Le Rapport 2008 sur les OMD a été publié en septembre de l’année dernière, à un moment charnière de l’actuelle crise financière mondiale, lors de l’effondrement de Lehman Brothers. Comme on s’y attendait, son annonce fut faite sur le ton de la retenue. Après tout, le monde ne s’était pas encore remis des crises énergétique et alimentaire affectant les millions de personnes les plus démunies de la planète.
Le rapport 2008 sur les OMD1 rendait compte une fois de plus de résultats irréguliers. Au milieu de la lenteur générale des progrès réalisés, l’on pouvait se réjouir de certaines avancées, preuves de ce que la volonté politique soutenue par des ressources peut accomplir.
Entre 1990 et 2005, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté était tombé de 1,8 à 1,4 milliard. Ces chiffres cachent toutefois d’énormes disparités régionales: en Afrique subsaharienne et dans les pays de la CEI, le nombre des pauvres a en réalité augmenté. Les avancées dans la réduction de la pauvreté se sont hautement concentrés dans une région: l’Asie orientale, et notamment la Chine.
Les disparités entre les sexes continuent de caractériser la pauvreté, les femmes demeurant les plus marginalisées. Le Rapport fait observer que tandis que des avan-cées ont été faites quant aux possibilités offertes aux femmes de gagner leur vie, elles sont encore considérablement nombreuses à occuper des emplois précaires. Deux tiers des femmes dans les pays en développement occupent des emplois de ce type. En Asie du Sud et en Afrique subsaharienne elles sont 80 % à travailler dans ce type de conditions.
Pour ce qui est de la santé, de bonnes nouvelles sont tombées quant à la baisse du nombre des décès dus à la rougeole, qui ont été réduits d’un tiers entre 2000 et 2006 dans la foulée de l’extension à quelque 80 % de la vaccination contre la rougeole dans les pays les plus pauvres. Toutefois l’ampleur du taux de mor-talité maternelle, avec plus d’un demi-million de mères mortes en couches, reste inadmissible. Les progrès réalisés pour mettre fin à la malnutrition des enfants sont encore très lents, avec près d’un quart d’enfants sous-alimentés dans les pays en développement, leur avenir étant anéanti d’avance par les effets à long-terme de cette sous-alimentation.
Près de la moitié du monde en développement n’a toujours pas accès à une eau potable sans danger sanitaire. L’absence d’un accès à l’eau a des conséquences pour les femmes et les filles qui passent une bonne partie de leur temps à aller chercher de l’eau et qui n’ont pas la possibilité d’aller à l’école. L’absence d’équipements sanitaires corrects dans les écoles décourage aussi les filles de continuer de suivre leur scolarité.
Un tiers des gens qui résident dans des zones urbaines vivent dans des bidonvilles où leurs conditions de vie sont plus rudes: ils meurent plus tôt et sont davantage susceptibles de souffrir de la faim et de tomber malades.
Point positif, grâce aux annulations de dettes, le pourcentage des dépenses gouvernementales utilisé pour le remboursement des dettes extérieures a baissé entre 2000 et 2006, ce qui s’est traduit par une augmentation des dépenses sociales dans plusieurs pays pauvres.
Des avancées ont été réalisées quant à l’augmentation des inscriptions au primaire. Sauf dans deux des dix régions du monde (Asie du Sud et Afrique subsaharienne), le taux d’inscriptions s’élève à 90 %. Le pourcentage net d’inscriptions a augmenté: en Afrique, il est passé de 54 à 70 % entre 1999 et 2006; en Asie du Sud et de l’Ouest, il est passé de 75 à 86 % durant cette même période. Ces progrès ont été réalisés là où les gouvernements avaient considérablement investi dans l’éducation comme au Sénégal, au Kenya, en Éthiopie et au Mozambique.2
Toutefois, ces progrès ne donnent pas lieu à faire de l’autosatisfaction: en 2006, 75 millions d’enfants n’étaient pas scolarisés; 55 % d’entre eux étaient des filles et près de la moitié vivait en Afrique subsaharienne. Les projections partielles de l’UNESCO sur 134 pays représentant deux tiers des enfants non scolarisés dans le monde indiquent que si les progrès restent aussi lents, 29 millions d’enfants ne seront toujours pas scolarisés d’ici 2015. La plupart de ces enfants feront bien sûr partie des communautés les plus pauvres et les plus marginalisées, et auront par conséquent davantage besoin qu’on les soutienne et qu’on les incite à aller à l’école et à ne pas abandonner leur scolarité.3
Le Rapport mondial 2009 de suivi sur l’EPT indique aussi que dans deux tiers des pays sur lesquels des chiffres exis-tent, la parité des sexes a été réalisée à l’école primaire. Toutefois, il fait aussi remarquer que sur les 113 pays qui n’avaient pas réussi en 2005, date cible, à réaliser la parité des sexes en matière d’ins-criptions, tant au primaire qu’au secondaire, seuls 18 ont des chances d’at-teindre cet objectif d’ici 2015. Et les résultats dans l’éducation secondaire sont loin d’être reluisants avec seulement 37 % de pays dans le monde ayant atteint l’objectif de la pa-rité des sexes au niveau du secondaire.
D’immenses disparités fondées sur la richesse caractérisent l’accès à la protection et à l’éducation de la petite enfance (PEPE). En 2006, le pourcentage brut des inscriptions dans le secteur préprimaire s’élevait à 79 % dans les pays riches alors qu’il n’était que de 36 % dans les pays pauvres et ne se montait qu’à 14 % en Afrique subsaha-rienne.
Les obligations envers l’éducation des adultes continuent d’être négligées; en 2006, on recensait 776 millions d’analphabètes. Ceci représentait 16 % de la population mondiale adulte – et les deux tiers étaient des femmes. Des projections initiales indiquent aussi qu’à ce rythme, il y aura encore au moins 700 millions d’analphabètes adultes en 2015.
Le Rapport mondial de suivi sur l’EPT a aussi fait remarquer qu’il existe un grand fossé au niveau de l’enseignement puisqu’il serait nécessaire de former, de recruter et de rémunérer correctement et décemment 18 millions d’enseignants pour attein-dre les objectifs de l’EPT. Dans plusieurs pays et régions, par exemple en Asie du Sud, si nous avons vu le nombre d’enseignants sous contrat augmenter, un grand nombre d’entre eux étaient mal qualifiés, mal payés et occupaient des emplois très précaires. Nous ne disposons pas de chiffres concernant le nombre d’animateurs manquant dans l’alphabétisation des adultes, et de personnels et de formateurs encore nécessaires dans l’éducation des adultes.
On mesure ce que l’on apprécie. Et si l’importance accordée aux objectifs n° 3 (besoins des jeunes et des adultes en matière d’apprentissage tout au long de la vie) et n° 4 (alphabétisation des adultes) dans le dernier Rapport mondial de suivi sur l’EPT pour 2009 illustre un tant soit peu la valeur qu’on leur prête, ils n’en restent pas moins les objectifs les plus négligés de l’EPT. Tout en applaudissant l’analyse que fait le Rapport 2009 de l’équité dans l’éducation, le Conseil international de l’éducation des adultes (CIEA) a critiqué le fait qu’il ne prête que très peu d’attention aux objectifs n° 3 et n° 4 dans son analyse générale. Il est décevant que cette édition sur le thème de l’équité fasse si maigre état des compétences psychosociales et de l’alphabétisation des adultes, des outils essentiels nécessaires à la majorité des personnes marginalisées et démunies pour lutter contre l’inégalité et la pauvreté.
