Cette séance a été organisée au nom du Forum EFA par l’Institut pour l’éducation de l’UNESCO (UIE), l’Institut international d’alphabétisation (ILI), ActionAid et l’Agence suédoise pour le développement international (SIDA). Elle a été initiée suite à une résolution proposée par un ensemble de nations membres1 et adoptée lors de la cinquante-quatrième session de l’Assemblée générale. Elle avait pour but d’examiner la Décennie de l’alphabétisation organisée sous l’égide des Nations Unies. Dans la résolution il était demandé que le Secrétaire Général, en collaboration avec le Directeur Général de l’UNESCO, soumette une proposition et un plan d’action pour cette Décennie lors de la cinquante-sixième session de l’Assemblée générale.
Le débat mené lors de la séance s’est basé sur un texte préliminaire (Literacy Decade Framework and Elements for a Plan of Action – Cadre de la décennie de l’alphabétisation et éléments d’un plan d’action) préparé par un groupe de spécialistes invités par la Division de l’éducation de base de l’UNESCO à Sèvres, en France, du 27 au 29 mars 2000.2 Le Cadre d’action de l’alphabétisation pour tous adopté dans ce document proposait les choses suivantes:
Cette seánce organisée lors du Forum sur l’éducation mondiale a été perçue comme une excellente occasion pour recueillir les premières réactions à l’égard de ce document et organiser une consultation concernant les conditions de lancement d’une initiative mondiale majeure axée sur l’alphabétisation universelle en tant que partie intégrante de l’éducation de base et élaborée dans le contexte du mouvement de l’éducation pour tous et de ses objectifs.
La seánce a attiré environ cent personnes venues des quatre coins du monde et issues de secteurs et organismes très différents: gouvernements, ONG, organismes universitaires et de recherche, organisations religieuses, ethniques et à la base. Les pays en voie de développement, y compris certains de ceux qui avaient promu la résolution, y étaient largement représentés, que ce soit parmi les animateurs de la seánce ou ses participants.
Les participants ont en général été d’accord sur le fait que l’éducation des jeunes et des adultes et tout particulièrement l’alphabétisation de ces derniers ont été négligées pendant les années 90. La notion d’éducation pour tous s’est traduite en pratique par l’éducation primaire des enfants. L’objectif spécifique de l’EPT qui avait trait à l’alphabétisation des adultes – à savoir réduire l’analphabétisme des adultes de moitié par rapport au pourcentage de 1990 – n’a pas été atteint. À l’exception de quelques pays qui ont entrepris des efforts notables dans ce domaine, peu de progrès ont été réalisés pour réduire le nombre des analphabètes, jeunes et adultes, qui s’élève à près d’un milliard dans le monde entier.
L’éducation des enfants et celle des adultes étaient plutôt considérées comme des options distinctes que comme des éléments complémentaires se renforçant l’un l’autre. L’enfant était pris de manière isolée, dans le contexte scolaire plutôt que dans celui de la famille et du foyer. L’éducation pour tous était perçue comme celle des enfants. La«vision élargie» de Jomtien d’une éducation élémentaireZa été réduite à la scolarité formelle et, plus particulièrement, à l’éducation primaire.
Différents participants ont fourni des exemples et rapprochés tous ces faits avec la situation dans leurs propres pays, confirmant ce que le bilan mondial de l’EPT pour l’an 2000, les rapports régionaux, la plupart des rapports nationaux et le rapport E-, sur l’EPT avaient reconnu officiellement.
Les participants se sont prononcés en faveur de l’idée d’organiser une décennie de l’alphabétisation sous l’égide de l’ONU. Leurs raisons étaient entre autres les suivantes:
Parmi les propositions concernant spécifiquement la décennie de l’alphabétisation sous l’égide de l’ONU se trouvaient les suivantes:
Bien qu’en ce qui concerne l’alphabétisation nous reconnaissions l’importance d’une approche holistique, tout au long de la vie et dans tous ses domaines (pour les enfants et les adultes allant ou non à l’école), plusieurs participants ont mis en garde contre la tendance à marginaliser l’alphabétisation des jeunes/des adultes lorsque celle-ci se trouve assujettie à la grandiloquence des grandes mesures politiques et stratégiques. Le besoin, reconnu depuis longtemps, d’avoir une double approche de l’alphabétisation exige que l’on rompe avec les conceptions traditionnelles et l’inertie habituelle pour mieux sensibiliser systématiquement à l’éducation et aux changements qui se produisent dans ce domaine et créer une culture reposant sur la coopération à tous les niveaux et par rapport à tous les acteurs.
