En 2000, un calendrier international de développement fut établi, avec d’importan tes conséquences dans le domaine de l’éducation des adultes. Le Cadre d’action de Dakar engageait la communauté internationale à réaliser l’éducation pour tous (EPT) par l’intermédiaire de six objectifs, deux d’entre eux jouant un rôle direct dans le domaine de l’éducation et la formation des (jeunes et) adultes. L’un de ces deux objectifs met l’accent sur la nécessité d’améliorer la qualité de l’éducation dans son ensemble
Tout ceci exige une forte volonté politique, la création de moyens immenses, la disponibilité d’un vaste ensemble de matériels et la formation d’un personnel beaucoup plus nombreux.
Les Objectifs de développement du millénaire (ODM – 2000) sont focalisés sur la réduction de la pauvreté, mais aussi sur l’éducation primaire universelle, l’éga lité des sexes, la viabilité de l’environnement et la réduction du VIH/SIDA. Étant donné que, pour les enfants, les jeunes et les adultes, l’éducation, la formation et l’apprentissage sont des instruments primordiaux de création de capacités et de développement des ressources humaines, ils sont directement liés à la réalisation de ces objectifs.
Le dernier Rapport mondial de suivi de l’EPT (RMS – 2000) souligne une fois de plus que les résultats, tant quantitatifs que qualitatifs, dans tous les domaines de l’éducation sont encore loin d’atteindre les buts fixés dans la plupart des pays. Le rapport 2006 se penchera sur l’alphabétisation des adultes dans les domaines de l’éducation de base et de l’éducation permanente.
L’une des principales missions de l’Institut de Coopération internationale de la Confédération allemande pour l’Éducation des Adultes (IIZ/DVV) consiste à soutenir les structures d’éducation des adultes dans les pays, dits en développement et en transition, d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et d’Europe. Cette mission repose entre autres sur les principes essentiels suivants: souci du partenariat, orientation claire vers le développement et perspective d’un apprentissage tout au long de la vie et ouvert à tous. Ses domaines de coopération se rattachent à la création de capacités, à la formation, aux matériels, aux médias, à la recherche, à l’éva luation, au soutien de l’infrastructure, à la promotion des droits et au lobbying. L’information, les consultations et les échanges accroissent l’étendue de ce que nous apprenons les uns des autres.
L’apprentissage tout au long de la vie est devenu le principe par excellence de l’éducation et de la formation à tous les niveaux et sous toutes les formes. Ceci implique que l’on offre aux jeunes et aux adultes des programmes d’éducation permanente et de formation professionnelle après, parallèlement et en dehors des cycles de scolarité primaire et secondaire. L’apprentissage tout au long de la vie n’est pas seulement un concept, il exige en même temps la mise en place de politiques, d’une législation et d’un financement pour le système et les structures d’enseignement – y compris les secteurs formel, non formel et informel de l’édu cation de base des adultes et de l’éducation permanente. Pour réaliser cela, il faut des modes d’organisation, de gestion et de financement des fournisseurs de formations pour adultes permettant à ces derniers d’offrir leurs services de manière souple et rentable.
La formation des éducateurs d’adultes a une importance comparable à celle des instituteurs et professeurs. Les éducateurs d’adultes formés ont besoin de temps en temps de mettre leurs connaissances à jour ou de suivre des stages de formation continue. De ce fait, il est nécessaire de soutenir les structures organisationnelles et les capacités professionnelles des fournisseurs de formations. Ainsi, l’éducation et la formation des adultes pourront contribuer à la réalisation des objectifs mentionnés ci-dessus.
Nous devons méditer sur les expériences de ces dernières années et en tirer des enseignements. Nous devons trouver des réponses à des questions nouvelles, mais parfois aussi à de vieilles questions. Et nous devons regarder où nous en sommes du point de vue des Objectifs de développement du millénaire et des priorités de l’EPT.
L’IIZ/DVV revoit actuellement le Programme de formation des éducateurs d’adultes/ formation des formateurs que nous dirigeons depuis longtemps avec des partenai res dans plusieurs pays, principalement en Afrique. Actuellement, il se compose essentiellement de deux volets: les bourses et le développement de matériels d’enseignement et d’apprentissage, particulièrement en collaboration avec des universités.
Durant la conférence du Cap, nous entendons discuter avec nos collègues et partenaires sur l’état actuel des choses et préparer le terrain pour de futurs pro grammes, c’est-à-dire définir ce que nous voulons atteindre. Pour faciliter ce pro cessus, nous avons commandé la préparation de six enquêtes dans les sub-régions d’Afrique et d’Asie. Elles toucheront deux domaines:
Nous pensons que discuter de leurs résultats, réfléchir sur les besoins à venir et sur les attentes de toutes les personnes concernées nous aidera considérablement. De ce point de vue, nous voulons présenter quelques indicateurs et questions. Ils ont été formulés par des collègues de l’IIZ/DVV en vue de cette conférence et avant réception des résultats des études qui y seront présentés.