Les consultations préparatoires subrégionales pour la CONFINTEA VI qui se sont déroulées en 2008 ont permis d’observer dans de nombreux pays que l’alphabétisation et l’éducation des adultes
Les lents progrès dans l’EPT et en ce qui concerne les résultats de l’éducation dans l’ensemble sont étroitement liés aux faibles investissements dans l’éducation. Cette situation est particulièrement critique dans les pays pauvres où les déficits de l’éducation sont les plus sévères. Par rapport aux 6 % du PNB définis comme base à allouer à l’éducation, les gouvernements d’Afrique subsaharienne inves-tissent seulement 4,4 % et ceux d’Asie du Sud et de l’Ouest seulement 3,3 % de leurs PNB. Par rapport aux 20 % des dépenses totales des gouvernements définis comme base à allouer à l’éducation, les gouvernements d’Afrique subsaharienne investissent seulement 18 % dans l’éducation et ceux d’Asie du Sud et de l’Ouest seulement 15,5 %.4
Bien que l’éducation soit universellement reconnue comme un droit revenant à tous les citoyens – et par conséquent qu’il incombe aux gouvernement de la fournir gratuitement –, des droits de scolarité continuent d’être prélevés et imposés aux familles.5 L’étude de l’ASPBAE intitulée «Education Watch» a révélé la forte incidence des droits de scolarité qui peuvent aller jusqu’à représenter 30 % des revenus pour une famille pauvre des Philippines.
Indonésie
Dépenses annuelles: peuvent se monter à 480 d’USD par enfant, soit 22 % des revenus d’un foyer moyen
Cambodge
Dépenses annuelles pour envoyer un enfant à l’école publique: de 110 à 153 d’USD (uniforme, tuteur privé, droits pour les examens, fournitures et frais quotidiens – repas/transports)
Philippines
De 90 à 150 d’USD par élève, coût total de la scolarité publique; 6 à 10 % des revenus annuels par enfant (peut toutefois aller jusqu’à 33 % des revenus pour un foyer pauvre)
Bangladesh
Coûts privés de l’éducation ➞ 37,40 d’USD de dépenses annuelles au niveau primaire et jusqu’à 164 d’USD au secondaire.
ASPBAE Education Watch 2008
Maria Lourdes Almazan Khan
Source: Barbara Frommann
Conséquences possibles de la crise financière mondiale
Il est impossible de parler des perspectives d’avenir de l’EPT, des OMD et de la CONFINTEA sans soulever la question de l’impact de la crise financière qui secoue actuellement le monde. Alors que sa pleine étendue et son impact dans ces secteurs restent encore à éclaircir, il y a fort à craindre que cette crise érode les petites avancées, quelles qu’elles soient, et continue d’affaiblir les progrès réalisés dans des domaines où justement ils sont si lents à obtenir. Nous avons de bonnes raisons de nous inquiéter: une analyse réalisée en 1998 par l’UNESCO sur l’impact de la crise financière est-asiatique révélait les éléments suivants:
Actuellement, même avant que la crise ne touche le monde de plein fouet, l’aide officielle au développement (AOD) affectée à l’éducation de base était déjà mal en point. Globalement, l’aide officielle au développement a connu une baisse constante entre 2005, où elle atteignait le record historique de 107,1 milliards, et 2007, où elle est passée à 103,7 milliards. L’aide à l’éducation se trouve elle aussi sur le déclin avec 12,1 milliards d’USD (à prix constants de 2007) affectés en 2007 à l’éducation alors qu’elle s’élevait à 12,3 milliards d’USD en 2006. L’aide à l’éducation de base a même essuyé un revers encore plus grand: de 5,5 milliards d’USD en 2006, elle est passée à 4,3 milliards d’USD en 2007, ce qui représente en termes réels une baisse d’environ 22 %.7
La somme des capitaux qui faisaient défaut en 2008 pour 37 des pays signatai-res de l’initiative Fast Track (FTI) de mise en œuvre accélérée de l’EPT s’élevait à 1,2 milliard d’USD, un chiffre qui a cru au fil des ans. À ceci sont venus s’ajouter de graves problèmes concernant les déboursements: seulement 30 % du Fonds cata-lytique ont été dépensés, laissant en plan le soutien particulièrement nécessaire qui avait été promis à de nombreux gouvernements. Près de 50 % de l’aide fournie par la FTI sont encore alloués hors programmes. Et malgré son nom, cette initiative de mise en œuvre accélérée de l’EPT est focalisée sur l’éducation primaire et non sur l’éducation pour tous dans toute son ampleur.8 Alors que 2015, la date fixée pour réaliser l’EPT, approche, il nous faudrait certainement un accord de financement ambitieux et audacieux ne se satisfaisant pas uniquement de l’universalisation des inscriptions au primaire et ne fermant pas les yeux sur la situation désespérée des millions de personnes incapables de lire et d’écrire, ou sur celle des gens qui n’ont aucun accès à l’éducation et à la formation continue.
