«L’herbe ne pousse pas plus vite quand on tire dessus.»
(Dicton africain)
Depuis des années, l’Institut de coopération internationale de la Confédération allemande pour l’éducation des adultes (IIZ/DVV) soutient des projets dans les pays en développement. La coopération d’égal à égal entre l’IIZ/DVV et les organismes non gouvernementaux, gouvernementaux et universitaires est subventionnée par le ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement dans le cadre du soutien à la politique sociostructurelle.
L’IIZ/DVV fait partie du secteur allemand de l’éducation des adultes. Ainsi le travail de promotion sociostructurelle de l’IIZ/DVV et l’association de la DVV aux activités spécialisées entreprises au niveau international sont une contribution de la société civile à la mise en pratique des politiques de développement allemande et européenne.
Agissant en fonction de la situation, l’IIZ/DVV opère selon une notion de l’éducation des adultes très large, modelée par les conditions sociales rencontrées dans les pays partenaires et qui englobe l’apprentissage formel, non formel et informel.
L’IIZ/DVV tient compte des conditions et exigences très diverses des partenaires et influe sur elles tout en respectant et en renforçant les particularités et l’autonomie culturelle de ces pays.
Le travail de l’IIZ/DVV se distingue par une orientation clairement sociale et une identification sans équivoque avec les intérêts des classes pauvres et marginalisées des pays partenaires. C’est à cela que se rapporte la notion d’éducation des adultes axée sur le développement, qui est le leitmotiv de l’IIZ/DVV.
L’IIZ/DVV conçoit son soutien dans le contexte de la lutte directe contre la pau vreté. Pour elle, renforcer les compétences des classes pauvres permet d’améliorer leurs chances de participer au développement social, économique, politique et culturel et leur aptitude à s’organiser par elles-mêmes.
En appliquant des mesures souples et adaptées aux besoins des adultes, qui devraient généralement prendre part directement à leur élaboration, on favorise la responsabilisation des participants et leur volonté de trouver des solutions.
De 1995 à 2000 l’IIZ/DVV a réalisé des projets nationaux auxquels ont collaboré plusieurs organisations partenaires et a en même temps soutenu individuellement des programmes spéciaux.
Des projets nationaux ont été réalisés dans les pays suivants: en Éthiopie, en Angola, au Burundi, en Guinée, à Madagascar, en Ouganda et en Afrique du Sud, pour l’Afrique, en Indes et aux Philippines pour l’Asie, en Bolivie, au Guatemala, en Colombie et au Mexique pour l’Amérique latine.
Des programmes spéciaux ont été mis en place en Argentine, au Chili, au Nicaragua, en Érythrée, au Ghana, au Cameroun, au Lesotho, au Tchad, aux îles Fidji, en Indonésie, au Népal, en Nouvelle-Guinée, aux îles Salomon, à Vanuatu et au Vietnam.
Dans leurs pays respectifs, les partenaires de l’IIZ/DVV font partie de ministères ou d’organismes universitaires, mais aussi d’organisations non gouvernementales (ONG) et d’associations spécialisées dans l’éducation des adultes.
Les programmes comprennent la formation initiale et continue du personnel spécialisé ainsi que des cours pratiques et adaptés aux conditions de vie dans les domaines suivants: promotion de l’entraide, formation de base non formelle, développement des affaires publiques, éducation à l’environnement, éducation à la démocratie et formations axées sur la productivité. À ceci viennent s’ajouter les efforts entrepris pour que la politique de l’Éducation tienne compte de l’éducation des adultes de manière à protéger ses structures d’offre et à les rendre durables.
La promotion de l’entraide joue un rôle de premier plan dans tous les projets de l’IIZ/DVV car l’éducation des adultes axée sur le développement et s’adressant aux pauvres cherche toujours à soutenir l’activation et l’épanouissement des ressources spirituelles et matérielles de ces derniers.
Les projets de l’IIZ/DVV doivent être considérés en tant que démarche directe pour lutter contre la pauvreté. Il faut toutefois tenir compte du fait que dans la pratique on ne peut pas toujours rigoureusement faire la distinction entre la lutte contre la pauvreté basée sur l’entraide et ses autres formes directes.
Les activités liées à la satisfaction des besoins immédiats et mêlées à d’autres thèmes apparentés, ou les complétant, sont typiques de ce domaine. Ce qui au départ paraît être un «programme monothématique» s’enrichit grâce à la partici pation active des groupes cibles de facettes et de centres d’intérêt en rapport avec leur vie. En organisant un cours d’alphabétisation ou en se consacrant à des sujets ayant trait aux genres ou à l’environnement et tirés du quotidien des apprenants, il s’établit un rapport avec des questions relévant des formations agricoles axées sur la productivité, du comportement alimentaire ou de la taille de la famille.