Commençons par quelques préoccupations liées à nos interventions conjointes.
1. Au niveau politique de l’éducation des adultes dans le domaine de l’apprentissage, faudrait-il promouvoir les droits des éducateurs d’adultes, aider ces derniers à suivre des formations plus approfondies et de meilleure qualité, et fournir un soutien à l’amélioration de la formation des formateurs? Les fournisseurs et établissements de formation doivent-ils s’engager eux-mêmes dans ce processus?
2. Comment mieux assurer que la formation à un niveau universitaire ou non se rattache aux besoins du marché du travail, permettant ainsi de créer des emplois pour les éducateurs d’adultes?
3. Les établissements universitaires sont-ils des fournisseurs légitimes de forma tion des éducateurs d’adultes au même titre que les organismes de formation non gouvernementaux et non formels? Devraient-ils se compléter les uns les autres et procéder régulièrement à des échanges pour avoir un impact synergétique?
4. Les réseaux nationaux et/ou régionaux de fournisseurs de formation d’édu cateurs d’adultes devraient-ils recevoir un soutien leur permettant d’échanger points de vue et expériences de manière à ce qu’ils puissent apprendre les uns des autres et pour qu’ils puissent exercer des pressions aux niveaux des gouvernements et bailleurs de fonds dans le but d’obtenir un meilleur appui de leur part?
5. Comment, le cas échéant, organiser des échanges internationaux et interré gionaux sous forme de voyages d’études, de visites d’expositions, de sémi naires, de conférences, etc. afin de renforcer les capacités des éducateurs d’adultes, des enseignants et des étudiants?
6. Faudrait-il choisir des établissements de formation hautement qualifiés et expérimentés et leur proposer de devenir des centres de services dans leurs régions respectives? Ceci pourrait-il être également réalisé en collaboration avec des organisations spécialisées dans les domaines des matériels, des médias, de la recherche et de l’évaluation?
L’examen du processus de formation peut donner lieu aux questions listées ci dessous.
7. Les programmes d’enseignement doivent-ils mieux équilibrer leurs volets théoriques et pratiques en incluant des études de terrain, des projets de recherche et des exercices de travaux pratiques dans les cours?
8. Les principales catégories de sujets à inclure dans la plupart des programmes sont-elles les suivantes: méthodologie de l’apprentissage, savoir professionnel et compétences sociales?
9. Les méthodes d’enseignement doivent-elles être participatives, créatives et innovantes, et les contenus pédagogiques doivent-ils reposer sur des exemples pratiques?
10. Les cours de formation doivent-ils réunir des modes d’apprentissage et d’enseignement formels et non formels? La durée et le mode d’enseignement et d’apprentissage doivent-ils être adaptés aux besoins particuliers des apprenants?
11. Parmi les méthodes modernes d’enseignement et d’apprentissage, par exemple l’apprentissage en ligne, Internet, l’université virtuelle, l’éducation à distance, lesquelles peut-on envisager d’utiliser?
12. Comment peut-on mieux adapter localement les matériels d’enseignement et d’apprentissage, sous forme imprimée ou audio-visuelle, et mieux prendre en compte la situation, les besoins et le contexte culturel particuliers des apprenants?
13. Comment peut-on réussir à inciter les enseignants des établissements d’éducation des adultes à suivre régulièrement des stages de formation continue pour qu’ils puissent mettre leurs connaissances à jour et améliorer leurs prestations?
14. Comment assurer une collaboration étroite entre les établissements en ce qui concerne l’élaboration de cours, de programmes et de matériels pédagogiques de manière à économiser de l’énergie et des fonds?
Au fil des trois prochains moins, l’IIZ/DVV devra rédiger une proposition concernant un nouveau programme trisannuel de formation des formateurs qu’il soumettra au BMZ, le ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement, responsable de son financement. Cette proposition reflètera certainement la nouvelle stratégie de l’IIZ/DVV. Toutefois, les domaines dont il convient de tenir compte sont nombreux, peut-être trop nombreux si l’on considère les limites des sources financières. Dans ce contexte, nous devons clarifier les points 1 à 14 (désignés par le terme «préoccupations») et répondre en outre aux questions ci-dessous.
15. Comment les programmes nationaux et régionaux de l’IIZ/DVV en Afrique et en Asie, qui comprennent des volets de création de capacités et de formation, peuvent-ils être rattachés à un programme de formation des formateurs plus global?
16. Qu’est-ce que cela signifie pour les deux principales catégories de formation offertes par les établissements universitaires ou non?
17. Quel sont les types de programmes de formation les plus fructueux et les mieux adaptés aux besoins dans leurs pays/régions respectifs et quels sont ceux qui mériteraient par conséquent d’être élargis?
18. Comment l’appui fourni aux programmes partenaires peut-il être amélioré et mieux harmonisé avec et/ou sans la contribution de l’IIZ/DVV et d’autres organismes régionaux ou internationaux?
Source: Éducation des Adultes et Développement, numéro 64, 2005, pp. 73 –79