Les plus de 30 membres qui ont participé à l’examen du thème 10 n’étaient pas très optimistes à propos des progrès réalisés depuis la CONFINTEA V. La situation est sombre, principale ment à cause de l’impact des aspects négatifs de la mondialisation sous ses formes économiques et politiques (l’aggravation de la pauvreté, le 9 septembre, la lutte contre le terrorisme). L’éducation des adultes et l’éducation non formelle ne prospè rent manifestement pas pour cette raison. Elles sont souvent marginalisées et mises à l’écart par des priorités rivales dans un environnement dominé par l’esprit de compétition entre les secteurs. Le fait qu’une approche par la collaboration et la par ticipation de l’ensemble du secteur public fasse défaut est un problème complexe. Cinq expressions négatives se résument sous la rubrique «schizophrénie» au sein de la Banque mondiale et d’autres organismes: éducation des adultes et éducation non formelle/apprentissage tout au long de la vie: «élitisation» de l’éducation des adultes et de l’éducation non formelle; «bureaucratisation»; insuccès de leur mise en place; manque de coopération entre les organisations. Nous ne pouvons plus continuer à «faire du sur-place». Il est essentiel de réussir une percée.
L’invisibilité de l’éducation des adultes et de l’éducation non formelle implique que l’on exige l’EPTA (éducation pour tous les adultes). Le problème de la tension que suscite l’intégration de l’éducation des adultes et de l’éducation non formelle dans tous les programmes par rapport à leur invisibilité et à leur manque de ressources n’a toujours pas été résolu. Leur planification se fait sur des cycles de courte de durée (ex. 3 ans) alors qu’un grand nombre de tendances et de cycles d’apprentissage couvrent des périodes de 20 ans ou plus (ainsi, tantôt la Banque mondiale se rapproche de l’éducation des adultes et de l’éducation non formelle, tantôt elle s’en distance lorsqu’elle aborde la question du lien existant entre l’éducation des adultes et la pauvreté).
Il existe aussi une lutte permanente fondamentale pour la solidarité, l’optimisme et la collaboration dans toutes les organisations et à tous les niveaux – et un dialogue inachevé entre les ONG et les mouvements sociaux. Il convient de transcender les antagonismes entre enfants et adultes, formel et non formel, gouvernement et ONG/ OSC (organisations de la société civile). Nous avons besoin d’États puissants pour célébrer et soutenir la diversité. La situation des plus démunis et marginalisés est un test permanent de la réussite et du bien-être dans toutes les sociétés.
L’approche fraîche et ouverte de la JICA (Agence japonaise de coopération inter nationale), la vaste approche de l’UE et le fait que la Banque mondiale soit prête à revoir sa position vis-à-vis de l’éducation des adultes et de l’éducation non formelle donnent, entre autres choses, matière à optimisme. Dans les recommandations sur les priorités pour la période à venir, il convient de reconnaître la grande diversité des objectifs de la coopération internationale (ex. l’élargissement de l’Europe ou les partenariats Nord-Sud). La confusion et l’altération du langage exigent également une vigilance inébranlable.
L’Agenda de Hambourg et les engagements à coopérer restent essentiels, mais sont encore inaccomplis. L’accent qui y est mis sur la Déclaration universelle des droits de l’Homme en tant que ligne directrice pour promouvoir la coopération et la solidarité internationales, la culture de la paix et le respect de la diversité font parties des nouvelles priorités urgentes. L’Agenda s’est engagé à traiter l’éducation des adultes en tant qu’outil de développement et à évaluer la contribution de chaque projet à l’éducation des adultes ainsi que la priorité qu’ils accordent à l’expertise locale. La conférence recommandait de renforcer ces points pour exiger que cha que initiative de développement comporte obligatoirement un volet se rapportant à l’éducation tout au long de la vie.
L’Agenda demandait un renforcement aux niveaux national, régional et mon dial de la coopération, des organisations et réseaux d’éducation des adultes (en particulier de la coopération entre les organisations d’aide et les secteurs), et du développement des réseaux ainsi que la création d’un environnement propice à la coopération internationale. La conférence exigeait la mise en œuvre d’une approche par l’ensemble du secteur public et d’une collaboration efficace entre les organisations d’aide pour assurer l’intégration de l’éducation des adultes dans tous les programmes. Elle soulignait qu’une démarche à plusieurs niveaux pour recueillir, partager, disséminer et apprendre influe sur notre expérience, notre réussite et nos échecs ainsi que sur la cohérence du dialogue et de la politique entre les professionnels des départements chargés de la coopération à l’éducation et au développement au sein des organisations d’aide/des gouvernements. Il est impératif que la participation aille plus du bas vers le haut.
La conférence a également décidé des priorités d’action supplémentaires listées ci-dessous.
Appuyer tout un ensemble d’activités pour renforcer l’aptitude à la coopération internationale et à l’éducation de la manière exposée ci-dessous.
Étant donné l’urgence de renforcer la coopération et d’accorder de nouvelles priorités à l’éducation des adultes, à l’éducation non formelle et à l’éducation pour tous les adultes, la CONFINTEA V+6 a insisté sur l’importance que les États membres reçoivent à temps un rapport sur la conférence de manière à ce que la conférence générale d’octobre en fasse état dans son bilan intermédiaire et dans son plan pour la période de 2004 à 2009, en vue de la CONFINTEA VI qui se déroulera en 2009.
Source: Éducation des Adultes et Développement, numéro 61, 2004, pp. 168 – 171