPT ou encore du groupe d’experts de la décennie de l’alphabétisation sous l’égide de l’Onu, pour n’en citer que quelques-uns. l’ASBAE a fait partie des OsC déléguées au comité de projet de la COnFinTea vi et de son groupe consultatif mondial. elle a aussi travaillé sans relâche pour donner à ses membres davantage de possibilités d’intervenir directement dans les espaces politiques régionaux et mondiaux, jugeant qu’il est dans l’intérêt collectif des défenseurs des droits à l’éducation que des voix puissantes de militants à la base s’expriment directement dans les débats régionaux et mondiaux.
L’ASPBAE s’est forgé une solide tradition en matière de leadership grâce à un organe dirigeant actif et particulièrement engagé. les membres du conseil exécutif de l’asPBae sont issus des quatre sous-régions où l’association intervient: asie du sud et centrale, asie de l’est, asie du sud-est et Pacifique sud. ils sont élus tous les quatre ans par l’assemblée générale en même temps que le président de l’asPBae. le secrétaire général dirige une équipe compétente et hautement dévouée, composée de dix-huit professionnels. les financements principaux obtenus grâce au partenariat de longue date entre l’asPBae et la DVV constituent la fondation sur laquelle s’appuient les activités de l’association et permettent de développer de nouveaux partenariats et de diversifier la base des ressources de l’ASPBAE. durant les années soixante-dix, le soutien de la dvv représentait plus de 70% de l’aide totale perçue par l’association. durant la décennie suivante, ce pourcentage s’élevait en moyenne à 46%, et ces trois dernières années, il équivaut à moins d’un tiers du total de l’aide dont bénéficie l’ASPBAE. le soutien professionnel actif, l’engagement et la solidarité de la dvv, notamment d’Hanno schindele qui fut plusieurs années durant coordinateur en asie et d’Heribert Hinzen aux différents structurer ses activités pour donner à l’asPBae l’assurance nécessaire pour rêver et structurer ses activités de façon à répondre plus efficacement aux changements de situation auxquels elle s’est trouvée confrontée durant sa longue existence.
Il y a sans doute beaucoup de choses à fêter étant donné que le cinquantième anniversaire de l’asPBae approche.
Toutefois, en raison de la situation actuelle, il devient difficile à plusieurs égards pour l’asPBae de continuer de fournir du bon travail. la crise financière en europe et aux usa a affecté la croissance économique mondiale, ce qui s’est traduit par la réduction des budgets de l’éducation dans de nombreux pays pauvres et par une baisse de l’aide officielle au développement. Malgré la pauvreté qui règne toujours à vaste échelle en asie, ce continent est de plus en plus perçu comme un centre de croissance, et du fait qu’il abrite des bailleurs émergents non traditionnels, on le considère de moins en moins comme un destinataire prioritaire de l’aide. l’éducation et le développement, prioritaires durant la dernière décennie, ont perdu leur place prépondérante dans les débats politiques qui mettent maintenant l’accent sur l’emploi, la croissance, la durabilité/l’économie verteŸ et les conflits/le terrorisme. On a affirmé que souligner le rôle essentiel et la part prise par l’éducation pour aborder les questions actuellement dominantes lui vaudrait davantage de considération. Ceci ouvre une brèche pour faire évoluer le cadre de l’apprentissage tout au long de la vie dans le discours actuel. sans aucun doute, une scolarité formelle de qualité permet d’inculquer les compétences essentielles fondamentales dont les citoyens ont besoin et qu’ils devraient être en droit d’acquérir. Toutefois, elle ne saurait suffire à donner les réponses éducatives nécessaires aux citoyens et aux sociétés pour venir à bout des défis actuels croissants auxquels l’humanité se trouve confrontée.11 affirmer fermement et clairement la valeur et les contributions d’un cadre pour l’éducation non formelle, l’éducation des adultes et l’apprentissage tout au long de la vie pourrait effectivement être la clé pour entretenir l’attention au plan politique et permettre à l’éducation de demeurer prioritaire dans un cadre élargi – offrant ainsi aux OsC de l’éducation un environnement plus hospitalier, en l’occurrence aussi à l’asPBae, de façon à lui permettre de poursuivre son travail et d’accélérer ses efforts pour répondre aux besoins éducatifs, notamment à ceux des laissés-pour-compte. l’asPBae est prête à relever ce défi avec l’engagement, le courage et la passion qui ont caractérisé son existence et sa création.
1 Wijetunga, W.M.K, ASPBAE (1964-1997), a Glimpse at its Past, Present and the Future, document de travail interne, ASPBAE, 1997.
2 Morris, roger, arnold Hely and australian adult education, australian Journal of adult learning, volume51, édition spéciale, décembre 2011.
3 ibid.
4 Morris, 2011 et Wijetunga, 1997.
5 duke, Chris, dvv et asPBae, la dvv et l’ASPBAE – les premières années, éducation des adultes et développement (ead), n° 60, iiZ/dvv, 2003.
6 Wijetunga, 1997.
7 ibid.
8 ibid.
9 ASPBAE, Summary of Discussions, ASPBAE Executive Council Strategic Review and Planning, document
de travail interne, ASPBAE, 2000.
10 Ibid.
11 Khan, Maria lourdes a., Transforming our Future: Opportunities and Challenges for Civil society, ASPBAE edlines, n° 5, ASPBAE, septembre 2012.