D’un autre côté lorsque l’on aborde l’éducation alimentaire ou le planning familial, on ne se contente pas de fournir un enseignement technique. L’éducation alimentaire comprend des thèmes tels que l’accès aux denrées alimentaires et à leur production, qui dépend de l’environnement et du sol, le droit de cultiver et de vendre certains produits, dont les femmes disposent ou sont privées, les préceptes et interdictions traditionnels en matière d’alimentation ou les conséquences sur la santé.
Pour obtenir les effets souhaités, on ne se borne pas, ici comme dans l’éducation à l’environnement ou dans le domaine de la participation des femmes, à diffuser des contenus et slogans «corrects». La mise en pratique de nouveaux acquis peut entraîner une remise en question des rôles sociaux et économiques des femmes, de leurs droits et de leur position définie culturellement.
Durant les années auxquelles se réfère ce rapport, on a enregistré une attention accrue pour ce type de démarche holistique et pluridisciplinaire qui allie des appro ches développementales et éducatives, en particulier dans les pratiques des ONG. Que les organismes publics ne puissent se distinguer autant que les ONG dans l’emploi de ces approches souples et proches de la base est dû entre autres à la nature de leur mission et aux règles et pratiques administratives traditionnelles.
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Le fait que les femmes continuent d’être privées du droit de posséder des terres constitue le plus gros obstacle à leur succès économique. On comprend toutefois qu’il s’agit avant tout d’une question juridique hautement politique à laquelle une ONG ne peut se consacrer avec succès au niveau local.
Les quatre exemples suivants, pris en Asie, en Afrique et en Amérique latine serviront à approfondir les points qui viennent d’être abordés et à faire compren dre en quoi la situation et les possibilités respectives leur confèrent un caractère différent.
En Inde, l’IIZ/DVV coopère avec plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) qui se sont regroupées pour constituer un réseau d’organisations régionales de prestations de services (dites organisations régionales de soutien – ORS) dans le domaine de l’éducation des adultes. Tous les partenaires sont parvenus à jouir d’une certaine stabilité financière en réunissant des fonds grâce aux services qu’ils proposent et en obtenant des subventions de l’État.
Lors de l’élaboration et de la mise en place des mesures qu’ils ont prises, les partenaires indiens de l’IIZ/DVV ont emprunté une démarche manifestement partici pative en partant des besoins de chacun des groupes de base et en les laissant col-laborer à toutes les étapes du processus. L’autonomisation sociale, économique et politique des groupes cibles appartenant aux classes discriminées et défavorisées (en particulier les femmes, les paysans sans terres, les hors-caste et les membres de tribus) est l’objectif principal à atteindre en soutenant d’un côté les organisations à la base et en améliorant de l’autre les conditions de vie – par exemple en générant des sources de revenus. Tous les partenaires attachent une grande importance au renforcement de l’autogestion démocratique locale (système du Panchayati Raj). Ils encouragent particulièrement la participation des groupes socialement faibles que les mesures prises dans le domaine de l’éducation des adultes (ex. éducation à la connaissance de soi et formation) doivent préparer aux tâches relatives à l’auto gestion. Grâce aux activités incessantes et aux succès répétés dans le domaine de la représentation des intérêts politiques (ex. grâce à l’influence exercée sur les politiciens et les médias, mais aussi à l’appel des tribunaux dans des cas litigieux), les partenaires aident les groupes cibles à imposer leurs droits fondamentaux dans des situations où ils se heurtent souvent à une forte opposition.
L’une de ces ORS, le SAHAYI (Centre d’apprentissage et d’action collectifs) de Trivandum, a été fondée en 1990 par un groupe de dirigeants engagés issus de diverses ONG et reçoit le soutien de l’IIZ/DVV depuis 1993. Elle doit sa création à la forte croissance au Kerala, dans le Sud de l’Inde, du nombre d’ONG de développement qui manquaient au départ en grande partie de connaissances et d’expérience dans les domaines des approches participatives et de la gestion. Les mesures offertes par le SAHAYI en matière d’éducation des adultes devaient contribuer à combler ces lacunes. Ce centre propose ses services à près de 500 ONG regroupant environ 10 000 membres au Kerala et dans certains des États fédéraux limitrophes. Les ONG sont souvent des groupes locaux d’entraide, prin cipalement créés par des femmes.
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Le soutien aux organismes d’entraide se base principalement sur des associations coopératives d’épargne et de crédit qui visent en premier lieu à éliminer la dépen dance (particulièrement celle des femmes) vis-à-vis des prêteurs locaux et à mettre en place de petits projets générateurs de revenus (ex.: dans les domaines du petit commerce, de la couture, de l’élevage, de la production de produits alimentaires et de fibres de noix de coco). On emploie également des fonds d’épargne pour finan cer les travaux communaux (ex.: routes, puits, salles de réunions, reboisement). Des études ont montré que la position socio-économique des femmes s’était nettement améliorée grâce à ce type de mesures qui leur permettent de mieux imposer la prise en compte de leurs requêtes – également au niveau politique.
En Guinée, le projet de l’IIZ/DVV en collaboration avec des ONG et des groupes d’entraide de femmes et de paysans a permis de commencer à acquérir une expérience primordiale.
Dans ce pays, la situation de départ en matière de politique du développement est particulièrement délicate. Les ONG y sont encore très nouvelles et inexpérimen tées, et ont grand besoin de recevoir des conseils en matière d’organisation et de développement conceptuel. Les organisations d’entraide et les représentants des intérêts de certains groupes y sont encore peu présents, mais se signalent par un dynamisme remarquable, comme l’illustre l’exemple ci-dessous.
Dans la région du Fouta-Djalon, les femmes jouent un rôle de premier plan dans les villages car les hommes exercent souvent des activités de travailleurs migrants dans les mines ou dans les villes. La région est habitée par les Fulbes, tradition nellement un peuple de bergers, pour lesquels l’agriculture a depuis toujours été l’affaire des femmes. C’est ici qu’en 1995 l’IIZ/DVV a entamé sa collaboration avec le CENAFOD (Centre africain de formation pour le développement), une ONG guinéenne. Un groupe de quarante femmes s’était présenté au CENAFOD pour demander la mise en place d’un programme d’alphabétisation. Il s’agit du groupe Guilintiko de Gongoré dont l’initiative exemplaire a été récompensée en 1997 par le Prix d’entraide du Forum des pédagogues africaines.
Le CENAFOD s’est fixé pour but de contribuer au développement des groupes d’entraide, en particulier à celui des groupes de femmes, et à soutenir l’autoges tion communale en diffusant des informations et en fournissant des formations et conseils. L’approche pédagogique du CENAFOD se base sur l’aptitude à l’autodétermination et à l’entraide des groupes cibles et respecte strictement leurs principes d’initiative et de responsabilité personnelle. Le conseil comprend les domaines suivants: organisation, planification et réalisation de projets, analyse des problèmes, formation des formateurs, élaboration, production et mise à l’es sai de matériel d’apprentissage, mesures d’évaluation, administration et gestion financière, méthodes de planification, etc.
Le projet qui avait démarré avec l’alphabétisation du groupe Guilintiko était consacré aux activités principales des femmes telles la production de savon, la culture et la commercialisation des légumes et l’organisation de fonds autogérés d’épargne et de crédit. Guilintiko a incité de nombreuses femmes à s’auto-organiser. Fin 1999, il existait vingt groupes de femmes, qui regroupaient en tout 500 membres, et une union des groupes de femmes. Cette association organise les achats en commun de moyens de production, de semences et d’engrais ainsi que la vente partiellement commune des récoltes et elle soutient la création de groupes d’épargne et de crédit.
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C’est essentiellement à ces projets que l’on doit le fait que maintenant, même les services gouvernementaux guinéens commencent à considérer les organisations d’entraide comme des partenaires à part entière dans le processus de dévelop pement. Eu égard à la tradition centraliste et socialiste qui existe en Guinée, cette preuve de l’aptitude à l’entraide au sein des populations marginalisées est particulièrement instructive.
L’organisation partenaire Université populaire (UP) de N’Djamena a élaboré au fil des dernières années un concept efficace de promotion des groupes de femmes. L’auto organisation des femmes repose sur leurs intérêts économiques communs en tant que marchandes de poisson, vendeuses de marché et productrices de légumes.
La stratégie d’intervention de l’UP se fonde sur un processus de soutien étalé sur plusieurs années.
Après avoir effectué des recherches sur le terrain concernant les objectifs éco nomiques d’un groupe d’entraide particulier, on entame un processus de dialogue d’apprentissage commun en encadrant et conseillant les participants. On offre tout d’abord aux nouveaux groupes des formations de base visant à les soutenir et on aborde ensuite des questions sensibles relatives au développement de l’or ganisation telles que la direction des groupes et la démocratie en leur sein, les responsabilités et les droits, l’organisation de réunions et les processus de prises de décisions. Les méthodes de planification et d’évaluation personnelles et l’éla boration d’un calendrier annuel des activités font également partie des domaines d’apprentissage. Outre les unités d’apprentissage structurées et les consultations dont le personnel spécialisé de l’Université populaire adapte horaires et contenus en fonction des besoins, on fait gagner de l’assurance aux nouveaux groupes en leur en faisant rencontrer de plus anciens.
On prête attention à l’organisation des groupes durant tout le processus de soutien car lors de la phase de réalisation des activités économiques communes, de nouveaux défis se font jour. Les groupes s’intéressent à la commercialisation du poisson et des légumes, au petit commerce et aux caisses d’entraide fondées sur des pratiques traditionnelles. La création de comptes épargne communs alimentés avec les cotisations des membres ainsi que la planification et le financement de petits projets au moyen des économies personnelles constituent d’autres aspects de ce processus. L’achat d’une pompe à eau pour le jardin commun et de congélateurs pour le stockage en commun du poisson frais comptent parmi les projets réalisés par les groupes à un niveau supérieur.
Comme seulement dix pour cent des femmes savent lire et écrire, on leur propose en même temps des cours d’alphabétisation. Même si un certain nombre de femmes ne considèrent pas l’alphabétisation comme un facteur primordial du processus de développement des groupes, bon nombre d’entre elles commencent à voir cela sous un autre angle dès que leur groupe a suffisamment évolué pour créer une caisse et une comptabilité communes. Le cours de formation de base a un côté fonctionnel très prononcé car il permet d’obtenir les qualifications nécessaires pour calculer les dépenses et les recettes, évaluer les prix de vente, comprendre la rentabilité des mesures prises par les femmes et de contrôler la gestion de la caisse.
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En se basant sur une expérience acquise au fil de plusieurs années, des critères concernant le soutien à l’entraide de l’Université populaire ont pu être élaborés. Ces critères, qui facilitent également l’évaluation personnelle des groupes, sont liés au statut légal de ces derniers, aux organes administratifs qu’ils ont élus, aux règles de la vie associative et de la gestion démocratique des groupes, aux conditions de gestion financière, aux méthodes de planification, aux relations extérieures et aux membres.
Outre le grand engagement du personnel de l’Université populaire et le soutien de l’IIZ/DVV qui sont les conditions requises essentielles pour mettre à l’épreuve et mener à bien cette démarche de promotion de l’entraide, il convient de mentionner la participation compétente des spécialistes du DED (Service allemand de Développement) qui fournissent des conseils en matière d’organisation. Dans le contexte de la guerre civile qui a sévi pendant trente ans au Tchad, et par comparaison avec d’autres États du Sahel disposant de très peu de structures institutionnelles, le travail présenté ici peut être qualifié d’innovant et d’exemplaire.
3.5 Mexique – Transformation des structures et autonomie culturelle des communautés indiennes
Au Mexique, l’IIZ/DVV réalise depuis 1992 un projet d’éducation et de formation pour lutter contre la pauvreté de la population indienne. Son but est de contribuer à la transformation nécessaire des structures au moyen de méthodes intégrales. Les mesures adoptées dans le domaine de l’éducation des adultes doivent permettre d’introduire des processus de développement reposant sur l’autodétermination, qui renforceraient en même temps l’identité culturelle des groupes de la population indienne tout en laissant suffisamment de place aux connaissances et méthodes d’apprentissage nouvelles.
Le projet se concentre sur cinq points principaux qui dépendent les uns des autres et ont pour but d’améliorer les conditions de vie des communautés et d’encourager
la participation démocratique et la formation d’opinions. Ces points concernent le développement économique solidaire, l’éducation et la formation des Indiennes, l’éducation à l’environnement, la conception et l’organisation de centres de formation pour les jeunes Indiens et le problème de l’éducation interculturelle.
