Consultation internationale des ONG

Les ONG ont joué un rôle de premier plan dans la préparation de Dakar et de la conférence, ce qui n’a d’abord pas plu à tout le monde comme on aurait pu l’espérer. D’un autre côté, ceux qui se consacrent sérieusement à l’éducation savent que l’on ne peut se passer de l’engagement des nombreux parents et enseignants et d’une grande partie de la société civile organisés dans les ONG. La formation scolaire et l’éducation des adultes ne sont pas des actes bureaucratiques dont il faut laisser le soin exclusif à l’État, qu’il ne faut pas non plus libérer de ses obligations. Cette déclaration a été adoptée le 25 avril lors des consultations internationales des ONG, à l’occasion de la conférence.

Déclaration sur l’éducation pour tous


Dix ans après la Conférence sur l’éducation pour tous, le Forum mondial sur l’éducation à Dakar offre l’opportunité de faire le bilan des réalisations, des leçons et des échecs de cette décennie. La leçon la plus décevante est que les objectifs de Jomtien n’ont pas été atteints. Pourtant, 125 millions d’enfants voient leur droit à l’éducation violé chaque jour et restent prisonniers de la pauvreté. Pour des millions d’autres enfants, le manque de professeurs, de salles de classe et/ou de livres abrègent leur éducation scolaire et ils n’apprennent pas grand-chose. Les deux tiers des enfants n’allant pas à l’école sont des filles. Dans les pays en voie de développement, un adulte sur trois – 880 millions de personnes – est encore illettré.

Le Forum mondial sur l’éducation offre une opportunité de remplir les engagements pris par rapport à une éducation de qualité pour tous. Les gouvernements et les organisations internationales doivent faire des efforts concertés afin de mobiliser la volonté politique et les ressources financières. Le prix à payer pour avoir l’éducation pour tous est de 8 milliards d’USD supplémentaires par an. Cette somme est l’équivalent de quatre jours de dépenses militaires et de 9 minutes de spéculation monétaire internationale. Près de 300 ONG réunies à Dakar les 24 et 25 avril 2000 pour discuter de l’éducation pour tous pensent qu’il est possible de la réaliser si les gouvernements et les organisations internationales s’engagent sur les points listés ci-dessous:

  • Il est nécessaire de renouveler l’engagement en faveur de l’éducation comme droit tel que cela est exprimé dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, paragraphe 26, dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, article 13, et dans la Convention des droits de l’enfant, article 28.
  • Il est nécessaire de s’engager à offrir une éducation de base gratuite et de qualité à tous les enfants, aux jeunes et aux adultes. L’équité doit être assurée à tous les niveaux. Tous les coûts directs de l’éducation de base doivent être supprimés.
  • Un engagement doit être pris afin que l’éducation pour tous s’adresse à tous les groupes marginalisés ou exclus, tels que les personnes handicapées, les minorités ethniques, les personnes déplacées à l’intérieur des frontières et les réfugiés.
  • Il doit être déclaré clairement que l’éducation est la responsabilité fondamentale de l’État.
  • l’éducation pour tous dépend de l’existence d’un système démocratique sain ayant des structures et mécanismes efficaces, qui assurent un espace et une voix à toutes les parties prenantes et garantissent le partage équitable des avantages.
  • Les gouvernements, la communauté internationale et toutes les parties prenantes doivent s’engager à instaurer et à renforcer la démocratie, la justice sociale et la paix, dans la mesure où aucun apprentissage ne peut avoir lieu en temps de guerre ou de conflit.
  • Les systèmes éducatifs doivent se fonder sur la culture locale, la respecter, et répondre aux besoins locaux.
  • La qualité et l’apprentissage pour tous doivent être au cœur du processus éducatif. Un effort commun doit être fait pour concevoir des indicateurs de qualité qui fixent les normes de l’EPT.
  • Il doit y avoir un engagement clair à assurer l’équité entre les sexes dans l’éducation à tous les niveaux. Afin d’éliminer toutes les formes de discrimination à l’égard des filles et des femmes, des plans d’action spécifiques, accompagnés d’échéances précises, doivent être mis en place, y compris concernant les actions volontaristes.
  • L’alphabétisation des adultes doit être intégrée dans un processus plus large de développement et d’autonomisation communautaire. Le droit à l’éducation commence dès la petite enfance et continue jusqu’au troisième âge, en passant par l’âge adulte. Les gouvernements doivent s’engager à réduire l’illettrisme de 50% d’ici l’an 2015.
  • Les gouvernements doivent s’engager à développer des plans d’action nationaux pour l’éducation d’ici l’an 2002. Ces plans doivent être négociés de manière transparente et démocratique avec toutes les principales parties prenantes nationales, et établir la manière d’atteindre les objectifs nationaux d’éducation dans le cadre plus large des objectifs de 2015 et dans celui des dépenses gouvernementales. Au sein de ces plans, un accord doit être passé sur des mécanismes clairs et obligatoires pour tous, relatifs au processus en cours de participation démocratique de la société civile, y compris les professeurs, les parents, les élèves, et ce à tous les niveaux du système éducatif d’ici l’an 2001.
  • Les plans d’action nationaux doivent être conçus dans le cadre plus large d’un plan d’action mondial, assurant qu’aucun gouvernement avec une stratégie fiable pour l’éducation ne pourra échouer par manque de ressources. Les donateurs nationaux devraient financer leur contribution au plan par une aide plus importante et un allégement de la dette. Des mécanismes clairs pour le financement, la mise en œuvre et le suivi du plan doivent être créés avant l’an 2002.
  • Les gouvernements doivent s’engager à développer et à améliorer les mécanismes et structures pour une participation de la société civile – entre autres les professeurs et leurs organisations représentatives dans les décisions relatives à l’éducation à tous les niveaux.
  • Les gouvernements doivent s’engager à garantir leur part de ressources nécessaires à une éducation de base de qualité, y compris une augmentation en pourcentage du PNB alloué à l’éducation. Les gouvernements doivent octroyer au moins 6% du PNB à l’éducation. Les gouvernements doivent s’assurer d’une augmentation de leurs recettes par un système fiscal efficace, d’une baisse des dépenses militaires excessives et autres dépenses non productives, et mettre fin à la corruption.
  • Les gouvernements doivent immédiatement identifier et renverser les disparités existantes dans le financement de l’éducation par habitant qui entraînent des discriminations à l’encontre des communautés rurales, des minorités ethniques, des personnes handicapées et des régions moins développées, afin d’avoir des dépenses équitables par élève, et ce, avant l’an 2005. Ils doivent s’engager à offrir un financement supplémentaire pour répondre aux besoins des écoles dans les zones pauvres et marginalisées afin d’amener les écoles au niveau des normes acceptées avant l’an 2015 et d’assurer que le programme, le matériel didactique ainsi que les méthodes répondent aux besoins des groupes marginalisés. Un engagement doit être pris pour mettre fin au travail des enfants et pour ratifier les conventions N° 138 et 182 de l’OIT.
  • Les gouvernements doivent concevoir des réponses innovantes afin d’assurer que les élèves provenant des familles touchées par le VIH/SIDA ne se voient pas refuser l’accès à l’éducation. Des plans doivent être conçus aujourd’hui pour faire face aux pertes de professeurs et à une nouvelle pression sur les enfants. Un lien étroit doit être établi entre l’éducation et la santé dans la mesure où l’éducation a l’avantage d’appuyer la prévention du VIH/SIDA au sein de la population.
  • Les gouvernements doivent s’assurer que les nouvelles techniques de l’information sont accessibles de manière équitable afin de promouvoir la qualité de l’éducation. Cependant, l’on doit reconnaître que les connaissances autochtones et les formes traditionnelles de média sont également de grande valeur.
  • Un code de référence des donateurs doit faire l’objet d’un accord dans le cadre des Nations Unies, en partenariat avec la société civile d’ici l’an 2002, afin d’engager les donateurs à suivre une bonne pratique dans leurs relations avec leurs partenaires et dans la répartition de l’aide à l’éducation.
  • Les gouvernements doivent avoir des lignes de conduite transparentes. Le suivi et le contrôle des programmes d’aide doivent être transférés au gouvernement en partenariat avec la société civile.
  • Des changements positifs à l’aide et aux engagements internationaux ne doivent pas être contredits ou entravés par les politiques institutionnelles plus larges des institutions financières internationales. Les conseils en politiques publiques et le soutien financier du FMI, de la Banque mondiale ou des banques régionales au développement, doivent être définis en considérant l’éducation comme faisant partie de la réduction de la pauvreté et du développement humain.
  • Les donateurs doivent s’assurer que tous les gouvernements voulant agir sérieusement dans le domaine de l’éducation ont accès aux ressources nécessaires pour réaliser l’éducation de base pour tous. Une étape clé est l’augmentation de l’aide à l’éducation de base qui devrait représenter au moins 8% des budgets d’aide totaux.
  • Les donateurs doivent s’engager à un allégement plus important et rapide de la dette, ce qui amélioreraient les progrès de l’Initiative des pays pauvres fortement endettés (HIPC2). L’allégement de la dette doit compléter les flux de l’aide et non les entraver. En outre, il doit être lié aux plans nationaux dans le contexte de plans plus larges de réduction de la pauvreté.
  • Une forte représentation des gouvernements du Sud et de la société civile doit être assurée dans les structures internationales de l’EPT créées après le Forum mondial sur l’éducation de Dakar. Des ressources, une expertise technique et un suivi des programmes doivent être décentralisés, d’importants investissements devant être réalisés en faveur de l’EPT à l’échelle régionale. Ces structures doivent être efficaces, responsables et transparentes.
  • Au niveau national, la société civile devrait avoir le droit de demander aux structures internationales de l’EPT de mener une enquête sur les cas de violation claire du droit à l’éducation. Les structures de l’EPT devraient avoir le pouvoir de demander au rapporteur spécial des Nations Unies sur l’éducation ou aux Commissions régionales des droits de l’homme, de mener des enquêtes.
  • Une étude globale devrait être programmée pour 2006 afin d’identifier les progrès par rapport aux principaux objectifs internationaux relatifs à l’éducation. Les plans d’action nationaux et ceux des donateurs devraient spécifier les objectifs à mi-parcours pour chaque dimension de l’EPT et spécifier les ressources supplémentaires et les engagements au cas où ces objectifs ne seraient pas atteints. Si cette étude montre qu’un nombre important de pays continue à ne pas suivre la bonne direction une conférence officielle des Nations Unies sur l’éducation avec les chefs d’État devrait être organisée pour l’an 2010.

Nous, les ONG réunies à Dakar et venant du monde entier, nous engageons à travailler et à coopérer avec les gouvernements et avec un large éventail de groupements, de particuliers et d’institutions afin d’atteindre notre objectif d’une éducation de qualité pour tous.

Nous voulons une action immédiate!

Éducation des Adultes et Développement

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