L’ancienne vision | La vision renouvelée |
L’analphabétisme, mal social et responsabilité de l’individu. | L’analphabétisme, phénomène structurel et responsabilité sociale. |
L’objectif à atteindre: «éradiquer la pauvreté». | L’objectif à atteindre: créer des environnements instruits et des sociétés instruites. |
Les cours d’alphabétisation associés avec des groupes hors des écoles et des programmes non formels. | Les cours d’alphabétisation au sein et hors du système scolaire. |
La conception et le développement distincts de l’alphabétisation des enfants et de celle des adultes. | L’alphabétisation des enfants et celle des adultes réunies au sein d’un cadre d’action politique et d’une stratégie holistiques. |
L’alphabétisation comprise en tant qu’alphabétisation initiale, de base (au niveau élémentaire). | L’alphabétisation en tant qu’alphabétisation fonctionnelle (l’alphabétisation en tant que telle doit être fonctionnelle et durable) |
L’alphabétisation considérée distinctement de l’éducation élémentaire (alphabétisation et éducation élémentaire). | L’alphabétisation considérée comme partie intégrante de l’éducation élémentaire. |
L’apprentissage de l’alphabétisation et le développement associés à une période particulière de la vie d’une personne. | L’alphabétisation considérée comme un processus d’apprentissage tout au long de la vie. |
L’apprentissage de l’alphabétisation à l’école en tant qu’objectif de la première ou des deux premières classes. | L’apprentissage de l’alphabétisation à l’école en tant qu’objectif pour tout le cycle d’éducation primaire. |
L’alphabétisation en tant que domaine spécifique du programme scolaire (langues). | L’alphabétisation dans tout le programme scolaire. |
L’alphabétisation associée uniquement à des outils traditionnels (ex. crayon et papier). | L’alphabétisation associée à des outils conventionnels et modernes (crayon et papier, mais aussi clavier et technologies numériques). |
L’alphabétisation axée sur sa fourniture (enseignement). | L’alphabétisation axée sur son apprentissage. |
Les objectifs de l’alphabétisation axés sur son acquisition. | Les objectifs de l’alphabétisation comprennent son acquisition, son développement et son utilisation efficace. |
L’alphabétisation dont seul l’État est responsable. | L’alphabétisation dont l’État et la société civile sont responsables. |
Organisation: Adama Ouana – UIE, Hambourg
Présidence: Linda King – UIE, Hambourg
Animateurs: Rosa Maria Torres – Équateur/Argentine, Daniel Wagner – ILI, USA, David Archer – Action Aid, Royaume-Uni, Maria Kere – Save the Children, USA, Burkina Faso, Mamadou Lamarana Bah, ISESCO, Rabat, Peter Krug, Ministère de l'Éducation, Allemagne
Conclusions: Michael Omolewa, délégué de l'UNESCO, Nigéria, Chander J. Daswani, conseiller, UNESCO, Inde
Rapporteur: Rosa Maria Torres
Secrétaire: Jorge Sequeira, UNESCO
1 Bangladesh, Barbade, Biélorussie, Bolivie, Burkina Faso, Costa Rica, Équateur, Inde, Madagascar, Monaco, Mongolie, Maroc, Myanmar, Pakistan, République de Corée et Trinité et Tobago.
2 Le groupe se composait des personnes suivantes: C.J. Daswani (Inde), A. Lind (Suède), M. Omolewa (Nigéria), A. Ouane (Mali) et R.M. Torres (Équateur). Les membres suivants du personnel de l’UNESCO ont également pris part à cette réunion: A. Bah-Diallo (Directrice de la division de l’Éducation de base), S.K. Chu (Division des Statistiques de l’UNESCO), S. Schnuttgen (Consultation collective des ONG) et U. Miura (Section de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle).