Adama Sawadogo
Burkina Faso
Adama Sawadogo a 48 ans, il est père de six enfants et travaille comme éducateur d’adultes depuis 2003 dans un village à l’ouest du Burkina.
Adama Sawadogo : Après mon admission au BEPC, mes parents n’avaient pas les moyens de me permettre de poursuivre mes études et c’est ainsi que je me suis retrouvé au village. Un jour j’ai décidé d’aller m’inscrire dans le seul centre d’alphabétisation du village. Je me rappelle qu’à l’époque, mon village n’avait pas d’école et que la plus proche se trouvait à 12 kilomètres. C’est d’ailleurs celle que j’ai fréquentée. Peu de parents acceptaient d’y envoyer leurs enfants à cause de la distance. Avec le niveau que j’avais et après quatre mois de cours intensifs, on m’a proposé une formation pour devenir animateur de centre (éducateur d’adultes). On voulait par-dessus tout quelqu’un du cru, c’est-à-dire issu du même milieu que les apprenants.
J’enseigne à Kouèré, à 30 kilomètres de la commune rurale de Sidéradougou dont la structure, qui se nomme Union dakélé des femmes de Sidéradougou (UDFS), se trouve à l’ouest du Burkina. Il faut rappeler que l’alphabétisation des adultes au Burkina Faso se déroule généralement dans les villages pendant la saison morte, c’est-à-dire de janvier à mai, car la saison des pluies s’étend de juin à octobre et les récoltes de novembre à décembre. Nous commençons généralement les cours à huit heures et finissons à seize heures, et cela cinq jours par semaine. Mes apprenants ont 16 ans et plus.
Au départ on utilisait ce qu’on appelait la méthode classique (les connaissances instrumentales), c’est-à-dire rien que l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul. Mais actuellement, c’est l’approche REFLECT qui répond aux besoins des populations en leur permettant de participer à l’élaboration des thèmes qui leur seront enseignés. Mais la mise en œuvre des idées d’actions élaborées collectivement au centre est par-dessus tout un avantage pour les apprenants et la population, ce qui fait que l’approche REFLECT est la plus utilisée actuellement, car elle valorise l’apprenant.
Être avec des adultes et partager le peu que je sais, et bien sûr ce qu’on me donne en retour, en particulier quand nous discutons de certains thèmes. Étant le premier animateur endogène de mon village, je suis traité avec un certain respect et parfois sollicité pour que je me prononce au sujet de certaines décisions à prendre. Et cela me motive toujours. Mon village compte à présent quatre animateurs et trois animatrices, et tous ont été élèves dans mon centre.