Les résultats quant à la distribution équitable de l’aide sont eux aussi mauvais. En 2007, les pays à faibles revenus pris ensemble ont reçu 5,8 milliards d’USD soit moins de 50 % de toute l’aide affectée à l’éducation. Ces pays accordent davan-tage de priorité à l’aide à l’éducation de base qu’à l’aide globale à l’éducation, mais près d’un tiers de toute l’aide à l’éducation de base (1,3 milliard d’USD) était encore affecté en 2007 aux pays à revenus moyens. L’aide à l’éducation a principalement été fournie par quelques donateurs seulement: les Pays-Bas, le Royaume-Uni, les USA, l’Allemagne, la France et l’IDA (l’Association d’aide internationale pour le développement). Si nous prenons les chiffres de l’aide pour 2005–2006, nous nous apercevons que, dans les aides qu’ils allouent, des pays comme la France et le Japon ne priorisent pas l’éducation de base dans les pays à faible revenus. L’aide à l’éducation de base provient essentiellement des Pays-Bas, du Royaume-Uni et de l’IDA.9
Il est facile de trouver des arguments contre l’élargissement de l’aide à un moment où la crise financière touche sans aucun doute de plein fouet les économies des pays riches et que leurs citoyens chancèlent sous le choc de ses assauts. Il est toutefois important de tout de même faire remarquer son impact d’une sévérité dispropor-tionnée sur les pays pauvres en développement qui souffrent excessivement d’une chose qu’ils n’ont en rien provoquée. Il existe différentes estimations de l’impact sur les pauvres: la Banque mondiale estime que 48 pays sont menacés du fait du ralentissement de la croissance entraîné par cette crise, ralentissement sur lequel la pauvreté a une forte incidence.10
Les coûts de la crise en termes de vies humaines sont astronomiques: on estime qu’elle obligera 46 millions de personnes en plus à vivre de moins de 1,25 USD par jour et que 53 millions de personnes en plus devront se contenter de moins de 2 USD par jour. Ces gens viennent grossir les rangs des 1,4 milliard de personnes qui vivaient déjà dans l’extrême pauvreté avant la crise. On estime la mortalité infantile annuelle à une moyenne de 200 000 à 400 000 décès, soit un total de 1,4 à 2,8 millions de décès entre 2009 et 2015.11 Il est crucial pour les pays vulnérables de financer des programmes permettant d’amortir le choc pour les pauvres.
Toutefois, comme l’équipe responsable du Rapport mondial de suivi de l’UNESCO sur l’EPT l’a fait observer dans son analyse de la crise, les pays riches peuvent y répondre par de vastes mesures fiscales, alors que la plupart des pays en déve-loppement, notamment les plus pauvres, n’ont pas le répondant fiscal pour y faire face. Sur 48 pays à faibles revenus (pour lesquels nous disposons d’informations), 43 n’ont pas de marge fiscale, ce qui est aussi le lot de 55 pays sur 87 pays à revenus moyens.12 Le département de l’Économie et des Affaires sociales de l’ONU (le DESA) a en outre fait remarquer un déséquilibre concernant la réponse mondiale à la crise du fait que 80 % des mesures de stimulation financière se concentrent dans les pays développés.13 Pendant ce temps-là, l’absence de capacités fiscales dans les pays pauvres où vivent quatre cinquièmes de l’humanité empêche de fournir, notamment aux pauvres, des réponses sous forme de programmes de protection sociale constituant des filets de sécurité.
Si l’on examine les résultats de l’éducation à la lumière de ces chiffres, nous nous apercevons que 21 des 29 pays ayant de faibles indices de développement de l’éducation (IDE) sont des pays disposant d’une faible marge fiscale, ce qui indique l’impact défavorable de la crise financière sur l’EPT qu’ils avaient déjà bien du mal à réaliser avant.14
Préserver les budgets pour le secteur de l’éducation
Il ne saurait y avoir pire moment pour procéder à des coupes dans les budgets de l’éducation. La Campagne mondiale pour l’éducation (CME) soutient que dans les budgets de l’éducation, le poste probablement le plus susceptible d’être en butte à des coupes serait le plus vaste, à savoir le corps enseignant, ce qu’il faudrait éviter, non seulement à cause des graves conséquences qu’un gel du recrutement des enseignants aurait sur la qualité de l’éducation et la rétention des acquis, mais aussi parce que l’embauche d’enseignants, d’alphabétiseurs et de formateurs en période de crise peut constituer une stratégie efficace pour justement faire face à cette crise. Augmenter le nombre des fonctionnaires tels que les enseignants et les formateurs d’adultes permet aux gens de gagner de l’argent et crée des emplois qui stimulent les dépenses et les activités économiques, ce qui est grandement nécessaire en période de récession.15
Justin Lin, l’économiste en chef de la Banque mondiale, fait en outre remarquer que les pays riches se trouvent devant le problème d’avoir pris des mesures de stimulation économique et que l’argent de bon nombre d’entre elles n’est pas dépensé; les gens ont plutôt tendance au lieu de cela à économiser. Par exemple, aux USA, seulement 15 % des réductions d’impôts de 2008 se sont traduites par des dépenses supplémentaires. Par conséquent, il soutient que pour faciliter une stimulation fiscale se traduisant par une augmentation de la demande et un redres-sement économique, il faudrait investir de l’argent dans des «opportunités prêtes à se concrétiser et offrant de grands retours sur l’investissement afin d’éliminer les goulets d’étranglement de façon à ce qu’ils fassent place à la croissance.» La plupart de ces opportunités se trouvent toutefois dans des pays en développement, et non dans les pays riches où les infrastructures sont déjà très développées.16 Par conséquent, il défend la thèse économique selon laquelle les pays riches doivent investir dans les pays pauvres en réponse à la crise financière – que ces inves-tissements aillent au profit des écoles, des centres d’éducation des adultes, des enseignants et des alphabétiseurs ou dans d’autres secteurs sociaux.
Une aide financière vaste et rapide doit arriver maintenant et non plus tard
Il ne saurait non plus y avoir pire moment pour procéder à des réductions des dépenses effectuées en faveur des pauvres. Les gouvernements des pays pauvres auront sans nul doute un grand rôle à jouer pour limiter l’impact de la crise, et ils devraient d’urgence mettre en place des ajustements fiscaux en faveur des pauvres au moyen, par exemple, de transferts d’espèces ou de systèmes de garantie de l’emploi. Ils devraient supprimer les frais de santé et d’éducation, et renforcer la détermination nationale à réduire la pauvreté.
Toutefois, nombre de pays gravement menacés et n’ayant que de faibles capa-cités fiscales ne seront pas à même d’offrir de tels filets de sécurité, à moins qu’on ne leur offre un soutien financier maintenant, et risquent par conséquent de subir des dommages irréversibles par la suite. Il est crucial dans l’immédiat de mettre en place des subventions et des prêts sans intérêts pour des services clés comme la santé, l’éducation et l’accès à des programmes de protection sociale constituant des filets de sécurité.17
Faire attention aux besoins de financement
Malgré la crise, est-il abordable de couvrir les besoins de financement? Tout à fait! Les pays riches ont déjà dépensé 380 milliards d’USD de fonds publics pour tirer les banques d’affaire. Une petite partie de cette somme suffirait à couvrir les besoins financiers là où les capitaux font défaut, à savoir à hauteur de 48 milliards d’USD pour atteindre les OMD et de 11,7 milliards d’USD pour atteindre trois des objectifs de l’EPT dans les pays à faibles revenus. Il ne s’agit pas ici d’une question d’abordabilité, mais de priorité et de volonté.18
En conclusion, deux remarques tournées vers la CONFINTEA VI
Il ne reste plus que quelques mois d’ici la rencontre de Belém, un évènement intimidant par l’immensité des défis que pose la récente crise financière au sujet de la pauvreté, de l’éducation et, forcément, des chances de voir les promesses à l’éducation des adultes se réaliser. J’aime à penser que la crise actuelle nous offre en fait des possibilités de défendre l’éducation des adultes avec des arguments possédant encore plus de force.