Étant donné que les groupes de paysans indiens sont souvent situés dans des régions rurales difficiles d’accès et où la qualité des sols est particulièrement me nacée par l’érosion, le manque d’eau et la désertification, l’agriculture écologique et l’amélioration des sols sont la seule chance réelle d’augmenter la rentabilité des petites exploitations agricoles. Les exemples suivants illustrent tous des réussites: des agriculteurs zapotèques cultivent l’indigo à Juchitán et ont opté pour la culture biologique de ce buisson comme alternative et complément à la traditionnelle mais peu rentable culture du maïs, créant ainsi une source de revenus pour 40 personnes; des paysans mayas de Campeche se sont regroupés dans une grande organisa tion de producteurs de miel; des Huicholes cultivent en commun des légumes, des fruits, des pleurotes et des figuiers pour l’élevage de la cochenille et exploitent en commun une entreprise apicole.
La santé publique, les conseils en matière de nutrition, l’alphabétisation et l’éducation de base sont des thèmes particulièrement importants pour les femmes indiennes principalement responsables de ces domaines et qui par le passé ont fait l’objet d’une forte marginalisation.
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Du fait de la reconnaissance croissante des droits de la population indienne et de leur définition de plus en plus nuancée, le projet contribue à la participation durable de ce groupe ethnique en tant que partie prenante de la société multicul turelle où ses membres sont considérés comme des sujets qui prennent une part active à leur propre développement et non plus comme des objets dont le sort est placé entre les mains de tiers.
4. Expérience et perspectives
La réalisation du projet de l’IIZ/DVV a permis de montrer plus nettement au cours des dernières années que certains domaines du programme se mêlaient et se complètaient de plus en plus. La valeur fonctionnelle de l’éducation de base non formelle est par exemple de plus en plus importante dans le développement des groupes d’entraide de femmes et de paysans. On constate la même chose dans les programmes de qualification des administrations communales autonomes. L’ap titude à participer de soi-même à de grands projets économiques et à la politique communale entraîne la nécessité de maîtriser la langue employée couramment dans les documents commerciaux et administratifs.
Les rapports des partenaires et les informations fournies par les groupes cibles permettent de déduire que les mesures prises en matière d’éducation des adultes entraînent une amélioration des revenus des groupes sociaux pauvres, permettent d’obtenir une forte participation des femmes et poussent les gens à s’organiser en groupes d’entraide et coopératives. En ce qui concerne les améliorations de la qualité de la vie qui découlent de cela, il n’est pas aisé d’élaborer des moyens qui respecteraient non seulement les intérêts des groupes cibles mais aussi ceux des organisateurs du projet et de ses sponsors de l’extérieur. L’IIZ/DVV considère qu’il est primordial que les groupes cibles participent à l’élaboration d’indicateurs qualitatifs et quantitatifs pour pouvoir réfléchir sur leurs propres objectifs à l’aide de moyens qu’ils puissent comprendre. L’élaboration d’indicateurs entamée dans le cadre de plusieurs projets offre aux sponsors et aux personnes auto-organisées de nouveaux moyens de comprendre et de nouvelles occasions d’apprendre.
Le thème de la surveillance n’est ici qu’un exemple qui illustre ce qui est typique des projets d’éducation des adultes pour lesquels les enseignements tirés des succès et échecs constituent un processus bilatéral de dialogue ouvert et très souple. Il est aussi très encourageant de voir que le processus d’apprentissage en matière de promotion à l’entraide comprend de plus en plus l’échange organisé d’expériences entre les ONG nationales et locales mais aussi entre certaines associations de groupes d’entraide.
Il convient de la même manière d’ouvrir son regard sur l’extérieur et de se consa crer à la durabilité des initiatives d’entraide. Il existe déjà de nouvelles formes de coopération entre initiatives, par exemple les services chargés de représenter les intérêts des groupes de femmes guinéennes au niveau des districts, ceux des coopératives de paysans camerounais au niveau régional ou ceux des habitants des quartiers pauvres des mégalopoles indiennes au niveau national. Les pers pectives qui s’ouvrent ici laissent entrevoir que promouvoir la participation, un domaine d’ordinaire cantonné au niveau local, peut avoir un impact suffisamment étendu pour contribuer au développement de la société civile. Parallèlement à ce processus de renforcement de la société civile, de nouveaux besoins en matière de formation initiale et continue émergent. Ceux-ci sont liés à la participation au processus démocratique et aux intérêts économiques. Il convient d’évaluer avec prudence l’espoir dont les rapports font état: selon eux, permettre aux groupes sociaux désavantagés de se qualifier de manière à mieux participer aux processus de développement favorise la coexistence paisible des différents groupes ethni ques et religieux. Quoique cette supposition paraisse logique, il reste encore à la confirmer scientifiquement.
Source: Éducation des Adultes et Développement, numéro 56, 2001, pp. 253 –272