L’actuelle crise économique offre des arguments encore plus nets et convaincants pour illustrer le fait que l’éducation des adultes donne aux gens, notamment aux pauvres, des moyens d’atténuer les effets de la crise en leur donnant de nouveaux outils, en leur permettant de créer leurs propres emplois et de développer des moyens d’existence. Ceci plaide encore davantage en faveur de la présence de formateurs mieux qualifiés qui seront nécessaires pour aider à recycler des ouvriers alors que les économies se restructurent face à la crise. Ceci plaide aussi plus clairement en faveur de l’éducation pour une citoyenneté responsable, en soulignant le besoin de doter les citoyens des outils nécessaires pour répondre aux défis posés par les situations macroéconomiques actuelles dominantes qui accrois-sent les disparités et condamnent des millions de gens à vivre dans la pauvreté, l’analphabétisme et le besoin.
Deuxièmement, et comme nous l’avons déjà soutenu, l’expansion du secteur de l’éducation est économiquement utile et peut contribuer au redressement économi-que. Accroître le nombre d’alphabétiseurs, de formateurs et de centres d’éducation et de formation crée des emplois et stimule les activités économiques, ce qui aide à annuler les impacts de la crise financière. De la même manière, cela contribue de façon significative à assurer que tous les citoyens puissent finalement exercer leur droit à une éducation porteuse de sens et transformatrice, et leur droit à l’accès à des possibilités de s’éduquer tout au long de leur vie, ce qui est, tout au moins aimerions-nous le penser, la chose qui compte le plus.
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1 Nations unies (2008), Rapport 2008 sur les Objectifs du millénaire; New York.
2 UNESCO (2008), «Vaincre l’inégalité: l’importance de la gouvernance; rapport mondial de suivi sur l’EPT, 2009», Oxford and UNESCO Publishing, Paris.
3 UNESCO (2008), ibid.
4 UNESCO (2008), ibid.
5 Right to Education Project: www.right-to-education.org/node/289
6 Burnett, Nicolas (2009), «Investing out of the crisis: the education dynamic», présentation à l’occasion du Forum du futur, UNESCO Paris, 2 mars 2009,
7 L’équipe du Rapport mondial de suivi (2009), Aid Brief 2009: «Recent Trends in Aid to Education», avril 2009. www.unesco.org/fileadmin/MULTIMEDIA/HQ/ED/GMR/pdf/gmr2009/Final %20aid %20brief %20April %2023.pdf (en anglais, ndlt).
8 Campagne mondiale pour l’éducation (CME) (2008), «At the crossroads: Which way forward for a global compact on education?», texte d’orientation de la CME, réunion du groupe de haut niveau sur l’EPT, Oslo, décembre 2008.
9 «Rapport mondial de suivi sur l’EPT», 2009.
10 «The Global Economic Crisis: Assessing Vulnerability with a Poverty Lens», note politique générale de la Banque mondiale, siteresources.worldbank.org/NEWS/Resources/WBGVulnerableCountriesBrief.pdf
11 «Crisis Hitting Poor Hard in Developing World, World Bank says», actualités de la Banque mondiale, février 2009, Washington.
12 Watkins, Kevin et Montjourides, Patrick (2009), «The Millennium Development Goals – bankable pledge or sub-prime asset?», présentation à l’occasion du Forum du futur de l’UNESCO, 2 mars, Paris.
13 «World Economic Situation and Prospects 2009», étude sur la situation économique et sociale dans le monde en 2009 (2009), ONU-DAES, New York.
14 Watkins et Montjourides (2009), ibid.
15 Campagne mondiale pour l’éducation (CME), (2009), «Education on the brink: Will the IMF’s new lease on life ease or block progress towards education goals?», Washington.
16 Lin, Justin Yifu (2009), «How To Solve The Global Economic Crisis: Making Fiscal Stimulus Packages Work across the World», note rédigée pour le au Peterson Institute for International Economics le 9 février 2009.
17 Watkins et Montjourides (2009), ibid.
18 Watkins et Montjourides (2009), ibid.